Des femmes contre le Coup d’État de décembre 1851

* Docteure en langues romanes, spécialité civilisation occitane XIXe siècle

[ Texte intégral ]

La répression qui s’est abattue sur environ 20 000 1 personnes dans les mois qui suivirent le soulèvement contre le coup d’état du futur Napoléon III en décembre 1851, est bien souvent le seul fait retenu de cet événement. Parmi ces poursuivis, seulement 160 à 169 femmes au plan national. On peut donc, avec un certain nombre d’historiens, considérer la présence des femmes comme marginale ; la Révolution de 1848 les ayant exclues du suffrage universel, leur faible nombre serait une conséquence de la domination de genre : elles auraient simplement suivi frères ou maris pour être leurs cantinières.

Néanmoins dans l’Hérault, le nombre de 60 donné par Jean Sagnes dès 1982 2, ce qui représente un gros tiers de l’ensemble des femmes poursuivies en France, aurait pu interroger. De plus le nombre global de poursuivis estimé à 2833 pour le département comportait un certain nombre de couples arrachés à leurs enfants. Marcel Hénaux 3 soulignait la présence parmi les « transportées » en Algérie d’au moins quatre femmes du département, sur un nombre total admis jusqu’ici d’environ une quinzaine. Nous nous sommes donc intéressée à elles à partir du travail effectué par le Collectif Hérault 1851-2001 4, de la base de données réalisée par Jean-Claude Farcy 5, des ouvrages publiés 6 à l’époque à l’étranger, puis de ceux des proscrits après la loi d’amnistie 7 et des recherches contemporaines sur cette période. Devait-on laisser ces femmes à l’état de victimes ou les faire accéder au statut de sujet de l’histoire, en s’appuyant sur la réflexion de Michèle Riot-Sarcey 8, en d’autres termes avaient-elles conquis le « pouvoir d’agir », définition de la liberté du penseur utopiste Pierre Leroux 9 ?

Consciente que la totalité de ces femmes ne sont pas présentes dans les archives, nous avons essayé d’analyser ce qui, hormis l’impensé commun, a mis un frein à leur reconnaissance. Je me suis ensuite posée la question de la nature de leur engagement. L’insurrection a-t-elle constitué un tournant dans la politisation des femmes du peuple, mais aussi de la prise de responsabilité par certaines d’entre-elles ? Nous avons donc confronté la thèse de Maurice Agulhon, selon laquelle la liste des déportés pouvait constituer un « inventaire représentatif des cadres et militants du parti républicain » 10, à leurs dossiers et à ce que nous avons réussi à découvrir d’elles. Mais auparavant nous allons faire un bref retour sur l’histoire.

Bref retour sur l’Histoire

De l’avocat montpelliérain au cardeur de laine lodévois, tout un peuple en décembre 1851 s’oppose dans l’Hérault au coup d’état du prince président.

Quatre ans plus tôt, au nom de la République démocratique et sociale, le peuple à Paris, mais aussi en province 11, avait en février sonné le glas de la monarchie de juillet avant d’être écrasé en juin et de voir ses espoirs anéantis 12. En décembre 1848 Louis-Napoléon Bonaparte était élu pour 4 ans, selon la constitution, président de la République avec 75 % des suffrages, Ledru-Rollin candidat du Parti démocrate socialiste issu des Montagnards obtenait 5 %. Dans le Sud, grâce aux sociétés populaires, le « parti » de ce dernier a une bonne base et de véritables militants. Bonaparte n’obtient que 40 % et Ledru Rollin 15 à 25 % selon les départements. Il obtient même dans l’Hérault « la majorité à Béziers, dans les cantons de Bédarieux et Pézenas. » 13 La basse vallée de l’Hérault, comme Béziers et Bédarieux, est attentive aux événements politiques et entre en résistance au coup d’état du 2 décembre 1851 par lequel le futur Napoléon III viole la constitution.

Le 5 décembre l’état de siège est déclaré dans l’Hérault, la chasse à l’homme et à la femme est ouverte, elle se poursuit le 20 décembre lors du référendum 14. La répression sera féroce, et restera dans les mémoires.

Le tailleur Blayac de Mèze, revenu de déportation en Algérie, résume en 1883 celle-ci : « La France placée sous le régime de l’état de siège et livrée aux conseils de guerre en permanence, on organisa des colonnes mobiles pour donner la chasse aux rouges, c’est à dire tous ceux qui avaient fait leur devoir et mis généreusement leur fusil au service de la constitution violée. » 15. Il en alla de même en Haute-Garonne, selon le récit d’Alphonse Brémont en 1870 16. Le département de l’Hérault avec 2833 poursuivis suit de près celui du Var (3148) ; viennent ensuite la Drôme (1621) et la Nièvre (1507). La Seine totalise 2830 poursuivis, dont une dizaine de femmes qui seront emprisonnées à El-Biar, près d’Alger avec les méridionales. Parmi elles, la journaliste socialiste et féministe Pauline Roland 17.

Les commissions mixtes de l’Hérault 18 n’ont pas statué pour 198 arrêté(e)s. Pour les autres, 82 ont été traduits devant le conseil de guerre ; 10 ont été envoyés à Cayenne ; 794 condamné(e)s à Algérie plus et 771 à Algérie moins 19 ; 35 expulsé(e)s ; 10 éloigné(e)s ; 43 interné(e)s ; 15 traduit(e)s en correctionnelle ; 328 mis(e)s sous surveillance et 547 remis(e)s en liberté.

