Description
L’éloge funèbre de Mirabeau par Henri Reboul (18 avril 1791)
Nous devons à l’obligeance de Monsieur Jean-Claude Richard la communication de ce document, imprimé à Pézenas en 1791, par François Bois et reproduisant in extenso l’éloge funèbre prononcé le 18 avril dans la collégiale Saint-Jean de Pézenas.
Il nous a paru utile de reproduire ici l’intégralité de ce texte qui éclaire bien des aspects du mouvement révolutionnaire dans cette ville et s’ajoute aux rares études publiées.
L’auteur, Henri Reboul, apparaît comme l’une de ces étonnantes personnalités que la seconde moitié du Siècle des Lumières a suscité dans bien des villes de France. Né à Pézenas le 21 juillet 1763, Reboul suivra l’enseignement des oratoriens (congrégation à laquelle appartenaient ses deux frères aînés), d’abord à Pézenas, puis à Lyon et Paris, avant d’obtenir à Toulouse la licence en Droit, tout en se consacrant à l’étude de la chimie. Ses travaux scientifiques, qui l’amèneront à correspondre avec Lavoisier, Berthollet et Chaptal, lui vaudront d’être élu, à 23 ans, membre de l’Académie des Sciences de Toulouse. Ses liens d’amitié avec Casimir de Puymaurin, fils d’un des syndics de la Province, lui permettront aussi, à l’occasion de fréquents séjours dans les Pyrénées, de se consacrer jusqu’en 1789 à la géologie.
Mais cette date marque surtout l’adhésion de Reboul aux idées nouvelles et le début du rôle qu’il va être amené à jouer pour leur développement : délégué à la Sénéchaussée de Béziers par le Tiers de Pézenas aux États généraux du 5 mai, il collabora ensuite à la mise en œuvre de la circonscription territoriale et à la répartition de l’impôt. Membre de l’assemblée départementale en 1790, député de l’Hérault à l’Assemblée Législative en 1791, chargé de diverses missions, fondateur du Musée National (dont il exprime le premier, le 11 août 1792, la nécessité), Reboul refusera, à l’issue de son mandat, d’appartenir à la Convention, tout en restant conseiller du département. Menacé, au terme de l’aventure fédéraliste, il part en mission dans les Pyrénées-Orientales auprès du général Dagobert, avant de se réfugier à Barcelone puis à Gènes.
Son exil dura peu ; en 1796, Bonaparte l’appelle au gouvernement provisoire de la Lombardie. Une tentative de départ pour l’Amérique du Nord (où il avait déjà fait l’acquisition de terrains) ayant échoué, Reboul se fixe un temps à Rome où il participe au gouvernement de la République romaine. Un bref séjour en Bourgogne (1802-1809) précède son retour à Pézenas où l’occupent la création et la gestion d’ateliers de produits chimiques et la reprise de ses travaux et publications scientifiques. Il mourut à Pézenas le 17 février 1839.
C’est donc un homme ouvert aux idées neuves des philosophes, épris de liberté mais dont la foi reste entière, qui prononce le 18 avril 1791 l’éloge de Mirabeau dont le corps venait d’être déposé au Panthéon.
À Pézenas, Henri Reboul a la réputation d’être « un savant et un honnête homme ». Bien implanté dans sa bonne ville, il se montra ferme partisan du « nouvel ordre » préparé par l’Assemblée constituante.
Mirabeau en fut l’un des fers de lance, notamment en matière de réforme administrative. Le 3 novembre 1789, il plaidait en faveur de « la destruction des provinces par l’effet d’une nouvelle division du royaume ». L’acharnement qu’il mit à combattre les pouvoirs hérités du passé éclaire en partie l’affection que lui portent des citoyens hier hostiles aux États du Languedoc comme aux puissantes capitales régionales, Toulouse et Montpellier. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1989 |
---|---|
Nombre de pages | 14 |
Auteur(s) | Geneviève GAVIGNAUD-FONTAINE, Jean NOUGARET |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |