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2.00

Description

La colonisation contemporaine du lido montpelliérain
de Villeneuve-lès-Maguelone à La Grande-Motte

* Historienne.

Introduction.
Une archéologie paysagère.

La mer a poussé, sur les anciens rivages, des galets et des alluvions du Rhône et a modelé et fixé, sur des points rocheux (le cap d’Agde, le mont de Sète, l’île de Maguelone, les grés sous-marins de Carnon, l’île de la Motte de Cotieu) plusieurs bourrelets qui ont emprisonné, progressivement, à l’arrière, les eaux les plus basses, devenues nos étangs.

Les cartes anciennes permettent tant bien que mal de suivre l’évolution de cette côte languedocienne, et tout particulièrement ce lido de dunes séparant la mer des étangs. On peut ainsi noter des éléments de stabilité, comme l’ensemble architectural de Maguelone ou des fortins militaires, et constater les caprices dans la vie des graus, ces goulets de passage des eaux entre mer et étangs. À partir du début du XIXe siècle, des documents administratifs comme le cadastre napoléonien ou iconographiques dus à des dessinateurs ou peintres, permettent d’imaginer assez précisément les paysages qui s’offrent aux yeux des rares explorateurs de ces contrées sauvages. L’accumulation des documents photographiques permet de reconstituer une sorte d’archéologie des paysages du lido, et de mettre en évidence leur rapide évolution sur les deux derniers siècles. Le « tropisme balnéaire » a bouleversé cette étroite bande de terre, dont il est ainsi possible de suivre l’évolution accélérée.

Le lido, un cordon sauvage et fragile.
La situation sur les cadastres napoléoniens

Le cordon littoral qui séparait la mer des étangs n’était pas une simple bande de sable, mais une langue de terre ferme où poussaient des arbres, assez nombreux pour former un bois, il y avait des herbages et des pâturages considérables et des métairies dans les dunes.

Pour gagner la plage, il fallait traverser les étangs en barque et payer un droit de passage.

Ce lido était entrecoupé de graus, passes naturelles entre la mer et les étangs par où transitaient les poissons migrateurs. Au fil de l’histoire, on constate l’existence d’un nombre important de ces graus, qui s’ensablaient et se rouvraient selon les caprices de la mer. C’est ainsi qu’entre l’île de Maguelone et l’actuelle Grande-Motte, on peut dénombrer une dizaine de passes, aux noms changeants comme leur position.

Qu’ils soient éphémères ou durables, les graus ont joué (et jouent encore) un rôle important dans l’activité économique des étangs ainsi que sur la colonisation côtière. La pêche dans les étangs saumâtres existe depuis la nuit des temps et les graus tenaient une place primordiale dans l’installation des pêcheries dites maniguières. Qu’un grau s’ouvre et l’on voyait les pêcheurs affluer sur ce passage emprunté par les poissons migrateurs. Qu’un grau s’ensable et c’était la ruine de la maniguière. Inondations et tempêtes pouvaient anéantir les palissades de tamaris en un instant. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2021

Nombre de pages

26

Auteur(s)

Marie-José GUIGOU

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf