Histoire d’un retable – le retable du maître-autel de Notre-Dame-des-Tables (1667-1794)
Histoire d’un retable :
le retable du maître-autel de Notre-Dame-des-Tables (1667-1794)
P. 83 à 102
Par l’ordonnance du 7 avril 1658, François Bosquet, évêque de Montpellier, érige l’église Notre-Dame-des-Tables au titre de paroisse, à la place de l’église Saint-Firmin, détruite au moment des conflits religieux. L’église mariale vient d’être entièrement reconstruite. Sur la chronologie des travaux, on se référera à la synthèse récente, publiée par Jean Nougaret 1. Seuls Alain Chevalier et Francine Amal signalent l’existence sur le maître-autel d’un grand tableau d’Antoine Ranc, représentant l’Assomption de la Vierge 2. Ils publient en même temps la gravure de Chalmandrier représentant le retable, mais sans apporter d’informations sur celui-ci (fig. 1). Plusieurs documents permettent de retracer l’histoire de ce retable exceptionnel, aujourd’hui disparu la police passée à Antoine Ranc pour la réalisation du tableau du maître-autel, le prix-fait passé à Jean Bonnassier architecte de Montpellier, Antoine Armand et Pierre Moynier, maîtres maçons pour la construction du retable ainsi que le contrat passé à Jacques Martinet pour la réalisation de la sculpture. Les comptes-rendus des grands offices funèbres célébrés par les États du Languedoc montrent comment le retable sera intégré aux grands décors éphémères mis en place pour ces circonstances, provoquant progressivement sa dégradation, avant sa disparition avec la destruction de l’église Notre-Dame des Tables en 1794. En voici l’histoire.
La commande du tableau à Antoine Ranc
Suite à sa visite à Notre-Dame-des-Tables qui se déroule au début de l’année 1667, Monseigneur Bosquet, évêque de Montpellier, ordonne qu’il soit fait pour le maître-autel de l’église, un tableau représentant une Assomption de la Vierge 3. À cet effet, le chapitre de la cathédrale Saint-Pierre consent que les 660 livres provenant des dons faits aux chapelles de l’église Notre-Dame, appartenant en commun au chapitre et à la ville, soient employées pour faire le tableau. Un partie de cette somme, soit 200 livres, est conservée par le chapitre. Le restant, soit 460 livres, est aux mains du Sieurs de la Forest, sénéchal de la ville.
Le 6 mai 1667, Estienne de Boulhaco, archidiacre de Valence, Estienne du Bosquet, abbé de Franquevaux, Pierre Bernard et Jean Barhélémy, chanoines du chapitre Saint-Pierre, députés par le chapitre, passent contrat avec Antoine Ranc pour la réalisation du tableau. Le chapitre promet de reverser au peintre la somme qu’il a en sa possession. Le peintre s’engage à se faire payer l’argent détenu par le sénéchal « à ses risque et périls », sans rien demander au chapitre. Le tableau doit avoir 25 pans d’hauteur et 17 pans de large (environ 6, 25 m sur 4, 25 m). Il représentera l’Assomption de la Vierge et doit être conforme au dessin dressé par le peintre et signé par les parties. La gravure nous renseigne sur le tableau disparu. Il représente, au premier plan, les douze apôtres à genoux. Au dessus, la Vierge assise sur un nuage monte au ciel entourée d’anges. Antoine Ranc s’engage à utiliser des « colleurs bonnes et fines, et principalement tout le bleu avec loutre mer et le rouge avec la laque fin ». La réalisation du châssis de la peinture est à la charge du peintre ainsi que l’achat de « la toille rousse, bien unie et sérrée ». Antoine Ranc dispose d’un délai d’un an pour réaliser le tableau.
Le retable de Jean Bonnassier
Alors qu’Antoine Ranc travaille à l’achèvement du tableau, François de Massillan et André Delort, marguilliers de l’église Notre-Dame-des-Tables, ainsi qu’Antoine Trial, l’un des ouvriers de la Fabrique, passent contrat avec Jean Bonnassier, architecte de Montpellier, pour la réalisation du retable du maître-autel 4. Le prix-fait est signé le 22 juillet 1668. Le choix de l’architecte a été fait sur les conseils d’Henry de Mariotte « conseiller du roy en son conseil, président en la cour des comptes aydes et finances de lad ville, principal paroissien de lad paroisse » et probablement principal bailleur de fonds.
Pour l’occasion, Jean Bonnassier s’associe avec Antoine Armand et Pierre Moynier maîtres maçons de Montpellier qui acceptent « solidairement l’un pour l’autre et seul pour le tout, sans division ni distinction d’action » de faire le retable. En premier lieu, les entrepreneurs préparent le terrain. Ils enlèvent le pavé du chœur, à l’endroit où doit être placé le retable. En raison de la présence d’une chapelle souterraine, appelée la chapelle de la Madeleine, les entrepreneurs doivent assurer la stabilité du retable en mettant en place de solides fondations. Elles prendront la forme de piliers, placés à l’aplomb des piédestaux sur lesquels doivent être dressées les colonnes. Si les entrepreneurs le jugent nécessaire, la voûte de la chapelle de la Madeleine sera aussi renforcée. L’enlèvement de la terre et des gravats est assuré par les commanditaires.
La « fassade », partie visible du retable, doit être réalisée en pierre blanche de Pernes-les-Fontaines et « garni par derrière de massonnerie pierre de Pignan à carettes et jazènes pierre de taille, en sorte que le corps ou muraille du retable aye un pan et demy d’espaisseur sans à ce comprendre la salyes des architecture et colonnes ». L’utilisation de la pierre de Pernes est exceptionnelle et a dû influer sur le prix du retable en raison du coût du transport depuis le lieu d’extraction jusqu’à Montpellier.
Le retable se compose d’un soubassement, divisé en trois travées par les doubles piédestaux (soubs piédestaux et piédestaux) des colonnes. La travée centrale doit abriter le maître-autel « autour duquel sera fait une architecture ou architrave avec pierre de Pernes ». Les entrepreneurs doivent le poser sur 4 degrés de pierre avec « avec un tore autour et son congé par dessoub ». Le décor d’architecture se poursuit sur les deux travées latérales, dans lesquelles deux portes doivent être aménagées pour accéder à l’arrière du retable.
Le premier corps du retable, placé au dessus, est lui aussi divisé en 3 travées par 4 colonnes de pierre. Elles sont détachées du fond et placées à l’avant d’un pilastre adossé à la façade formant arrière-corps. Les colonnes, les chapiteaux, l’architrave, la frise et la corniche doivent être d’ordre corinthien. La travée centrale recevra un cadre de pierre destiné à abriter le tableau d’Antoine Ranc. Le texte précise que le cadre doit être fait « d’une architecture architrave ordre corintien faict avec pierre de Pernes quy sera soub l’architrave quy régnera au dessus des chapiteaux ». Dans les travées latérales doivent être aménagées « des niches propres à metre en place des figures au bas desquelles sera posée une pierre en salye le tout conformeniant au dessin et eslévation ».
Au dessus de la grande corniche qui unit les trois travées du premier corps, les entrepreneurs seront tenus de poser le deuxième corps du retable. Formé d’une travée, il doit être constitué « d’un ordre composé, avec ses pilastres, architrave, frize, corniche frontispice et autres finissemants aux costés » conforme au modèle dessiné. La partie centrale est destinée à abriter un décor sculpté.
Le contrat passé avec les trois entrepreneurs ne prévoit pas la réalisation de la sculpture ornementale. Ils doivent seulement épanneler les pierres destinées à recevoir un décor. Le prix-fait indique que les « colonnes ne seront qu’esbauchés et l’abaque taillée sans que lesd entrepreneur soient obligés de les parachever ny de faire les ornements ». Ils doivent par contre réaliser les éléments de décor d’architecture. Pour le deuxième corps, ils laisseront la partie centrale vide, n’étant tenus « ny mesme fournir les pierres desd figures, mais tant seulemant celes des ornemants et vazes aux lieux et endroits quy sont marqués aud dessain avec leurs salies nécessaires ».
Afin de mettre en place le retable, les fenêtres situées derrière l’autel seront bouchées. Les entrepreneurs pourront se servir de la pierre provenant de la démolition d’une cloison placée derrière l’autel fermant la sacristie. Les marguilliers promettent de fournir le surplus de pierre si nécessaire. S’ils le souhaitent, Bonnasier, Armand et Moynier pourront construire une palissade de bois, afin d’isoler le chantier du reste de l’église. Les entrepreneurs s’engagent à fournir les matériaux nécessaires et à évacuer les ruines. Ils disposent d’un délai d’un an pour réaliser l’ensemble et recevront la somme de 3 000 livres. Les marguilliers et ouvriers leurs verseront la somme de 1 000 livres dans 3 mois, 1 500 livres à mi-chantier et les 500 livres restantes lors de la réception de l’ouvrage.
Le délai d’une année n’est pas respecté. Le retable est terminé et reçu en 1673 comme l’atteste la quittance finale portée dans la marge du contrat. Les entrepreneurs reçoivent 250 livres supplémentaires pour diverses modifications apportées au projet initial. La quittance précise : « pour l’eslargissement aux deux collonnes hautes avec leurs piedestaux, chapiteaux, architrave, fisses et corniche, comme aussy pour avoir fourny la pierre des grandes et petites figures dud retable, et pour avoir fait un degré de plus au marchepied du grand hautel ».
Le décor sculpté
Pensant que les entrepreneurs allaient tenir leur délai d’un an, les marguilliers et ouvriers de Notre-Dame-des-Tables engagent Jacques Martinet, maître sculpteur de la ville de Montpellier, pour exécuter le décor du retable que l’on est entrain d’achever. Le contrat est signé le 8 avril 1669 5. Les entrepreneurs ont laissé des blocs en attente destinés à recevoir la sculpture que le prix-fait appelle « bossages ». Comme de nombreux sculpteurs de son époque, Jacques Martinet, qui a réalisé le retable de bois doré de la chapelle des Pénitents Blancs de Montpellier en association avec un dénommé Maurin 6, travaille aussi la pierre comme l’indique un contrat d’apprentissage daté de 1680 dans lequel il s’engage à apprendre à Antoine Garenc « le mestier de sulpteur en bois et en pierre 7 ».
Dans le soubassement du retable, seules les portes placées donnant accès à la sacristie recevront un décor. Jacques Martinet s’engage à sculpter, au dessus, des armes conformes au dessin fourni par Bonassier.
Pour le premier corps du retable, placé sur le soubassement, le contrat prévoit la réalisation de « quatre chapiteaux colonne également travaillés de chaque fasse de l’ordre corinthien, les feuille et tigettes refandues à feuille de percis (persil) ». Les chapiteaux des pilastres, placés à l’arrière des colonnes seront sculptés de la même manière. À la place des vases posés sur des socles placés au dessus des colonnes latérales, figurant sur le modèle fourni par Bonassier, Jacques Martinet placera deux angelots de 5 pans d’hauteur (environ 1,25 m).
Les niches, placées dans les ailes latérales du premier corps, recevront aussi un décor sculpté. Leur base doit être décorée d’une console destinée à supporter une statue. Le décor du couronnement des niches, conforme au modèle de Bonnasier, doit être constitué d’une gloire d’anges ; le texte précise « deux desquels seront dans tout leur relief avancés tenant une couronne ». Toutefois si les entrepreneurs le jugent nécessaire, le modèle pourra être modifié. L’espace situé entre les niches et les colonnes sera garni d’une chute d’éléments végétaux.
Le contrat décrit en suite le décor des trois parties de la grande corniche. L’entrepreneur « enrichira trois membre de l’arquitrave (les 3 fasces), scavoir, le talon et les deux chapelets (olives) de toute la longueur d’icelle ». La frise, placée au dessus, sera décorée d’un rinceau de feuilles « roulées » (enroulées). Le décor des modillons est exposé dans le contrat avec beaucoup de précisions. Chaque modillon sera orné d’une feuille refendue et « et l’entredeux des modillons » sera décoré d’une rose. Le quart de rond de la corniche doit être orné d’oves sculptées. Le tout doit être conforme à « l’ordre corinthien ».
Les chapiteaux des pilastres et la frise du deuxième corps, appelé attique dans le prix-fait, recevront un décor analogue à celui des chapiteaux du premier corps. Le sculpteur fera aussi deux grandes consoles, placées de chaque côté du deuxième corps. Il s’engage à réaliser entre la corniche et le fronton qui somme l’ensemble « des nuages avec des têtes d’enfant garnies à la place du père éternel et enrichira le piedestal de la croix qui faict le couronnement du tout ».
Le sculpteur s’engage à travailler tout seul ; il pourra toutefois engager d’autres personnes avec l’autorisation des marguilliers de la paroisse. Il dispose d’un délai de trois mois et recevra pour son travail la somme de 330 livres. Jacques Martinet reçoit du Sieur de Massillian, marguillier, la somme de 110 livres le jour de la signature du contrat. Il versera au sculpteur pareille somme à mi-chantier et le restant à la réception de l’ouvrage.
Un modèle imité
A part quelques rares retables de gypserie, la plupart des retables construits dans la deuxième moitié du siècle en Bas-Languedoc sont en bois doré. Le retable du maître-autel de Notre-Dame-des-Tables est le premier à être réalisé en pierre blanche de Pernes-les-Fontaines. Les colonnes torses ornées de pampres de vignes, utilisées traditionnellement, sont remplacées par des colonnes à fut lisse. La dorure se fait discrète elle souligne seulement certaines parties de la composition (bases et chapiteaux des colonnes et des pilastres). Un tel parti, où l’ornement sculpté tend à disparaître au profit du décor d’architecture, est probablement dû au choix du maître d’œuvre. Il ne s’agit ni d’un sculpteur, ni d’un menuisier, mais d’un architecte, Jean Bonnasier, qui s’adjoint les services d’Antoine Armand, maître des ouvrages royaux de la ville de Montpellier.
Le retable de Notre-Dame-des-Tables a probablement suscité l’admiration de ses contemporains. Il a même été imité. En 1684, les Récollets de Sommières commandent un retable pour leur église aux sculpteurs de Montpellier Antoine Jourdan et Antoine Amal. Les deux artisans sous-traitent le travail à 2 autres sculpteurs Jean-Baptiste Rambeau et Louis Denet 8. Bien que réalisé en bois, le retable des Récollets doit être « conforme à celuy du maître autel de l’église paroissialle Notre Dame des Tables ». Néanmoins les commanditaires apportent quelques modifications au modèle afin de personnaliser le projet et de l’adapter au besoin de leur chapelle 9.
Le retable de la cathédrale Saint-Etienne d’Agde, réalisé par le sculpteur Jean Cannet entre 1691 et 1694, (fig. 2) reprend les dispositions générales du retable de Notre-Dame-des-Tables connu par la gravure publiée en 1803 10. Il est aussi réalisé en pierre blanche de Pernes-les-Fontaines avec des colonnes de marbres de Caunes. Il convient de signaler que Jean Cannet travaille aussi bien le bois que la pierre comme Jacques Martinet. Un passage de Jean Cannet dans l’atelier de ce dernier, à l’époque de la réalisation du retable montpelliérain n’est pas à exclure. Il est probable que d’autres retables, aujourd’hui disparus, aient aussi adopté les mêmes dispositions.
Un décor permanent adaptable aux grandes célébrations
Au 17e siècle, les Etats du Languedoc prennent l’habitude de faire célébrer de grandes cérémonies funèbres en hommage aux grands personnages du royaume. Le 15 mars 1661, ils organisent un service pour le repos de l’âme du duc d’Orléans dans la collégiale Saint-Jean de Pézenas, perpétuant en Languedoc la tradition de la chapelle ardente 11. Quatre ans après, l’assemblée organise, en la cathédrale Saint-Nazaire de Béziers, une grande cérémonie funèbre en l’honneur du prince de Conti 12.
Par la suite, lorsque les États tiendront leurs sessions dans l’hôtel de ville de Montpellier, ces grandes cérémonies se dérouleront dans l’église Notre-Dame-des-Tables. Pour l’occasion, la nef de l’église est tendue de velours noir où sont accrochées les armoiries du défunt. Les tribunes situées sur les chapelles latérales sont richement décorées. Dans le chœur de l’église, menuisiers, peintres et doreurs installent un catafalque placé sous un monumental mausolée éphémère. Le retable esttoujours associé à ces grandes décorations. On y fixe des tentures et des armoiries, on y colle des représentations allégoriques peintes sur du carton. On endeuille parfois les colonnes en les peignant en noir. Le grand tableau d’Antoine Ranc est recouvert d’une pièce de tissu sur laquelle est cousue une grande croix de moire. L’ensemble est éclairé par une multitude de cierges.
Le jeudi 29 octobre 1682, le cardinal de Bonzy, président-né des États du Languedoc, ordonne qu’il soit organisé un grand service funèbre en l’honneur du duc de Verneuil en l’église Notre-Dame-des-Tables 13. La cérémonie se déroule le 7 décembre. Le registre de délibérations des États indique que pour l’occasion le retable « était tendu de noir de même que le chœur et la nef de l’église avec quantité d’armoiries et chiffres de feu S A grands et petits tous dorés sur carton ». Au centre du chœur, « la représentation était placée sous un mausolée en forme octogone à huit grandes colonnes dont les bases et chapiteaux étaient dorés, et orné tout autours de bas-reliefs en grisaille avec des figures en relief représentant les vertus théologales avec des devises à chacun qui leur était propre ». L’ensemble était placé sur une estrade de six marches.
L’année suivante, un nouveau service est organisé à la mémoire de Marie-Thérèse d’Autriche. Les archives des États ne conservent aucun document relatif à cette cérémonie. Charles d’Aigrefeuille signale dans son histoire de Montpellier, qu’un petit fascicule orné de gravures de Jean de Troy avait été édité pour l’occasion 14. L’une d’elle montre un mausolée circulaire à huit colonnes, surmonté d’un attique portant une couronne fermée 15.
Pour le service célébré en hommage au marquis de Calvisson, le 22 novembre 1700, de nombreuses armoiries, grandes et moyennes, sont fixées sur le retable 16. En plus des armoiries, les peintres Lion et Laporte habillent les colonnes du retable de 1000 larmes d’argent et réalisent la peinture de deux consoles du deuxième corps du retable qu’ils décorent de 2000 larmes 17. Le retable ainsi décoré sert de cadre au magnifique pavillon de la chapelle ardente. Le montant des décors s’élève à 1 800 livres.
Le procès verbal du service funèbre célébré en l’honneur du Cardinal de Bonzy en 1704 ne signale que le mausolée de forme octogonale orné de 8 colonnes 18. Il est probable que le retable ait été intégré au décor de la pompe funèbre.
La relation de la cérémonie de 1713 19 célébrée en l’honneur du Dauphin décrit avec beaucoup de précisions et de détails la décoration du retable qui sert de toile de fond au décor de la cérémonie et met en valeur un superbe mausolée. Le texte précise « le retable et l’autel étaient tendus de noir jusqu’à la voûte, si bien ménagés, que sans interrompre les deux ordres d’architecture qui le compose on n’avait fait que rendre leur disposition plus remarquables par la variété des décorations » 20. Le tableau de Ranc était recouvert d’une tenture brodée d’un semis de fleurs de lys et de dauphins, motifs que l’on retrouvait sur le devant d’autel. Les colonnes du retable étaient recouvertes de velours noir orné des emblèmes du dauphin. La frise et l’entablement étaient aussi dissimulés par du velours noir orné d’hermine. Le deuxième corps du retable était « recouvert par un trophée d’armes et par des festons d’hermines qui formaient des nœuds et des draperies ». L’ensemble était sommé d’un cartouche aux armes du Dauphin. Le texte décrit avec beaucoup de précision le reste du décor, composé du mausolée, du décor des tribunes et de la porte d’entrée. L’ensemble des peintures a été réalisé par Antoine Ranc et un dénommé Caumette. Les ouvrages de charpente et les girandoles de bois ont été réalisés par le sculpteur Antoine Subreville et un certain Cros, menuisier. On conserve de cette cérémonie un projet de décor pour le mausolée (fig. 3) et un pour les tribunes (fig. 4). Le montant des travaux de décoration et de la cérémonie s’élève à la somme importante de 6 830 livres 8 sols.
En 1716, les mêmes artisans se retrouvent pour mettre en place le décor de la cérémonie célébrée en hommage au roi défunt Louis XIV 21. Ils s’associent à Jean Giral 22 en 1719 pour le service funèbre organisé en l’honneur de Monseigneur Le Goux de la Berchère, archevêque de Narbonne 23. Les États dépensent pour l’occasion 3 705 livres 14 sols.
Pour le service funèbre organisé en 1721 en l’honneur du comte de Peyre, lieutenant général en Languedoc, Jean Giral et Caumette fournissent les projets de l’ensemble du décor auquel le retable est intégré 24. Ils prévoient d’en peindre les colonnes en marbre blanc et imaginent, pour la représentation placée sur une estrade centrale, un dais de velours, « couvert d’un pavillon suspendu ouvert aux quatre côté, accompagné d’ornements peins en grisaille » 25 qu’ils réalisent en collaboration avec les charpentiers Brunel et Pradel. La dépense d’élève à 1 500 livres.
En 1734, Jean Giral fournit les dessins du mausolée et de la décoration de l’église à l’occasion du service funèbre organisé pour le comte de Roure 26. Trois ans après, les États organisent une cérémonie en hommage au duc de Maine 27. C’est à nouveau Giral qui est l’auteur du projet de décor pour un montant total de 5 233 livres (fig. 5). Il s’associe, pour la réalisation de l’ensemble, aux charpentiers Brunel et Pradel et est secondé pour les travaux de peinture par le Sieur Renaud. Comme à l’accoutumée, le retable est paré pour l’occasion. Il convient de reprendre la description qu’en donne le rédacteur du procès verbal de la cérémonie :
« Le retable de l’autel était orné de la manière suivante : les colonnes d’ordre corinthien qui le soutiennent étaient feintes de marbres porté d’or avec leur chapiteaux et leur bases dorés et les entablements étaient feints de marbre noir parssemés de larmes d’argent et couvert de plusieurs écussons aux armes du prince ornés de drapeaux de diverses couleurs et de plusieurs ouvrages de sculptures représentant les attributs de l’artillerie dont le prince avait la charge de grand maître. La frise était feinte pareillement de marbre noir semés de larme de même que les piedestaux et panneaux des colonnes. Sur chaque porte de la sacristie paraissait un tapis noir en festons couvert de armoiries de ce prince feintes en broderies d’argent et au dessus s’élevaient de piramides de lumières composées chaqune de quarante cierges entremêlés d’autant de fleurs de lys d’or. Le tableau de l’autel était couvert de velours noir avec une croix de moire d’argent cantonnée des armes et chiffres de Monseigneur le duc du Maine. Le dessus de la corniche était orné de trophées et d’écussons, l’espasse depuis la corniche jusqu’à la voûte était tendu de noir et au dessus paraissaient de chaque côté deux grandes armoiries environnées de lauriers et de plusieurs ouvrages de sculptures. » 28
Suite au décès de François de Beauvau, archevêque de Narbonne, les Etats organisent en 1740, un nouveau service religieux dans l’église Notre-Dame-des-Tables. Le projet de décor est conçu par les peintres Caumette et Jean Baron 29. Ils imaginent une « estrade élevée de cinq degrés sur laquelle parraissait un grand dais soutenu par quatre consoles peintes et ornée de grisaille et accompagné de quatre pyramides chargées de girandoles ». Dessous était placé un « lit de parade de velours où était la représentation couverte d’un grand drap noir accompagnée de deux figures peinte de marbre blanc, représentant l’une la religion et l’autre la charité » 30. Il y est rajouté une représentation allégorique de la province de Languedoc. Le retable est totalement dissimulé sous un décor rapporté, formé de tentures et d’éléments peints (fig. 6).
On conserve un dessin de ce décor, dans lequel les peintres proposent 2 projets différents pour le couronnement du retable. Le centre du deuxième corps est occupé par les armoiries du défunt porté par des anges peints sur un support fixé ensuite sur le retable. Sur la partie gauche du dessin, la structure du retable, simplement peinte en noir, est laissée apparente ; dans la partie droite elle est dissimulée derrière une tenture formant « pavillon ». C’est ce projet que les États ont choisi.
L’entablement du retable est orné de panneaux peints rapportés où figurent des têtes de morts encadrées de torches renversées et de larmes d’argent peintes sur un fond noir. Au dessus les peintres proposent de placer des trophées d’attributs religieux. Les bases des colonnes du premier corps, peintes en marbre blanc veiné, sont ornées d’enfants portant le Saint-Esprit. Les travées latérales du retable sont recouvertes de toiles peintes en noir où sont collées des larmes d’argent et des lions dorés peints sur du carton. Au dessus des portes donnant accès à l’arrière du retable, des consoles de bois supportent d’imposantes girandoles. Sur la tenture qui recouvre le tableau de la travée centrale ont été accrochées quatre armoiries du défunt. L’autel et le panneau qui se trouvent dessus sont repeints en faux-marbre portor, marbre noir veiné de jaune.
Après plus de dix années pendant lesquelles aucune cérémonie funèbre n’a été célébrée, les États organisent en 1752 un service en l’honneur de Monseigneur Louis de Berton de Grillon, archevêque de Narbonne, qui vient de décéder. Le projet de décor qui comprend un mausolée et la décoration du retable est conçu par les peintres Antoine Renaud ou Reynaud 31 et Jean-Baptiste Olivier 32. Ils prévoient de placer dans l’attique du retable les armes du défunt qui auront « 11 pans en quarré » et de fixer sur les portes du bas des planches « d’une colonne à l’autre pour y ranger les bougies ». Un dessin du projet montre une décoration très proche de celle du dessin de 1740 (fig. 7). Seules les girandoles placées dans les ailes latérales du retable ont été remplacées par de grands trophées d’attributs religieux (fig. 8).
Quatre ans après, les États dépensent 1 800 livres pour l’enterrement et le service funèbre de Mr Vivet de Sévezan, lieutenant maire d’Uzès, député des États. Les nombreuses armoiries peintes destinées au décor de la nef, du mausolée et du retable ont été réalisées par le Sieur Fontane 33.
Les décors de la cérémonie funèbre célébrée en 1756 en l’honneur du prince de Dombes, gouverneur de la province de Languedoc, sont conçus par les Sieurs Olivier et Jean Coustou 34 peintres 35. Ils comprennent le décor du retable, la réalisation du mausolée, la décoration des tribunes de la nef et la pose d’une litre funéraire autour de l’église. Quatre dessins signés JB Olivier sont conservés. Sur le premier est représenté le retable dont le décor est très proche de ceux des dessins des années 1740 et 1752 (fig. 9). Seuls quelques détails diffèrent. Le deuxième représente le décor d’une travée de la nef (fig. 10). Les piliers, tendus de velours noir, sont ornés de trophées. Entre les piliers, la litre funéraire est décorée d’armoiries. Elle sert de support à des tentures qui retombent de part et d’autre des tribunes. Les 2 derniers dessins proposent deux modèles différentes pour le mausolée abritant la représentation (fig. 11 et 12). Ces quatre dessins donnent une idée précise de l’ensemble du décor.
En 1758, les États confient la réalisation du décor de la cérémonie organisée en hommage au maréchal de Mirepoix à Olivier qui s’adjoint les services du peintre Gabriel Fontan 36 et des menuisiers Estève et Brunet 37. Les mêmes artisans conçoivent et réalisent les décors des cérémonies célébrées en 1760 pour Monsieur Capieu, Sieur de Saint-Laurent et maire de Mende 38 et en 1764 pour le comte Duchamp 39 (fig. 13).
Henry Viala 40 « peintre et décorateur de la ville et communauté de Montpellier » signe en 1766, avec un dénommé Estève, les projets de décor réalisé pour l’hommage funèbre rendu au dauphin 41. Ils comportent un catafalque placé sous un pavillon surmonté d’un baldaquin, le tout peint en marbre blanc veiné et enrichi de dorure « en or d’Allemagne ». Le retable est à nouveau décoré. La police passée avec le décorateur prévoit « de placer sur le haut du couronnement un baldaquin enrichi de peintures et dorure, les rideaux duquel seront herminés, de placer au dessus du susd une grande armoirie ». Sur les grands panneaux placés entre les colonnes du premier corps du retable, le peintre envisage de mettre un grand trophée d’attributs militaires. Les tribunes et la nef sont tendues de velours noir sur lequel armoiries et trophées peints ont été fixés (fig. 14). Il convient de signaler le rôle important du tapissier des États dans la mise en place de ces décors, la quittance de Pierre Durant en est significative 42.
En 1768, les États font célébrer un office en hommage à la reine Marie Leszcinska. Les décors sont conçus par Coustou qui forme autour de lui une équipe importante de peintres en raison de l’ampleur de la tâche. Viala se charge de la décoration du catafalque et les Sieurs Olivier, Coustou et Reynaud réalisent la décoration de l’église, du grand autel et de la grande porte 43. Les ouvrages de charpente sont réalisés par Estève, les tentures fournies par Pierre Durant. Pour l’attique du retable, Coustou reprend le principe du baldaquin inventé par Henry Viala en 1766, comme en témoigne le dessin conservé (fig. 15). Le deuxième corps du retable est entièrement dissimulé par un imposant dais, dont les courtines se relèvent pour laisser apparaître les armes de la reine. Les colonnes, souvent peintes en faux marbre dans les projets plus anciens, ont reçu dans le projet de Coustou un fond noir orné d’un semi de fleurs de lys. Comme à l’accoutumée, les tribunes sont recouvertes de draperies noires ornées d’emblèmes et portent une « litre de velours noir, bordé d’hermine, chargé d’écussons aux armes de la Reine, d’emblèmes et de devises qui exprimaient les regrets de la Province ». Afin d’accueillir un public très nombreux, un deuxième rang de tribunes, richement décoré, a été installé au dessus des premières tribunes (fig. 16). Pour cette cérémonie, probablement l’une des plus magnifiques organisées par la Province, il a été dépensé la somme de 14 841 livres. Pour l’occasion les États ont édité un livret relatant la cérémonie dont une partie du texte est publiée en annexe avec la police passée au peintre Viala 44. Ils permettent de se faire une idée assez complète de la richesse de ces décors et leur mise en œuvre.
En 1774, Jean Antoine Giral, architecte de la Province fournit les dessins des décorations de la cérémonie funèbre donnée en l’honneur de Louis XV 45. Le projet fait une grande part à la sculpture. Les différentes figures placées dans la représentation (la représentation de la Province pleurant, quatre figures de femmes, lions…) doivent être réalisées sur une carcasse de bois, drapées de toile et peintes en faux-marbre. Deux enfants placés au dessus de la bière et un médaillon avec le portrait du roi seront sculptés dans le plâtre. Il est prévu de placer en haut du retable deux enfants de plâtre qui tiendront une draperie. Pour la réalisation de ce décor exceptionnel, Giral s’est adjoint les services des sculpteurs Hippolyte Faure et Pierre-François Pagés.
Une dernière cérémonie funèbre est organisée en 1776 en l’honneur du comte d’Eu, gouverneur de la Province. Les décors ont été conçus par le Sieur Olivier 46.
Le retable se dégrade...
Une vingtaine de grands services funèbres ont été organisés entre 1681 et 1776. Le retable, comme il vient d’être vu, est intégré au décor de ces grandes fêtes. On y fixe des tentures, ses colonnes sont peintes, des décors brossés sur du cartons sont collés sur les différentes parties du retable. Des supports de bois sont accrochés à la structure du monument pour supporter d’imposantes girandoles. La mise en place de ces décors, puis leur démontage occasionnent de nombreuses dégradations au retable.
Déjà en 1768, les marguillers de l’église Notre-Dame-des-Tables avaient reçu des États la somme de 400 livres pour les dommages causés à leur église à l’occasion de la cérémonie funèbre célébrée en l’honneur de la reine 47.
Toutefois, il faut attendre 1774 pour que les marguilliers et les ouvriers de l’église Notre-Dame-des-Tables tirent la sonnette d’alarme 48. Dans un placet envoyé à l’archevêque de Narbonne, ils écrivent « que les différents services que nos Seigneurs les États Généraux ont fait faire dans cette église ont causé les plus grands dommages, le dernier (celui célébré en l’honneur de Louis XV) y en a rajouté des plus considérables encore ». L’orgue n’est plus en état de fonctionner. La paroisse n’a pas assez d’argent pour le réparer. Le retable est très abîmé, sa « dorure noircie, écaillée et enlevée, le tableaux gâté et fendu et percé par les cloux des tentures mises sans précaution et arrachées de même, la sculpture et les corniches écornées et ébréchées en plusieurs endroits, les colonnes et les autres marbres qui le décorent ont perdu tout leur poli par les impressions redoublées de colle qui y restent encore ».
Des experts ont été mandatés par la paroisse afin d’évaluer ces dégradations. L’orgue est vérifié par Louis Chanly et Joseph Jean Causse, organistes 49.
Les marguilliers demandent à Pierre Faure, sculpteur, et Jean-Antoine Fabre, marbrier, de vérifier le retable 50. L’autel de marbre, le tabernacle et les gradins ont subi diverses dégradations et ont besoin d’être réparés. Les experts signalent : « à la corniche du tabernacle le poly est entièrement emporté en différentes parties par la grande quantité de cire, colle et vernis ; toutes les colonnes, pilastres, frize et panneaux de marbre le poly est emporté à l’occasion de la colle pour attacher leurs papiers dorés ou cartons et autres sortes d’ornements pour la décoration lugubre, et général partie de l’architecture est dégradée comme pied destaux, corniche et architrave ».
Ils précisent que « tous les chapiteaux sont coupés à plusieurs endroits qu’il faut réparer et redorer », qu’une partie des ornements du cadre du tableau ont été abîmés. Les bases de toutes les colonnes doivent être refaites et redorées. Les statues d’enfants posées sur la grande corniche ont été mutilées. Le deuxième corps du retable a aussi besoin de réparations et de dorure. La chaire est aussi abîmée. Le montant des travaux de réparation est évalué à 1 500 livres.
Le sort du tableau d’Antoine Ranc n’est guère meilleur 51. Le peintre Renaud, mandaté par la paroisse, indique dans sont rapport que « le tableau représentant l’assomption de la Ste Vierge a été percé en divers endroits pour l’utilité de l’exécution de la décoration lugubre, que pour la commodité du décorateur peu soigneux de retirer sa tenture noire avec précaution la faisait arracher de force ce qui a fruit déchirer la toile dud tableau en plusieurs endroits qui se sont détachés de son chassis, le frottement quy sy est fait a gercé le tableau dans une très grande parties. A côté du bras droit de la Ste Vierge il y a une ouverture de plus de huit pouces de longueur, il y a plusieurs autres trous qui ne sont point si considérables ». La restauration de la toile est évaluée à 150 livres.
Les marguilliers et les ouvriers de la paroisse demandent à l’archevêque de Narbonne, Arthur Richard Dillon, de leurs accorder une aide de la Province afin de remettre en état le retable et l’orgue. On ne sait si l’archevêque a répondu favorablement à leur requête.
En 1794, la municipalité décide de détruire l’église Notre-Dame des Tables faisant disparaître à tout jamais le retable et le tableau d’Antoine Ranc. Seuls les documents d’archives en ont conservé la trace. Le retable est aussi connu par la gravure de Chalmandrier gravée en 1772 et publiée en 1803 52. Si l’ensemble est conforme aux prix-fait, l’estampe présente, toutefois, quelques différences. Les 2 niches mentionnées dans le projet de Bonnassier ont été remplacées par des panneaux moulurés, avec dans leur centre des angelots portant des médaillons ornés des portrait de la Vierge et du Christ. La date de ces transformations n’est pas connue à moins qu’il ne s’agisse d’une invention du graveur.
Notes
1. Jean NOUGARET. Montpellier Monumental, Monum, Éditions du Patrimoine, Paris, Juin 2005, vol I, p. 154-156.
2. Alain CHEVALIER, Francine ARNAL. Tableaux religieux du XVIIe siècle à Montpellier, Images du Patrimoine, Imprimerie Maury, 1993, p. 8.
3. AD 34, G 2004 : convention avec le Sieur Ranc pour le tableau de Notre Dame.
4. Archives municipales de Montpellier, BB 157, ff. 143-146, registre de maître Étienne Marye.
5. Archives municipales de Montpellier, BB 158, f° 127v-128, registre de maître Étienne Marye.
6. Archives de la confrérie des Pénitents Blancs de Montpellier, registres de délibération : Dimanche premier septembre mil six cent soixante neuf à l’issue de l’office du matin pardevant les ff Despres prieur et Sanche prieur et autre confrères, deslibération prinse au subject du prix faict du restable baillé à ff Gontier menuisier.
7. Emile Bonnet, dictionnaire des Artistes et Ouvriers d’art du Bas- Languedoc, p 299.
8. AD 34, 2 E 55/188,8 mars 1684, f° 159 : prix-fait.
9. Idem : « avec néanmoins les augmentations sy après spécifiées, premierement seront tenus lesd entrepreneurs de tailler le tiers des colomnes avec un petit ornement, de faire quatre testes de chérubin au dessus des quatre chapiteaux, plus un petit ornement au dessus ou au dessoubs des niches quy sera percé à jour pour donner passage à la voix du chœur, plus faire quatre testes de chérubins aux quatre pieds destaux avec des linges pendant, et finallement les listeaux quy sont au dessoubs des pieds destaux qui sont de pierre seront ornés d’un cartouche chacun, dans la niche qui sera au dessus dud autel mettront lesd entrepreneur une Nostre dame sans enfant éscrasant la teste d’un serpent ou dans un croissant, et soub la niche un cul de lampe, et dans les deux autres niches des deux costés mettront lesd entrepreneurs une St. François et un St. Anthoine Padoue avec leurs attributs à chacun ».
10. Office pour la fête des Miracles de Notre-Dame-des-Tables, Montpellier, Imprimerie de Jean Martel l’aîné, 1803.
11. AD 34 C 9590, extrait du registre des délibérations des États du Languedoc, 1661 : service funèbre pour le repos de SAR le duc d’Orléans, 15 mars 1661, collégiale Saint-Jean, Pézenas.
12. AD 34 C 9590, extrait du registre des délibérations des États du Languedoc, 1665 : service funèbre pour le repos de l’âme du Prince de Conti, 17 février 1665, cathédrale Saint-Nazaire, Béziers.
13. AD 34 C 9590, extrait du registre des délibérations des États du Languedoc, 1682 : service funèbre pour le repos de l’âme du duc de Verneuil, 29 octobre, Notre-Dame-des-Tables Montpellier.
14. D’AIGREFEUILLE Charles. Histoire de la ville de Montpellier, Jean Martel imprimeur du roi et de Nosseigneurs des États généraux de la Province de Languedoc, Montpellier 1737, p 416.
15. PEAN Anne, Les décors des pompes funèbres en France 1643-1683 : naissance d’un genre, Actes du Ve congrès national d’archéologie et d’histoire de l’art, Bordeaux, 1999.
16. AD 34 C 9590, 1700 : État du nombre des armoiries grandes, moyennes et petites au service de feu le marquis de Calvisson, célébré le 22 novembre 1700.
grandes armoiries : au retable de l’autel tant au pîedestaux des deux portes qu’aux panneaux de l’intervalle des colonnes ;
moyennes armoiries : au retable d’autel.
17. AD 34 C 9590, 1701 : rolle des frais du service funèbre fait pour le repos de l’âme de Mr le marquis de Calvisson, lieutenant général pour sa majesté en la province de Languedoc.
18. AD 34 C 9590, 1704 : extrait des procès verbaux des États sur les services célébrés pour Mgr le Cardinal de Bonzy archevêque de Narbonne Mr de la Berchère : le service funèbre « fût accompagné des ornements et décorations des plus convenables au temps que le lieu et la brièveté du temps pouvait le permettre que les préparations étant fort avancées et croyait que les Etant ne devaient pas porter cette cérémonie plus loin que jeudy prochain… le chœur était tendu de noir et le grand autel paré des ornements de la province, il y avait du côté de l’évangile un trône sur lequel on avait élevé un dai de velours noir et au dessous une chaise à bras pour Monseigneur l’archevêque de Narbonne président né des États et deux pliants sur les côtés pour le diacre et sous diacre, et au côté droit une chaise à dos légèrement avancée pour le prêtre accistant, il y avait autour du chœur une ceinture de deux lez de velours noir chargées des armoiries et signes de son éminence dorées sur le carton et posées de carré en carré, et un ceinture de même velours ornée pareillement d’armoiries et posée à même distance autours de la nef, laquelle était tendue d’une tapisserie noire de quatre pans de hauteur, vers le bas de la nef était la représentation sous un mausolée en forme octogone à huict colonnes peints et ornés de grisaille et de quatre grandes figures peintes de marbre blanc représentant des vertus, et ce mausolée était posé sur une estrade relevée de cinq degrés et tout autour du mausolée il y avait trois rangs de cierges de cire blanche et au-dedans on avait mis un lit de parade de velours noir où était la représentation couverte d’un grand drap de velours…. ».
19. AD 34 C 9590, 1713 : Relation du service que les États assemblés à Montpellier ont fait faire pour feu monseigneur le Dauphin. Le texte intégral est publié en annexe.
20. Cf annexe 1.
21. AD 34, C 9590, 1716 : États de la depence faite pour les honneurs funèbres du roy Louis XIII.
22. Il pourrait s’agir soit d’Etienne Giral qui à cette époque prend le titres d’architecte des ouvrages royaux de la ville et sénéchaussée de Montpellier ou se son frère Jacques tout juste rentré d’Italie où il a été pensionnaire de l’Académie de France à Rome.
23. AD 34 C 9590, 1719, État de la dépense faite pour les honneurs funèbres de Monseigneur de la Berchère archevêque de Narbonne.
24. AD 34 C 9590, État des frais sur le service célébré pour feu Mr le comte de Peyre lieutenant général en la province de Languedoc en l’année 1721 pendant la tenue des États.
25. AD 34 C 9590, Extrait du registre des délibérations des États du Languedoc, 1721 : service funèbre pour comte de Peyre lieutenant pour le roi en Languedoc.
26. AD 34 C 9590, État de la dépense fait pour le service funèbre de Monsieur le comte de Roure lieutenant général en la province de Languedoc en l’année 1734 en la tenue des États
27. Le texte du procès-verbal des États est donné en annexe.
28. Cf. annexe 2
29. Emile Bonnet, p 33
30. AD 34 C 9590, 1740 : Procès verbal des États du 23 janvier 1740.
31. Emile Bonnet, p 401.
32. AD 34 C 9590, 1752 : État de la dépense faite pour le service et l’oraison funèbres de feu Monseigneur Louis de Berton de Grillon archevêque de Narbonne.
33. AD 34 C 9590, 1756 : état de la dépence faite pour l’enterrement de Mr Vivet de Sévezan lieutenant maire d’Uzès, députés des État, sou pour le service fait par les États dans l’église Notre dame.
34. Emile Bonnet, p 104.
35. AD 34 C 9590, 1756 : état de la despence faite pour le service et l’oraison funèbre de feu S A S monseigneur le Prince de Dombes gouverneur de la province de Languedoc.
36. Emile Bonnet, p 171.
37. AD 34 C 9590, 1758 : état de la dépense faite pour le service de feu Mgr le Maréchal de Mirepoix.
38. AD 34 C 9590, 1760 : état des dépenses faites pour l’enterrement de M de St Laurent Capieu maire de Mende député aux États où pour le service funèbre fait par les États dans l’église Notre Dame.
39. AD 34 C 9590, 1764 : état de la dépense faite pour l’enterrement de Mr le comte Duchamps envoyé par S A S le prince de Conty.
40. Emile Bonnet, p 458.
41. AD 34 C 9590, 1766 : Police passé à Henry Viala peintre et décorateur de la ville et communauté de Montpellier.
42. AD 34 C 9590, 1766 ,Quittance : « je sousigné Pierre Durant Maître tapissier de la ville de Montpellier, m’oblige envers nos les commissaires des États du Languedoc, de fournir tout le noir nécessaire pour tendre suivant l’usage sur le devant de la porte de l’église Notre Dame, tout l’intérieur des tribunes rideaux nécessaires, appuis des tribunes, tout le noir qui faudra pour les deux pavillons de même que pour la décoration de l’autel, tendre tout le fonds de l’église à la hauteur du décor qui sera fait par le Sr Estève, tendre les bancs de l’église nécessaire à lad assemblée de Nosseigneurs des États et enfin tendre et fournir tout le noir nécessaire pour cette décoration et en me conformant aux plans et dessein qui sont exécutés moyennant la somme de deux milles livres, déclarant que pour exécuter la présente soumission il sera employé de noir environ trois mille cannes, m’obligeant d’avoir fini et parachevé cette décoration au tems qui est prescrit, à Montpellier le neuf janvier 1766, signé Durant, modéré à quinze cent livres ».
43. AD 34 C 9590 : état de la dépense faite pour le service que les États du Languedoc ont fait célébrer le 20 décembre 1768 pour la reyne dans l’église de Notre Dame des tables.
44. Cf. annexe 3.
45. AD 34 C 9590, 1774, devis pour la construction en sculptures du mosolée que les États de Languedoc se proposent de faire élever dans l’église Notre Dame des Tables de Montpellier, d’après les dessins du Sr Giral architecte de la province.
46. AD 34 C 9590, 1776, état de la dépense e faite pour le service et oraison de Mr le comte d’Eu gouverneur du Languedoc.
47. Cf. note 33.
48. AD 34 C 9590.1774, Copie du placet présenté à Mgr l’Archevêque de Narbonne.
49. AD 34 C 9590, vérification de l’orgue de la paroisse Notre Dame de Montpellier.
50. AD 34, C 9590, état de la dépense faite pour le service que les États du Languedoc ont fait célébrer le 20 décembre 1768 pour la reyne dans l’église de Notre Dame des tables.
51. AD 34 C 9590, dégradations que les tapissiers et décorateurs ont fait au tableau du grand tableau de Notre Dame des Tables à l’occasion des trois services quy sy sont faits successivement pour Mongr le Dauphin, pour la Reine et ce dernier pour feu le roi Louis quinze.
52. Nicolas Chalmandrier graveur français du XVIIIe siècle. Actif de 1756 à 1782, il grave des cartes et des plans, travaillant à Paris. Il grava des plans de quelques villes françaises et étrangères : Paris, Montpellier, Albi, Toulouse, Madrid, Gibraltar, Genève, ainsi que 6 feuilles de la carte de Cassini. Il grave l’ensemble des planches de l’Armorial des États de Languedoc, on lui doit aussi plusieurs ex-libris de personnalités de la province de Languedoc, en particulier celui de trésorier des États, Nicolas de Joubert et celui de l’archevêque de Toulouse, Arthur Richard de Dillon. À la demande et aux frais des États de Languedoc, il grave en 1773 la carte du Canal royal de la province de Languedoc. L’ensemble des cartes reconstitue les divisions du canal : Toulouse, Naurouze, Castelnaudary, Trèbes, Le Somail, Béziers et Agde.
Annexes
I
AD 34 C 9590, 1713, Relation du service que les États assemblés à Montpellier ont fait faire pour feu monseigneur le Dauphin (extrait).
« la porte d’entrée était tendue de noir avec trois litres de velours semées de fleurs de lys d’or et de dauphins et chargées d’écussons aux armes et au chiffre du Prince et le dessus était orné de trois grands écussons accompagnés de trophées,.
Le retable et l’autel étaient tendus de noir jusqu’à la voûte, si bien ménagés, que sans interrompre les deux ordres d’architecture qui le compose on n’avait fait que rendre leur disposition plus remarquable par la variété des décorations.
Le tableau de l’autel était couvert de velours noir semé de fleurs-de-lys et de dauphin avec une croix de moire argent cantonnée des armes et chiffre de Monseigneur, le devant d’autel et les crédences étaient garnis de semblables ornements.
Les colonnes des deux ordres d’architectures, qui soutiennent le retable, étaient couvertes de velours noir semé de fleurs-de-lys d’or et de dauphins de même que les piédestaux et les entablements. La frise était couverte d’hermine. Le haut de la corniche, aux endroits qui répondent aux chapiteaux des colonnes, était terminé par des urnes accompagnées d’ornements funèbres rehaussés d’or. L’attique qui est au dessus était recouvert par un trophée d’armes et par des festons d’hermines qui formaient des nœuds et des draperies. Il était terminé par un cartouche aux armes de Monseigneur le Dauphin, et le dessus des deux portes de la sacristie était orné de semblables armoiries. Douze chandeliers d’argent accompagnaient la croix et portaient deux rangs de cierges dont la hauteur allait jusqu’à la corniche du fronton et dans le milieu des colonnes il y avait douze autres chandeliers. La première corniche du retable était garnie d’un rang de cierge posés à un pied l’un de l’autre pour éclairer les ornements de l’attique et réponde à l’illumination du reste de l’église.
Le siège pontifical destiné pour Mr l’archevêque de Narbonne officiant, était une estrade couverte d’un tapis de pied noir. Au dessus était le dais avec ses pentes de velours noir semées de fleur-de-lys et de dauphins et les sièges préparés pour les officiants étaient garnis de semblables ornements, de même que la chaire où l’on devait prononcer l’oraison funèbre. Les sièges où étaient placés le Duc de Roquelaure et MM les autres commissaires du roy, et les trois ordres des États, étaient couvert de drap noir.
Une tenture noire, qui couvrait toute l’étendue de l’église depuis la naissance des voûtes jusqu’en bas, servait de fonds à une magnifique décoration.
Elle était composée de pilastres d’un ordre ionique de trente pieds de hauteurs feints de marbre blanc posés de distance en distance, sur un arrière corps de marbre gris avec leurs bases chapiteaux, volutes et baguette d’or. Ces pilastres étaient chargés de fleurs-de-lys er de dauphins et ornés de plusieurs ouvrages d’architecture rehaussés d’or.
Dans l’entre-deux de chaque pilastre, paraissaient différents trophées, formés d’un assemblage d’armes des drapeaux, d’étendards et de toutes sortes d’instruments de guerre, la plus part dorés ou diversement coloriés.
Ces pilastres servaient de séparation aux doubles rangs de galeries qui règnent autours de la nef, où, pour laisser des places libres au plus grand nombre de personnes de distinction qui étaient présents à cette cérémonie, ont avait relevé la tenture avec art et formé des bordures d’hermines disposées en festons, qui étaient rattachées par divers nœuds, retombaient en draperies et formaient sur chaque tribune une manière de pavillon…
Deux litres de velours semées de fleurs-de-lys, accompagnées d’une bande d’hermine et chargées d’écussons aux armes du Prince, formaient deux ceintures autours de l’église, dont une placée au dessous des pilastres était orné de cartouches, de chiffres et de dauphins accolés et de divers ouvrages de peintures. Et l’autre qui terminait le haut de la décoration, formait au dessus des pilastres, une frise qui était soutenue par des consoles posées à des distances égales et enrichie d’une grande variété d’ornements.
Et le dessus de chaque pilastre avait pour couronnement un grand écusson sous un pavillon de velours bleu, semé de fleurs-de-lys et de dauphin, doublé d’hermine et environné de trophées. Cette décoration était illuminée par deux rangs de cierges soutenus par des bras d’argent, à deux pieds l’un de l’autre, mêlés aves les consoles, éclairait les chapiteaux des pilastres, et les autres ornements qui accompagnaient la frise, et le second rang dormait de la lumière au bas de la composition, dont le milieu étaient décoré par un grand nombre de girandoles qui sortaient du milieu des pilastres.
Le bas de l’église était rempli d’une estrade élevée de quatre pieds, couverte de drap noir. On y montait par six degrés et elle était fermée par un balustre, avec des piédestaux, d’espace en espace, qui soutenaient des urnes antiques de marbre blanc, enrichies de feuilles d’acanthes et de festons d’or.
Un superbe mausolée, d’un ordre composite, était élevé sur trois degrés qui surmontaient une première estrade. Il représentait un tombeau de marbre soutenu par quatre dauphins de bronze, posés sur un entablement.
Quatre figures de marbre blanc, posées sur des piédestaux, représentaient par leur symbole la religion, la justice, la sagesse et la force. Elles étaient appuyées sur les côtés du tombeau, lequel était orné de quatre bas-relief d’une sculpture de bronze, où ont avait représenté quatre des évènements des plus remarquables de ceux où la France à triomphé par la valeur et par la conduite du Prince défunt.
Au dessus de chaque bas-relief, au milieu des ornements qui couvraient le tombeau, on voyait les armes de Monseigneur dans des cartouches, avec des palmes et des lauriers.
La représentation était sur le tombeau, couverte d’un drap mortuaire aux armes du Prince, bordé d’hermines et semé de fleurs-de-lys, d’or et de dauphins, croisé d’une moire d’argent. Il y avait sur l’un des bouts de la représentation un carreau de velours noir sur lequel était posée une couronne d’or environné du collier de l’ordre sur Saint-Esprit, couverte d’un crêpe, et au dessus on avait mis un dais de velours orné d’armoiries et garni de galons et de franges d’argent.
Quatre urnes de marbre blanc, enrichies d’ornements d’or, accompagnées les deux côtés de la représentation, et étaient couvertes de couronnes, sur lesquelles on avait mis un grand nombre de cierges et dans le milieu de l’entablement on avait représenté deux enfants qui par leur attitudes, par leurs larmes, et par un écusson des armes de la province, auquel ils servaient de support, marquaient le regret de ses peuples et de la douleur qu’ils ressentent de la perte de Monseigneur le dauphin.
Un pavillon, attaché à la voûte, couvrait le mausolée. Il était orné d’une corniche, d’une frise et de festons bordés et rehaussés d’or, d’où sortaient quatre pentes de velours noirs semés de fleurs-de-lys et de dauphins, doublé d’hermine qui étaient attachées par des cordons, formaient au haut de l’église une riche draperie.
Le mausolée était environné de trois rangs de chandeliers d’argent, et de cierges, et de flambeaux posés au bas du mausolée, formaient un quatrième rang de lumière, lesquelles jointes à celles qui étaient autours de l’église et sur l’autel, rendaient ce spectacle funèbre, un des plus pompeux qui ayent paru dans de semblables occasions.
Les gardes de Mr le duc de Roquelaure, ayant une écharpe de crespe, étaient autours du mausolée… »
II
AD 34, C 9590 : Procès verbal des États des 16 et 24 janvier 1737 sur le service de S AS Mgr le duc du Maine (extrait).
« Le jeudy vingt quatrième jour de janvier mil sept cent trente sept jour marqué pour les honneurs funèbres de Monseigneur le duc du Maine, les États s’étant rendu dans l’hôtel de ville de Montpellier dans la salle de leur assemblée, sont allés par corps et par ordre dans l’église Notre dame.
Monseigneur de Narbonne était à leur tête et messeigneurs les prélats qui étaient en camail noir et rocher uni se sont placés dans les chaises du chœur du côté de l’évangile, Messieurs les barons étaient en habit et manteau court de deuil se sont placés de l’autre côté du chœur et les sieurs envoyés de la noblesse ensuite en habit noir.
Les sieurs du tiers état en habit noir se sont placés dans la nef, après quoy Monseigneur de la Fare qui avait été invité de la part des États à cette cérémonie s’est rendu à lad église étant en habit et manteau court de deuil et revêtu du collier des ordres du roy et de la toison d’or, il était accompagné de messieurs les autres commissaires du roy en habits ordinaires de cérémonie, ils se sont placés dans les chaises du chœur à la tête de la noblesse.
Le retable de l’autel était orné de la manière suivante : les colonnes d’ordre corinthien qui le soutiennent étaient feintes de marbres porté d’or avec leur chapiteaux et leur bases dorés et les entablements étaient feints de marbre noir parsemés de larmes d’argent et couvert de plusieurs écussons aux armes du prince ornés de drapeaux de diverses couleurs et de plusieurs ouvrages de sculptures représentant les attributs de l’artillerie dont le prince avait la charge de grand maître.
La frise était peinte pareillement de marbre noir semés de larme de même que les piédestaux et panneaux des colonnes.
Sur chaque porte de la sacristie paraissait un tapis noir en festons couvert de armoiries de ce prince feintes en broderies d’argent et au dessus s’élevaient des piramides de lumières composées chaqune de quarante cierges entremêlés d’autant de fleurs-de-lys d’or.
Le tableau de l’autel était couvert de velours noir avec une croix de moire d’argent cantonnée des armes et chiffres de Monseigneur le duc du Maine.
Le dessus de la corniche était orné de trophées et d’écussons, l’espasse depuis la corniche jusqu’à la voûte était tendu de noir et au dessus paraissaient de chaque côté deux grandes armoiries environnées de lauriers et de plusieurs ouvrages de sculptures.
Et au milieu au dessus de l’autel était un grand dais de velours noir orné de galons feints d’argent et des armoiries de la province en broderie, et dans les quatre coins posés quatre grands panaches et aigrettes des rideaux feints de velours doublés d’hermines étaient relâchés et festonnés des deux côtés du dais.
Douze chandeliers d’argent accompagnaient la croix et portaient deux rangs de cierges dont la auteur allait jusqu’à la corniche du premier fronton.
Toute l’église était tendue de noir depuis la naissance des voûtes jusqu’en bas.
Une littre de velours noir couverte d’écussons d’armoirie de Monseigneur le duc du Maine et des chiffres terminés par les couronnes accompagnés d’un grand nombre d’ornements rehaussés d’or formait une ceinture autour de l’église, et une seconde littre avec de semblables ornements au dessous de la première environnait le chœur.
Le bas de l’église était rempli par estrade élevée de quatre pieds où on montait par plusieurs degrés, elle était fermée par un balustre avec des piédestaux d’espace en espace qui soutenaient des urnes feintes de marbre blanc enrichies avec des feuilles d’acanthes et des festons d’or, tout le balustre était chargé de quatre de cierges, aux quatre coins de l’estrade on avait élevé sur des piédestaux quatre girandoles de six pieds d’hauteur portant chacune quarante six cierges, dans le milieu de cette estrade on en avait formé une seconde de sept degrés sur laquelle s’élevait un catafalque composé de 8 colonnes feinte de marbre vert qui formait un carré long dont les angles étaient bornés par des piédestaux de quatre pieds de largeur portant chacun deux colonnes d’ordre composite dont les bases et les chapiteaux était aussi feints de marbre de même que la plinte était ornée de fleurs-de-lis et de divers ornements d’or et couverte de cierges.
Au dessus de chaque colonne paraissait une girandole d’or portant quinze cierges.
Cette architecture était terminée par un dôme soutenu de quatre consoles sur lequel était posé une couronne d’or accompagnée d’un trophée d’armes et des armoiries du prince.
Quatre piédestaux étaient adossés à ceux des colonnes et soutenaient quatre figures de marbre représentant les vertus, les deux qui paraissaient les premiers représentaient la force et la prudence, sur les faces de chaque piedestal des armoiries du prince étaient placées ornées de plusieurs ouvrages rehaussés d’or. Le plafond de la corniche était bordé de rosettes d’où sortaient des festons composé de branches de chêne et de laurier disposés en guirlande, au devant paraissait un dais noir garni de franges et galons d’argent avec les armes de la province en broderie.
Ce dais couvrait la représentation élevée sur un tombeau au dessus de sept degrés couverte d’un drap mortuaire sur lequel on avait posé la couronne du Prince voilée d’un crêpe posée au bas du tombeau était appuyée une figure représentant la Province qui marquait par son attitude la douleur et regrets du peuple.
Au dessus du catafalque et prés de la voûte paraissait un pavillon terminé par un globe orné des armes de Monseigneur le duc du Maine, des rideaux de velours orné d’hermines s’étendaient de chaque côté du pavillon et terminaient cette décoration.
La messe a été chantée par la musique des États et célébrée par le curé de la Paroisse…. ».
III
AD 34 C 9590, relation du service que les États Généraux de la province de Languedoc assemblés à Montpellier, au mois de novembre 1768, ont fait célébrer pour la Reine, Imprimerie de Vincent imprimeur-libraire des États Généraux de la Province de Languedoc, 1769 (extrait).
« Le mardi, vingtième du mois de décembre, jour marqué pour les honneurs funèbres de la Reine, les États s’étant rendus à l’Hôtel de Ville de Montpellier, dans la salle de leur assemblée, ils sont allés en corps à l’église Notre-Dame-des-Tables ; Messeigneurs les Évêques y ont pris les places ordinaires du côté de l’évangile ; ils étaient en camail noir et rocher…, les sièges de Mr le Prince de Beauvau et des autres commissaires étaient couvert de noir.
Une tenture noire, qui couvrait toute l’étendue de l’église, depuis la naissance de la voûte jusqu’en bas, servait de fond à la décoration qui formait deux rangs de tribunes séparées par des pilastres d’ordre toscan, feints en marbre blanc veiné les moulures des bases et des chapiteaux étaient rehaussées d’or ; et les panneaux ainsi que les frises étaient semés de fleurs de lys d’or.
À chaque pilastre, à la hauteur des tribunes du premier rang, étaient attachés des médaillons qui caractérisaient les vertus de la Reine, et qui étaient terminés en haut et en bas par des ornements en relief, ayant rapport aux armes de Pologne et de la Reine.
Au devant des tribunes, qui étaient toutes tendues de noirs, on avait relevé les tentures qui étaient bordées d’hermines, et rattachées par différents nœuds, retombaient en forme de rideaux qui se joignaient aux pilastres.
L’appui des tribunes du premier rang était couvert d’un tapis semé de fleurs de lys, avec des franges et des glands en or.
Le premier rang des tribunes était séparé du second par une grande litre de velours noir, bordé d’hermine, chargé d’écussons aux armes de la Reine, d’emblèmes et de devises qui exprimaient les regrets de la Province et au dessus du second rang des tribunes et jusque au chapiteau des pilastres régnait, autour de l’église, un pareil litre chargé du chiffre et des armes de la Reine.
Tout le fond de l’église était occupé par une estrade de quatre pieds de hauteur, couverte d’un tapis de drap noir, sur laquelle était placé un corps d’architecture, d’ordre dorique, d’une forme exagone, composé de huit colonnes de dis sept pied de hauteur sur deux de diamètre, assises sur des socles de marbre blancs veiné, dont les moulures étaient rehaussées d’or. Trois degrés, du même marbre, placé entre les socles, faisaient le tour du mausolée.
Dans l’intérieur, était un piédestal de marbre blanc veiné, d’ordre composite, enrichi d’ornement et moulures en or, sur le devant duquel était gravée l’inscription suivante :
Mariae Leczinski
Principi poloniae
Reginae chritianissimae,
Augustissimae, piissimae
Optimae
Lugens Occitania posuit
On avait placé sur ce piédestal deux figures de marbre blanc, représentant les génies de la France et de la Pologne, désolés, appuyés sur leurs écussons.
Au dessus était le tombeau de même marbre blanc veiné, portant sur le devant le portrait de la Reine, dans un médaillon d’or, attaché par des branches de cyprès ; la représentation était sur le tombeau, couverte d’un drap mortuaire aux armes de la Reine, bordé d’hermine, semé de fleurs de lys d’or, avec une Croix de moire d’argent il y avait sur un des bouts de la représentation un carreau de velours noir, sur lequel était posée la couronne royale, couverte d’un crèpe.
Aux deux côtés du mausolée et au bas des degrés étaient deux figures, de marbre blanc, qui représentaient la Religion et le Prudence et on avait placé sur l’estrade quatre grandes pyramides garnies de lumières et terminées par une girandole.
Un pavillon de velours noir, attaché à la voûte, recouvrait le mausolée ; il était semait de fleur-de-lys d’or et de larmes d’argent et couronné par cinq panaches blancs et les quatre pentes qui étaient doublées d’hermine, étaient attachées par des cordons, garnis de glands d’or.
Le mausolée était environné de trois rangs de cierges ; et les côtes de l’église étaient éclairés par deux cordons de lumière ; l’un au dessus des pilastres, et l’autre au dessous des tribunes du second rang et deux rangs de girandoles placées au devant des pilastres…
Police passé à Henry Viala
« Nous sousigné Henry Viala peintre, architecte et décorateur de la ville et communauté de Nous sousigné Henry Viala peintre, architecte et décorateur de la ville et communauté de Montpellier, nous obligeons envers nosseigneurs les commissaires des États de la province de Languedoc de faire et faire éxécuter les dessins par nous signés et remis à Monsieur de Joubert sindic général de la Province, pour le mausolée de feu sa majesté la reine de France que la province doit faire faire.
1. sur l’estrade sera placé un temple en architecture, d’ordre dorique, d’une forme exagone qui sera composé de huit collonnes de ronde bosse, assises sur des socles feints en marbre blanc veiné, entre lesd socles sera placé trois degré de même marbre faisant tout le tour du mausolée de la forme exagone, sur les socles sera posé huit bases actique dorées avec or d’Allemagne, au dessus desd bases sera posé de collonnes de dix sept pieds d’hauteur sur deux pied de diamètre, lequelles seront entières canellées en or et de couleur de lapis lazury, fleur-de-lysées d’or et gages d’argent et les chapiteaux seront en or, l’architrave sera de blanc veiné et moulure d’or, la frize sera l’apis lazury, et à l’aplond des collonnes sera placé en forme de triglifes de têtes de mort en or et gages d’argent, la corniche sera de blanc veiné et les moulures au dessus du larmier seront en or, et les guirlandes au dessus de la corniche, cintre formant le portique seront de draperies lacrimatoires en or, et le couronnement dud temple sera de blanc veiné et toutes les moulures en or et les guirlades de sipres, toutes les hautes canelures en or, toutes les figures seront feinte de marbre estatuaire, portant des lumières en forme de girandole en argent, le plafond dud temple sera du même blanc veiné d’or et enrichi des ornements analogues aud ordre, tout en or et haut dud plafond sera placé un dai de velours qui me sera fourni par la Province, sur le haut du couronnement dud temple sera placé l’urne dessendre qui sera d’azur et or et terminé par la couronne de la reine, dans l’intèrieur dud temple et au milieu sera placé un piedestal d’ordre composite enrichy d’ornements et moulures or, ou sera placé les armes de la reines, sur le même piedestal feint de marbre blanc veiné sera placé au devant une grande table feinte de marbre antique appelé portor, pour y être placée une inscription, toutes les guirlandes seront de syprés, àcotté du piedestal sera placé deux candélabres portant des girandoles d’argent, sur le piedestal sera placé deux génies en ronde bosse, l’un représentant la désolation de la France, l’autre celui de la Pologne à coudés sur leur écussons, au dessus des génies sera placé le tombeau d’une belle forme en blanc veiné portant le portrait de la reine dans un médalion d’or avec des guirlandes de siprés encheneront led portrait, sur le tombeau sera placé une représentation pour y représenter le polleroayl terminé par la couronne royale d’or le tout couvert d’un crêpe de gaze noire, au bas des escaliers, à cotés du corps d’architecture sera placée une grande figure de ronde bosse représentant la religion, et à l’opposé une figure de même ronde bosse et grandeur représentant la prudence, au devant de l’estrade sera placé quatre magnifiques candélabres portant des bougies et girandoles en argent décorés en or et de draperies lacrimatoires en argent, au dessus du temple sera placé un grand baldaquin formé par les lais d’hermine des lais de drap noir fleur-de-lisées en or larmoyées en argent selon la forme du dessin, couronné par cinq grands panaches blancs et une grande tête de mort en or et de fournir à mes frais et dépence générallemen tout ce qui sera nécessaire pour la construction et décoration tant du temple que du mausolée à la charge néanmoins que la Province me fera faire à ses frais et dépences par son menuisier ordinaire ou autre quelle lui plaira comettre l’estrade qui doit servir de sol à tout l’édifice, comme aussi tous les piedroits qui seront indiqués nécessaire au nombre de quatorze ensemble les encastrement ded piedroits pour dresser led tample de même que la charpente du baldaquin qui sera placé au haut de l’édifice que le tapissier de la Province sera tenu de fournir, toute la tenture généralement quelconque soit en velours ou serge noire qui seront par nous indiqués… ».