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2.00

Description

Les conflits du droit de pêche entre Sérignan et Vendres

État, marché, guerre et changement climatique sur le littoral languedocien à la fin du Moyen Âge

* Professeur d’histoire occidentale, Université d’Osaka (Japon)

Conflits, procès et transaction autour du droit de pêche

En 1375 environ, un jour en hiver, des Sérignanaises, Vesiana, Catherina, Ermessendis et une autre Vesiana, avec un garçon du village, Johannes Vitalis, ramassent des poissons sur le rivage de l’étang de Vendres, en tenant un sac (sacca), un disque (discus), un cabas (cabas), un salabre (salabre) ou une pavena à la main. Soudainement, un lieutenant du bayle royal de Vendres, qui s’appelle Petrus Petri, surgit, arrache tout cet équipement de leurs mains et l’emporte.

À peu près au même moment, les consuls de Vendres et un bayle royal du même village interdisent aux habitants de Sérignan de ramasser des coquillages (muscla, i. e. moule ; follega, i. e. Cardium edulis), des crabes (crancz) et d’autres choses sur le rivage de l’étang de Vendres, en y mettant en place des panonceaux sur lesquels la fleur de lys se dessine pour signaler que cet étang est mis sous la sauvegarde royale.

Ces deux événements au bord de l’étang salé provoquent de grands conflits et procès entre les deux villages. Selon les assertions des Sérignanais, depuis des temps immémoriaux, surtout en hiver, ils ont pu ramasser à pied et avec leurs mains des « poissons de rivage » (marge, peys del marge, pisces mar[g]iati) ⎼ mulet (mujolus), petite daurade (sauquena, saucanela menuda), etc. ⎼, qui se trouvaient morts ou demi-morts au bord de l’étang à cause du froid, et les emporter à Sérignan ou ailleurs pour consommer (commedere), vendre (vendere) ou utiliser (utor). De plus, ils affirment que les habitants de Sérignan ont pu ramasser jour et nuit des coquillages, des crabes et d’autres choses dans l’étang de Vendres, surtout sur le rivage (mares ou manes), à pied et avec les mains, mais sans filet de pêche, et les emporter pour consommer ou vendre.

En revanche, les habitants de Vendres justifient les comportements de leurs consuls, du bayle royal du village ou de son lieutenant et nient le droit de pêche des habitants de Sérignan dans l’étang de Vendres. Selon leurs assertions, depuis des temps immémoriaux, les villageois de Vendres ont pu toujours pêcher n’importe quels poissons et coquillages dans l’étang de Vendres, à pied et avec leurs mains, avec filets, en barque, ou d’autres façons. De plus, pour ce droit de pêche, tous les ans, ils paient la taille royale de 27 livres et offrent au roi 176 moules par chaque barque qui en pêche pendant le carême, alors que les villageois de Sérignan ne paient aucune « pension » au roi et y pêchent sans licence royale ni consentement du village de Vendres. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2021

Nombre de pages

9

Auteur(s)

Shinya MUKAI

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf