Description
Le premier texte connu d’un philosophe célèbre né à Montpellier : Auguste Comte
Auguste, Isidore, Marie, François-Xavier Comte est né à Montpellier en 1798 et prépara au lycée de cette ville le concours d’entrée à l’École polytechnique qu’il réussit brillamment (il y entre en octobre 1814). Le 13 avril 1816, le gouvernement de la Restauration prend prétexte d’incidents pour mettre un terme à l’esprit républicain qui règne dans l’École. À la Terreur blanche s’est en effet superposée l’épuration légale de la part d’Ultras qui se sentent en force et dominent la « Chambre introuvable ». Tous les élèves sont licenciés et exclus de la fonction publique.
Très insubordonné et considéré comme un « meneur », Comte retourne alors sous surveillance dans sa famille à Montpellier. Le tout jeune homme, qui se prénomme encore Isidore (il choisira le prénom d’Auguste en 1818), écrit sous le coup de l’indignation au mois de juin 1816 Mes réflexions – Humanité – Justice – Liberté – Patrie – rapprochées entre le régime de 1793 et celui de 1816, adressées au peuple français alors que les souvenirs des assassinats de la Terreur blanche sont encore tous frais dans le midi de la France.
Ce texte tente de définir ce qu’est le despotisme, et fait montre d’une grande fermeté de caractère et d’une bonne qualité d’expression. Pendant son séjour sur la Montagne Sainte-Geneviève, notre philosophe a déjà beaucoup lu sur la politique et pratiqué les hebdomadaires satiriques (Le Nain jaune réfugié) qui critiquent la Restauration. C’est donc d’une plume acérée qu’il établit un parallèle entre Marat et Louis XVIII. Le texte restera manuscrit. S’il n’est pas publié par Comte dans ses Opuscules de jeunesse (en annexe du Système de politique positive), il n’est pas non plus détruit par lui comme beaucoup d’autres (peut-être parce qu’il était resté à Montpellier). Montpellier que Comte quitte en juillet 1816 pour retourner dans la capitale. Cette vive défense des institutions républicaines, la condamnation des « rois et des prêtres », la célébration de la raison et de l’Humanité montrent en tout cas une passion politique qui ne quittera jamais le fondateur du positivisme.
Peut-être Comte qui signe « élève de l’ex-école polytechnique » l’a-t-il rédigé comme un article pour un journal où il n’aurait pu le faire paraître. Quoi qu’il en soit, Comte ne réintégrera pas l’École polytechnique quoique celle-ci procurera une forme de réintégration aux élèves de bonne conduite (mais il refuse de se présenter à l’examen). Nul doute que Mes réflexions, s’il avait été connu ou publié, et entre autres parce qu’il se termine par un portrait au vitriol de Louis XVIII en tyran, n’aurait certainement pas attiré sur son auteur l’indulgence du pouvoir.
Le contenu politique du texte
Comte s’adresse au peuple français et utilise des concepts républicains tels que « volonté nationale », « gouvernement légitime ». D’après lui, le peuple est aveuglé et ne perçoit pas l’oppression qu’il subit, qu’il s’agisse de l’empire napoléonien, de la Terreur révolutionnaire ou des débuts de la Restauration. Louis XVIII combine aux yeux de Comte les défauts de l’Ancien Régime et ceux de la Révolution. Le texte énumère 11 rapprochements numérotés entre les terroristes de 1793 et le roi restauré, les uns et l’autre épris de pouvoir absolu. Seul le progrès de Lumières entendu comme augmentation de l’instruction peut donner la clairvoyance politique aux masses. À défaut, et par intérim en quelque sorte, une élite éclairée peut jouer ce rôle. Et notre futur philosophe de conclure que la véritable révolution et la philosophie ont partie liée. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2010 |
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Nombre de pages | 9 |
Auteur(s) | Juliette GRANGE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |