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Description
Louis Bouzat, dit Fonsou,
des Groupes Francs à la mission Jasmin (1939-1945)
* Retraité de la Fonction publique
Après l’armistice, le Montpelliérain Louis Bouzat fut l’un de ceux qui continuèrent le combat en s’opposant aux collaborateurs de l’Allemagne national-socialiste. Il le fit à travers les groupes francs de Liberté puis de Combat. Après avoir écrit La nuit finira en 1973, Henri Frenay réalisa six entretiens avec d’anciens compagnons de son organisation dont Louis Bouzat, rassemblés sous le titre : Volontaires de la nuit (1975). Des archives récemment consultables, des ouvrages, certains des lendemains de la guerre, des recueils de témoignages, des sites internet bien documentés complètent et précisent son activité dans la Résistance. Ayant dû fuir en Afrique du Nord, en avril 1943, c’est Henri Frenay qui l’engagea, à Alger, début 1944, avec deux camarades de rencontre, pour la ʺmission Jasminʺ auprès de la Résistance intérieure et du Mouvement national des Prisonniers de guerre et déportés ; il sera le seul rescapé. Des dix mois passés à Dachau, il reviendra avec des séquelles. La vie continua…
Following the Armistice, Louis Bouzat (from Montpellier) was one of the people who continued the fight against the collaborators of the German National-Socialist party. He carried this out by way of the Groupes Francs : Liberté and then Combat. Following his memoirs La Nuit Finira in 1973, Henri Frenay carried out six interviews with previous members of his organization, notably Louis Bouzat, that were collated under the title Volontaires de la Nuit (1975). Recently opened archives, pieces of work, some of which dated to the aftermath of the war, witness accounts, well-documented internet sites, fill-out and clarify his activities in the Resistance movement. Having had to escape to North Africa in April 1943, it was Henri Frenay who enlisted him in Algiers at the beginning of 1944, along with two companions he had encountered, for the “Mission Jasmin” , with the Résistance Intérieure and the Mouvement National des Prisonniers de Guerre et Déportés (national movement of prisoners war and deportees). He was the only survivor. Ten months spent in Dachau had taken their toll, he returned a changed man. Life continued….
Aprèp l’armistici, lo montpelhierenc Loίs Bouzat faguèt partida d’aquestes que contunhèron lo combat en s’opausant als collaborators de l’Alemanha nacionalasocialista. Aquò, lo faguèt per lo mejan dels grops francs Libertat puòi Combat. Un còp escrich son obratge La nuòch s’acabarà en 1973, Enric Frenay realizèt sièis convèrsas amb de vièlhs companhons de la sieuna organización, demest los quals Loίs Bouzat, reculhidas jos lo titol Volontaris de la nuòch (1975). D’unis archius recentament prepausats per la consulta, d’unis obratges, certans congreats a l’endeman de la guèrra, d’unis recuèlhs de testimònis, d’unis sitis d’Internèt, fòrça plan documentats, completan e precisan son activitat dins la Resisténcia. Aprèp aver fugit en Africa del Nòrd, en abril de 1943, foguèt contractat per Enric Frenay en Algér, a la debuta de 1944, amb dos camaradas d’encontre, per la “missión Jasmin”, dins l’encastre de la Resisténcia interiora e del Movement nacional dels Presonièrs de guèrra e deportats; ne será lo sol subrevivent. Dels dètz meses passats dins Dachau, ne tornarà amb de laguis. La vida contunha.
Louis Alphonse Bouzat est né à Montpellier le 18 avril 1913, l’aîné d’une fratrie de trois enfants : une sœur née en 1915 et un frère né en 1920. Il a fréquenté l’école communale du Peyrou puis est entré avec une bourse en classe de 6e au grand lycée de Montpellier. Sa mère, de condition très modeste, « pratiquement illettrée », l’y a poussé souhaitant qu’il fasse les études qu’elle n’avait pas pu faire elle-même.
Elle aura probablement été entendue, puisque Louis réussira à obtenir la seconde partie du baccalauréat en philosophie. Son père est un ancien combattant de 14-18, sous-officier de carrière, qui a fait la campagne des Boxers en Chine. Rendu à la vie civile, il devient militant syndicaliste socialiste, avec une petite retraite d’adjudant après 15 ans de service. Aussi, il doit entrer « aux ateliers des chemins de fer de l’Hérault » (Frenay, p. 31) pour compléter les revenus de la famille qui s’agrandit. De l’armée, il a « conservé le goût de l’autorité. Il l’exerça sans nuances et sans partage » et ce n’était pas un sentimental. « À table on ne desserrait pas les dents » (Frenay, p. 32). À travers le sport, auquel il s’adonne sans réserve, Louis va trouver le moyen d’échapper à cette étreinte. À dix-neuf ans en 1932, contre l’avis et en cachette de son père, il fait partie de l’une des équipes de football du lycée, et comme il jouait plutôt bien il ne se fit sans doute guère prier pour entrer cette année-là au S.O.M. (Sport olympique montpelliérain), le principal club de la ville. En 1933, alors que Louis a vingt-ans, son père décède subitement laissant sa femme et ses trois enfants avec de maigres ressources. Louis doit donc aider financièrement sa mère qui avait réussi à devenir infirmière à l’hôpital Saint-Éloi. Trop grand et surtout trop maigre, il ne peut devancer l’appel. Alors, « Il accepte l’offre que lui fait Mme Guibal, une amie de sa famille. » (Frenay, p. 32). Elle tient une pension de famille (rue Gustave à côté de la cité universitaire). Elle l’embauche en contrepartie du gîte et du couvert. Louis fait les courses, sert à table et dessert. Pour compléter ses revenus il « devient en 1934 […] professionnel (remplaçant de gardien de but) au Football-club de Sète, l’une des meilleures équipes du moment. » (Frenay, p. 32).
Bien que son travail chez Mme Guibal ne lui permette pas d’assister à toutes les séances d’entrainement, il va vivre pendant cinq ans par et pour le football, se déplaçant dans toute la France. Aussi, les événements internationaux annonciateurs du déferlement qui vient ne retiennent pas longtemps son attention. Le football semble être sa politique et celle-ci lui ouvre des perspectives : en 1938, « il passe à l’Olympique d’Alès avec 1 300 F par mois ; ce n’est pas la fortune mais l’aisance. » (Frenay, p. 32). Il avait pu obtenir un sursis pour le service militaire renouvelé d’année en année, en s’inscrivant aux cours de la faculté de droit sans trop y participer. Le mercredi 31 août 1938, dans la rubrique ʺFootball professionnelʺ, sous-titrée : ʺL’Olympique d’Alès, club méritantʺ, le journaliste sportif du Petit-Méridional écrivait : « Pour prendre la place de Cros, l’Ol. d’Alès a fait appel à Bouzat qui gardait les bois des réserves du F.C. de Sète et remplaça souvent Llense avec bonheur. Bouzat qui a plus de valeur qu’on ne pense généralement est un garçon timide. Pour lui faire rendre son maximum, il aurait bien plus besoin d’être encouragé que critiqué. » Louis a 25 ans et possiblement une belle carrière de footballeur devant lui. Mais, le feu couvait et, devant les atermoiements des puissances occidentales face à Hitler, ce qui menaçait arriva… Munich… Le déchainement racial… La Pologne…
À la déclaration de la guerre, Louis est mobilisé dans l’Infanterie et fait ses classes à Toulouse. Mais il demande à être versé dans l’Aviation et début décembre 1939 il est envoyé à l’école de St Maixent comme EOR (Élève Officier de Réserve) de l’armée de l’Air. Puis après la période de la ʺdrôle de guerreʺ tout s’accélère comme « un film catastrophique. Les armées allemandes semblaient traverser la France en touristes ». Dans la situation désespérée de la France, Louis ne peut pas rejoindre Avord (près de Bourges) où il aurait dû commencer sa formation pratique de pilote. Sa promotion est alors envoyée au Maroc où il arrive à Meknès le 15 juin 1940. Sur place, avec ses camarades, ils n’entendent ni le message du maréchal Pétain, ni l’appel du général de Gaulle, et « la situation en France est considérée par eux comme irrémédiablement perdue. » (Frenay, pp. 33, 46-48). Robert Roustan, 22 ans en juin 1940, qui préparait Pharmacie, se souvient de sa réaction à ce moment-là, « comme si cela était hier, […] l’allocution de Pétain. […] Stupéfaits nous apprenons à la fois que la France sollicitait un armistice ; l’arrêt des combats […] écartant toute idée de prolongation des opérations de guerre en Afrique du Nord […] Pour moi dans l’instant ce fut inacceptable, pour mes amis aussi, notamment Jacques Dupuy qui était ce jour-là avec moi rue Marcel de Serres et pour Madame Guibal, propriétaire de la pension ». Dans le courant de juillet 1940, les cours de pilotage débutent. Mais en septembre des officiers italiens, membres de la commission d’armistice, viennent contrôler l’application des clauses : plus question de piloter, les carburateurs sont enlevés ! Fin de partie – 1ersup> acte. Louis est démobilisé comme aspirant élève pilote. Il a vingt-sept ans. L’Angleterre est le seul endroit où il pourrait finaliser son brevet de pilote et poursuivre le combat. Il y songe. Mais Comment faire ? C’est aussi la question que se pose le jeune Gilbert Hamburger quand il vient s’installer à Montpellier en novembre 1940 et s’inscrire à la faculté de droit : « Mais où s’engager ? Comment s’engager ? » Ce rétrécissement du champ des possibles, Françoise de Boissieu l’a très bien exprimé : « Même pour le quotidien, nous ne nous appartenions plus : où pourrions-nous aller, que pourrions-nous faire, dire, croire ? Le champ de l’initiative, tout à coup devenait très étroit. C’était le début d’une servitude, dont, heureusement, nous ne mesurions encore ni tous les risques, ni le terme ». […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2017 |
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Nombre de pages | 21 |
Auteur(s) | Christian BOUQUET |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |