L’affaire Cals : Un épisode méconnu de la Résistance languedocienne

Le dimanche 23 mai 1943, la police française surprend dans un appartement de Montpellier le directoire régional des M.U.R en pleine réunion 1. L’une des conséquences de cette opération est que la police met la main sur une partie de la correspondance régionale et nationale des M.U.R. Ces documents, ceux du moins que les deux fuyards et les policiers résistants n’ont pu récupérer, sont essentiellement des directives des M.U.R ainsi que des correspondances entre dirigeants départementaux, régionaux et nationaux du mouvement. Cette documentation, dont les copies sont conservées dans le dossier du SRPJ de Montpellier 2 permet d’avoir un instantané des préoccupations qui animent alors les cadres de la Résistance dans la région R3. 3. Entre organisation de l’unification de la Résistance non communiste et gestion des rivalités entre mouvements, deux missives méritent néanmoins une attention plus spécifique. Ces lettres inédites de Pierre de Bénouville, Henri Frenay et Jean-Guy Bernard, cadres nationaux de Combat, concernent Cals, pseudonyme de Louis Cauvet, ancien responsable régional de Combat pour la région R3 accusé de trahison et contre lequel sont demandées des représailles suite au rapport qu’il a écrit et qui a fini dans les mains de responsables américains de l’O.S.S. 4

Cet épisode est resté, à ce jour, inédit dans la littérature consacrée à la Résistance languedocienne et les accusations portées sont particulièrement graves. L’enjeu est de mesurer la réalité des faits imputés à Cauvet et d’en mesurer la portée. Pour cela, il est nécessaire de restituer « l’affaire Cals » dans l’histoire du développement de la Résistance régionale, notamment dans ces dimensions politiques et institutionnelles pour en comprendre les tenants. On ne peut en effet comprendre la nature de cette affaire sans revenir sur les enjeux qui animent alors la Résistance non communiste, tant du point de vue régional que national. La situation de Combat en Languedoc est en effet la conséquence d’une histoire complexe des rapports entre les différentes composantes de ce mouvement qui entraîne après novembre 1942 une situation incertaine qui dure jusqu’au printemps 1943. Après avoir mis à plat l’histoire ces éléments, il s’agit de mesurer les incidences de cette affaire qui dépasse largement les seuls contours régionaux de la Résistance, jusqu’à devenir l’un des aspects des conflits de direction entre Combat et Jean Moulin autour de ce que l’on a appelé « l’affaire Suisse », d’où la virulence des attaques dont Louis Cauvet est victime.

Document n°1 : Notice biographique de Louis Cauvet 5

CAUVET Louis, Marius

Né le 19 mai 1895 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), mort le 4septembre 1944 à Mauthausen ; socialiste ; résistant.

Louis Cauvet était élève de l’École normale d’instituteurs des Bouches-du-Rhône lorsqu’il fut mobilisé en octobre 1914 au 203e régiment d’infanterie. Après de longs mois passés au front, il fut gazé au cours d’une attaque et dut séjourner dans plusieurs hôpitaux. À la fin de la guerre, il fut réformé et pensionné à 100 %.

Très diminué physiquement, Louis Cauvet ne put reprendre ses études et il entra au ministère des Pensions à Marseille. Membre du Parti socialiste SFIO depuis 1913 et militant actif, il fut muté en 1935 en raison de son action, à la direction départementale de Montpellier. Bientôt, il devenait secrétaire de la section socialiste de la ville.

Passionnément attaché à l’unification des forces de gauche, il fut l’un des principaux organisateurs locaux du Mouvement des clubs et comités républicains antifascistes dont il devint président pour la ville de Montpellier en 1936. Il anima également à ce titre le Secours populaire et participa à l’aide de l’Espagne républicaine. En 1938, il se montra un opposant déclaré aux accords de Munich et participa, en novembre, au congrès du Front populaire de l’Hérault.

Dès le 10 juillet 1940, il manifesta son opposition au Maréchal Pétain et maintint le contact avec ceux des socialistes que n’avaient pas « retournés » les événements et, en septembre, il entra dans la Résistance active. Il rallia ses camarades socialistes à l’organisation « Vérité » puis « Liberté » qu’il anima sur le plan local en liaison avec les démocrates chrétiens de Jacques Renouvin, P.-H. Teitgen et René Courtin. A ce noyau, il agrégea des militants communistes et des éléments radicaux membres des anciens Comités et Clubs républicains antifascistes du Front populaire. Dans le même temps, il reprit contact au plan national avec les camarades qui, autour de Daniel Mayer, reconstituaient clandestinement le Parti SFIO sous le sigle du Comité d’action socialiste. Afin d’être plus disponible, il fit alors valoir ses droits à la retraite pour cause de maladie.

De fin décembre 1940 à avril 1943, il participa activement à la structuration et à l’action du premier groupe de résistants de Montpellier qui devint fin 1941 l’un des plus actifs du Mouvement « Combat ». Louis Cauvet, sous les pseudonymes successifs de Cros, Cals, Fabre, prit d’abord la responsabilité d’un secteur, puis de l’ensemble de la ville, ensuite du département de l’Hérault. Il fut en septembre 1942, avec le titre de délégué, l’adjoint du chef régional René Courtin pour la R3. En avril 1943, à la suite d’un différend aigu avec la direction du Mouvement, différend portant à la fois sur des problèmes d’organisation et d’orientation, Louis Cauvet fut contacté par l’un des leaders d’un réseau du SOE du colonel Burkmaster, il quitta « Combat » et devint l’un des cinq membres du Directoire national du Réseau Radio-Patrie, avec délégation pour le Sud-Ouest et la Franche-Comté.

Tout en participant aux activités du Comité d’action socialiste, il assura au niveau national une intense activité et l’animation des équipes du réseau chargées des parachutages d’armes, d’atterrissages, de sabotages, etc., en liaison avec l’État-Major interallié de Londres.

Arrêté à Lyon le 21 janvier 1944 avec six autres camarades de Radio-Patrie, dont Gilbert Viala, par les agents de la Gestapo que dirigeait le Colonel SS Barbie, il fut torturé, condamné à mort, non exécuté mais transféré à Compiègne fin février, puis à Sarrebruck, enfin au camp de concentration de Mauthausen à l’Oberkommando de Gusen. Affecté aux travaux de la carrière, il mourra épuisé le 4 septembre 1944.

Louis Cauvet, lieutenant-colonel FFI-FFC, fut intégré dans les réserves de l’armée avec grade de commandant. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la croix de guerre à titre posthume.

SOURCES Le Travailleur du Languedoc, 1938 (Jean Sagnes). – Documentation réunie par Gilbert Viala.

Jean Maitron

Les prolégomènes d’une affaire :
la difficile cohabitation politique au sein de l’organisation montpelliéraine de Combat

L’histoire politique de la Résistance est empreinte d’un paradoxe évident. La chute de la République et l’émergence de la Résistance sont caractérisées à la fois par le maintien d’un certain nombre de solidarités partisanes alors que, dans le même temps, les mouvements de la Résistance voient des acteurs aux engagements politiques différenciés voire antérieurement antagonistes se regrouper au sein des mouvements de Résistance. La situation de Montpellier est un cas d’école. Dès 1940, un premier mouvement, Liberté, se structure sous la houlette de Pierre-Henri Teitgen, professeur de droit replié à Montpellier qui milite activement pour faire connaître ses prises de position hostiles à Vichy, notamment à l’Université de Montpellier que Claude Bourdet qualifiera dans ses mémoires de « résistodrome » 6. Du fait de cette origine, Liberté recrute d’abord dans les milieux universitaires, professeurs ou étudiants 7. Au-delà, notamment après le recrutement de l’économiste protestant René Courtin, le mouvement se diffuse auprès de nouveaux milieux hostiles à Vichy, principalement bourgeois et républicains. Dans le cadre de ce développement, le noyau fondateur, démocrate-chrétien et radical, agrège de nouvelles composantes politiques et sociales, tant sur sa droite que sur sa gauche. Après la création de Combat, on retrouve, parmi les cadres de l’organisation, un ancien de l’Action Française, Jacques Renouvin, l’ancien secrétaire du député conservateur Rodez de Benavent, Ferdinand Paloc, mais aussi et surtout des radicaux-socialistes et des socialistes, issus de l’USR 9 et principalement de la SFIO. Alors que ce dernier parti n’a pas survécu à la disparition du régime, les militants socialistes hostiles au régime se mobilisent activement dans la Résistance locale. Très rapidement, les militants SFIO vont occuper des postes importants dans la nouvelle organisation. Par leur intermédiaire, le recrutement de Combat s’effectue à partir de l’implantation territoriale des anciennes sections et mairies du parti et des liens tissés par les élus et militants dans le système politico- administratif local et les différentes administrations déconcentrées qui formeront plus tard un élément essentiel du NAP et de l’AS. Ce fait est d’autant plus marqué hors de Montpellier, qu’il s’agisse d’Emile Bonal à Lodève, Joseph Vidal à Clermont, Henri Arnaud à Lunel, Henri Bessede à Mèze, Elysée Galabert à Frontignan, et plus fortement encore dans le Biterrois. Alors que la démocratie chrétienne est faiblement implantée dans une région languedocienne où le catholicisme affiche des proximités marquées avec la droite conservatrice 10, la majorité des électeurs, en 1936, a donné au Front populaire un monopole de représentation parlementaire.

Ces différentes composantes politiques se retrouvent dans l’organisation du mouvement. La direction régionale de Liberté puis de Combat est confiée à Pierre-Henri Teitgen puis à René Courtin 11. L’action directe est menée par les Groupes francs de Jacques Renouvin recrutés pour une grande partie dans les milieux étudiants 12, Louis Cauvet, militant SFIO, chef départemental de Liberté devient délégué régional de Combat en septembre 1942. D’autres socialistes occupent des postes de responsabilité, qu’il s’agisse d’Emile Mathan, responsable départemental de l’Armée secrète ou d’Albin Tixador. Ils côtoient Raymond Chauliac, futur chef régional de l’AS, ancien " néo " qui rejoint le C.A.S durant l’occupation.

Dès la fusion entre Vérité, mouvement animé par Henri Frenay et Liberté qui donne naissance à Combat, Frenay négocie une répartition nationale des directions de région entre les deux mouvements. Liberté se voit confier quatre des six régions de la zone libre dont Montpellier 13. Jusqu’en novembre 1942, ce sont Pierre Teitgen et René Courtin qui dirigent donc la R3. Jusqu’à leur départ, cette prédominance démocrate-chrétienne n’est pas remise en cause. Elle le devient par la suite, déclenchant une crise majeure au sein de la direction régionale de Combat. Avertis par les services de la préfecture de leur arrestation imminente, les deux fondateurs régionaux de Liberté quittent précipitamment la ville et la région et n’y reviendront plus jusqu’à la Libération 14. Ce départ débouche sur deux conséquences une partie des responsables régionaux de Combat ignorent les raisons de leur disparition soudaine alors que la question de leur succession à la tête de la R3 n’a pas été réglée.

Ce contexte est aggravé par des dimensions humaines et politiques. En effet, l’adjoint de René Courtin, chef de la région R3 est Louis Cauvet, délégué régional de Combat. Or, ce dernier n’est pas le successeur que souhaite René Courtin et plus globalement des anciens dirigeants nationaux de Liberté qui veulent choisir le nouveau responsable régional. P-H Teitgen et René Courtin optent, selon le témoignage de ce dernier, pour Jean-Pierre Sussel, étudiant et secrétaire régional de Pierre-Henri Teitgen 15. À défaut d’explications des intéressés, il ne nous est pas permis de connaître les raisons de cette volonté d’écarter le n° 2 de l’organisation 16. On ne peut donc que faire des hypothèses, l’une politique, l’autre sociale. En effet, Louis Cauvet est un militant actif du Comité d’Action Socialiste (C.A.S) alors que les anciens dirigeants de Liberté sont majoritairement des militants démocrates-chrétiens. D’autre part, autant les deux universitaires côtoient principalement les milieux universitaires et bourgeois de Montpellier, autant Louis Cauvet, petit fonctionnaire du ministère des Pensions milite au sein de milieux plus populaires, qu’il s’agisse de la SFIO ou du comité des clubs anti-fascistes. Gérard Suberville, futur responsable régional de l’Action ouvrière résume ainsi leurs relations : « Ils s’étaient quand même trouvé dans la Résistance. Sinon, ils ne se fréquentaient guère » 17. En fait, ils se sont répartis les fonctions, Courtin et Teitgen assurent la direction politique de la région, alors que Louis Cauvet gère l’organisation du mouvement, notamment le recrutement. Il semble donc que les rapports entre dirigeants socialistes et démocrates-chrétiens ne soient pas des plus cordiaux. C’est le sens des propos de Jean-Pierre Sussel qui constate qu’il « n’est pas niable qu’il y a eu un malaise dans le mouvement et ceci de très bonne heure » 18. De fait, plusieurs évènements semblent attester de ces relations distendues. Francis Missa, l’un des premiers militants de Combat, socialiste et proche de Louis Cauvet, mal à l’aise au sein de Combat préfère, dans ce climat, quitter le mouvement pour fonder Libération dont il devient le responsable régional 19. En juillet 1942, ce climat entre dirigeants de Combat ne semble pas s’être amélioré. Quand les deux dirigeants de Combat sont avertis par le préfet délégué de ne pas paraître à la manifestation du 14 juillet et qu’ils s’engagent à ne pas le faire, il faut croire que Louis Cauvet n’en a pas été averti puisqu’il y participe et se trouve brièvement arrêté par la police française. Par ailleurs, selon le témoignage recueilli par Gérard Bouladou, quand Courtin et Teitgen quittent précipitamment la région, ils n’avertissent pas Louis Cauvet des raisons de leur départ. Cette absence d’information, parmi les cadres de la Résistance restés à Montpellier sur les raisons de ce départ n’arrangent pas les relations entre les dirigeants régionaux de Combat 20. Ce malaise s’accroit, dès lors qu’il faut rapidement mettre en place une nouvelle direction.

Dans ce contexte languedocien, la désignation d’un nouveau responsable de la R3 devient complexe. À la demande de Pierre-Henri Teitgen et René Courtin, les démocrates-chrétiens, notamment Georges Bidault, défendent au sein du comité directeur de Combat un candidat désigné par eux 21. Selon le témoignage de Claude Bourdet, ils se heurtent à un refus, notamment ceux d’Henri Frenay et de Jean-Guy Bernard 22. Cette récusation est d’autant plus mal vécue qu’elle s’inscrit dans une prise en main toujours plus grande d’Henri Frenay sur Combat au détriment des anciens dirigeants de Liberté.

Frenay décide, après la venue sur place de Jean-Guy Bernard, de ne pas choisir, dans un premier temps, un responsable militant dans la région. Il est alors question de désigner, face aux divisions locales, un nouveau venu, Philippe Monod, responsable régional adjoint de la région de Nice. Cette nomination ne sera néanmoins jamais effective. Philippe Monod, en effet, est entre temps nommé en Suisse pour gérer, avec Pierre de Bénouville, la délégation de Combat 23. Finalement, Jean-Guy Bernard 24 désigne Louis Cauvet comme responsable de la R3. Ce choix est pris avec l’accord de Jacques Renouvin, devenu chef national des groupes francs. Il rencontre aussi l’approbation d’un Claude Bourdet qui décrit ainsi l’intéressé : un « militant socialiste éprouvé qui appliqua à la lettre nos schémas » 25. Dès novembre 1942, Louis Cauvet est donc le responsable effectif de Combat en R3. À ce titre, selon Claude Bourdet, il organise, après l’invasion allemande de la zone sud, l’opération visant à libérer le général de Lattre de Tassigny 26. Quelques mois plus tard, la situation régionale change radicalement. Louis Cauvet a quitté ses fonctions et se voit reprocher d’avoir trahi le mouvement. On doit aborder ici la période la plus méconnue de l’histoire de Combat en R3, celle qui court du 11 novembre 1942 à la veille de la création des Mouvements unis de la Résistance dans la région.

Portée et réalité de l'affaire Cals

Méconnue, l’affaire Cals (pseudonyme de Louis Cauvet) n’a jamais été, à notre connaissance, évoquée jusque-là par les historiens de cette période. C’est la découverte fortuite d’un dossier de police qui nous permet, aujourd’hui, de tenter d’en cerner les contours. Les documents en question sont des correspondances entre responsables de Combat saisis par la police française lors de l’arrestation de Pierre Degon en mai 1943. La première lettre est vraisemblablement rédigée par Lahire (pseudonyme de Pierre de Bénouville), avec une annotation au verso signée J. Gervais (pseudonyme d’Henri Frenay). La deuxième est une correspondance entre Renaud (pseudonyme de Jean-Guy Bernard) et Vivien (pseudonyme de Charrier, chef régional de Combat en mai 1943).

Cette correspondance (Documents n° 2 et 3) est nettement à décharge contre Louis Cauvet et suscite une hostilité marquée de trois responsables nationaux de Combat, Henri Frenay, Pierre de Bénouville et Jean-Guy Bernard. Que lui est-il exactement reproché ? Louis Cauvet, après avoir quitté ses fonctions de délégué régional de la région, aurait choisi de quitter volontairement Combat après avoir transmis aux services secrets américains un rapport à charge contre l’idéologie et l’attitude des responsables du mouvement. Pierre de Bénouville n’évoque rien de moins qu’une « trahison », Frenay parlant de « faire corriger sérieusement et d’urgence ». Ces propos sont extrêmement durs. Il reste à comprendre les raisons et pour cela, revenir sur ce que l’on a appelé « l’affaire Suisse ».

L’attitude des dirigeants de Combat ne peut en effet que se comprendre que si on restitue l’enjeu lié à la diffusion de ce document aux Américains par rapport à une question essentielle pour les dirigeants de Combat, l’institution de relations directes entre le mouvement est les services secrets américains via la Suisse. Un récent ouvrage de Robert Bellot et Gilbert Karpman 27 permet de faire justement le point sur la question de la création de la délégation permanente de Combat en Suisse. En novembre 1942, Philippe Monod, rencontre à Nice un ancien membre de son cabinet d’avocats, Max Shoop, devenu agent de l’O.S .S. Ce dernier le met en contact avec son supérieur, Allan Dulles. Les Américains proposent alors à Combat l’organisation d’une aide financière et matérielle via la Suisse. Henri Frenay envoie dans ce but Philippe Monod et Pierre de Bénouville à Berne pour organiser la délégation. Ce projet devient très vite un enjeu politique fort au sein de la Résistance. Pour les dirigeants de Combat, il s’agit de renforcer ses moyens de communication et de s’assurer de nouveaux soutiens logistiques et surtout financiers. Pour sa part, Jean Moulin s’y oppose, d’autant plus qu’il assimile l’existence de la délégation à une défiance vis-à-vis du représentant du général de Gaulle. Robert Bellot, à juste titre, relève que cette crise révèle « la volonté gaulliste de réduire son expression et son périmètre d’action et de pensée ». Un appui direct de Combat puis des M.U.R sans passer par le biais des gaullistes du B.C.R.A. de Londres n’est pas accepté par Jean Moulin qui combat ce projet qui lui enlève le monopole de la gestion des fonds financiers aux mouvements de Résistance. Bien évidemment, dans ce contexte, il est crucial pour Frenay d’apparaître suffisamment crédible auprès de l’O.S.S. 29 C’est là que la question du rapport Cals prend toute son importance et c’est ce qui peut expliquer l’attitude des dirigeants de Combat quand ils apprennent son existence, par l’intermédiaire de leur interlocuteur, un Américain désigné sous le pseudonyme de 9 30. Au-delà du caractère souvent entier des responsables concernés qui peut expliquer la verdeur des propos tenus 31, l’enjeu est considérable pour Combat. Ce rapport peut miner tous les efforts entrepris par le mouvement pour s’assurer de nouveaux moyens financiers et faciliter, via la Suisse, la transmission des informations aux Alliés. Les préventions des dirigeants de Combat s’avèrent cependant infondées. Le rapport Cals ne semble avoir eu aucune incidence sur les rapports avec les Américains. D’ailleurs, Robert Bellot et Gilbert Karpman, dans un livre très fouillé sur « l’Affaire suisse », ne font nullement référence à d’éventuels problèmes liés à la diffusion de ce document dont ils ignorent par ailleurs l’existence, Pierre de Bénouville n’y faisant d’ailleurs pas allusion dans ses écrits 32.

Un point reste par ailleurs obscur, c’est l’envoi de ce rapport par Louis Cauvet aux Américains. Rien n’explique les raisons de ce geste. Ni les orientations politiques d’un militant qui se situait à l’aile gauche de la SFIO, ni son réseau relationnel ne peuvent expliquer comment ce rapport finit dans les mains des services secrets américains. C’est un témoignage de Francis Missa, inédit lui aussi, qui permet de mieux comprendre le cheminement de ce rapport qui n’était pas, initialement, destiné à l’O.S.S.

Document n° 2 : Lettre de Pierre de Bénouville du 24 mars 1943
Fig. 1 Document n° 2 : Lettre de Pierre de Bénouville du 24 mars 1943 (Recto) et annotation d'Henri Frenay (Verso)
Document n°3 : Lettre de Jean-Guy Bernard à Charrier du 6 mai 1943
Fig. 2 Document n°3 : Lettre de Jean-Guy Bernard à Charrier du 6 mai 1943

« (…) Il (Teitgen : ndlr) fut remplacé par Cauvet (Pseudo : Cals) militant socialiste très actif. Il était d’origine modeste, ce qui déplaisait à certains membres de Combat qui auraient préféré un responsable régional plus représentatif. Mais Cals fit beaucoup de travail, beaucoup de recrutements dans les mêmes sphères que Missa, c’est-à-dire populaires et socialistes. Cauvet, mécontent de la manière dont on le traitait à Combat, voulut s’en aller et en parla à Missa qui lui offrit d’entrer dans le réseau Brutus qu’Eugène Thomas organisait à cette époque dans la région. Cauvet envoya alors à Eugène Thomas un rapport pour expliquer les raisons qui le décidaient à quitter Combat. Il qualifia le mouvement de « réactionnaire » et de « clérical ». Lorsque Frenay décida d’entrer en rapport avec les Américains de Suisse, il y envoya Bénouville. Or, les Américains dirent à celui-ci que « Combat » ne les intéressait pas, parce que c’était un mouvement réactionnaire. Ils avaient en main le rapport de Cauvet à Eugène Thomas et le montrèrent à Bénouville qui prévint Frenay » 33.

Si l’on s’en tient au récit de Francis Missa, un intime de Louis Cauvet, le rapport Cals n’est, initialement, que l’inventaire adressé à Eugène Thomas, cadre de Brutus34 des raisons justifiant la volonté de Cauvet de quitter son mouvement. Selon cette version, ce document n’était nullement destiné à un autre usage et il nous est impossible de connaître les raisons pour lesquelles il finit dans les mains d’agents de l’O.S.S.

Paradoxalement, ce témoignage de Missa fut occulté dans l’historique du mouvement Combat. Pourtant, son intérêt est d’autant plus certain qu’il fait explicitement référence aux documents évoqués précédemment dans cet article :

« Un jour, on remit à Missa le courrier des MUR, courrier dans lequel se trouvait une lettre de Frenay faisant allusion aux affaires de Suisse et déclarant que Cals méritait « d’être matraqué ». Missa fit copier la lettre et déclara à Sussel35 que « si Cals était matraqué », tous les responsables de Combat le seront. La chose n’alla naturellement pas plus loin, mais tous les responsables de Combat furent hostiles à Missa et refusèrent de le mettre à la tête de la R3 ».

Ce qui permet de penser que ce récit a une certaine crédibilité, c’est que Francis Missa est physiquement présent à la réunion du 28 Mai 1943 durant laquelle la police tente de l’arrêter et saisit les documents relatifs à cette affaire 36. On peut dès lors penser que c’est en effet par le biais des responsables de Brutus que ce rapport finit dans les mains de l’O.S.S., soit à la demande de ce dernier service qui cherche à mieux connaître Combat, soit à la propre initiative de Brutus. Si on s’en tient à cette version, finalement, les reproches faits à Cauvet se révèlent infondés.

Le rapport Cals, pour conclure, fait beaucoup de bruit pour rien. Rien ne prouve qu’il décourage les Américains dans leurs relations avec Combat puisque ces dernières continuent. L’action des Anglais et surtout de Jean Moulin a des conséquences beaucoup plus significatives sur le devenir de la délégation qui ne jouera qu’un rôle limité par rapport aux objectifs initiaux. C’est peut-être cet impact mitigé, autant que la mise en garde de Francis Missa évoquée dans son témoignage qui peuvent expliquer qu’on ne reparle plus de cette affaire par la suite. Henri Frenay est, en effet, muet dans ces mémoires sur cet épisode, il en est de même de Pierre de Bénouville 37.

Si l’accusation de trahison évoquée dans le rapport de Pierre de Bénouville est plus que contestable, il reste à comprendre un autre enjeu, celui des raisons qui justifient le départ de Louis Cauvet de son poste. La difficulté à appréhender cette question est la rareté des sources. Une partie des acteurs du dossier n’a pu témoigner, victimes de la répression nazie. C’est le cas de Louis Cauvet, Jean-Guy Bernard, Philippe Monod et Jacques Renouvin par exemple. D’autres n’ont pas laissé de témoignage de cet épisode, soit parce qu’ils n’ont tout simplement pas laissé de récits de leur engagement résistant 38 ou parce que leurs mémoires n’évoquent pas cette question 39. Henri Frenay, par exemple, dans ses mémoires est plus que lapidaire : « Cauvet, dit Cals, militant socialiste qui deviendra chef de la R3 jusqu’au printemps 1943 où il sera arrêté et envoyé en déportation » 40. Il omet dans cette description de rappeler l’affaire et surtout que Louis Cauvet a claqué la porte du mouvement depuis février 1943 avant de rejoindre Radio-Patrie 41.

Bien entendu, la mort héroïque de Louis Cauvet, torturé, menacé d’exécution avant d’être déporté peut expliquer le silence sur cet épisode trouble de la Résistance languedocienne. Finalement, le seul qui évoque explicitement la question, c’est Francis Missa, mais son témoignage, alors isolé, n’est, dans le cadre de cette histoire, pas repris, à défaut de recoupement permettant de le valider. C’est, semble-t-il, l’attitude de l’auteur de la retranscription du témoignage de Francis Missa qui, dans une note finale, émet des réserves sur les propos de ce dernier 42.

La rareté des sources explique la difficulté de restituer la période courant entre novembre 1942 et le printemps 1943. Des informations en notre possession, le premier élément qui apparaît clairement est qu’il n’est fait aucune allusion à une éventuelle remise en cause de la qualité de Résistant de Louis Cauvet. Bien au contraire, envoyé dans la région, Jean-Guy Bernard lui propose, dans sa correspondance avec Charrier, évoquée plus haut, de prendre la direction d’une autre région. Selon le témoignage de Gilbert Viala, ce type de proposition lui a aussi été faite par Jacques Renouvin et Edmond Michelet, le premier lui proposant de le rejoindre à la direction nationale des Groupes francs, le second dans sa région 43.

Le véritable enjeu semble être d’une autre nature. C’est Pierre de Bénouville qui semble apporter la réponse à la question en évoquant le rôle de Jean-Guy Bernard :

« Il (Jean-Guy Bernard, ndlr) était ainsi envoyé dans toutes les régions où la situation n’était pas claire et recevait des pouvoirs exceptionnels. Il jouait le rôle au cours de ses missions d’une espèce de commissaire du pouvoir. Frenay lui expliqua les difficultés de Montpellier telle qu’elles étaient exposées dans des documents qu’il avait entassés devant lui. Thélis devait partir, le soir même, relever de son commandement le chef de région qui ne s’entendait pas avec plusieurs des chefs départementaux et prendre en main la direction de toutes opérations jusqu’à ce que la situation fût claire (…) » 44.

Si Pierre de Bénouville ne donne pas le nom du responsable régional à relever, il ne fait aucun doute, vu la période considérée, qu’il s’agit de Louis Cauvet. L’intérêt de ce passage, qui rejoint, de ce point de vue, le témoignage de Francis Missa est de revenir sur les causes des problèmes de direction soulevés en R3. Jean-Guy Bernard est envoyé pour régler une crise de direction, une partie des responsables départementaux remettant en cause la légitimité de Louis Cauvet. Le choix de la direction nationale du mouvement est alors de remplacer le responsable régional et de gérer sa succession. Face aux conflits locaux, il semble que la décision ait été de nommer un responsable extérieur à la région, l’avocat Charrier, originaire de Midi-Pyrénées 45. Bien évidemment, cette solution n’a pu être interprétée que comme un désaveu par Louis Cauvet, destitué de ses fonctions. Le résumé que Pierre de Bénouville fait du « rapport Cals » dans sa note à Henri Frenay ne dit pas autre chose quand il évoque le fait que Louis Cauvet « accuse le mouvement de s’être solidarisé avec les deux chefs coupables de « désertion » et d’avoir exercé sur lui je ne sais quelle basse vengeance ». On peut d’autant mieux comprendre, dans cette optique que Louis Cauvet estime que « le mouvement est d’ailleurs entièrement sous l’influence des éléments démocrates-chrétiens » et souhaite quitter l’organisation plutôt que d’accepter de prendre de nouvelles fonctions.

Au regard du contexte régional, on peut faire l’hypothèse que finalement l’origine de la crise est d’origine politique et relationnelle. Il ne serait pas improbable, en effet, que plusieurs cadres régionaux de Combat n’aient pas accepté la désignation initiale de Louis Cauvet qui remettait en cause le choix des fondateurs de Liberté. Proches de ces derniers, ils auraient alors choisi de contester cette nomination, interpellant Henri Frenay sur le sujet et remettant en cause le statut de Cauvet. Cette hypothèse a d’autant plus de sens que, comme nous l’avions évoqué précédemment, l’absence de relations proches entre Courtin et Cauvet a pu donner lieu à des interprétations erronées sur l’attitude des uns et des autres. Le fait, par exemple que Louis Cauvet évoque « la désertion » de René Courtin et Pierre Teitgen montre qu’il n’a pas été informé des raisons et conditions de leur départ précipité en novembre 1942 de Montpellier 46. C’est, à notre avis, cette conjugaison de problèmes relationnels autant que de divergences politiques qui expliquent cette situation en R3, crise aggravée par des incompréhensions réciproques. Les jugements de Pierre de Bénouville et de Jean-Guy Bernard, extrêmement durs et particulièrement infondés concernant l’attitude de l’ancien chef de Combat en R3 en disent long sur ces dernières 47.

On ne peut ici que conclure provisoirement cette analyse qui laisse encore, faute de sources complémentaires, beaucoup de zones d’ombre 48. Pour autant, l’exploitation des éléments inédits présentés dans cet article permet de restituer de nouveaux éléments de compréhension de la réalité des enjeux de pouvoir au sein de Combat à la veille de la fusion des M.U.R. Au-delà d’un retour sur une période singulièrement méconnue de la R3 au début de l’année 1943, nous pouvons aussi faire la lumière sur le parcours d’un dirigeant de la Résistance particulièrement méconnu, Louis Cauvet, singulièrement absent de la mémoire locale de la Résistance. Au-delà, il s’agit aussi de mesurer des réalités politiques qui montrent que, contrairement à une idée répandue, les rivalités de pouvoir sont loin d’avoir seulement concernés, dans la région, les seuls communistes et socialistes mais que les démocrates-chrétiens ont été, eux aussi, un temps au cœur de ces problématiques. Enfin, on ne peut que constater que l’histoire de la Résistance est fondamentalement contrainte dans son analyse de la disposition de sources et témoignages sur certains évènements de cette période. On ne peut qu’espérer, de ce point de vue, pouvoir croiser les éléments apportés ici avec de nouvelles sources pour avoir une vision plus précise de cette histoire.

Notes

 1.  Voir notre article, « Mai 1943, la décapitation avortée de la Résistance languedocienne. Retours interrogatifs sur l’attitude de la police française face au fait résistant », Midi Rouge, bulletin de l’association Maitron Languedoc-Roussillon, n° 14, 2009, pp. 14-24. Les Mouvements Unis de la Résistance sont issus de la fusion des organisations Combat, Libération et Franc-tireur.

 2.  Fonds SRPJ Montpellier, Affaire Pierre Degon, Arch. départ. de l’Hérault 796 W 36.

 3.  La région R3 comprend initialement en 1942 l’Aveyron, l’Aude, l’Hérault, la Lozère et les Pyrénées-Orientales. En 1943, elle comprend en outre le Gard.

 4.  Services secrets américains.

 5.  Jean Maitron (Dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Editions de l’Atelier. CD-ROM.

 6.  Claude Bourdet, Une aventure incertaine, Paris, Stock, 1975, p. 108.

 7.  Pierre-Henri Teitgen, " Faites entrer le témoin suivant " 1940-1958, De la Résistance à la République, Bordeaux, Ouest-France, 1988, p 24.

 8.  [Appel manquant] Différents groupes présentés par Jean Baumel, De la guerre aux camps de concentration, Montpellier, Causse Graille et Castelnau, 1974. Voir aussi René Courtin, De la clandestinité au pouvoir, histoire de la Libération de Paris, Paris, Editions de Paris, 1994, p.8.

 9.  L’Union socialiste et républicaine est un regroupement politique composé notamment des partisans de la scission des néo-socialistes conduit, dans l’Hérault par l’ancien député SFIO Edouard Barthe.

10. Voir Philippe Secondy, La persistance du Midi blanc, Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, 2006.

11. René Courtin succède à Pierre-Henri Teitgen lors de la création de Combat. Teitgen intègre alors le comité directeur de la nouvelle organisation.

12. Une première résistance, Liberté, le groupe de Montpellier, Amicale des anciens de Liberté, Paris, 1991.

13. Henri Frenay, La nuit finira, mémoires de Résistance, 1940-1945, Paris, Robert Laffont, 1973, p. 132.

14. Pierre-Henri Teitgen, Faites entrer le témoin suivant, op. cit, p. 42. René Courtin et Pierre-Henri Teitgen siègent par la suite au Comité général des experts auprès de Jean Moulin.

15. Témoignage Jean-Pierre Sussel, Fonds IHTP, 72 AJ 46 : « Teitgen me charge de prendre la région en main ».

16. Pierre-Henri Teitgen passe sous silence cet épisode dans ses mémoires. René Courtin n’a pas écrit sur son engagement résistant.

17. Entretien : Gérard Suberville.

18. Témoignage : Jean-Pierre Sussel, op. cit.

19. Nous renvoyons à la biographie que nous lui avons consacrée : « Francis Missa », in Midi Rouge, numéro 3, juin 2004, pp. 3-5

20. Gérard Bouladou, L’Hérault dans la Résistance, 1940-1944, Nîmes, Lacour, p 118.

21. Il semble qu’il s’agisse de Jean-Pierre Sussel. Selon le témoignage d’Edouard Gallix, son père fut aussi sollicité mais refusa, n’estimant pas posséder les compétences nécessaires (Témoignage : Edouard Gallix, étudiant, membre du Groupe franc de Montpellier).

22. Claude Bourdet, op. cit, p. 136. Selon Marie Granet et Henri Michel, ce désaveu s’inscrit dans des relations de plus en plus tendues entre anciens de Liberté et Frenay : « À l’intérieur même de Combat, une fêlure tend à se transformer en scission. Les chefs de Liberté, démocrates-chrétiens et universitaires étaient plus portés vers l’étude et à la propagande que l’action. La fusion avec Vérités les avait relégués d’autant plus à un rôle diminué que Frenay, seul véritable permanent du comité directeur, y consacrait seul tout son temps, connaissait seul tous les rouages ». Combat, histoire d’un mouvement de résistance de juillet 1940 à Juillet 1943, Paris PUF, 1957, p. 104.

23. Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, Tome 3, novembre 1942 – septembre1943, Paris, Robert Laffont, p. 192 Henri Frenay, op. cit. p. 302.

24. Jean-Guy Bernard est l’un des trois inspecteurs de l’Armée secrète chargé de l’organisation des régions. Il devient par la suite secrétaire général de Combat.

25. Claude Bourdet, op. cit. p. 108.

26. Claude Bourdet, op. cit, p. 152.

27. Robert Bellot, Gilbert Karpman, L’affaire Suisse, Paris, Armand Collin, 2009.

28. [Appel manquant] Robert Bellot, Gilbert Karpman, op. cit, p. 191

29. Robert Bellot, Gilbert Karpman, op. cit, p. 105 : « Il s’agit de montrer aux Alliés et subsidiairement aux Suisses que les Résistants sont des gens sérieux et dont l’action est adossée à un projet politique ».

30. Robert Bellot et Gilbert Karpman n’ont pu donner le patronyme de cet interlocuteur, sauf à indiquer qu’il s’agissait d’un interlocuteur américain op. cit. p. 104.

31. Voir à ce propos la description que fait Pierre de Bénouville de Jean-Guy Bernard : « Parce qu’il ne voulait jamais utiliser de la diplomatie, on l’employait souvent à résoudre par la force toutes les questions en suspens » in Le Sacrifice du Matin, Paris, Robert Laffont, 1946, p. 248.

32. Voir Le Sacrifice du Matin, op. cit. et Avant que la nuit ne vienne (Entretiens avec Laure Adler), Paris, Grasset, 2002.

33. Fonds IHTP, 72 AJ 46, complément au témoignage Francis Missa.

34. Brutus est animé par de nombreux responsables socialistes, notamment Gaston Defferre. Jean-Marc Binot, Bernard Boyer, Nom de code : Brutus. Histoire d’un réseau de la France libre, Paris, Fayard, 2007

35. Il s’agit en fait de Charrier.

36. Voir notre article, « Mai 1943, la décapitation avortée de la Résistance languedocienne », op. cit.

37. Henri Frenay, op. cit. Pierre de Bénouville, Le sacrifice du Matin, Paris, Robert Laffont, 1946.

38. C’est le cas de René Courtin par exemple.

39. C’est notamment patent pour les ouvrages de Gilbert de Chambrun ou Henri Frenay.

40. Henri Frenay, op. cit. p. 263.

41. Le réseau est entre-temps devenu le réseau Lucien puis Scholar. J A Bailly, La Libération confisquée, Le Languedoc 1944-1945, Albin Michel, 1993, p. 124.

42. « Note : il faut comparer cette déclaration au témoignage Frenay (complément p. 28) qui ne contient aucune rancoeur contre « Cals » et la correspondance Bénouville. Monod ne fait aucune allusion au rapport Cals » ni au prétendu caractère « réactionnaire » du mouvement ». Fonds IHTP, 72 AJ 46, complément au témoignage Francis Missa.

43. Entretien Gilbert Viala, fils adoptif de Louis Cauvet et Résistant lui-même.

44. Pierre de Bénouville, op. cit, p. 248-249.

45. Nous ne disposons pas de la date de nomination de Charrier en R3 pour trancher définitivement la question.

46. De même, René Courtin, dans son témoignage sur la période de la libération de Paris constate s’être mépris sur ce qu’il est advenu après 1943 de Louis Cauvet : « Molignié (Henri Moligné, cadre héraultais de Combat, ndlr) m’apprend que Cauvet n’a jamais quitté la France. Le message de Louis Cauvet à Radio Londres, " Cals est bien arrivé ", avait seulement pour but de tromper la gestapo à ses trousses ». René Courtin, De la clandestinité au pouvoir, histoire de la Libération de Paris, Paris, Éditions de Paris, 1994, p 80.

47. C’est ainsi que Pierre de Bénouville fait un amalgame concernant le C.A.S. nom du Parti socialiste pendant la guerre, estimant qu’il s’agit d’un mouvement de résistance alors qu’il s’agit principalement d’une organisation politique.

48. Nous n’avons ainsi en notre possession ni le « rapport Cals » lui-même, ni les éléments à partir desquels la direction nationale de Combat décide de destituer Louis Cauvet.