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Description

L’expression artistique de la dévotion privée
de quelques magistrats montpelliérains. L’exemple d’Antoine de Barbeirac

* Docteur en Histoire de l’Art moderne

Le présent article est extrait de notre thèse d’Histoire de l’Art traitant de la dévotion privée des magistrats de Montpellier à l’époque moderne. Ce travail universitaire proposait de dresser un profil type de cette élite d’après la production artistique du moment, les collections et les biens trouvés dans les fonds d’archives de la ville et du département.

La consultation des documents du Clergé (série G des Archives départementales de l’Hérault), des registres de réception des confréries (série 5 E) et des dénombrements (série BB) a permis l’identification de certains acteurs de la dévotion tels que les familles de Serres, de Belleval, Deydé et du Vidal. Des actes notariés (série 2 E) et des papiers de famille ont permis, quant à eux, d’aborder le thème dans sa dimension patrimoniale ; les premiers avec les problèmes de propriété et de transmission qui lui sont propres, comme chez les Beaulac et les Campan, les seconds précisant les orientations confessionnelles de certaines familles telles que les Crouset et les Salze. Enfin, un certain nombre d’autres pièces d’actes notariés et des Biens nationaux (série N et Q) ainsi que des Archives dites privées (J) ont révélé une dimension économique de la dévotion par les dépenses qui lui étaient réservées (dons, achat d’objets pieux), par leur estimation et leur vente par des professionnels jusqu’à leur acquisition par des particuliers. Le caractère lacunaire des sources, auquel s’ajoute le phénomène de déchristianisation de la période, a rendu le travail d’interprétation difficile pour cette démarche, inédite dans la discipline. En effet, il n’existe, à ce jour, aucune étude consacrée à la dévotion privée en Histoire de l’Art, si ce n’est son évocation en pendant à sa manifestation publique, trouvée majoritairement dans des biographies d’artistes ou de collectionneurs

Lorsque le sujet est enfin abordé, seule l’iconographie est privilégiée comme nous le montre encore l’historiographie la plus récente. Les théories sur l’art religieux de Frédéric Cousinié sont les seules qui ont pris en compte à la fois les aspects publics et privés de la dévotion. Quant à notre étude qui se voulait plus complète, nous avons dû y intégrer tous les autres éléments tenus, jusque-là, à l’écart : les lieux (coins de dévotion, oratoires et chapelles domestiques), le mobilier (prie-Dieu, bénitiers, emblèmes, chapelets et reliquaires) et les livres. Aborder cette architecture et cette production artistique si particulière interpelle sur la fabrication, les conditions d’acquisition et la véritable place accordée à ces objets. Ce thème oscille sans arrêt entre les frontières du monde de l’art et de l’artisanat, celles de la collection et de la décoration. Seule, l’ethnologue Émilie Notteghem s’est intéressée à la place qu’occupaient ces objets dans la mémoire, l’esthétique et la culture collective pour conclure sur leur lente et certaine désacralisation. On trouve ce même phénomène dans les écrits d’historiens tels que Jacques Michaud, Pierre Serres ou Pierre Vialles, lesquels ont largement développé la part publique et officielle de la dévotion chez les magistrats montpelliérains. Apparue comme homogène et conforme aux normes d’alors, elle a révélé des disparités dès lors qu’elle a été abordée dans sa partie privée

En effet, il fallait compter sur la présence, plus ou moins forte, d’éléments nécessaires à une pratique pieuse, laquelle différait selon les individus. Elle révélait leur appartenance confessionnelle et indiquait un certain degré d’implication de leur part. Une typologie de la piété individuelle a pu être établie d’après ce principe et selon les fonctions de chacun de ces éléments : à une dévotion expressive, donc extériorisée et visible, devaient correspondre des objets suffisamment nombreux sinon diversifiés (prie-Dieu, bénitiers, chapelets, reliquaires) ; à une dévotion spirituelle, donc plus intériorisée et discrète, devaient correspondre des objets orientés vers la méditation et l’éducation (œuvres à sujets religieux, livres et emblèmes comme les croix). Cependant, un compromis entre ces deux types d’expression restait possible pour le particulier à la recherche d’un certain équilibre. C’est à cette troisième tendance qu’Antoine de Barbeirac semblait appartenir.

Ce magistrat, dont le nom est tantôt orthographié de Barbeyrac, tantôt de Barbeirac dans son inventaire après décès, n’a jamais fait l’objet de publications. Bien que cet inventaire soit la seule source dont nous disposons pour le moment, elle contient suffisamment d’éléments biographiques pour en faire un portrait et servir de démonstration à notre propos. Par conséquent, certaines lacunes subsistent quant à l’état civil de notre personnage (date de naissance manquante, donc son âge à son décès), à son lieu de résidence au moment de l’établissement de l’acte, à la possession de certains biens (acte de propriété manquant), ou encore à l’origine d’objets mobiliers (achat ou héritage) pour ne citer que ces exemples. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2011

Nombre de pages

7

Auteur(s)

Stéphanie LEBEAU

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf