Revue Etudes Héraultaises n°56, Dona Agnès de Castella : Une énigme séculaire résolue Les origines familiales d’Agnès, seconde épouse de Guilhem VIII de Montpellier, Philippe FIGUIÈRE

Dona Agnès de Castella : Une énigme séculaire résolue
Les origines familiales d’Agnès, seconde épouse de Guilhem VIII de Montpellier

* Professeur certifié d’espagnol

Introduction

En 1204, un véritable coup d’état chassa de Montpellier le jeune Guilhem IX, qui avait succédé à son père en 1202. Le roi d’Aragon, Pere II, tira parti de la situation de faiblesse dans laquelle se trouvait le seigneur de Montpellier, de par son jeune âge et surtout de par l’illégitimité de sa naissance. Pere II épousa la seule héritière légitime, Marie, fille de la princesse grecque Eudoxie Comnène et fit ainsi main-basse sur Montpellier, joyau commercial et plaque tournante de son ambitieuse politique languedocienne. Depuis lors, une agaçante énigme décourageait la sagacité des meilleurs historiens. Qui était vraiment Agnès, la veuve déchue qui donna huit enfants à Guilhem VIII ? Personne, depuis plus de huit cents ans, n’avait pu percer ce mystère, lorsqu’un peu de chance et surtout les patients et remarquables travaux de plusieurs chercheurs m’ont permis, tout récemment, de lever le voile sur l’identité d’Agnès.

Les éléments que nous allons rapporter ci-dessous ne sont pas de simples hypothèses ou déductions aventureuses mais émanent de documents irréfutables. Ces derniers ont été pour la plupart publiés depuis longtemps ; il n’a manqué aux chercheurs qu’un peu de discernement 1 et, sans doute, la magie d’internet, pour opérer le rapprochement avec les seigneurs de Montpellier.

Nous commencerons par un bref rappel historique de faits bien connus, sans entrer dans les détails qui alourdiraient notre propos. Le lecteur pourra approfondir la question sans difficulté en lisant d’excellents ouvrages cités en note.

Ce bref article se verra considérablement enrichi dans un ouvrage que nous préparons sur le trop méconnu lignage d’Entença au royaume d’Aragon, issu – pour partie – d’un descendant d’Agnès.

Agnès de Castille, instrument et victime de la politique occitane des rois d’Aragon
et de la politique internationale de la papauté.

Agnès dite de Castille fut la compagne illégitime de Guilhem VIII de Montpellier, qui avait répudié en 1187 son épouse Eudoxie Comnène, par manque de descendance mâle 2 : celle-ci ne lui avait donné qu’une fille, Marie, qui lutta toute sa vie pour revendiquer son héritage et obtint, à Rome, juste avant sa mort (1213) la reconnaissance de ses droits au profit de son fils, Jaume 1er, futur roi d’Aragon et comte de Barcelone. En effet, Eudoxie – qui semble avoir été la nièce de l’empereur Manuel 3 – avait obtenu d’insérer une clause dans son contrat de mariage (1174) garantissant que son aîné, mâle ou femelle, serait l’unique héritier de Montpellier.

Guilhem VIII ne l’entendait évidemment pas ainsi et, après avoir subi les foudres de l’évêque de Maguelone Jean de Montlaur, usa de ses bonnes relations avec le pape Célestin III 4, qui fut légat en Espagne pendant plus de vingt ans, pour faire légitimer son union. Celui-ci avait octroyé à Guilhem en décembre 1191 un Privilège prenant sa personne et ses biens sous la protection de l’église romaine et lui accordant le privilège de ne pouvoir être excommunié que par le Pape ou son légat ; ce privilège ne faisait que renouveler ceux d’Adrien IV et d’Alexandre III. Célestin, dans cette bulle, qualifiait Agnès d’épouse : « … Agnetem uxorem ac filium tuum Willelmum ». C’était entériner cette union de fait ; cependant la légitimation pleine et entière était une autre affaire. Or, Guilhem et Agnès, malgré deux tentatives auprès de Célestin puis d’Innocent III (décembre 1202 5), ne purent obtenir ce résultat. Quelques décennies auparavant, ils auraient sans doute réussi, l’église s’accommodant peu ou prou des retournements diplomatiques des grands princes, qui se concrétisaient alors au moyen de mariages scellant de nouvelles alliances. Mais Célestin et plus encore Innocent III voulaient affermir leur autorité sur les rois et princes chrétiens ; le refus de la légitimation de Guilhem et Agnès leur permettait de faire un exemple, montrant que l’indissolubilité du mariage n’était pas un vain mot 6.

Entre-temps, Guilhem avait uni Marie d’abord à Barral, vicomte de Marseille (1194) puis, celui-ci étant décédé, à Bernard, comte de Comminges (1197). Cette même année, il força Marie à renoncer officiellement à l’héritage de Montpellier, annulant ainsi le contrat de 1174. En 1202, Guilhem VIII, ressentant sans doute les effets de la maladie qui allait l’emporter à la fin de l’année, tenta une réconciliation avec Eudoxie, qui vivait recluse à l’abbaye d’Aniane depuis 1187. Mais la mort approchant, il ne put se résoudre à laisser la seigneurie à une femme et dans son testament de novembre 1202, instituait héritiers par ordre de descendance les enfants mâles d’Agnès qui étaient six : Guilhem, Thomas dit Tortose, Raimond, Bernat Guilhem, Gui et Bergundion. Cependant Marie redevenait une possible héritière, mais seulement au cas où tous ses frères mourraient ; puis les deux filles d’Agnès suivaient : Agnès 7 et Adalaiz 8. Trois proches parents étaient aussi appelés par substitution, Raimond Gaucelm de Lunel, Raimond de Roquefeuil et Berenguer Guilhem [de Clermont] 9. Si les deux aînés se partageaient, très inégalement, l’héritage, les quatre autres fils étaient destinés à la vie monastique ; Raimond devait devenir moine de Grandselve, la fameuse abbaye avec laquelle les seigneurs de Montpellier avaient noué une relation spéciale depuis Guilhem VI 10, Bernat Guilhem devait être chanoine de Gérone ou de Lodève, Gui moine de Cluny et enfin Burgondion moine du Puy ; chacun devait se contenter d’une somme de 100 livres.

Guilhem VIII, occupé à assurer sa succession, ne se rendit pas compte que ses soucis matrimoniaux avaient attisé la convoitise des ses suzerains. Depuis 1172, le seigneur de Montpellier se trouvait en effet dans une situation assez délicate : le comte de Toulouse Raimond V avait fini, après une première tentative infructueuse, par recueillir l’héritage du comté de Melgueil au détriment de Bertrand Pelet 11, allié du roi d’Aragon, devenant ainsi suzerain de Montpellier. Or, les Guilhem étaient, depuis le début du siècle, de fidèles alliés et vassaux des comtes de Barcelone et rois d’Aragon. Guilhem VIII, tout en rendant hommage, contraint et forcé, au comte de Toulouse, se rapprocha encore plus du roi d’Aragon pour obtenir sa protection. Les années 70 et 80 furent des années de guerre très dures entre les deux grands princes ; Guilhem VIII y participa activement auprès d’Alfonso, dont l’allié principal en Languedoc était le vicomte Trencavel. Le roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, Richard Cœur-de-lion, était aussi de la partie dans le camp aragonais.

Les deux unions de Guilhem VIII témoignent de cette dépendance envers le roi, alors que ses prédécesseurs avaient pratiqué une politique d’alliances témoignant d’une véritable indépendance diplomatique : nous pensons aux mariages avec Sybille, fille du marquis de Savone 12, en Italie, et avec Mathilde, fille du duc de Bourgogne 13. Le mariage avec Eudoxie avait évidemment un intérêt commercial répondant aux besoins de la bourgeoisie conquérante de la ville, mais il avait été réalisé, dit-on, à l’instigation du roi d’Aragon Alfonso, qui aurait initialement prévu d’épouser Eudoxie, avant de préférer l’alliance avec la Castille en la personne de Sancha, fille d’Alfonso VII et sa seconde épouse Riquilde de Pologne (1174). C’est encore Alfonso qui en avril 1187 donna sa bénédiction à l’union avec Agnès. Aucun de ces deux mariages ne figure dans le Cartulaire des Guilhems, le Liber instrumentorum memorialum : la raison en est certainement que Guilhem VIII, artisan de la rédaction de ce cartulaire, « se réservait pour la solution la plus favorable, alors en suspens » 14. Le Petit Thalamus de Montpellier garde le souvenir du mariage, en mai 1187 à Barcelone, de Guilhem VIII avec sa molher Naunes, c’est-à-dire Na Agnès 15.

Pedro II de Aragón
Fig. 1 Pedro II de Aragón
Guilhem-VIII chevalier en armes et poète harpiste (AM Montpellier)
Fig. 2 Guilhem-VIII chevalier en armes et poète harpiste (AM Montpellier)

Cependant, le temps ayant passé et Pere II ayant succédé à Alfonso, la situation embarrassante de Guilhem parut une occasion favorable pour s’accaparer le bijou commercial qu’était Montpellier. Pour le roi d’Aragon, c’était aussi un point d’appui très important dans son ambitieuse politique, qui visait à contrôler une bonne partie du Languedoc, surtout sa frange méditerranéenne, à savoir l’ancienne Gothie et la Provence.

Pere II, roi depuis 1196 sous la tutelle de sa mère Sancha, avait d’abord été fiancé à Constanza de Navarre, héritière du trône, mais le Pape ne donna pas sa dispense de consanguinité. Les regards se tournèrent alors vers Montpellier 16 : en 1198, Pere II rencontrait à Perpignan Raimond VI, Bernard de Comminges et Berenguer, archevêque de Narbonne, son oncle. C’est alors sans doute que furent planifiées les grandes lignes d’un accord entre les deux grands princes, Raimond se voyant confirmé la possession de Melgueil, et Pere II celle de Montpellier. Bernard de Comminges était en 1201 gratifié du Val d’Aran et répudiait Marie de Montpellier 17. Il fallut cependant attendre 1204 18 pour qu’un véritable coup d’état ne chasse le jeune Guilhem IX et sa mère Agnès : pour cela, il avait certainement fallu se concilier le concours de la majorité des bourgeois de Montpellier et la neutralité bienveillante de Bernard d’Anduze et d’Étienne de Servian, exécuteurs testamentaires, ainsi que de l’évêque de Maguelone, Guilhem d’Autignac, bien que son prédécesseur, Guilhem de Fleix, eût reçu en 1202 le serment du jeune Guilhem IX âgé de 14 ans.

Nous n’avons presque aucune information, au cours des années suivantes, sur les enfants d’Agnès, si ce n’est qu’en 1209, Marie, dans son premier testament, promettait à son demi-frère Guilhem la forte somme de 300 marcs d’argent à condition qu’il abandonne toute prétention sur Montpellier ; ses autres frères bénéficiaient de seulement 2 000 sols melgoriens, elle léguait aussi à sa demi-sœur Adalaiz, encore damoiselle, la somme de 200 marcs d’argent de dot. Agnès, déjà épouse du vicomte de Béziers, n’était pas mentionnée. Enfin, de façon très intéressante, après avoir doté Saure, fille de Raimond de Roquefeuil (2 000 sols), elle faisait de même avec Esclarmonde (500 sols), filie domine Burgundie : il s’agit du plus jeune des fils d’Agnès, qui était donc déjà père. On voit qu’il avait oublié sa vocation ecclésiastique.

Marie ne profita guère de son mariage avec Pere II. Celui-ci la dépouilla bientôt de son héritage et l’abandonna, tentant par tous les moyens de la répudier. La naissance de Jaume 1er intervint presque par miracle pendant cette période difficile qui connut en plus le déclenchement de la terrible croisade contre les Cathares. Pensant avoir gagné la partie dans sa procédure d’annulation du mariage, Pere II restitua à Guilhem la seigneurie de Montpellier en janvier 1213 (Toulouse) 19, mais dans une relation vassalique qui n’avait plus rien à voir avec la situation de quasi indépendance qui prévalait autrefois. De toutes manières, ce même mois de janvier, le Pape rendit un nouveau verdict en faveur de Marie 20, Pere fut tué à Muret en septembre et la seigneurie de Montpellier demeura définitivement dans le giron aragonais. Pere avait légué avant de mourir un certain nombre de fiefs en Aragon à Guilhem en dédommagement 21 ; ce dernier rédigea son testament à Lérida en 1215 22, léguant ses biens à son frère Bernat Guihem.

Des six frères, ce fut surtout Bernat Guihem qui fit parler de lui. Il fonda, grâce à la protection de Jaume 1er, un puissant lignage en Aragon sous le nom d’Entença : il épousa en effet Jusiana, fille du comte d’Empuries, qui lui apporta l’héritage de cette seigneurie de Ribagorza, dont l’antique lignage venait de s’éteindre. Il en eut quatre enfants, Guillem, Bernat Guillem, Ramon Guillem et Sibila 23. Les deux premiers devinrent de très puissants barons : Guillem épousa Alamanda de Santmartí, héritière de la baronnie de Castellvell à Mora d’Ebre près de Tortosa 24 ; le cadet devint baron d’Alcolea de Cinca et occupa pendant plusieurs années le poste de mayordomo mayor de Jaume 1er avant de se brouiller avec lui en 1264 lors de la rébellion des barons aragonais à l’occasion de la guerre de Murcie ; il finit sa vie très âgé, entre Chypre et la Palestine, vers 1304. On sait depuis peu 25 qu’il avait épousé une certaine U. [Urraca] Ibáñez, sans doute du lignage navarrais de Baztán. Ramon Guillem était en 1258 sobrejuntero26 du royaume de Valence et époux d’une certaine María Álvarez 27, mais il décéda l’année suivante, fort jeune. Sibila épousa Pedro Fernández de Bergua, seigneur de Pueyo, ricohombre d’Aragon (Sobrarbe).

Bernat Guillem, fils d’Agnès, mourut de causes naturelles en janvier 1238, juste après avoir remporté sur les maures du roi de Valence Zayyan, une éclatante victoire au Puig d’Enesa (août 1237), prélude au siège de Valence. On peut encore admirer au Puig le magnifique gisant érigé à sa mémoire, sans doute par son descendant à la quatrièmme génération, le roi Pere IV en personne. Le lignage tomba en quenouille au début du XIVe siècle par défaut d’héritiers mâles, plusieurs membres des deux branches 28 étant morts au combat, en particulier le fameux Berenguer d’Entença, chef des almogavers29 en Orient, mégaduc de l’empire byzantin, assassiné en Grèce en 1307 dans des circonstances navrantes 30. L’héritière Teresa, fille de Gombau 31 et Constanza de Antillón, comtesse d’Urgell, vicomtesse d’Ager, baronne d’Antillón et d’Alcolea, épousa en 1314 l’infant Alfonso, devenu roi en 1327, fondant, une fois encore, les Montpellier-Entença dans la famille royale. Mais une descendance illégitime issue de Gombau perpétua encore le nom d’Entença jusqu’à ce qu’à la fin du XIVe siècle l’héritage parvienne à Teresa, fille d’un autre Gombau, puis à sa fille Isabel. Ses descendants, possessionnés à Barbastro où Bernat Guillem II avait fait construire autrefois un palais et un castrum extra-muros, perpétuèrent encore le nom, tellement fameux, jusqu’au début du XVIe siècle. Les problèmes de succession entre divers héritiers firent alors entrer l’héritage dans le domaine royal.

Ramon, troisième fils de Guilhem VIII, est aussi attesté en Aragon jusqu’en 1244 32 et nous savons qu’il participa à la bataille de Las Navas de Tolosa (1212) 33 et à la conquête du royaume de Majorque (1229). Il semble qu’il ait reçu un fief en Aragon, car un document de 1228 le place parmi les barons de ce royaume. Ramon, après la mort de ses deux aînés, continua à porter le nom « de Montpellier », contrairement à Bernat Guilhem, ce qui le mit peut-être en froid avec le roi, dominus Montispessulani. Guillem Ramon de Montpellier, feudataire du royaume de Valence, fut vraisemblablement son fils. Il était en 1283 alcaid (castlan) de l’important castrum de Castalla près de la frontière du royaume de Murcia.

Il nous faut à présent revenir à notre énigmatique personnage, Agnès, dite de Castille. Ce surnom lui a été donné d’après le fameux Llibre dels feits, le livre de souvenirs prodomo, ou de chronique, que Jaume 1er fit rédiger sur sa vie. Parlant d’Agnès, il dit seulement ceci : « E puys en G. de Montpestler estan ella uiua pres una altra dona que era de Castella, de que nons membral nom del pare daquela dona : mas ella auia nom dona Agnes… ». Ce qui signifie : « Puis, sire G. de Montpellier, [Eudoxie] étant encore vivante, prit une autre dame qui était de Castille, dont nous ne nous rappelons pas le nom du père : mais elle s’appelait dame Agnès ». Bien sûr, « l’amnésie » de Jaume 1er était peut-être volontaire : en effet, il n’était pas d’usage à cette époque de dévoiler par écrit l’identité d’un enfant illégitime, même si celle-ci était de notoriété publique, cette « souillure » pouvant entacher l’honneur de la famille. De plus, Jaume aurait pu facilement vérifier auprès des enfants de Bernat Guillem l’identité de leur grand-mère ; il ne l’a pas fait sans doute à dessein.

L’autre document qui aurait pu nous apporter un indice est l’étrange contrat de mariage d’avril 1187. Très court, ce document se présente en fait comme une justification un peu maladroite de l’acte d’adultère commis par Guilhem. Rappelant la création du monde et le dessein de Dieu d’unir l’homme et la femme pour en faire une seule chair, il expliquait ensuite qu’il n’avait obéi, en trahissant cette union, qu’au désir naturel de procréer des héritiers : « … procreando filiorum amore elegi mihi sponsam assumere, nomine Agnetem… ». Certains auteurs ont utilisé le mot amore pour expliquer l’union de Guilhem comme un extraordinaire coup de foudre éprouvé envers la belle castillane. C’est évidemment absurde ; l’amour n’avait rien à voir avec les unions matrimoniales du moyen-âge qui n’étaient que de la politique. L’amour a pu, parfois, s’y immiscer, bien entendu, et d’autre fois créer d’indicibles et muettes souffrances. Guilhem céda ensuite, selon la coutume, le dixième de ses biens à son épouse. La liste des témoins (incomplète cependant dans l’édition du Spicilegium34) ne nous apporte rien, aucun membre de la famille de la dame n’y étant mentionné 35. Même chose pour la charte d’avril 1187 36 par laquelle le roi Alfonso faisait donation à Guilhem et Agnès du castrum de Prades et de l’albergue de Vernet en Roussillon. Les témoins, peu nombreux, étaient de la maison royale ; ratifièrent également la charte l’archevêque de Tarragone, l’évêque de Lérida et le doyen de Barcelone, autorités ecclésiastiques susceptibles d’incliner le Pape à accepter et légitimer cette union. La seule indication intéressante est qu’Alfonso qualifie Agnès de « consanguinee mee ». Cela signifie-t-il vraiment qu’il s’agissait d’une parente proche du roi ou de la reine ? Il est possible que ce terme, assez vague, voulait dire qu’Agnès appartenait à la maison royale, et plus précisément, comme la plupart des auteurs l’ont supposé 37, à l’entourage de la reine Sancha. Cependant, il est vrai que nombre de ricoshombres, en Castille et en León, étaient apparentés de près ou de loin à la famille royale, souvent par le biais d’unions illégitimes. Ce fut le cas par exemple des Lara, des Manzanedo-Villalobos, des Haro, etc. Nous en reparlerons plus loin car nous pensons avoir précisément identifié cette union royale – légitime – qui faisait d’Agnès une descendante, au moins par alliance, des rois de Castille et de León, de Navarre et d’Aragon.

Sancha, nous l’avons dit, était fille d’Alfonso VII de León (1126-57), Imperator totus hispaniæ (fils d’Urraca et de Raymond de Bourgogne), et sa seconde épouse Riquilde 38. Sancha était donc demi-sœur des rois Fernando II de León et Sancho III de Castilla, fils de Berenguela de Barcelona (fille de Ramon Berenguer III et Douce de Provence) ; les deux royaumes furent en effet séparés de 1157 à 1230. Née vers 1154, Sancha partit avec sa mère dès 1157 pour Barcelona : elle était en effet promise, dès ce jeune âge, au futur Alfonso II d’Aragon, fils de Ramon Berenguer IV et Petronila de Aragon, qu’elle épousa après quelques atermoiements, en 1174. On sait qu’une jeune princesse éduquée à l’étranger en vue de son futur mariage 39 était entourée de dames de compagnie choisies parmi les jeunes nobles de la cour royale qui pouvaient prodiguer, en plus de leur service, le réconfort – et l’utilité – de pratiquer sa langue natale. Si l’on connaît parfois leurs noms à partir du XIVe siècle, époque où les archives royales regorgent d’informations sur les dépenses de la cour, aucun registre de la sorte n’existait au XIIe siècle. C’est pourquoi plusieurs historiens des XVIe et XVIIe siècles ont fait tout leur possible pour tenter d’identifier une Inés parmi l’un des grands lignages de ricoshombres. Le prénom Inés, d’origine Aquitaine, fut importé en Espagne par plusieurs reines d’Aragon et de León vers la fin du XIe siècle 40, mais aussi par Agnès de Sully, comtesse des Aix 41, épouse de Guillaume, comte de Blois-Champagne 42, belle-sœur du roi d’Angleterre Etienne 1er, devenue abbesse du monastère de Vega près de Sahagún, affilié à l’ordre de Fontevraud (vers 1125). Le prénom Agnès devint vite populaire parmi les barons, sans être aussi fréquent que les Urraca, Teresa ou autres Sancha. Zurita 43 fut sans doute le plus perspicace et rigoureux de ces anciens historiens. Il identifia une Inés, du lignage de Manzanedo et parente des Lara, comme la possible compagne de Guilhem de Montpellier ; cette hypothèse est encore considérée par certains comme avérée, ce qui n’a aucun fondement. Inés Gómez de Manzanedo, fille de Gómez González et Milia Pérez de Lara, fut en effet mariée à Fernando Ruiz Duc (du lignage Duque de Estrada) et se trouve mentionnée dans des chartes de 1184 à 1208 avec son mari et son fils. La deuxième hypothèse, défendue par Salazar y Castro 44, également plausible, concernait le lignage de Marañón. Mais Inés González de Marañón, fille de Gonzalo Rodríguez et Mayor García de Aza, devint religieuse du monastère cistercien de Aza en 1182 ; il y a peu de chance qu’elle en soit sortie subitement 45. Nous avions pour notre part pensé au fameux lignage des Fróilaz-Cifuentes en la personne d’Inés, fille du comte Alfonso Ramírez et Teresa Rodríguez, petite-fille de Ramiro Fróilaz et Inés 46 ; mais la découverte que nous avons faite, et dont nous allons parler maintenant, invalide ces suppositions trop peu étayées.

Inés Pérez de Cavia, fille de Mío Cid Pedro Roiz de Olea : un lignage de barons castillans

Burgondion à Tolède. La famille de son aïeule

Lorsque nous avons nous-mêmes tenté de percer le secret posé par Agnès, nous pensions possible que l’un de ses six fils ait laissé un témoignage de ses origines familiales dans une charte oubliée depuis longtemps, quelque part dans une archive en Espagne. Nous avions cependant perdu l’espoir de la trouver un jour lorsque, en tachant de parfaire nos connaissances sur les Rocafull, lignage bien connu issu des Roquefeuil, implanté au royaume de Murcia depuis la fin du XIIIe siècle, et ses alliances en Castille 47, nous avons fait une découverte inespérée. Juan Díaz de Rocafull avait, au XIVe siècle, recueilli l’héritage de son père Guillem, seigneur d’Abanilla, de sa mère Berenguela Díaz [de Haro] et de sa belle-mère Berenguela García [de Villamayor], ainsi que de sa grand-mère Sancha Gil [de Manzanedo-Villalobos]. Le fameux recueil Becerro de las behetrías (1352) recense ainsi 29 localités de Castille dont Juan Díaz était divisero, c’est-à-dire co-seigneur, dont sept comme seigneur principal. Il possédait aussi à Valdecañas une maison forte dans laquelle son père Guillem avait accueilli et protégé le prince don Juan Manuel en 1314.

Juan Díaz avait épousé une certaine Urraca Méndez de Ribera, fille du chevalier de Tolède Gonzalo López et María Fernández. Or, Gonzalo López était par sa mère issu de l’antique famille mozarabe tolédane plus tard dénommée Álvarez de Toledo qui fournit pendant des générations les alcaldes et alguaciles de la grande cité. Ces chrétiens arabisés parlaient encore, jusqu’au XIVe siècle, la langue arabe et les chartes étaient rédigées par les notaires dans cette langue. En 1347, Juan Díaz présenta à l’alcalde de Tolède, sur recommandation du roi Alfonso XI, une traduction en castillan d’une charte en arabe possédée par sa femme qui prouvait leurs droits de propriété sur un groupe de maisons à Tolède dans la paroisse San Román dont on peut encore admirer l’église de style mozarabe ; ces maisons avaient été léguées en 1236 par Juan Estébanez, fils d’Esteban Illán et époux de María Salvadores à leur fille Mencía, ancêtre d’Urraca Méndez de Ribera.

Continuant à explorer ces passionnantes chartes en arabe pour mieux connaître le lignage des Álvarez de Toledo, ancêtres des ducs d’Albe, et d’autres lignages moins connus, acteurs des terribles guerres du XIVe siècle à l’époque de Pedro el Cruel, nous avons consulté le monumental travail en quatre gros volumes, Los mozárabes de Toledo en los siglos XII y XIII, chartes recueillies et traduites par Ángel González Palencia, catedrático de literatura arabigoespañola 48 à l’université de Madrid (publié en 1930), ainsi que d’autres analyses passionnantes sur la fascinante ville de Tolède, où coexistaient Mozarabes, Juifs, Castillans et Francos, immigrés nombreux venus de toute l’Europe et qui s’assimilaient par mariages à la communauté mozarabe. Une charte datée de novembre 1228 49 a alors fortement attiré notre attention. Les auteurs qui l’ont commentée avant nous 50 ne l’ont fait que pour donner un exemple de migrants d’outre-Pyrénées, de diverses origines. En effet, le personnage qui y apparaît peut sembler à première vue d’origine bourguignonne. On sait que de nombreux bourguignons vinrent s’installer en Espagne lorsque Raimond de Bourgogne, fils du comte Guillaume 1er vint y guerroyer avec son cousin Henri, petit-fils du duc Robert, et y épousa la reine Urraca (1092). Les descendants de Raymond et d’Henri furent rois de León et du Portugal.

Cependant, un examen plus attentif de la charte ne laisse aucune place au doute pour un familier de la féodalité du Languedoc : ce don Borgoñón n’est aucunement un Bourguignon, il signe en latin Ego Burgundionus Montis Pessulani, confirmo. Le texte en arabe est encore plus clair : Borgoñón se dit fils du noble et illustre 51 « don Guillermo de Monte Pesular 52 » et il approuve et confirme une donation que sa grand-mère doña Inés [Aģnāš], fille de Ordoño Petrez [Pérez] et autrefois épouse de Pedro Ruiz Musid 53, fit par une autre charte de 1207 54 à Cecilia, abbesse du couvent de San Clemente de Toledo 55, « pour l’amour de Dieu et l’espoir que cet acte lui serve pour atteindre la vie éternelle ». Cette donation consistait en terres dans l’alquería56 de la Algorfela 57 près de Tolède « près du moulin, de chaque côté du ruisseau et à la limite de l’alquería d’Argance 58 ». La charte de Burgondion se termine par l’indication qu’elle lui a été lue « dans une langue qu’il a déclaré comprendre » ; langue que dans d’autres chartes le notaire appelle « romance 59 ». Une autre charte de janvier 1202 60 nous apprend qu’Inés et sa sœur María, âgées, étaient alors religieuses et que cette dernière donnait tous ses biens à Toledo, Algorfiella et d’autres lieux à l’Ordre militaire de Calatrava.

Nous avons pu identifier 61 trois des quatre témoins qui ratifièrent la charte de 1228. Ils appartenaient à l’élite mozarabe : Salomón [Shalmoune] ben Esteban [Ashtaban] était ainsi fils de Esteban Salomón, alguacil alcalde62 en 1204 et petit-fils de l’alcalde et alguacil Salomón ben Ali ben Wa’id (1194) 63. Pedro était fils de Juan ben Tuma [Tomás] ben Yahya [Juan] ben Balaa [Pelayo], époux de Dominga, fille de l’alguacil alcalde Abu Hafs Ostman ben Abulfarach (1182). Faliz [Felix] ben Yahya ben Abd Allah fut quant à lui notaire ou escribano (1222) puis alguacil alcalde en 1253. Mais le premier témoin est une certaine Ansalba [la Croix ?] fille de Basant ben Othman ben al-Bariya. Elle était vraisemblablement sœur du monastère de San Clemente et aurait donc ratifié la charte au nom de l’abbesse Orabona, fille du notable Juan ben Ayyub Lampader.

Rappelons ici que Burgondion était le deuxième de la famille à adopter ce nom. Le premier fut Gui dit Burgondion, fils de Guilhem VII et Mathilde de Bourgogne, d’où ce surnom particulier. Gui, d’abord éduqué pour devenir Templier, se maria ensuite pour remplacer son frère Guilhem, cadet de Guilhem VIII, décédé. Le cadet devait se tenir prêt à remplacer son aîné et, en prévision de cela, se mariait et avait une descendance. Burgondion épousa Adelais de Conas et en eut une fille, Burgondiosa, qui décéda jeune. Burgondion rédigea son testament (1182) 64 et revint à la vie religieuse mais, le fracas des armes ne l’intéressant pas, il fonda ou plutôt ressuscita l’Ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit, jadis fondé par son aïeul Guilhem VI. L’Ordre fut approuvé par le Pape en 1198 et connut une grande diffusion (plus de mille hôpitaux à travers l’Europe au XVe siècle). Innocent III fit bâtir un grand hôpital à Rome en 1204 et Gui le dirigea jusqu’à sa mort. Gui Burgondion est un personnage très injustement oublié de nos jours. Le second Burgondion qui nous occupe ici est donc l’un des enfants de Guilhem VIII et d’Agnès, dont nous avons parlé plus haut : pour davantage de clarté, nous renvoyons le lecteur à la table généalogique en annexe.

Ordoño Pérez et le lignage de Cavia. Origines et alliances.

Nous n’avons trouvé aucune autre charte qui mentionne en Castille notre Burgondion. Cependant, une étude très complète sur sa famille castillane, longtemps presque inconnue 65, a récemment été publiée par le grand médiéviste Ignacio Álvarez Borge 66. Mais celui-ci, qui aurait dû être le découvreur d’Agnès, n’a pas eu connaissance de la charte de Burgondion. Nous avons mené nos propres recherches et découvert quelques chartes complémentaires qui ont échappé à sa sagacité. Pour ne pas trop allonger cet article, nous allons retracer à grands traits ce lignage méconnu mais qui tenait une place fort honorable en Castille. Les spécialistes liront le travail minutieux d’Álvarez Borge.

Cavia, au sud-ouest de Burgos (coll. privée)
Fig. 3 Cavia, au sud-ouest de Burgos (coll. privée)

Cavia 67, qui faisait partie de l’alfoz68 de Burgos, est une localité très ancienne, citée dès 899. Au confluent de l’Arlanzón et du modeste río de Cavia 69, c’était une place forte défendant Burgos au sud, alors que la menace musulmane était encore présente (Xe-XIe siècles). L’éminence qui surmonte le petit bourg présente encore les traces de la butte où s’élevait l’ancien castrum. La vallée du flumine Kabia et ses alentours, autrefois domaine de la très antique famille des Sarracín, d’origine mozarabe, était le siège au XIIe siècle de deux importantes familles apparentées, les Cavia et les Castril Sarracin. Nous ne pouvons dans le cadre de cet article détailler l’enquête approfondie qui nous a permis d’identifier les fondateurs du lignage, Ordoño Pérez et son épouse Urraca Fernández et d’éclairer autant qu’il est possible leurs liens familiaux.

L’origine de notre lignage est à rechercher au sein d’un vaste clan, ramifié en de nombreuses branches, que les historiens ont baptisé d’après les mentions qu’en firent les historiens arabes : les Banu Gómez, qui tinrent longtemps la première place au royaume de León. Les différentes branches des Banu Gómez pratiquaient souvent des unions entre cousins, gardant ainsi la cohésion du lignage. Mais l’on sait que les lignages féodaux, au sens classique du terme, n’ont commencé à se dégager que tardivement au cours de la première moitié du XIIe siècle. Si l’on en croit les recherches les plus récentes des meilleurs spécialistes, des Banu Gómez sont issus, entre autres, les lignages de Castro, d’Aza, de Castril Sarracin et de Roa. Nos recherches nous ont permis d’identifier deux autres branches apparentées, les Podestad et les Cavia.

Pendant le règne d’Alfonso VI, conquérant de Toledo, antique capitale des Wisigoths, premier roi de León à oser se dénommer empereur, les Banu Gómez Pedro Ansúrez et García Ordóñez 70 furent certainement les deux plus importants personnages du royaume, si l’on excepte l’illustre Rodrigo Díaz de Vivar, dit El Cid Campeador. Les héritiers de Pedro Ansúrez, María Pérez puis son fils le comte d’Urgell Armengol VI, unirent leur famille avec celle de Fernando García de Hita, fils aîné du comte García Ordóñez et demi-frère de García Garcés de Aza 71 : Fernando García épousa Estefanía Armengol, sœur d’Armengol VI. Pour renforcer encore ces liens, Mayor García, sœur de Fernando, épousa le comte Gómez Peláez qui avait pris la tête du lignage Banu Gómez avec son frère Munio après la mort de Pedro Ansúrez 72.

Andrés Barón Faraldo a étudié un autre lignage jusque-là énigmatique, celui des Podestad, mais n’a pas réussi à identifier son fondateur 73. Cependant, une recherche très minutieuse dont nous ne pouvons pas citer ici tous les détails 74 nous révèle sans équivoque son identité : il s’agit de Fernando Pérez, époux d’Eylo Rodríguez et fils du célèbre comte Pedro Ansúrez. Fernando n’apparaît qu’une fois dans les nombreuses chartes de Pedro Ansúrez et ce fut sa sœur María Pérez, épouse du comte d’Urgell Armengol V, qui hérita de l’essentiel des biens de son père ; Fernando dut se contenter de quelques modestes tenencias, comme celles de San Román de Entrepeñas, dans les montagnes de Palencia. Ceci nous incite à supposer que Fernando Pérez fut un enfant illégitime. Les informations que nous avons de son fils Pedro Fernández Podestat 75, premier Grand Maître de l’Ordre de Santiago et ses petits-fils Fernando Pérez et Gómez Pérez coïncident de façon frappante avec ses possessions et tenencias76, tandis que leur lieu d’inhumation, le monastère de San Zoilo de Carrión, où reposaient leurs ancêtres Banu Gómez, ne laisse guère de doute sur leurs origines 77. La charte de fondation du modeste monastère de Santa Cruz de Valcárcel, placé sous l’obédience des prémontrés de l’abbaye d’Aguilar de Campoo (1165), nous révèle que Pedro Fernández avait une sœur, Urraca Fernández 78, dont l’importance apparaît de par sa place éminente de co-fondatrice de cette institution monastique.

L’origine d’Ordoño Pérez est plus difficile à élucider. Sachant qu’il fut mayordomo de Garcia Garcés de Aza, jeune frère de Fernando García, seigneur de Hita et de Úceda, très importantes places de la région de Guadalajara, à la frontière avec les Maures 79, il est peut-être possible de l’identifier avec un certain Ordon Petrez de Fita [Hita], fils de Pedro Sanz, alcaide de Durón 80, castrum stratégique sur le Tage, à l’époque de l’archevêque clunisien de Tolède Bernard de Sédirac (1086-1124). En 1119, il fut témoin de la donation de la reine Urraca – Hita et Úceda – en faveur de Fernando García de Hita et son épouse Estefanía Armengol 81. Ayant commencé sa carrière militaire auprès de Fernando García de Hita, il était parfaitement placé pour devenir par la suite mayordomo de son très jeune frère García Garcés de Aza 82, demi-frère par sa mère Eva des enfants de Pedro González de Lara. Ordoño Pérez serait donc à placer parmi les membres de la moyenne noblesse de son temps, qui sut s’élever par ses mérites militaires et une judicieuse alliance avec une branche bâtarde des Banu Gómez.

Ordoño Pérez est connu de 1118 à 1159, une longue carrière publique d’une quarantaine d’années 83. Il apparaît dans quelques chartes royales à l’époque de la reine Urraca et de son fils Alfonso VII 84, était dominante de la ville de Sepúlveda en 1129 85. Il participa certainement aux côtés de García Garcés à plusieurs campagnes militaires d’importance, à commencer par celle qui conquit la Rioja en 1134-35 après la mort tragique d’Alfonso el Batallador 86. Une charte royale de 1155 87 rédigée à Valladolid prouve que Ordoño était présent à la cour d’Alfonso VII qui avait alors pris pour seconde épouse Riquilde de Pologne. Il est fort possible que leur fille Sancha, future reine d’Aragon eut comme camarade de jeux Inés, fille d’Ordoño, comme nous l’avons expliqué au premier chapitre. Ordoño fut encore témoin de deux importantes donations de García Garcés de Aza en 1157 et 1159, alors que les deux hommes étaient âgés 88.

Ordoño acquit – ou reçut en héritage – un grand nombre de biens dont nous connaissons une partie par des chartes très postérieures, qui montrent une projection spatiale importante à travers plusieurs régions, d’Aguilar de Campoo sur le haut-Pisuerga jusqu’au sud du Duero, et plus au sud encore jusqu’à Tolède, Aranjuez et la région de Madrid. Nous lui connaissons trois filles, Inés et María déjà citées, ainsi que Elo, épouse d’un certain Lope Díaz de Madrid. Inés, peut-être l’aînée, épousa Pedro Ruiz [Rodríguez] Mío Cid, certainement fils de Rodericus Petriz de Olea, lequel apparaît comme témoin dans une charte royale de 1111 89, et parent de Mío Cid Rodericus Gonzalvez de Olea témoin en 1134 aux côtés d’Ordoño Pérez 90. Pedro Ruiz ne nous est connu que par une charte royale de 1138 91 et une vente à Cavia en 1159, et surtout par des références postérieures faites par son fils Ordoño Pérez de Cavia, le premier à adopter ce nom. Le surnom que Pedro Ruiz portait fièrement ne laisse pas d’intriguer, d’autant plus que Cavia et Vivar – où la famille était aussi possessionnée – firent autrefois partie des biens donnés à Chimène par Rodrigo Díaz el Campeador ! Contrairement à la légende, cependant, Rodrigo Díaz ne fut jamais qualifié de son vivant de Cid ou Mío Cid, mais toujours de Campeador, « le Champion » 92. C’est le poème postérieur d’au moins 50 ans à son décès qui le qualifie ainsi.

Pedro Ruiz Mío Cid nomma son fils Ordoño Pérez, ce qui nous incline à penser que son beau-père n’eut pas d’héritier mâle et dut exiger dans le contrat de mariage de sa fille la reprise du nom éponyme. Ordoño Pérez se maria deux fois, d’abord avec Sancha Ruiz puis avec María Gutiérrez. Plusieurs chartes montrent de façon quasi certaine que María Gutiérrez était fille du merino mayor93 de Castille Gutierre Díaz de Sandoval, ce qui prouve que le lignage maintenait un rang des plus honorables. Dans les années 1201-7, Ordoño Pérez acquit puis vendit plusieurs biens dans les environs de Madrid et de Tolède à l’Ordre militaire de Calatrava, qui s’appelait à l’époque Salvatierra. Plusieurs chartes en témoignent 94 ; toutes les parentés que nous avons mentionnées sont à nouveau confirmées avec force détails.

Le vaste réseau familial dont les seigneurs de Cavia faisaient partie apparaît clairement à la lumière de nombreuses chartes : d’après celles-ci, Ordoño Pérez et son épouse Urraca Fernández étaient les aïeux – au moins par les femmes – de plusieurs lignages apparentés 95. Le premier lignage était celui des Castril Sarracín, issu de García Garcés, quatrième fils de García Garcés de Aza. Le deuxième était issu de Ordoño García 96, troisième fils de García Garcés, qui épousa peut-être lui aussi une fille d’Ordoño Pérez. Son fils García Ordóñez eut de son épouse Urraca Bermúdez Vela García et Urraca García. Urraca épousa Pedro Núñez de Guzmán 97, un fort beau mariage avec ce lignage vassal des Lara qui compta parmi ses membres le célèbre Santo Domingo, Saint Dominique.

Le troisième lignage est des plus fameux : c’est le lignage de Villamayor, dont les origines, incertaines, sont encore sujettes à débat auprès des spécialistes 98. García Fernández, le grand mayordomo des reines Leonor et Berenguela, puis du roi Fernando III, et sa seconde épouse Mayor Arias effectuèrent au cours de leur longue vie une grande campagne d’achats à travers tout le royaume. Beaucoup de ces biens furent acquis de leurs cousins des branches que nous venons de dépeindre succinctement 99.

Inés, les bourgeois de Burgos et de Montpellier.

Une charte de mai 1194 concernant Vivar 100 nous révèle qu’Ordoño Pérez II avait une sœur du nom d’Inés [Pérez] : ce ne peut être que notre Inés, la fameuse Agnès de Castella du Llibre dels feits ! C’est la seule mention que nous en ayons, et pour cause, car elle passa la plus grande partie de sa vie à Montpellier. Par cette charte, Ordoño et Inés vendirent à l’évêque de Burgos Martín, pour la somme de 100 maravedis, tous leurs biens de Vivar, qu’ils détenaient de par l’héritage de leur père Pedro Ruiz (Petrus Roderici) : maisons, terres, vignes, moulins, montagnes, sources, arbres, etc. « Ego, Ordonius Petri, una cum sorore mea domna Agnes, bona uoluntate uobis, Marino, episcopo Burgense et successoribus uestris et ecclesie Sancte Marie [uendimus] totam illam nostram hereditatem quam habemus in Biuar ex parte patre nostro Petrus Roderici, cum domos et terras et vineas et ortos et molinos et solares populatos et non populatos cum montes et fontes et arboribus, cum ingressibus et regressibus, ab omni integritate per C morabetinos, et sumus de illis paccati » (voir charte complète en annexe).

Una cum se traduit « avec » ou « conjointement », mais rien ne permet de savoir si Agnès était physiquement présente à cette courte charte qui ne comporte pas de liste de signataires, ou si Ordoño la représentait ; ce qui nous semble le plus probable.

Il est possible que cette vente ait été faite à l’instigation d’Agnès, endettée si l’on en croit la seule charte du Cartulaire des Guilhem qui la concerne personnellement (mai 1197) : il s’agit d’une quittance de David Cohen de Lunel. Celui-ci s’engageait à libérer Agnès de dettes contractées auprès de lui et d’autres juifs de Lunel, ainsi que d’autres sommes engagées en son nom en faveur de Béatrice de Teyssières [Texeriis] et Ermengaud de Melgueil 101. Guilhem VIII venait sans doute par sa présence et son autorité apurer les dettes de son épouse et résoudre une situation embarrassante. La charte de 1194 correspond peut-être également à ce besoin d’argent. En effet, Ordoño, qui est pourtant le vendeur, se félicite du bon vouloir de l’évêque Martín 102 : ne s’est-il pas prêté ici aux besoins d’argent de sa sœur en demandant le concours de l’évêque ? Ordoño se porta garant de la transaction (fidiator de riedra, fidejussor) au moyen de tous ses biens de Cavia.

La longue liste des témoins de la charte de Vivar – qu’on écrivait alors Biuar – est du plus grand intérêt et va nous ouvrir une perspective insoupçonnée. Dans la première partie figurent quatre membres du lignage des Aza-Roa (Gonzalo Gómez fils de Gómez Garcés [de Roa], García Ordóñez fils d’Ordoño García [de Aza]…); Petrus Pelagii de Olmos est également identifiable : en effet une charte de 1201 mentionne don Pelaio filio de meo Cid, parent d’Ordoño Pérez II 103. Olmos est une localité sur le río Cavia, en amont de Cavia. Mais c’est la liste des probi homines104 de Burgos qui doit retenir toute notre attention. Après les deux alcaldes, Petrus Moro et Petrus Martini, apparaissent plusieurs noms dont certains sont familiers aux médiévistes connaisseurs du Cartulaire des Guilhem : don Olrich, Petrus Helias, Iohannes de Limages [Limoges] et d’autres comme domnus Helie de Chastel, don Tosten, don Onfre, etc. appartenant tous à la communauté franque – autrement dit originaire d’outre-Pyrénées – qui devait compter pour près de la moitié de la ville si l’on en croit Alfonso VI lui-même qui, parlant de Burgos disait : « el hombre de Burgos, Franco o Castellano 105 ».

Guilhem Olric fut un bourgeois de Montpellier qui prêta de l’argent à Guilhem VII et fut témoin à son testament ainsi qu’à celui de Gui Guerrejat ; il était encore actif à l’époque de Guilhem VIII et fut témoin en 1187 d’une importante charte concernant Aumelas. Petrus Olrici, frère de Guillelmus, est aussi attesté. Or à Burgos nous retrouvons Guillem 106 et Pedro Olric(h), ainsi que Garsia Olric(h) : il semble bien s’agir d’une même famille. Leur ancêtre commun fut peut-être Olricus Adalguerii, bourgeois de Montpellier, bayle en 1146, dont descendent à l’évidence les fameux Adalguer/Aldeguer, banquiers et bourgeois de Montpellier et d’Avignon.

Les Limoges ou Limotgas étaient aussi connus à Montpellier ; un J[ohannes] de Limotgas fut en particulier témoin au testament de Guilhem VIII. L’abbé Jacques Texier dans son étude sur l’orfèvrerie du moyen-âge à Limoges et à Montpellier 107 montre l’importance des ateliers de Montpellier et suppose que les divers individus nommés de Limotgas apparaissant dans le Thalamus pourraient être des artisans de Limoges dont la spécialité était l’orfèvrerie en métal argenté.

Le cas de Petrus Helias est intrigant. Il fut chanoine, maître ès-arts, professeur de médecine à Montpellier ; mais il n’y est connu que de 1138 à 49, alors que la charte de Burgos est de 1194. Cependant, un Petrus Helyas apparaît bien dans le rôle des censives de la ville en mars 1201. Petrus Helyas était-il parent d’Hélie de Chastel ? Ce Franco qui pourrait être originaire du Périgord apparaît souvent comme témoin dans les chartes de Burgos et du monastère de Las Huelgas ; le qualificatif don montre le respect que suscitait sa personne. D’après Saturnino Ruiz de Loyzaga 108, Helias de Chastel fut sans doute le maître d’œuvre de l’abside de l’église de Tuesta ; mais nous savons seulement que l’artiste signa « Elias me fecit ». Mateo Chastel fut alcalde de Burgos. En 1202 Maria, épouse de Guillén de Valdivieso fit un échange de terres près de Burgos avec don Mateo Chastel et don Juan de Limoges.

Enfin, même si elle n’apparaît pas dans notre charte, il faut mentionner la famille des Lamberti. Petrus Lamberti était en 1139 seigneur de la villa de Castañares à l’est de Burgos. Petrus et son épouse Pétronille la vendirent en 1167 au monastère de San Juan de Burgos. Dompnus Petrus Lamberti décéda en 1215. Les Lamberti sont omniprésents dans le Cartulaire des Guilhem depuis 1128 (Berengarius Lamberti). Dans la charte concernant Agnès en 1197, furent témoins B[ernardus] Lanberti et R[aimundus] Lamberti juvenis ainsi que R. Helias.

On voit que tous ces éléments ne peuvent raisonnablement s’expliquer par de simples homonymies. Il y eut bel et bien des liens entre Burgos et Montpellier et le mariage d’Agnès s’inscrit dans ces relations entre les deux villes. Ceci ne doit d’ailleurs pas nous étonner étant donné la place fondamentale que tint l’émigration française et européenne en Espagne, particulièrement pendant les XIe et XIIe siècles et l’influence profonde qu’elle exerça sur l’art et les idées, sans compter la participation physique au repeuplement 109.

La fin du lignage

Le lignage se continua avec Pedro Ordóñez puis son fils Ordoño Pérez III. Pedro Ordóñez, époux d’Illiana 110, avait trois sœurs, Mayor, Inés et Teresa. Mayor nous livre le seul testament qui nous soit connu pour le lignage (1243) ; il est fort intéressant car il semble qu’elle ait fait partie de la maison de la reine Berenguela et obtint d’être inhumée à l’abbaye royale de Las Huelgas. Ses legs divers atteignaient la somme conséquente de 898 maravedis. Comme le rappelle Janna Bianchini, cette somme aurait suffi à acheter et équiper 18 chevaux armés ou payer pendant onze ans le salaire d’un chanoine de Burgos 111. Inés épousa Bueso, dont le nom peu commun nous indique qu’il appartenait à un lignage jadis célèbre, apparenté aux Girón 112 ; ceux-ci sont connus pour avoir monopolisé pendant longtemps la place de mayordomo mayor.

En 1233, à l’occasion d’une importante vente à Olivares de Duero (500 maravedis), Ordoño Pérez déclarait qu’il n’avait pas son sceau et demanda à l’abbé de Valladolid de sceller à sa place ; c’est fort dommage car ce sceau a été conservé : nous ne connaîtrons donc jamais les armes des Cavia.

Ordoño Pérez III était en 1243 alcalde de Burgos 113 ; et par la suite – à moins qu’il ne s’agisse d’un homonyme – alcalde de la ville de Santaella, importante place forte à la frontière du royaume de Grenade, en 1258 et 1262 114. Deux Ordoño Pérez reçurent aussi des terres à l’occasion du Repartimiento de Sevilla (1248), tout comme leurs cousins Olea.

La branche de Cavia dut s’éteindre vers la fin du XIIIe ou le début du XIVe siècle ; des recherches plus approfondies seraient nécessaires pour y voir plus clair. Le dernier Ordoño Pérez que nous connaissions, abbé de San Millán de Lara et chanoine de Palencia, acheta en 1308 pour l’énorme somme de 3 000 maravedis la moitié du moulin de Soto sur le río Cavia et plusieurs terres dans la localité voisine d’Arcos d’un certain Fernando Téllez, doyen de Palencia et archidiacre de Treviño 115. En 1352, le Becerro de behetrías énumère plusieurs diviseros (co-seigneurs) à Cavia: Álvar López de Torquemada, trois enfants de Ruy López de Villalobos, qui héritèrent sans doute leur part d’un ancêtre Villamayor 116, Pedro López de Padiella 117 et Sancho Ruiz de Rojas. Les Rojas acquirent une position dominante au XVe siècle et firent agrandir le petit château ou casa fuerte (maison forte) qu’on peut admirer de nos jours. La grosse tour carrée, cependant, est du XIIIe siècle et fut peut-être construite par les Ordóñez de Cavia.

Conclusions et perspectives de recherche

On peut constater que Guilhem VIII, afin de « procréer des fils », oublia quelque peu le prestige d’une union avec la fille d’un grand prince pour se contenter d’un lignage d’antique noblesse, mais qui ne comptait cependant pas parmi les principaux ricoshombres du royaume de Castille. Peut-être ceux-ci – Lara, Castro, Girón, Haro… – auraient-ils été embarrassés de consentir à une union qui paraissait dès l’abord problématique. On préféra donc un lignage qui s’honorerait d’une alliance si prestigieuse et ferait taire ses scrupules de nature religieuse. Si le mariage avait été légitimé, les Cavia en auraient acquis un extraordinaire prestige. Dans le cas contraire, ils auraient servi sans rougir les intérêts supérieurs du royaume ; ce qui fut le cas.

Nous pensons avoir démontré que le lignage de Cavia pouvait se prévaloir d’une origine prestigieuse, comtale, et même par alliance, royale, ce qui explique mieux le terme employé par Alfonso II de « consanguinee mee ». Nous avons parlé plus haut de l’épouse du comte García Ordóñez, Urraca Garcés, fille de García Sánchez III de Pamplona, lequel était demi-frère de Ramiro, premier roi d’Aragon et frère de Fernando I, roi de León 118. Soixante, quatre-vingt ans plus tard, ce mariage prestigieux, à l’époque héroïque de l’affrontement légendaire du Cid Campeador avec les Almoravides, n’était évidemment pas oublié. Nous avons vu aussi qu’Urraca Fernández avait été la maîtresse d’Alfonso VII, dont elle eut Estefanía, épouse de Fernando Rodríguez de Castro. D’autres alliances royales, plus lointaines, ne peuvent être détaillées ici 119.

Il est possible qu’une fois chassée de Montpellier, Inés préféra retourner dans son pays, à moins qu’elle ne demeurât avec son aîné Guilhem qui décéda à Lérida en 1215. Il est possible qu’une charte oubliée nous révèle où elle finit ses jours, peut-être dans un monastère comme sa mère Inés. Elle a pu aussi demeurer avec sa fille Agnès auprès du vicomte Trencavel jusqu’à ce qu’en 1209 Simon de Montfort ne mette fin à sa vie de manière inique et n’extorque à Agnès les seigneuries de Pézenas et de Tourbes qu’elle avait reçues en douaire.

Suite à cette inattendue découverte de l’origine d’Agnès, nous serons peut-être amenés à réévaluer à l’avenir des éléments qui ne prennent leur sens que maintenant : par exemple, une œuvre célèbre est originaire de Tamarite de Llitera en Aragon ; il s’agit du panneau d’un retable représentant des scènes de la vie de Saint Dominique de Guzmán 120. L’on sait que les commanditaires de cette œuvre furent les Entença : en effet, leurs armoiries sont représentées sur le retable 121. Mais pourquoi cette dévotion particulière envers Santo Domingo ? Peut-être simplement à cause de leurs liens familiaux, qui ne nous apparaissaient pas jusque-là. En effet, nous venons de voir que les Guzmán faisaient partie du réseau d’alliances du grand groupe familial dont faisaient partie les Ordóñez de Cavia. Mais ce n’est pas tout : en effet, Domingo fut élevé de sept à quatorze ans (1176-84) par l’archiprêtre Gonzalo de Aza à Gumiel de Izán où Ordoño Pérez II de Cavia avait des possessions que son fils Pedro Ordóñez et son petit-fils Ordoño Pérez vendirent en 1231 et 1232 au monastère de San Pedro de Gumiel et à García Fernández de Villamayor. L’installation de Santo Domingo en Languedoc (à partir de 1206) eut-elle quelque chose à voir avec sa parente Inés Pérez de Cavia, épouse du très catholique Guilhem VIII de Montpellier qui pourchassa avec zèle les cathares sur son territoire ?

Enfin, les relations qui transparaissent entre la Castille et Montpellier, commerciales et artistiques, mériteraient de faire l’objet d’un travail approfondi, qui ne semble pas avoir été réalisé jusqu’à présent 122. Et les Montpelliérains d’aujourd’hui devraient réhabiliter la mémoire de leurs glorieux ancêtres partis fonder en Aragon et à Valence un puissant lignage qui s’illustra pendant encore près de deux siècles. C’est sans doute le plus beau cadeau que mérite la résurrection d’Agnès de Cavia, épouse de Guilhem de Montpellier.

– ANNEXES –

(Les tables généalogiques sont de l’auteur)

I. Mai 1194 – Vente à l’évêque de Burgos Martín par Ordoño Pérez et sa sœur Inés de leurs biens sis à Vivar.

Ego, Ordonius Petri, una cum sorore mea domna Agnes, bona uoluntate uobis Marino episcopo burgense et successoribus uestris et ecclesie Sancte Marie [uendimus] totam illam nostram hereditatem quam habemus in Biuar ex parte patre nostro Petrus Roderici, cum domos et terras et uineas et ortos et molinos et solares populatos et non populatos cum montes et fontes et arboribus, cum ingressibus et regressibus ab omni integritate, per C morabetinos, et sumus de illis paccati.

Si quis hoc nostrorum scriptum uiolare uoluerit, iram Dei habeat et in coto regis terre mille aureos persoluat et uobis Marino burgense episcopo et successoribus uestris et ecclesie Sancte Marie tali hereditate dupplata uel meliorata in simile tali loco restituat.

Facta carta mense may in era MCCXXII regnante rege Aldefonso cum uxore sua Alienor regina, in Burgis et in Toleto et in Castella et in omni regno suo.

Huius res sunt testes : Gunsaluus Gomiz filius Gomez Garciez, Garsie Ordonii filii Ordoni Garsie, Gunsaluus Roderici de Rebolleda, Nunius Didaci de Albillos, Rodericus Gunsalui de Riocereso, Petrus Pelagii de Olmos. De Burgis sunt testes : Iohannes Mathei, Petrus Moro, alcalde, Petrus Martini, alcalde, domnus Helie de Chastel, Petrus Helias, don Tosten, Petrus Poncii, Iohannes de Limages, don Olrich, Martinus Antonini, Martinus Ceri, don Onfre.

Iohannes de Riolazedo scripsit.

Ego, Ordonius Petri, sum fidiator et debitor de riedra cum tota mea hereditate quam habeo in Cauia.

II. Mai 1194 – Vente à l’évêque de Burgos Martín par les petits enfants d’Ordoño Pérez et d’Urraca Fernández de leurs biens sis à Hormazas.

In Dei nomine ego Ordonius Petri et ego domna Mencia cum uoluntate et consensu marito meo dompno Roderico et ego Garsie Ferdinandiz et Uela Garsiet et Ordonius Garsiet et Garsia Garsiet et Maior Garsiet et ego Urracha Garsiet abbatissa de Ranuço omnes in unum bona ulountate damus et concedimus uobis Marino burgensi episcopo et ominbus successoribus uestris et ecclesie Sancte Marie totam illam nostram hereditatem quam habemus in illos Barrios de Ormaza que fuit de auis nostris scilicet Ordonius Petri et Urracha Ferdinandiz cum omnibus pertinenciis nostris cum domos et terras uineas et ortos et prata cum solares populatos et inpopulatos et molendinos cum montes et fontes cum ingressibus et regressibus ab omni integritate ut habeatis et possideatis iure hereditario in perpetuum.

Facta carta primo die mensis may in era MCCXXXII regnate rege Aldefonso cum uxore sua regina Alionor in Burgos et in Toleto et in Castella et in omni regno suo.

Huius rei sunt testes : Dompnus Lupus de Mena 123, Malricus Gomiz 124, Rodericus Lupi, Rodericus Didaci, Albarus Petri de Monte Anges, Lupus Garsie de Quintanilla de Bon, Petrus Petri de Alcoba, Garsie Garsiet de Roa.

Iohannes de Riolazedo scripsit.

III. 1206 – 18 mars. Ordoño Pérez et son épouse María Gutiérrez vendent à l’Ordre de Salvatierra [Calatrava] divers biens à Otos, Moratalaz, Valnegral et Madrid.

In Dei nomine et eius gratia. Comparó el Maestro é los freires de Salvatierra Don Roy Diaz con todo su convento de Salvatierra pora él é pora su convento de Don Ordonio Pedrez el quarto de la Aldea de Otos de las Aldeas de Toledo, el quarto de la heredad que havia Don Ordon Pedrez en el Aldea de Moratalfaz de Aldeas de Toledo, é el quarto de quanto havia en Valnegral en término de Madrid, é el quarto de todas las casas que havia Don Ordon Pedrez é donna Urraca en Madrid en a collacion de S. Maria de Madrid. E esto comparó el Maestro, pora si é pora su convento, de Don Ordon Pedrez con todas sus derechuras é quanto á él pertenesce, é con entradas é con exidas, ó con sotos é prados, é con aguas, ó montes, é valles, é planos, é con todas sus derechuras ; é non retovo Don Ordon Pedrez asi ipse en esta véndida en poco ni mucho á él ni a home por él, é essióse de todo, é asentó al Maestro é á so Convente en toda esta heredad conomrada, como en heredad de sus heredades, con esta véndeda sana é derechera, é sines entredicho ninguno ; é el precio que entrellos convinieron CC é XXX morabetis buenos alfonsis e de buen peso, los quales recibió Don Ordon Pedrez en sus manos é metidos en su provecho. E esta véndida es fecha secundo la costumne de Toledo de vender é de comprar, é margah adarac. É desta véndeda, que fezo Don Ordon Pedrez demostró cartas de cómparas, que compró de sus parientes ; onde tienen los freires filias dessas cartas en esta heredad de Otos ; [é] Hanen fillos d’abenzadoc el Judio [tiene] heredad d’un hoy, que non entró en esta véndeda. É sepo Don Ordon Pedrez lo que dió, é sopieron el Maestro é los Freyres lo que compraron ; é non se les encrobió ninguna cosa, ni non se entorparon en algo. Et esto que vendió Don Ordon Pedrez es lo que compró de sus cormanos los filios de Donna Elo su tia ; et es[e] vendedor Don Ordon Pedrez es el de Cabrera [Cabia], filio de Pedro Roiz mio Cid ; et esto que vendió, es lo que havia Don Ordon Pedrez [de] so abuelo, é su mulier donna Mari Gutierrez. É en diez é en cinco reglas sobrescriviemos Pedro Roiz ; é con esto es sana la carta ; é sobre todo es este testimonio.

Fecha la carta dia de sabbado, en XVIII dias del mes de marzo, era MCCXLIIII.

Testimunias desto buenas é derecheras : Ego Laurentius Juliani testis. Ego Martinus previter de bovada testis, et iussi scribere pro me. Petrus Pelagii d’Olmos de rio de Cavia testis, et iussi scribere pro me. Ego Blasius Martini de Lobroyo testis, et iussi scribero pro me. Ego Dominicus presbiter sancti Petri testis.

IV. Février 1207, Toledo

Donation de doña Inés, fille de don Ordonio Petrez, qui fut épouse de don Pedro Ruiz Musid, en faveur du couvent de Saint Clément et de son abbesse doña Cecilia, de toutes les terres qu’elle possède près du moulin de Algorfilla et près, également, des limites de l’alquería d’Argance, à la limite qui sépare les deux alquerías citées : pour l’amour de Dieu et avec l’espoir que cet acte lui serve pour atteindre la vie éternelle. L’abbesse approuve la donation.

Datée de la première dizaine, le jour du 7 février de l’ère 1245.

Il est noté que les terres sont divisées en deux par un ruisseau.

Copie faite dans la dernière dizaine de mai de l’ère 1266 (1228).

V. Novembre 1228, Toledo 125

Témoignage que rend don Borgoñón [dun Burqudhiwn], fils du noble et illustre [al-za‘im al ağall] don Guillermo de Monte Pesular [dun Ghalil madi Munt Bishalar], que Dieu le bénisse, approuvant et confirmant la donation que son aïeule doña Inés [dwn-h Aģnāš/A‘nāsh], fille de don Ordoño Petrez [dun Ardunih Bitrs], épouse qui fut de don Pedro Ruiz Mío Cid [Bitarat Rawys Mawsid], que Dieu lui fasse miséricorde, fit en faveur du couvent de Saint Clément [dayr Shanat Qilmant], d’une terre et d’un pré, situés dans l’alquería de la Algorfela [Algharfal-h], limitrophe de l’alquería d’Argance [Arghans], alquerías de la ville de Tolède [madin-h Tilital-h], que Dieu la garde.

Datée et signée de la main du témoin, après lui avoir lu dans une langue qu’il a déclaré comprendre, au mois de novembre de l’ère 1266.

اشهد دون برقذيون بن الزعيم الاجل دون غليل مدى مونت بشلار اكرمه الله على نفسه شهدا اخر هذا الكتاب بالمذكور فيه عنه في صحة عقله و جواز امرى أن الأرض و المرج الذي أعطت ذلك كله جدته دونة اعناش بنت دون اردونيه بيطرس التي كانت زوجا لدون بيطرة رويس موسيد رحمه الله بقرية الغرفالة على قرية ارغانس من قرى مدينة طليطلة حرسها الله على دير شنت قلمنت و تصدقت بذلك على الدير وراهباته فانه امضى تلك الصدقة المذكورة للدير المذكور امضا تاما (الخ) و أشهد بذلك على نفسه لمن يكتب اسمه اسفل هذا بخط يده بعد ان فسر عليه بلسان اعترف بفهمه و هو بحال الصحة و جواز الأمر في شهر نونبر سنة ست و ستين و مايتين و ألف للصفر.

نصالبه بنت بسنت بن عثمان بن البرية و بيطرة بن يوان بن طوما بن يحيى بن بلا

Anusalibuh [ʿnṣālbh] fille de Basant fils de Uthman fils de Albariy-h [al-Bariya]

et Bytr-h [Pedro] fils de Ywan [Juan] fils de Tuma [Tomás] fils de Yahya [Juan] fils de Balay [Pelayo]

Ego Burgundionius Montis Pessulani, confirmo.

فليز بن يحيى بن عبد الله و شلمون بن اشتابن بن شلمون بن علي بن وعيد

et Faliz [Felix] fils de Yahya [Juan] fils de Abdallah

et Shalmun [Salomón] fils de Ashtaban [Esteban] fils de Shalmun [Salomón] fils de Ali fils de Wa’id

Translittération en caractères latins (Arabica ou DIN-31635) :

ašhd dūn brqḏīūn bn al-zʿīm al-āǧl dūn ġlīl mdi mūnt bšlār akrmh al-lh ʿli nfsh šhdā aẖr hḏā al-ktāb bālmḏkūr fīh ʿnh fī ṣḥẗ ʿqlh ū ǧwāz amri an al-ʾarḍ ū al-mrǧ al-ḏī aʿṭt ḏlk klh ǧdth dūnẗ aʿnāš bnt dūn ardūnīh bīṭrs al-tī kānt zūǧā ldūn bīṭrẗ rwys mūsīd rḥmh al-lh bqrīẗ al-ġrfālẗ ʿli qrīẗ arġāns mn qri mdīnẗ ṭlīṭlẗ ḥrshā al-lh ʿli dīr šnt qlmnt ū tṣdqt bḏlk ʿli al-dīr ūrāhbāth fānh amḍi tlk al-ṣdqẗ al-mḏkūrẗ lldīr al-mḏkūr amḍā tāmā (ālẖ) ū ašhd bḏlk ʿli nfsh lmn īktb asmh asfl hḏā bẖṭ īdh bʿd an fsr ʿlīh blsān aʿtrf bfhmh ū hū bḥāl al-ṣḥẗ ū ǧwāz al-ʾamr fī šhr nūnbr snẗ st ū stīn ū māītīn ū al-f llṣfr.

ʿnṣālbh bnt bsnt bn ʿṯmān bn al-brīẗ ū bīṭrẗ bn īwān bn ṭūmā bn īḥīi bn blāi

ū flīz bn īḥīi bn ʿbd al-lh ū šlmūn bn aštābn bn šlmūn bn ʿlī bn ūʿīd

Cette table permet de mieux appréhender la parenté de Fernando García de Hita avec les rois de Pamplona, de León et d’Aragon.

Alfonso II el Casto de Aragón (1157-96) était fils de Petronila et Ramon Berenguer IV de Barcelona ; Petronila était fille de Ramiro II Le Moine et Agnès d’Aquitaine (en bas à droite). Au cours des années 1160, les « quasi-rois » Lara et Castro s’affrontèrent impitoyablement pour le pouvoir en Castille. García Garcés de Aza, alors âgé, et son fils Pedro García, tenaient une position intermédiaire entre les deux clans, de par Eva, épouse successivement de García Ordóñez puis de Pedro González de Lara.

Sancho Garcés II El Mayor * Muniadona
Fig. 4 Sancho Garcés II El Mayor * Muniadona
Arbre Banu Gomez
Fig. 5 Banu Gomez
Arbre Cavia Olea
Fig. 6 Cavia Olea
Montpellier Entença
Fig. 7 Montpellier Entença

BIBLIOGRAPHIE

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NOTES

1. Les auteurs espagnols ne sont pas toujours suffisamment au fait de la féodalité du Languedoc et les Français ne lisent pas assez l’espagnol.

2. Et aussi parce que les Comnène, ayant perdu le pouvoir à Constantinople, ne présentaient plus guère d’intérêt pour sa politique méditerranéenne.

3. Fille d’Isaac Comnène, frère de l’empereur Manuel et Eirene Diplosynadene.

4. Giacinto di Pietro di Bobona, de la famille Orsini, pape de 1191 à 1198.

5. Dans la bulle Per venerabilem, Innocent rejetait la demande de légitimation des enfants de Guilhem en déclinant sa compétence : il lui demandait de s’adresser au roi de France, étant donné que celui-ci ne connaissait aucun supérieur au temporel (rex superiorem non recognoscens). Autrement dit, si Innocent ne pouvait légitimer – au spirituel – une union adultère, le roi de France avait le pouvoir de légitimer des enfants nés d’une union adultère, afin de leur donner – au temporel – tous les droits revenant à des enfants légitimes. C’est exactement ce que fit en 1263 Jaume 1er pour légitimer son lieutenant à Montpellier Guilhem de Roquefeuil, fils « naturel » d’Arnaud. Mais, en 1200, les seigneurs de Montpellier n’avaient pratiquement aucun lien avec le roi de France Philippe Auguste.

6. Pour comprendre toutes les subtilités de ces questions de légitimation, voir LEFBVRE-TEILLARD 2000 et VIDAL 1991.

7. Agnès épousa en 1203 Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers, fils de Roger III et d’Adélaïs de Toulouse.

8. Il est probable qu’Adalaiz ait épousé (après 1209) Berenguer de Puisserguier (Berengario de Podio Sorigerio), puissant baron de la vicomté de Narbonne. Cela expliquerait pourquoi il figure comme héritier par substitution, en dernière position, sur le testament de Marie de Montpellier en 1211.

9. Raimond de Roquefeuil, Raimond Gaucelm de Lunel et Aimeric de Clermont avaient épousé respectivement Guillemette (1173), Sibylle et Maria (1182), sœurs de Guilhem VIII. Rostaing de Sabran, époux de Clémence, ne fut pas appelé à la succession, sans doute parce que les Sabran étaient connétables du comte de Toulouse.

10. Guilhem VI, VII et VIII y furent inhumés.

11. Bertrand était fils de Bernard, seigneur d’Alès, et Béatrice de Melgueil, héritière du comté. À la mort de Bernard, Béatrice, sans doute pour raisons politiques, déshérita son fils et maria sa fille Ermessende au futur Raymond VI de Toulouse. Les descendants de Bertrand revendiquèrent encore le comté pendant un siècle. Rappelons que les comtes de Melgueil suzerains de Montpellier, avaient placé en 1085 leur comté sous la suzeraineté directe du Pape, représenté par l’évêque de Maguelone.

12. Sibilia était fille de Boniface et d’Agnès de Vermandois, d’ascendance capétienne (elle était fille d’Hugues, fils d’Henri, roi de France et d’Anne de Kiev).

13. Fille d’Hugues II et Mathilde de Turenne.

14. A. Germain, Introduction du Liber instrumentorum memorialum.

15. En, féminin Na était la déformation occitane de dominus /domina, seigneur. Le Petit Thalamus se trompe manifestement d’un mois.

16. Il apparaît donc que Sancha, après avoir proposé pour femme à Guilhem VIII une dame de sa maison, a dix ans plus tard comploté à ses dépens, realpolitik oblige !

17. Il dut la reprendre sous la pression du Pape et de Guilhem VIII, mais la répudia à nouveau en 1203.

18. En avril, Pere II et Raymond VI se rencontrèrent à Millau. Pere II engagea les vicomtés de Gévaudan et de Millau à Raymond VI pour 4 000 marcs d’argent et les deux hommes durent se mettre d’accord sur Montpellier et Melgueil.

19. Pedro el Católico, rey de Aragón y conde de Barcelona (1196-1213), Documentos, testimonios y memoria histórica, Tome III. En juin 1212, Innocent III avait sommé Marie de Montpellier de rendre la seigneurie à son frère Guilhem IX ou de se rendre à Rome pour se justifier ; ce qu’elle fit.

20. Elle mourut à Rome où elle s’était rendue pour plaider sa cause.

21. 1213, ACA, Cancillería.

22. ACA, Cancillería, Pergaminos, Jaime I, serie general, 0044. Il s’agissait de la co-seigneurie de la ville de Fraga, plus les castra de Iscles, Berín et la villa de Cirés en Ribagorza.

23. On voit, par ces prénoms, la volonté de Bernat Guilhem de perpétuer le lignage de ses pères.

24. Ces deux unions permettaient à Jaume de contrôler habilement deux grands lignages qui furent naguère rebelles au pouvoir de Barcelone et tenaient des points clés du royaume.

25. Charte de 1263 concernant la ville d’Alcolea publiée sur le portail DARA-médieval (Documentos medievales aragoneses), projet coordonné par la Direction générale du patrimoine culturel du Gouvernement d’Aragon.

26. Assistant et exécuteur des décisions du Grand Justicier.

27. Peut-être du lignage de Varea (Rioja) ou d’Azagra.

28. Une troisième branche, illégitime, fut fondée par Gil Martínez, fils de Bernat Guillem, baron d’Alcolea. Elle s’éteignit à la fin du XIVe siècle.

29. Troupes mercenaires d’infanterie légère ; de l’arabe al-mugawir.

30. NADAL CANELLAS 2014.

31. Gombau et Berenguer étaient les prénoms éponymes de l’ancien lignage d’Entença, prénoms repris fièrement par les descendants de Bernat Guilhem. Il ne faut pas les confondre avec Berenguer et Gombau, fils de Pons Ug d’Empúries, seigneur d’Alcolea, frère de Jusiana et homonyme de son frère le comte d’Empúries. Les fils de Pons Ug n’eurent que des filles, Jusiana et Teresa, qui épousèrent, la première, Blasco II de Alagón et l’autre Pere Ferrandis, fils illégitime du roi Jaume 1er.

32. Il ratifia le traité d’Almizra fixant les frontières avec la Castille.

33. Il était présent en septembre 1212 à Uncastillo en Aragon avec le roi Pere ; la bataille eut lieu en juillet (Raymundus, filius quondam Guillermi domini Montispessulani, Annales du Midi, volume 121, n°265, 2009).

34. Louis de La Barre, Spicilegium, tome III, p.550.

35. Nous avons aussi cherché dans le cartulaire de Montpellier des noms castillans, sans succès… du moins en apparence comme nous allons le découvrir plus loin.

36. Liber instrumentorum memorialum.

37. A commencer par Salazar y Castro, repris plus tard par tous les auteurs qui se sont intéressé à cette question, dont Jean Baumel dans son Histoire de Montpellier, T.1, p.189.

38. De son vrai nom Ryksa, fille de Władysław II, prince de Krakow et de Silésie, et son épouse Agnès de Babenberg (fille de Luitpold III, margrave d’Autriche et Agnes de Waibligen, fille de l’empereur Henri IV). Le prénom Agnès était populaire en Allemagne depuis le mariage de l’empereur Henri III et Agnès de Poitou, elle-même fille de Guilhem V, duc d’Aquitaine et Agnès de Bourgogne.

39. Comme Violant d’Aragon, épouse d’Alfonso X de Castilla, qui lui fut unie par contrat dès l’âge de quatre ans ; le mariage fut consommé alors qu’elle n’en avait que douze.

40. Agnès d’Aquitaine, fille de Guilhem VIII et Mathilde de La Marche, première épouse d’Alfonso VI de León (1074) ; Agnès d’Aquitaine, peut-être fille de Guilhem VII, épouse de Ramiro I d’Aragon (vers 1054) ; Agnès d’Aquitaine, fille de Guilhem VIII et Hildegarde de Bourgogne, épouse de Pedro I d’Aragon (1082).

41. Il s’agit des Aix d’Angillon, un des fiefs des seigneurs de Sully.

42. Agnès était fille de Gilles II de Sully et Edelburge de Bourges. Son mari, Guillaume, fut écarté de la succession pour cause de troubles mentaux, au profit de Thibaud IV. Le troisième frère, Étienne, comte de Mortain, devint roi d’Angleterre en 1135 : en effet, leur père, Étienne-Henri avait épousé (1080) Adèle, fille de Guillaume le Conquérant. Agnès était donc la belle-sœur du roi d’Angleterre. Elle avait épousé en premières noces Adalard Guillebaud, seigneur de Châteaumeillant. C’est sans doute cette Agnès qui a inspiré Ordoño Pérez et Urraca Fernández, grands parents de notre Agnès, pour nommer une de leurs filles Inés.

43. Jerónimo Zurita y Castro, Chroniqueur (cronista mayor) du royaume d’Aragon (1512-80), auteur des monumentales Anales de la corona de Aragón.

44. Luis de Salazar y Castro (1658-1734) auteur, entre autres, de l’œuvre monumentale Historia genealógica de la Casa de Lara en quatre volumes.

45. Salazar y Castro était cependant assez proche de trouver la solution : voir page 15, n°111.

46. Cette dernière probablement originaire d’outre-Pyrénées.

47. Nous faisons cette digression car les Rocafull s’allièrent au début du XIVe siècle avec les Villamayor, lesquels avaient un lien de parenté avec la famille d’Agnès, épouse de Guilhem de Montpellier. Ramon de Rocafull, fondateur du lignage du royaume de Murcia, était fils cadet de Guilhem de Roquefeuil et son épouse Ricarde. Il épousa Sancha Gil, très certainement du lignage de Manzanedo-Villalobos ; il nous manque ici la place pour justifier cette affirmation, bien corroborée par plusieurs éléments.

48. Professeur de littérature arabo-espagnole.

49. Tome III, n°767, p. 38-39. La cote du parchemin conservé à l’Archivo Histórico Nacional (AHN) est : Clero-secular-regular, Car. 3009, N. 9 (San Clemente de Toledo). Voir transcription complète, Annexe V.

50. GARCIA GALLO 1975 ; MOLENAT 1997 ; HERNANDEZ 2009 est le seul à avoir fait le lien entre la charte de Burgundion de 1228 et le lignage d’Ordoño Pérez, mais – inexplicablement – il ne semble pas avoir compris qu’il s’agissait de Guilhem VIII de Montpellier.

51. En arabe al-za‘im al-ağall. L’adjectif « illustre » s’appliquait aux grands barons, aux comtes, tandis que « illustrissime » était réservé aux rois et aux princes. Le personnage est ainsi parfaitement caractérisé. Il ne s’agit pas de n’importe qui.

52. Ghalil madaa Munt Bishalar.

53. Ce Musid ou Mawsid est en fait Mío Cid, parfaitement écrit dans plusieurs autres chartes.

54. Tome III, n°744. Voir Annexe IV.

55. Ce monastère, d’abord fondé extra-muros sous Alfonso VI, s’installa intra-muros en 1117 et adopta la règle cistercienne. Il tenait une place très importante à Tolède. Un des fils mort jeune d’Alfonso VII y fut inhumé. Entièrement reconstruit à la Renaissance, on y a découvert récemment des peintures romanes. Cecilia était fille de l’alguacil alcalde des mozarabes Pedro ben Abd al-Rahman ben Yahya ben Harit.

56. De l’arabe al-qarīa, village, hameau. Grand domaine foncier.

57. Aujourd’hui Algurilla au nord de Tolède, entre Fuensalida, Arcicóllar et Villamiel de Toledo.

58. Cette alquería, possession royale, fut par la suite donnée à San Clemente.

59. C’est ainsi qu’on appelait à cette époque ce qui deviendra le castillan, devenu langue de la chancellerie royale au cours du XIIIe siècle. Une situation de bilinguisme existait à l’époque à Tolède.

60. Archivo Histórico Nacional (AHN), OO. MM., Calatrava, carp. 471, n°415.

61. Los mozárabes de Toledo… cité ci-dessus.

62. L’alcalde et l’alguacil des mozarabes occupaient les plus hautes fonctions municipales.

63. Ce dernier frère de l’alguacil alhaquim Domingo ben Ali ben Guaid (1170).

64. Liber instrumentorum memorialum.

65. Les seuls ouvrages anciens qui font allusion à ce lignage, sans en comprendre l’origine, sont : Relaciones genealógicas de la casa de los marqueses de Trocifal, condes de torresvedras…, Antonio Suárez de Alarcón, 1656 et Casa de Cabrera en Córdoba : obra genealógica, histórica… dedicada al señor Don Fernando de Cabrera, Francisco Ruano, Joannes Ribadas, 1779. Ces derniers font de notre lignage une simple branche des Castro ; ils ne se trompaient pas de beaucoup, comme nous allons le découvrir.

66. ALVAREZ BORGE 2009.

67. Les anciennes chartes écrivent Cauia, qu’on peut transcrire Cavia ou Cabia. La municipalité à remplacé récemment le b par un v.

68. District administratif, plus tard remplacé par la merindad.

69. Aujourd’hui río de los Ausines.

70. Si l’on en croit les recherches de SALAZAR ACHA 1991 qui font autorité, le lignage de García Ordóñez était également une branche des Banu Gómez, issue du comte Fáfila Fernández. L’auteur établit aussi de façon très solide la parenté de Fernando García de Hita, en particulier grâce à un passage de l’œuvre du chroniqueur arabe Ibn Abi Zar, Rawd al-Qirtas.

71. Fernando García était fils de l’infante Urraca Garcés, fille du roi de Pamplona García Sánchez III et Estefanía de Barcelona, tandis que García Garcés était fils d’Eva, sans doute d’un lignage d’outre-Pyrénées ; Eva épousa en deuxièmes noces le comte Pedro González de Lara.

72. Gómez Peláez était fils de Pelayo Gómez et petit-fils de Gómez Díaz de Carrión, frère d’Ansur Díaz, le père de Pedro Ansúrez. Gómez Díaz et son fils refondèrent le monastère familial en y faisant venir depuis Cordoue les reliques de San Zoilo en 1075. Cette branche pouvait aussi se prévaloir d’une origine royale car Teresa Peláez, épouse de Gómez Díaz, était par sa mère Aldonza Ordóñez petite-fille des infants Ordoño Ramírez et Cristina Bermúdez, enfants respectivement des rois Ramiro III et Bermudo II de León.

73. Sur ce lignage, lire BARÓN FARALDO, 2005. L’auteur pense le lignage issu de Fernando Pérez, fils illégitime de Pedro González de Lara et de la reine Urraca. Mais ce Fernando Pérez naquit seulement vers 1114 et passa sa vie d’adulte au Portugal où il avait été emmené prisonnier.

74. Citons une charte de 1112 dans laquelle Mayor Pérez cède à son frère Fernando sa portion d’héritage dans la région de Valcárcel, Villamayor, Aguilar et d’autres lieux (Francisco de Berganza, Antigüedades de España, tome 2, 1719-21) ; deux chartes du cartulaire de Santo Toribio (1125), une de San Román de Entrepeñas (1120), une d’Arlanza (1126), une autre de Silos (1125) qui révèlent les possessions de Fernando Pérez et ses tenencias.

75. Podestat signifie précisément tenente ou gouverneur d’une place forte.

76. Gómez Pérez fut tenente de Santullán, sans doute comme son grand-père, ainsi que seigneur d’Olea. Le lignage d’Olea était originaire de la vallée de ce nom (Valdeolea), limitrophe de l’alfoz de Santullán. Ces deux territoires étaient placés sur l’ancienne voie romaine stratégique reliant Pisoraca (Herrera de Pisuerga) au port cantabre de Blendium (Suances).

77. Les sépulcres de cet antique lignage longtemps prolifique, apparenté aux rois de León, aux comtes de Castille, de Cea et de Monzón, sont encore visibles aujourd’hui, mais ont été irrémédiablement détériorés par l’incurie humaine, de sorte qu’ils ne sont plus identifiables, hormis celui d’Álvar Fernández Podestat (XIIIe siècle).

78. Cette Urraca Fernández ne doit donc pas être confondue, comme l’ont fait tous les historiens jusqu’à présent, avec son homonyme, fille de Fernando García de Hita et Estefanía Armengol, épouse du comte Rodrigo Martínez (fils de Martín Flaínez, cousin germain de Jimena Díaz), puis maîtresse du roi Alfonso VII. En revanche, il apparaît que Pedro Fernández Podestat ne fait qu’un avec Pedro Fernández de Castro, Maestre de l’Ordre de Santiago ; le nom du lignage qu’on attribue abusivement au Maestre étant erroné : les nobles de l’époque n’apparaissent que très rarement dans les chartes avec le nom de leur lignage, mais seulement avec le nom de leur père.

79. Il succédait dans la région à son oncle par alliance, le grand Álvar Fáñez, époux de Mayor Pérez, fille de Pedro Ansúrez, qui avait défendu Toledo contre les Almoravides.

80. Francisco J. Hernández, Los cartularios de Toledo : catálogo documental, Volume 1 de Monumental ecclesiæ toletanæ historica, 1985. Ces informations nous sont fournies par un procès, au sujet de la juridiction de Durón, un demi-siècle plus tard, vers 1152-1166.

81. Avec, entre autres témoins, le vice alférez Gómez Salvatoriz, Sancius Petri, Fernanduz Petriz de Rodelga, Rodrigo Fernández [de Castro?], Petrus de Setpublica (Archivo de la Orden de Santiago, lib.3, carta 113)

82. García Garcés n’était né qu’en 1106. Fernando García décéda vers 1125 alors que son frère vécut jusqu’en 1160 environ.

83. Il faut le distinguer d’un autre Ordoño Pérez qui décéda une quinzaine d’années avant lui, avant 1151. Ce personnage, fils de Pedro Díaz de Valle et María Ordóñez, était frère de Gontrodo Pérez, maîtresse d’Alfonso VII. Leur famille était des Asturies.

84. En 1125 lorsque Alfonso VII confirma à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem la donation de La Bóveda dans la vallée de la Guareña près de Toro, Ordonius Petriz confirma juste après le tenente de Toro Petro Pelaiz et de Martín Pérez de Tordesillas, deuxième époux de Mayor Pérez, fille de Pedro Ansúrez.

85. Dominante Septempublica, Ordon Petrez.

86. Donation d’Alfonso VII à San Millán de la Cogolla, 10 novembre 1134 : García Garcés et Hordonius Petrez furent témoins. L’Aragon était alors menacé d’annexion par le León, tandis que la Navarre, très amoindrie, s’émancipait.

87. Valladolid, 4 février. Ordoño ratifia la charte après les comtes Manrique [Pérez de Lara] et Ponce [Giraldo de Cabrera], mayordomo de l’empereur, Nuño Pérez [de Lara], alférez, Ponce de Minerva et García Garcés de Aza.

88. Donation de García Garcés et son épouse Sancha Pérez de Traba à la cathédrale de Burgos de l’hôpital de Tardajos, 1159 (entre Cavia et Burgos, José Manuel Garrido Garrido, n°153).

89. Becerro Galicano de San Millán de la Cogolla, AHN, carp. 1048, n°18.

90. Voir note 89.

91. Donation par Alfonso VII et Berenguela du monastère de San Valerio à la religieuse Leocadia.

92. Lire HERNANDEZ 2009. Mais Cid ou Cidez était aussi le nom d’un lignage très ancien ; le cartulaire de Sahagún est particulièrement riche en informations sur ce lignage. Enfin, dans de très nombreuses chartes, la liste des témoins se termine par Cid, Bellid, Annaya qu’on peut traduire par « untel ».

93. Autrement dit, Grand Justicier.

94. En particulier les chartes suivantes : Escrituras del archivo de Calatrava, f°104 r., v. & f°104 v., 105 r. Voir deux d’entre elles en annexe (Annexe II, III).

95. En particulier : 1194, vente de Hormazas : Ordonius Petri, Mencia et marito meo Roderico, Garsie Ferdinandiz, Uela Garciet, Ordonius Garciet, Garsia Garsiet, Maior Garsiet, Urracha Garsiet abbatissa de Ranuço ; 1221, donation à San Millán : parte don Uela, don Garci Ferrandez, Ordon Garciez de Castiel Cerrazin, Ordon Perez de Cauia. La Mayor García qui apparaît ici doit être la fille de García Garcés qui épousa le comte Gonzalo Rodríguez de Marañón ; leur fille, Inés, dont nous avons parlé plus haut, fut abbesse de Santa María de Aza.

96. Lire GARCIA IZQUIERDO 2017.

97. Son sceau, superbe, a été conservé (1253) : il arbore les fameux chaudrons (calderas) des Lara. Lire ONTORIA OQUILLAS 2011.

98. Lire en particulier ÁLVAREZ BORGE 2008. L’hypothèse la plus vraisemblable sur l’origine du lignage est celle de MARTINEZ SOPENA 1985.

99. C’est ainsi que nous savons que Ordoño Pérez possédait des parts de seigneurie à Villaldemiro, la plus importante seigneurie des Villamayor, où fut élevé le futur Alfonso X. Les Rocafull acquirent bien plus tard à leur tour une part de cette seigneurie.

100. Fuentes medievales castellano-leonesas, n°14, p.107 ; Documentación de la Catedral de Burgos, Volume 2, José Manuel Garrido Garrido, F. Javier Pereda Llarena, p. 108-109. Voir Annexe I.

101. Deux lignages importants du comté de Melgueil. Les Teyssières étaient vassaux des seigneurs de Montpellier pour certains de leurs fiefs.

102. Ne s’agit-il que d’une formulation de convenance ?

103. Il est accompagné de Martí, filio de Pedro Abad. Or ce Pedro Abad aurait écrit le Cantar de Mío Cid ou du moins aurait transcrit le manuscrit de 1207 qui nous est parvenu. Bien sûr, il peut s’agir d’homonymes et la genèse du poème est depuis longtemps sujette à controverse chez les meilleurs spécialistes. Nous n’ouvrirons pas le débat ici.

104. Bourgeois.

105. L’homme de Burgos, Franc ou Castillan.

106. On notera la forme catalane/occitane du prénom dans une charte de 1207 qui le mentionne (Documentación de la Catedral de Burgos, Volume 2, José Manuel Garrido Garrido, F. Javier Pereda Llarena).

107. Abbé Texier, « Orfèvrerie du moyen-âge », Annales archéologiques, tome VIII, 1848.

108. El templo parroquial de Tuesta, Boletín de la Institución Sancho el Sabio, volume 22, 1978.

109. Les Montpelliérains étaient également nombreux en Aragon, à Jaca et à Huesca, où ils s’installèrent très précocement : en 1135, Ramiro II concéda à la ville de Jaca les franchises dont jouissaient auparavant les bourgeois de Montpellier, à savoir l’exemption des taxes d’entrée sur les marchandises. À Huesca, qui succéda à Jaca comme capitale, l’une des familles les plus influentes de la ville était celle de Montpesler, comme l’on disait alors. En 1168 un fils de Iohan de Montpesler vendit des biens qu’il possédait à Huesca et à Montpellier, preuve d’un enracinement durable dans les deux villes.

110. Cette Illiana pourrait appartenir au lignage mozarabe des alcaldes de Toledo, ancêtres des ducs d’Albe.

111. C’est pourquoi nous ne partageons pas du tout l’avis de BIANCHINI 2012 qui range le lignage de Cavia dans la basse noblesse. Sur Mayor Ordóñez, lire aussi GUILLEN 2014.

112. Bueso semble fils, ou petit-fils, de Diego Boisón ou Bueso, fils du mayordomo et merino Diego Muñoz, membre de la cour, tenente de Saldaña et de Carrión, et époux d’Urraca Téllez.

113. cf. BIANCHINI 2012.

114. Itinerario de Alfonso X.

115. José Manuel Garrido Garrido, Documentación de la catedral de Burgos, p.255.

116. Il serait trop long d’expliquer ici comment la plupart des possessions des Villamayor finirent par échoir par alliances aux Manzanedo-Villalobos et, dans une moindre mesure aux Rocafull et d’autres lignages.

117. Il s’agit de Pedro López de Padilla II, ballestero mayor de Pedro I el Cruel. Or, Pedro López était petit-fils de Teresa Díaz, fille de Mencía Álvarez, ultime descendante du lignage de Podestat et de Juan Díaz, fils d’Armengot, lui-même fils de María de Almenar, fille d’Armengol VI. On constate que les lignages nobles avaient de la mémoire : Mencía Álvarez transmit intelligemment ses biens à son lointain cousin Juan Díaz. Avaient-ils eux-mêmes hérité des descendants d’Ordoño Pérez une part de Cavia ?

118. C’est ainsi que dans la charte de donation de Hita et Úceda, citée plus haut, Fernando García était qualifié de « annaya don Ferrando », c’est-à-dire « mon cousin ».

119. Par exemple, Sancho Garcés II El Mayor, père des trois frères roi de Pamplona, comte de Castille et regulus d’Aragon, avait épousé Muniadona, fille de Sancho García, comte de Castille et de Urraca Gómez, cette dernière fille du comte de Saldaña et Carrión Gómez Díaz, un Banu Gómez (voir table ci-dessus).

120. Sur ce retable, lire l’excellente analyse de Gemma Malé Miranda, Nuevas aportaciones sobre el retablo de Santo Domingo de Tamarite de Litera : iconografía, origen, promoción y datación, 2008.

121. D’or au chef de sable. Tamarite de Llitera n’est pas très loin du castrum éponyme d’Entença.

122. Luciano Serrano, dans El obispado de Burgos y Castilla primitiva (1935), s’en rapproche : il fournit une liste des Francos attestés à Burgos mais n’approfondit pas l’analyse de ces personnages et de leurs origines.

123. Lope Díaz de Mena, merino du roi en Castille.

124. Manrique Gómez de Manzanedo, fils du comte Gómez González et Milia Pérez de Lara.

125. La transcription en arabe littéraire à partir de la transcription originale du manuscrit par Ángel González Palencia a été réalisée par Ali Al-Daher et Roberto Carlos Rico Domenech. La translittération en caractères latins fait apparaître les noms de quatre témoins mozarabes.