Guillaume d’Orange, Ysoré et Bernard des Fossés
sur un chapiteau roman de la basilique Saint-Julien de Brioude

Alice Colby-Hall, professeur de littérature française, a obtenu son doctorat de l'Université de Columbia et, bien qu'officiellement à la retraite, continue à donner des cours sur la littérature médiévale française et à diriger des recherches dans ce domaine.
Alice-Marie COLBY-HALL

* Alice Colby-Hall, professeur de littérature française, a obtenu son doctorat de l’Université de Columbia et, bien qu’officiellement à la retraite, continue à donner des cours sur la littérature médiévale française et à diriger des recherches dans ce domaine. Ses intérêts comprennent la vieille épopée française, roman courtois, l’histoire de la langue française, et de la vieille occitan (ancien provençal) littérature. Elle est l’auteur de Le Portrait en douzième siècle Littérature française: un exemple de la stylistique originalité de Chrétien de Troyes (1965) et de nombreux articles sur les origines des épopées du cycle de Guillaume d’Orange. En 1997, elle a été nommée Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministre français de la Culture. À l’heure actuelle, elle termine un livre intitulé Guillaume d’Orange et les légendes épiques de la basse vallée du Rhône.

À la basilique Saint-Julien de Brioude, les piles romanes de la nef se composent d’un noyau carré autour duquel sont engagées quatre colonnes couronnées de chapiteaux à trois faces. Sur la face sud d’un chapiteau de la première pile sud 1, un chevalier chrétien reconnaissable à son écu oblong et un chevalier sarrasin qu’identifie son écu rond s’attaquent à la lance (Fig. 1), et, sur la face ouest, on aperçoit derrière le dos du Sarrasin et au-dessus de son cheval la tête gigantesque d’un Sarrasin décapité et à côté de la tête coiffée d’un turban un petit cavalier sans armes (Fig. 2). En outre, sur la face est, une sorte de dragon se mord la queue au-dessus du cheval du chrétien (Fig. 3).

Combat d’Ysoré et de Guillaume. Brioude (Haute-Loire)
Fig. 1 - Combat d’Ysoré et de Guillaume. Brioude (Haute-Loire). Basilique Saint-Julien. Chapiteau de la nef, face sud. Cliché Olivier Dessard, 2010.
Tête d’Ysoré, Bernard des Fossés et deux chevaux. Brioude (Haute-Loire)
Fig. 2 - Tête d’Ysoré, Bernard des Fossés et deux chevaux. Brioude (Haute-Loire). Basilique Saint-Julien. Chapiteau de la nef, face ouest. Cliché Olivier Dessard, 2010.
Cheval de Guillaume et dragon se mordant la queue. Brioude (Haute-Loire)
Fig. 3 - Cheval de Guillaume et dragon se mordant la queue. Brioude (Haute-Loire). Basilique Saint-Julien. Chapiteau de la nef, face est. Cliché Olivier Dessard, 2010.

Sachant que Guillaume d’Orange avait laissé son bouclier à la basilique, Émile Mâle se demande si l’un des combattants ne serait pas « le fameux Guillaume de Gellone, le héros du Charroi de Mines et de la Prise d’Orange » 2 mais l’éminent historien d’art ne fait pas mention du combat de Guillaume avec le géant sarrasin Ysoré dans le Moniage Guillaume, qui date de la seconde moitié du XIIe siècle 3. D’après la première rédaction (ou rédaction courte) de cette chanson de geste, le héros dépose son écu sur l’autel de la basilique Saint-Julien avant de se retirer du monde dans le val de Gellone, à la condition, cependant, qu’il pourra reprendre cet écu si l’empereur Louis lui demande son secours 4. Vraisemblablement, il récupéra l’écu pour se battre contre le géant sarrasin Ysoré, mais la fin de la rédaction manque. D’après la seconde rédaction (ou rédaction longue) du Moniage, Guillaume est sans écu avant et après son entrée en religion 5 et réussit à décapiter Ysoré sans la protection de cette arme défensive 6. Dans cette version, c’est un petit homme pauvrissime appelé Bernard des Fossés qui héberge Guillaume dans sa cabane aux fossés de la ville de Paris 7 et qui apporte la grosse tête du Sarrasin au roi Louis après le départ de Guillaume 8. Pour récompenser Bernard des services rendus, le roi l’investit d’une rue de Paris et lui donne une épouse, des vêtements, des draps de soie, un cheval et un palefroi 9. À mon avis, on voit sur le chapiteau de Brioude Guillaume, Ysoré, la tête de celui-ci et Bernard des Fossés sur son palefroi. Le sculpteur de Brioude a dû connaître une version du Moniage qui plaisait aux habitants de la région et aux visiteurs parce que l’on y avait inséré l’histoire glorieuse du bouclier déposé à la basilique, mais, pour interpréter la présence de l’animal mythique 10, il faut se reporter aux Étymologies d’Isidore de Séville, rédigées au début du VIIe siècle. Ce savant prélat nous apprend que « chez les Égyptiens, avant l’invention des lettres, on représentait l’année par un dragon se mordant la queue parce qu’elle revient à son point de départ » 11. Autrement dit, c’est le symbole du temps circulaire, du temps de l’éternel retour 12. Étant donné que l’ouvrage encyclopédique d’Isidore connut une grande vogue au Moyen Âge, le dragon sur ce chapiteau pourrait signifier que le combat de Guillaume n’est qu’un exemple parmi d’autres de la lutte contre le Mal, qui se répétera jusqu’à la fin du monde.

Wilhelm Cloetta a cherché à démontrer que le bouclier de Guillaume ne figurait pas dans le Moniage primitif, auquel remontent les deux rédactions françaises et la version norroise du XIIIe siècle fournie par la Karlamagnùs saga13, mais l’auteur de la rédaction longue ne justifie jamais l’absence du bouclier. Son public est-il censé savoir que cet objet se trouve déjà à Brioude ? Ou est-ce à cause de la pesanteur du bouclier que Guillaume ne l’emporte pas avec lui, comme l’affirme l’érudit allemand, en se fondant sur le voyage de Guillaume à Laon dans Aliscans ? Il est vrai que dans cette chanson de geste le héros se débarrasse de sa targe lourde dans une abbaye à Étampes mais seulement après avoir appris qu’il n’aura rien à craindre à la cour royale de Laon. 14 Sur le chemin du retour, il découvre qu’un incendie a détruit l’abbaye et la targe15. Guillaume a dû remplacer sa targe, car, en arrivant à Orange, il est protégé par un escu quand il se bat contre les Sarrasins qui font le siège de la ville 16. Bien que les mots targe et escu soient souvent synonymes, l’escu est généralement un bouclier oblong et la targe un bouclier carré échancré à l’un des angles. Quand la targe est ronde, les auteurs l’indiquent clairement 17. Dans la branche IX de la Karlamagnùs saga, un chevalier du nom de Grimaldus, enrôlé dans l’armée de Charlemagne mais peu enclin à combattre les Sarrasins pour aider son seigneur, prête son cheval, son heaume, sa lance et son épée à Guillaume, qui s’est approché de lui revêtu d’une chape. Guillaume se fait coller une barbe noire pour ressembler au poltron et parvient à décapiter le roi Madul, qui joue le rôle d’Ysoré dans cette version de l’histoire, mais l’auteur n’explique pas pourquoi Grimaldus, qui est très riche et possède des armes en abondance, ne donne à Guillaume ni bouclier ni haubert 18.

Puisque la première attestation des armoiries des princes d’Orange date de 1184, il n’est pas étonnant qu’il n’y ait pas de huchet sur l’écu de Guillaume, sculpté vers 1140 19. Guillaume de Baux, prince d’Orange de 1182 à 1218, adopta comme armoiries un cor de chasse noir sur fond d’or, et ce cornet représentait le nez aquilin (corb nes) ou raccourci (cort nes) du héros épique 20. Le cornet héraldique serait-il entré en usage avant le règne de Guillaume de Baux ? L’hagiographe gellonais qui composa la Vita sancti Willelmi à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe21, parle de l’écu et du casque que Guillaume plaça devant le tombeau de saint Julien dans la basilique Saint-Julien de Brioude et aussi des armes qu’il déposa à la porte de la basilique : son arc, son carquois, sa lance et son épée. Puis, il ajoute, à propos de l’écu, que c’est le seul de tous ces objets qui se trouve encore à la basilique 22. D’après la Prise d’Orange, qui date de la fin du XIIe siècle, les gens qui vont à Brioude voient l’écu de Guillaume et aussi sa targe décorée d’une fleur en rosace 23, mais l’auteur de cette chanson de geste ne nous dit pas si l’écu était armorié. Joseph de la Pise, dans l’histoire d’Orange qu’il publia en 1639, fait remarquer qu’un grand cornet paraît sur cet écu 24, et Dom Jean Magnan, dans sa Chrono[lo]gia abbatum Sancti Guillelmi de Desertis, qu’il acheva en 1700, constate que l’on peut voir à Brioude l’écu de Guillaume avec un cornet dessus 25. En 1741, le père Bonaventure de Sisteron affirme dans sa propre histoire d’Orange qu’un grand cornet ou cor de chasse paraît sur l’écu conservé à Brioude 26. D’après l’Histoire de l’église de Saint-Julien de Brioude commencée par le doyen Nicolas de Bragelongue et terminée vers 1775 par le chanoine Antoine de Combres de Bressoles de Laurie, on conservait toujours dans cette église le casque, la cuirasse, l’épée, les éperons et les autres armes de Guillaume 27. Puisque tous ces objets ont disparu, il n’est plus possible de les dater, mais, du point de vue héraldique, il est peu probable que l’on montrât un écu armorié aux pèlerins à l’époque où la Vita fut composée. L’écu au grand cornet datait sans doute du règne de Guillaume de Baux au plus tôt, et les autres armes dont parlent La Pise, Bonaventure de Sisteron et les deux historiens brivadois avaient remplacé à un moment que l’on ne peut pas préciser le casque, le carquois, l’arc, la lance et l’épée dont la Vita signale la disparition.

D’autres interprétations du chapiteau ont été proposées. Rita Lejeune et Jacques Stiennon identifient les guerriers avec Roland et le géant sarrasin Ferragut qui se battent en duel dans la Chronique du Pseudo-Turpin28, composée aux années 1130 29, puisqu’ils pensent que le sculpteur Martin (de Logroňo ?) s’inspira du chapiteau auvergnat entre 1150 et 1165 pour figurer le même combat, cette fois avec les noms des chevaliers, sur un chapiteau de la façade du palais des ducs de Grenade à Estella 30. L’antériorité du chapiteau de Brioude est confirmée par l’armement et les costumes archaïques des chevaliers (Fig. 1) : la lance courte (l’espiet des chansons de geste), le casque conique à nasal, sans ventail, et la broigne à capuchon recouverte de plaques de métal carrées. De plus, la broigne est extrêmement courte, de même que le bliaud sous cette cuirasse. En revanche, les lances d’Estella sont bien longues, et les combattants portent des cottes de mailles à capuchon 31. Pourtant, les ressemblances entre les deux chapiteaux sont assez générales et ne permettent pas aux deux auteurs d’expliquer de façon très précise la présence de la tête coupée et du petit cavalier (Fig. 2), qu’ils traitent de chevalier en l’assimilant au chevalier armé d’Estella que l’on voit sur la face gauche du chapiteau 32. Étant presque de la même taille que Ferragut, le deuxième Sarrasin ne correspond pas au petit cavalier de Brioude, et le torse, les bras et la tête coupée d’un chevalier de taille normale paraissent entre les deux combattants sur la grande face de la corbeille. Pour Lejeune et Stiennon, il s’agirait du compagnon de Ferragut parce que, selon la tradition, Roland ne coupe pas la tête de celui-ci 33. Puis, sur la face droite, Ferragut se sert d’une masse d’armes pour se battre avec Roland, qui le poignarde avec son épée, mais, cette fois, le Sarrasin ressemble peu au chevalier que la lance de Roland transperce au nombril sur la face principale c’est un rustre barbu et lippu aux cheveux annelés, à l’oreille droite en feuille de chou et à la tête d’une grosseur disproportionnée 34. Pierre Rousseau a pris la relève de Lejeune et Stiennon sans contester leur interprétation du chapiteau auvergnat. Dans son article sur l’iconographie du duel de Roland et de Ferragut, cet auteur a réuni de nombreuses représentations du combat, mais aucun de ces exemples ne reproduit les éléments significatifs conservés à Brioude 35.

Sans faire mention de ses prédécesseurs, Anne Courtillé attribue un sens moral et spirituel au combat dans son étude sur les peintures murales et les chapiteaux à Brioude. Au lieu d’identifier les deux chevaliers, elle avance l’hypothèse que le combat pourrait représenter « la lutte individuelle de l’âme liée à la lutte universelle de l’Église » 36, et elle cite à l’appui le passage suivant tiré de l’ouvrage que Bernard de Clairvaux dédia aux templiers entre 1129 et 1136 : « Le chevalier qui revêt son âme de la cuirasse de la foi de la même manière qu’il revêt son corps d’une cuirasse de fer est véritablement intrépide et n’a rien à craindre. Protégé sans nul doute par ces deux armures de nature différente, il ne craint ni homme ni démon » 37. Évidemment, cette interprétation n’est pas incompatible avec la mienne, mais elle pourrait s’appliquer à n’importe quel combat entre un chrétien et un Sarrasin. A la basilique Saint-Julien, pourtant, le programme iconographique permettait à un guide médiéval de narrer l’histoire de la victoire de Guillaume pour graver dans l’esprit du spectateur le sens moral et spirituel des événements. Protégé par son armure matérielle et spirituelle, Guillaume affronte sans peur le chef de l’armée sarrasine pour défendre le christianisme et sauver le royaume de France 38.

Notes

 1.  Bernard Craplet, Auvergne romane, 5e éd. (La-Pierre-qui-Vire Zodiaque, 1978), p. 273, plan, chapiteau 14, et Anne Courtillé, Alain (sic, erreur pour Martin) de Framond et Jacques Porte, Brioude et la basilique Saint-Julien (Nonette : Créer, 2004), plan de la basilique hors-texte, chapiteau 36 (mal numéroté à la page 65). C’est le chapiteau de la colonne sud qui s’engage sur la première pile sud de la nef.

 2.  Émile Mâle, L’art religieux dit XIIe siècle en France : étude sur les origines de l’iconographie du Moyen Âge, 5e éd. (Paris : Armand Colin, 1947), p. 310. Zygmunt Swiechowski (Sculpture romane d’Auvergne, trad. Lina Carminati-Nawrocka et Aleksandra Zarynowa [Clermont-Ferrand : Éditions G. de Bussac, 1973]. p. 254-55) et Bernard Craplet (Auvergne romane, p. 274) acceptent cette interprétation.

 3.  Le Moniage Guillaume, chanson de geste du XIIe siècle : édition de la rédaction longue, éd. Nelly Andrieux-Reix, CFMA, 145 (Paris Champion, 2003), p. 12.

 4.  Les deux rédactions en vers du Moniage Guillaume, chansons de geste du XIIe siècle, éd. Wilhelm Cloetta, Société des Anciens Textes Français (Paris : Firmin-Didot, 1906-11), t. I. première rédaction, v. 73-94.

 5.  Le Moniage Guillaume, éd. Cloetta, t. I, seconde rédaction, v. 6466, 116-24, 213-16, 231-34, 5255-57, 5525-30, 5719-21, 5773-75, 6048-51, 6074-76 ; éd. Andrieux-Reix, v. 65-67, 116-25, 199-203, 218-21, 5536-38, 5807-12, 5993-95, 6047-49, 6320-23, 6345-46.

 6.  Le Moniage Guillaume, éd. Cloetta, v. 6161 ; éd. Andrieux-Reix, v. 6421.

 7.  Le Moniage Guillaume, éd. Cloetta, v. 5666-5751 ; éd. Andrieux-Reix, v. 5941-6026.

 8.  Le Moniage Guillaume, éd. Cloetta, v. 6337-6462 ; éd. AndrieuxReix, v. 6589-6706.

 9.  Le Moniage Guillaume, éd. Cloetta, v. 6475-86, 6495 ; éd. Andrieux-Reix, v. 6719-28, 6737.

10. Pour Bernard Craplet (Auvergne romane, p. 274), le dragon est un détail qui reste à élucider.

11. Isidore de Séville, Isidori Hispalensis episcopi etymologiarum sive originum libri XX, éd. Wallace M. Lindsay, t. I (Oxford : Clarendon, 1911), V, 36,2 : « apud Aegyptios [annus] indicabatur ante inventas litteras picto dracone caudam suam mordente, quia in se recurrit ». Sans employer le terme, Isidore parle de l’ouroboros égyptien.

12. Jacques Le Goff, « Culture ecclésiastique et culture folklorique au Moyen Age : saint Marcel de Paris et le dragon », dans Ricerche storiche ed economiche in memoria di Corrado Barbagallo (Naples Edizioni Scientifiche Ttaliane, 1970), t. II, 64 ; réimp. dans Jacques Le Goff, Pour un autre Moyen Âge : temps, travail et culture en Occident : 18 essais (Paris : Gallimard, 1977), p. 249.

13. Les deux rédactions en vers du Moniage Guillaume, éd. Cloetta, t.II, 109-13.

14. Aliscans, éd. Claude Régnier, Les Classiques Français du Moyen Âge, 110-11 (Paris : Champion, 1990), v. 2477, 2648-85.

15. Ibid., v, 4090-92.

16. Ibid., v, 4169-72.

17. Voir Tobler-Lommatzsch. Altfranzösisches Wörterbuch, 10 (Wiesbaden : Franz Steiner, 1976), col. 113-15, s. v. targe.

18. Karlamagnùs saga, branches I, III, VII et IX line-height:115%’>, éd. Agnete Loth et trad. Annette Patron-Godefroit avec une étude par Povl Skàrup (Copenhague : Société pour l’Étude de la Langue et de la Littérature danoises, commissionnaire : C.A. Reitzels Boghandel, 1980), p. 310-16.

19. Sur la date du chapiteau, voir Anne Courtillé et al., Brioude et la basilique Saint-Julien, plan de la basilique hors-texte, chapiteau 36.

20. Alice M. Colby-Hall, « In Search of the Lost Epics of the Lower Rhône Valley », Olifant, 8 (1981, paru en 1983). 343-44, réimp. dans Romance Epic : Essays on a Medieval Literary Genre, éd. Hans-Erich Keller, Studies in Medieval Culture, 24 (Kalamazoo, Michigan : Medieval Institute Publications, 1987), p. 118, 123-25, et Alice M. Colby-Hall, « L’héraldique au service de la linguistique le cas du cor nier de Guillaume », dans Au carrefour des routes d’Europe la chanson de geste, Xe Congrès international de la Société Rencesvals pour l’Étude des Épopées romanes, Strasbourg 1985, Senefiance, 20-21 (Aix-en-Provence : Publications du CUER MA, 1987), t. I,383-97.

21. La Vita sancti Willelmi fut composée après la fabrication du précepte de 807 par les moines de Gellone entre 1074 et 1092 et avant la rédaction du livre six de l’Historia ecclesiastica d’Orderic Vital dans les années 1128-30. Sur les dates en question, voir Pierre Chastang, Lire, écrire, transcrire : le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (Xe-XIIIe siècles) (Paris : Éditions du CTHS. 2001), p. 159-61, et André de Mandach, « La genèse du Guide du pèlerin de saint Jacques, Orderic Vital et la date de la Geste de Guillaume », dans Mélanges offerts à Rita Lejeune (Gembloux : Duculot, 1969), t. II, 812-14. Je dois ajouter, cependant, que le pape Pascal II semble avoir pris connaissance de la Vita sancti Willelmi d’après la bulle qu’il adressa à l’évêque d’Orange le 18 octobre 1112 (éd. Joseph-Hyacinthe Albanès et Ulysse Chevalier, dans Gallia christiana novissima. t. 6 : Orange [Valence : Imprimerie valentinoise, 1916], n 72, col. 40). Si Pascal II s’inspire de la Vita, il faudra reculer jusqu’en 1112 le terminus ad quemn de 1128 proposé par André de Mandach. J’ai pour projet, avec Jean-Claude Richard, de donner une édition critique, avec traduction en français, de cette Vita, dont le manuscrit le plus ancien, provenant de l’abbaye de Gellone elle-même, se trouve conservé, depuis la Révolution française, à la Bibliothèque municipale / Médiathèque centrale d’Agglomération Émile Zola de Montpellier.

22. Acta sanctorum Rollandiana, mai, 6 : 816, § 20.

23. La prise d’Orange, chanson de geste de latin du XIIe siècle, éd. Claude Régnier, Bibliothèque française et romane, Série B : Éditions critiques de Textes, 5e, 6e éd. (Paris : Klincksieck, 1983), v. 8.

24. Joseph de la Pise, Tableau de l’histoire des princes et principauté d’Orange (La Haye : Théodore Maire. 1639), p. 53.

25. Dom Jean Magnan. Chrono[lo]gia abbatum Sancti Guillelmi de Desertis, Montpellier, Archives départementales de l’Hérault. ms. 5 H 5, p. 68.

26. L*** (= Bonaventure de Sisteron). Histoire de la ville et principauté d’Orange (La Haye/Avignon Marc Chave, 1741), p. 277.

27. Nicolas de Bragelongue et Antoine de Combres de Bressoles de Laurie, Histoire de l’église Saint-Julien de Brioude. Bibliothèque de la Société de l’Almanach de Brioude, copie du manuscrit original déposé à la cure de Brioude, p. 23. Cet ouvrage fut commencé vers 1720 par le doyen Nicolas de Bragelongue et complété, vers 1775, par le chanoine Antoine de Combres de Bressoles de Laurie selon l’abbé Pierre Cubizolles, Le Noble Chapitre Saint-Julien de Brioude (Brioude : chez l’auteur. 1980), p. 27. Je remercie Roger Richard et Paul Fontanon de m’avoir facilité l’accès de la copie manuscrite de la Société.

28. Pseudo-Turpin, Historia Karoli Magni et Rotholandi ou Chronique du Pseudo-Turpin, éd. Cyril Meredith-Jones (Paris : Droz, 1936 ; réimp. Genève Slatkine, 1972), p. 146-63 (ch. XVII).

29. René Louis, « Aimeri Picaud, compilateur du Liber sancti Jacobi », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France (1948-49), 89, et André Moisan, « Le livre de saint Jacques » ou « Codex Calixtinus » de Compostelle : étude critique et littéraire (Genève Slatkine. 1992), p. 65-66 ; 77. n. 41-43 ; 233-36.

30. Rita Lejeune et Jacques Stiennon, La légende de Roland dans l’art du Moyen Âge (Bruxelles Arcade, 1966), t. I, p. 92-96 ; t. II. p. 61-65. Le palais des ducs de Grenade à Estella fut construit par Sanche le Sage, roi de Navarre, entre le début de son règne en 1150 et 1165, date de la première mention de l’édifice dans un acte. Sur l’histoire du palais, voir José Maria Lacarra, « El combate de Roldán y Ferragut y su representación gréfica en el siglo XII », Anuario del Cuerpo facultativo de Archiveros, Bibliotecarios y Arqueologos, 2 (1934), 336-37.

31. Lejeune et Stiennon. La légende de Roland, t. I, p. 93-95 ; t. II, p. 62.

32. Ibid., t. I, p. 92-94 ; t. II. p. 63.

33. Ibid., t. I, p. 93-94 ; t. II, p. 62.

34. Ibid., t. II. p. 64.

35. Pierre Rousseau. « Le duel de Roland et de Ferragut sur quelques chapiteaux d’Espagne et de France », dans La chanson de geste et le mythe carolingien : mélanges René Louis (Saint-Père-sous-Vézelay Musée archéologique régio-nal. 1982), t. I, p. 529-48. Le nom de Ferragut est orthographié Feragut sur le chapiteau du palais d’Estella, en Navarre.

36. Anne Courtillé et al., Brioude et la basilique Saint-Julien. p 65.

37. Bernard de Clairvaux, Éloge de la nouvelle chevalerie, Vie de saint Malachie, Épitaphe, Hymne, Lettres, éd. et trad. Pierre-Yves Emery, Œuvres complètes, 31, Sources chrétiennes, 367 (Paris Les Éditions du Cerf, 1990), p. 52 (De laude novae militiae, § I) « Impavidus profecto miles, et omni ex parte securus. qui ut corpus ferri, sic animum fidei lorica induitur. Utrisque nimirum munitus armis, nec daemonem timet, nec hominem. » Sur la date du traité Cri voir l’édition citée, p. 21. Je reproduis la traduction fournie par Anne Courtillé, p. 65.

38. Je remercie Jean-Jacques Faucher, maire de Brioude, et le photographe Olivier Dessard de m’avoir fourni les belles illustrations du chapiteau.