Mémoire d'Oc n° 100
Mémoire d'Oc n° 100

Mémoire d'Oc n° 100
(octobre 2003)
A l’Aube du XXème Siècle en terre d’Oc

92 pages – (2003)

Introduction

Lorsqu’en octobre 1989, à la rentrée de l’UTT, notre Groupe de Recherches Languedociennes, qui n’allait pas tarder à s’appeler « Mémoire d’Oc« , décida qu’il numéroterait désormais ses plaquettes, il n’avait aucune idée de la durée de cette aventure. Or, voilà qu’à cette rentrée d’octobre 2003, nous atteignons le numéro 100 ! A raison d’une plaquette par mois et de 7 plaquettes par an, cela fait un bon bout de temps que nous sommes là et que nous avons des auditeurs et des lecteurs fidèles !

Nous avons voulu marquer cet événement d’une façon un peu particulière et si possible originale. Vous raconter nos origines, nous l’avons déjà fait pour le numéro 50. Faire notre bilan, nous l’avons fait pour l’An 2000.

Nous avons cherché autre chose. Et voilà !

Nous sommes entrés depuis trois ans dans un siècle nouveau, dont nous ne savons pas encore ce qu’il nous réserve. Par contre, nous connaissons bien celui qui vient de s’achever. Alors, pourquoi ne pas nous figurer que le siècle que nous entamons n’est que le vingtième, que nous ne sommes qu’en 1903 ? Cela nous permettra de faire une sorte de bilan de ces années passées, que nous pourrions approfondir par la suite, peut-être.

Ce numéro 100 spécial est une œuvre collective. Chacun des participants a choisi librement le sujet qu’il voulait traiter. Vous y trouverez donc une grande variété d’écrits, assez courts, assez souvent sans lien entre eux, sans plan préconçu, mais qui donnent à l’ensemble beaucoup de vie.

Voici donc que commence le récit…

C'était il y a 100 ans !

Si nous n’étions encore qu’en 1903, nous entamerions à peine le 20ème siècle et nous ne saurions pas encore ce qu’il nous réserverait.

La France, grande consommatrice de Républiques, en serait encore à sa troisième et son président se nommerait Émile Loubet. Il faut avouer qu’il n’a pas laissé un grand souvenir dans les mémoires. Rappelons-nous, toutefois, que sous la 3ème, les Présidents n’ont qu’une fonction de représentation, ce qu’ils font avec moins de faste qu’me Reine d’Angleterre par exemple. Par contre, on se souvient encore très bien du Premier Ministre de l’époque. A Montpellier, comme dans d’autres villes, on en conserve le souvenir, car une place porte son nom. Il s’agit d’Émile Combes.

Celui que l’on appelle parfois familièrement « le petit père Combes » fut en son temps un personnage admiré ou honni suivant les opinions politiques des gens du temps ; à cause d’une loi qu’ on lui doit qui fait de la France un état laïque, difficile à faire admettre alors par certains, ce qui a de quoi surprendre aujourd’hui où la laïcité est admise par tout le monde y compris ceux qui furent ses plus violents adversaires, ce qui est une preuve, avec le temps, de révolution des esprits. Je veux parler de la loi sur la séparation de l’Église et de l’État, votée en 1905.

En effet, les élections de 1902 avaient amené au pouvoir une majorité de Gauche, aux idées « avancées » où dominent les Radicaux. Attention ! les Radicaux de cette époque méritent bien le nom qu’ils se sont donné : ils sont partisans de réformes radicales, ils sont surtout ardemment et résolument laïques. Ils vont constituer un grand parti qui dominera longtemps la politique française et ils auront de grands leaders, à commencer par Georges Clémenceau que l’on ne surnomme pas encore « le Tigre ».

On a souvent qualifié cette période de l’histoire de Belle Époque. C’est vrai, ce fut une belle époque… pour les riches ! Un temps où on pouvait se dire rentier sans avoir jamais travaillé ; un temps où la pièce de un franc était en or, la monnaie en argent, où leur valeur n’avait pas varié depuis le Consulat. On pouvait croire qu’il en serait toujours ainsi, sans se douter une minute que les fonds qu’on investissait dans l’Empire Russe, si généreux dans les intérêts qu’il servait, seraient perdus à tout jamais.

En attendant, cette société, plus ou moins oisive, se distrayait avec les moyens de son époque : la lecture des journaux, très nombreux, soigneusement choisis selon ses propres opinions politiques, les cafés où on devait se montrer, les salons, le théâtre… Elle avait à son service une domesticité nombreuse qu’elle payait peu et de qui elle exigeait beaucoup, ce qui lui paraissait être dans l’ordre des choses.

A ses côtés, et souvent dans le même immeuble, logeaient les pauvres qui occupaient les étages supérieurs, jusqu’aux chambres des domestiques, sous les toits. Je ne m’attarderai pas davantage à en parler, il suffit de lire les romans de Zola pour connaître la précarité de leur sort.

La France de 1903 s’est bien redressée après la défaite de 1870, mais elle en garde comme une blessure l’humiliation qu’elle a subie. Elle ne cesse de regarder vers la ligne bleue des Vosges. Inconsciemment ou non, elle sent qu’il faudra qu’elle ait sa revanche. C’est pourquoi elle s’intéresse à son armée, est volontiers cocardière, adore les revues militaires où elle « va voir et complimenter l’armée Française » comme le dit la chanson… Certains pensent même que cette armée est intouchable, qu’on n’a pas le droit de la salir et l’affaire Dreyfus continue encore à déchaîner les passions.

La France de 1900, ai-je dit, s’est redressée. Elle est devenue aussi une puissance politique, mais à l’image que l’on se fait d’elle et surtout de sa capitale, Paris, « ville lumière »… nous savons pourquoi.

En 1903, nous n’étions encore qu’à l’aube du 20ème Siècle. C’était le moment opportun pour faire le bilan du siècle précédent, mesurer les progrès qu’il avait apportés, car chaque siècle apporte sa pierre à l’édifice commun. C’est ce qu’a fait une revue du temps, la Petite encyclopédie Hachette, dont vous pouvez voir la photocopie.

Nous pourrions, nous aussi, en 2003, faire la même chose et je crois que nous mesurerions ainsi combien le progrès marche de plus en plus à pas de géants.

Où nous conduira-t-il ?
Vers plus de bonheur ?
Vers plus de justice, d’égalité pour tout le monde ou vers notre perte ?

Contenu du numéro :

Montpellier en 1903 : Georgette ALARY
Lumière nouvelle sur la ville de Sète : Georgette BIROUSTE
Naître à Montpellier : Hélène FOUCAULT
« Déjanire », de Saint-Saëns aux Arènes de Béziers : Jean-François GLEIZES
Propos « mescladissos » sur Rimbaud et la cuisine : Marie-José GUIGOU
Les Beaux-Arts dans l’Hérault : Monique MOUTET-BRAS
Prendre l’Intérêt Local : « Lo Rauba Faïsses » : Denise PERONNET
Fêtes et loisirs au début du XXème siècle : René PESIN
La « Vigna Esportiva » de Baillargues : André SIMAR

Mémoire d’Oc

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