Description
Au sommaire de ce numéro
Le cheval Bayard de Clermont-l'Hérault.
Mort et résurrection d'un animal totémique
Le 20 mars dernier, les Clermontais ont assisté au « réveil » du cheval Bayard, animal totémique de Clermont-l’Hérault. Le nouvel engin-mannequin a été présenté aux autorités et à la population lors d’une cérémonie aux Dominicains. Il a fait sa première sortie officielle dans les rues de la ville le samedi suivant, à l’occasion du carnaval, paradant en tête du cortège. Les bénévoles de l’association Cité des Guilhem ont su revisiter la tradition, en conservant son côté chevaleresque, tout en lui donnant un look moderne, marinière et jean, et décalé avec sa gueule drolatique. Avec sa figure impressionnante et sa structure métallique de 250 kg soutenue par sept gaillards porteurs, le cheval Bayard de Clermont-l’Hérault compte désormais parmi les animaux totémiques les plus spectaculaires du Languedoc, à l’instar du Poulain de Pézenas, du Camel de Béziers ou du Bœuf de Mèze.
Le défi maintenant pour les membres de l’association est de faire vivre l’animal et qu’il soit adopté par les Clermontais comme leur symbole. Car le cheval Bayard a eu une histoire chaotique, tombé dans l’oubli pendant 150 ans, plusieurs fois réactivé depuis les années 1980 sans jamais vraiment faire souche. Pour beaucoup, la question est de savoir si Bayard est bien l’animal totémique de Clermont, s’il fait l’objet d’une tradition authentique, en dépit de son interruption. Entre légende et création, voici la véritable histoire du cheval Bayard de Clermont…
Les Innocents
On appelait « innocents » ceux du village qu’on trouvait « originaux », extravagants dans leurs comportements ou leurs propos, des presque fous. Et on en riait ; on ignorait leurs bougonnements, leurs cris, leurs rires sans raison, leurs montées de larmes ou de colère… Et surtout on se plaisait à raconter leurs bévues. C’est pourquoi, ces récits ont été traduits en français familier : la langue quotidiennement parlée, le plus souvent venue de la langue d’Oc mais que les linguistes ont savamment répertoriée parmi les « parlers de France ».
« Innocents », los apelavan
FINON
Quand dintrava dins l’ostal, los vèspres de marin, sos peusses frisats se conflavan en una perrucassa rambolhada jos la fôrta claror de la lampa.
Pausava la selha de lach. La portava pas a la fromatgièira, que Io calhat, Io fasiân pas de suita. Èra ma grand que fasià Io sopar. Finon venià de gardar e de môlzer, s’assetava. Se compren….
Les enseignants à Clermont-l'Hérault, du Directoire à l'Empire
Après 1794, malgré un contexte politique instable et une situation militaire inquiétante, les gouvernants révolutionnaires montrent de l’intérêt aux problèmes intérieurs et en particulier à l’avenir de l’école à travers ses enseignants.
Dans la séance du 12 floréal an VI (1er mai 1798), la commission du Directoire exécutif écrit « que dans sa séance du 11 ventôse dernier 1er mars 1798), l’Administration municipale envoya aux instituteurs et institutrices et aux directeurs de pensionnat de la présente commune des copies certifiées de l’arrêté du Directoire du 17 pluviôse courant (5 février) sur la surveillance des écoles particulières, maisons d’éducation et pensionnat avec injonction de se conformer aux principes d’instruction développés dans l’Art. 1er du dit arrêté. – Que maintenant il importe de s’assurer par la visite des écoles si les instituteurs et les institutrices se conforment à ce qui leur a été prescrit. – En conséquence il requiert qu’il soit procédé sur le champ aux dites visites. »
À la suite de cette visite, la municipalité de Clermont répondit, le 5 thermidor an VI (23 juillet 1798), à un questionnaire de l’administration départementale…
Jean-François DUMONT
(Mas des Terres Rouges)
Comment nommer les « badland » du Salagou ?
Peut-on utiliser le terme de « badlands » comme le suggère notre dictionnaire usuel pour nommer les secteurs de la vallée du Salagou où la ruffe mise à nu par l’érosion est incisée dans sa quasi-totalité par de profondes ravines ?
Dans sa traduction littérale, le terme de « badlands » est dépréciatif, et à chaque fois que j’ai eu l’occasion de le prononcer pour des commentaires géologiques sur la ruffe du Salagou, cela a suscité des réactions négatives de la part des personnes présentes. De fait, la traduction populaire et intuitive de « badlands » fait penser à une « mauvaise terre » pauvre et globalement inutilisable. Entré dans la langue française par la géographie, son usage y est aussi parfois critiqué : le géomorphologue Roger Coque (1977) suggère de substituer à « badlands » le terme provençal de roubine qui désignait au Moyen Âge des petits canaux de drainage, et Georges Viers (1990) recommande d’y renoncer au profit de ravines ou roubines. Cependant, bien avant eux, en 1955, le géographe Henri Baulig (1877-1966) avait précisé dans son Vocabulaire de la Géomorphologie que les badlands, en français et au singulier avec un « s », « sont autre chose que de « mauvaises terres »… Ces mots ont pris en morphologie des sens non seulement descriptifs, mais aussi explicatifs. » (Baulig 1955 Masutti 2002). Pour comprendre son usage et avoir une bonne utilisation de ce terme, il nous faut donc revenir aux origines du nom « badlands »…
Ancienne église Saint-Dominique
L’ancienne église des Dominicains de Clermont-l’Hérault (1321-1789), dont une des chapelles a été occupée par une confrérie laïque de Pénitents bleus (1808-1880), a été restaurée dans les années 1990, donnant naissance à un espace culturel.
La ville de Clermont-l’Hérault (dénommée Clermont-Lodève avant 1789) possède deux églises de style gothique : l’actuelle église paroissiale sous la dédicace de la Conversion de Saint-Paul et l’ancienne église Saint-Dominique du couvent des Dominicains (ou Frères Prêcheurs). Le mot « église » désigne un édifice dédié au culte catholique à vocation paroissiale (église Saint-Paul) ou monastique et conventuelle (église Saint-Dominique). Ces églises renferment des chapelles latérales. Le mot « chapelle » désigne des parties d’une église, mais aussi des édifices dédiés au culte et à la prière mais sans vocation paroissiale, monastique ou conventuelle (comme par exemple la chapelle Notre-Dame du Peyrou dépendant de l’église paroissiale Saint-Paul)…
Trois hôtels particuliers parisiens aux racines clermontaises.
L'hôtel de Clermont - L'hôtel de Castanier - L'hôtel de Poulpry
Présenter trois hôtels particuliers parisiens dans une revue consacrée au territoire clermontais peut sembler insolite… Sauf si l’on s’intéresse à l’histoire de ces prestigieux édifices à l’aune de ceux qui les ont fait sortir de terre, à savoir les familles des seigneurs clermontais : les Guilhem-Caylus-Castelnau, les Castanier et les Poulpry.
L’hôtel désignait au Moyen-Âge les résidences des grands seigneurs. À partir de la fin du 17e et au début du 18e siècle, cette terminologie inclut les habitations des riches bourgeois qui, des financiers aux fermiers généraux en passant par les avocats et les commerçants, ont acquis au gré de leurs commerces une fortune suffisante pour édifier des demeures de prestige, symbole de réussite. L’hôtel particulier est alors occupé par une seule famille et ses domestiques. Toute ville où naît cette nouvelle classe sociale est concernée par ce phénomène. C’est à Paris que « fleurissent » les plus nombreux et les plus prestigieux édifices de ce nouveau type d’habitat prisé par « les nouveaux riches » mais aussi par les aristocrates.
Le nom de l’hôtel de Clermont, situé à l’actuel 69 rue de Varenne dans le 7e arrondissement de Paris, entre les Invalides et l’Hôtel de Matignon, est associé à la famille des Guilhem, fondatrice au 12e siècle (la première mention de cette famille est faite en 1128) de l’actuelle ville de Clermont-l’Hérault dénommée avant 1790 Clermont-Lodève. L’hôtel, d’origine aristocratique, est édifié par Jeanne-Thérèse-Pélagie d’Albert de Luynes (1675-1756) épouse de Saissac (1632-1705), dernier descendant des seigneurs de Clermont-Lodève…
Louis Soulanes, cinéaste saint-andréen
J’ai choisi le cinéma et
je ne vais pas m’en plaindre
Louis Soulanes
Louis, né un beau matin d’été, le 3 août 1924, à Saint-André-de-Sangonis, est la première naissance au sein de la famille Soulanes, qui sera suivie de celle de la petite Colette. Son père Paul Soulanes est propriétaire (viticulteur) et sa mère Marie née Aubouy s’occupe du foyer. Dans ce milieu rural, avec une certaine aisance financière, à la culture de la terre s’ajoute la culture tout court. Celle que l’on apprend sur les bancs des écoles de la République, mais aussi au sein du Félibrige (maintenance des langues et traditions régionales provençales et occitanes créé en 1854). La langue française se mêle au patois. Le père de Louis est félibre et fréquente l’Escola Peyrottas de Clermont-l’Hérault fondée par Clovis Roques (1876-1958) en 1928. Ce mélange de culture générale et de culture régionale, Louis l’exprimera dans ses films ayant souvent pour thèmes et pour décor sa région natale. Sa mère a suivi des cours aux Beaux-Arts de Montpellier, c’est probablement d’elle que Louis tire son goût du dessin et de la peinture. Son père joue la comédie en amateur et Louis imagine des histoires jouées par ses amis…
Clermont-de-Lodève, une ville marchande et drapière
à la fin du 17e siècle
Extraits de Clermont-de-Lodève 1633-1789, Fluctuations in the prosperity
of Languedocian cloth-making town, Cambridge, 1982.
Traduction : Anne-Marie CREVE et Monique HEDON
Les marchands de Clermont ont très tôt joué un rôle important dans la conduite des échanges qui se faisaient sur les routes du Languedoc. Progressivement, la fonction défensive originelle de la ville se doubla d’une fonction commerciale. Et c’était un rôle commercial plus varié que ceux de ses voisins lodévois. Ce n’était pas seulement à cause du nombre et des ressources exceptionnelles de ses marchands, mais aussi parce que la ville servait de marché pour les autres centres du Lodévois. C’était donc à la fois un centre commercial régional et local.
Ce fut la combinaison de ces fonctions qui donna une ampleur particulière au marché hebdomadaire de Clermont qui, au XVIIe siècle, était décrit « parmi les marchés ce que la foire de Beaucaire est parmi les foires du Languedoc ». Son importance a été causée par la fréquentation non seulement d’un grand nombre de banlieues et petites villes qui sont aux environs, mais également « de tout le Rouergue et l’Auvergne.., qui y conduisent une si grande quantité de bétail gros et menu… [que]… Les villes de Nîmes, Montpellier, Pézenas, Agde, Béziers et Narbonne y accourent comme au magasin et la nourrice de tout le pays ». La description est certes exagérée, mais le marché attire des commerçants de loin, comme l’illustre une autre source, les archives de la cour seigneuriale de Clermont ; parmi les témoins des crimes commis le jour du marché, on trouve non seulement des habitants de villages voisins, mais également quatre marchands de Provence venus au marché de Clermont tous les quinze jours (ont-ils déclaré) pour acheter des moutons, un négociant de Millau, des marchands et un berger du Rouergue, un marchand de bétail de Castres et un commerçant de Pézenas…
Informations complémentaires
Année de publication | 2024 |
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Nombre de pages | Non renseigné |
Disponibilité | Disponible au format "papier" sur https://www.grec-clermontais.fr/contact |