Sur les soixante femmes arrêtées dans l’Hérault, vingt-quatre seulement figurent sur la liste départementale des indemnisés de 1882. Si l’on se réfère à celle du Collectif Hérault 1851-2001, elles sont au moins onze à avoir été désignées pour la déportation en Algérie « plus et moins », par la commission mixte (constituée du Préfet, d’un juge et d’un officier supérieur qui décident la sanction sans entendre la personne) :

Un tiers des transportées en Algérie étaient originaires de l’Hérault.

Condamnées à Algérie plus :

  • Révéillé, Alexandrine, 28 ans, domestique, célibataire ;
  • Delrieux, Rosine, 24 ans, modiste, célibataire ;
  • Bessières-Sautel, Marie, 48 ans, journalière (Béziers), 3 enfants ;
  • Fournier-Majoureau, Eugénie, 44 ans, cabaretière (Bédarieux) ;
  • Pailhès-Delvieux 20, Élisabeth, dite « La Roussèle », 35 ans, couturière (Pézenas).

Condamnées à Algérie moins :

  • Cros-Delmas, Marie, 25 ans, 2 enfants et Pratviel-Bras, Joséphine, 3 enfants, journalières (Bessan) ;
  • Singla-Combescure, Anne, 39 ans, couturière (Pézenas) ;
  • Andrieu-Anduze, Anne Marie, 1 enfant, Villeneuve-les-Béziers ;
  • Cazals (Casals), Claire, (Jeanne), femme Foffre, 20 ans, né [sic] à Béziers, sans profession, demeurant à Béziers. (Fig. 1)
Liste alphabétique des poursuivis de Décembre 1851
Fig. 1 - Liste alphabétique des poursuivis de Décembre 1851 : Joséphine Pratviel femme Bras : transportée (Arch. dép. Hérault 1M68).

Cette répression qui concerne pour la première fois des femmes, révèle une présence significative de celles-ci dans le soulèvement. Ce que confirme Blayac dans ses mémoires : « Les prisons étaient encombrées et quand on ne sut plus où mettre tant hommes que femmes on… les transporta en Algérie… » 21

Replacer leurs noms dans l’Histoire

En 1851, ces femmes n’étaient pas des citoyennes, mais considérées comme des mineures par le Code Civil de 1808. Journalières, elles ne savaient pour la plupart ni lire, ni écrire, parlaient la langue d’oc 22, avaient des enfants ; leur salaire, après les Révolutions (1789, 1830 et 1848), demeurait la moitié de celui des hommes. Elles vont pourtant s’opposer avec eux, dans le Midi, au coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte. Leur nombre, vingt-quatre 23, est incertain, mais le fait qu’une bouchère ait pu être arrêtée à Montpellier pour « propos sanguinaires », qu’une jeune femme de Béziers ait pu passer un mois en prison sans motif avéré en dit long 24

Dans son discours prononcé en 1853 à Jersey sur la tombe de la parisienne exilée Louise Julien, Victor Hugo 25, lui-même en exil, les a saluées. L’orthographe de leurs noms traduit l’incompréhension de langue et d’accent entre la parisienne Pauline Roland et ses sœurs méridionales de détention à El Biar 26.

Les difficultés des recherches

Les difficultés des recherches sont de plusieurs ordres ; l’orthographe des patronymes et les renseignements personnels varient sur les listes des commissions mixtes et dans les livres où leurs noms sont cités. De plus tous les dossiers sont au masculin et les inculpés qualifiés systématiquement de « célibataires ». L’emploi du masculin peut être une cause d’erreur comme cela l’a été semble-t-il pour la tenancière du café l’Avenir d’Auch dans le Gers, Louise Cazeneuve. Ce cas est-il unique ? Une autre femme incarcérée n’apparait pas dans les dossiers : Marie Benoit de Béziers, dont l’existence a été révélée par Marcel Hénaux, grâce à la lettre de demande de pension de sa fille 27.

Difficile de retrouver ces femmes, alors qu’« Il convient de remarquer que les actes arbitraires commis à cette époque devaient difficilement avoir laissé des traces légales dans les registres d’écrou des prisons » 28, comme l’écrit le directeur de la prison de Montpellier au Préfet le 2 décembre 1881.

Adolphe Robert 29, dans ses statistiques dressant une liste de « femmes poursuivies » pour l’Hérault, ne nomme que « Bessières (femme Marie), veuve Santel, journalière, à Béziers. Pailles (femme Élisabeth), couturière, à Pézenas. Prativiel (Joséphine), femme Bras, journalière, à Bessan. Singla (Anne), femme Combeseur, couturière. »

Ce que nous savons d’elles

Elles sont parties de Cette sur l’Éclaireur (ou l’Éclair ?) le 8 mai 1852 30 pour celles qui resteront à El Biar, et dans un autre ou d’autres convois, vraisemblablement à bord du Grondeur, pour les autres transportées à Ain Sultan, Maison Carrée, Ain Benian et Lambessa.

Elles ont en commun d’être des femmes du peuple parlant occitan, illettrées. Certaines ont des antécédents de condamnation de droit commun ; elles ont été en contact avec des inculpés accusés d’appartenance aux sociétés secrètes, ou elles-mêmes sont soupçonnées par les tenants de l’Empire d’en être membres. (Fig. 2) Elles sont accusées d’avoir pris part à l’insurrection ; d’avoir été armées ; de coups et blessures envers les forces de l’ordre. La fuite de deux d’entre elles a aggravé leurs peines. Ces dernières accusations plaçaient les hommes devant les Cours martiales, l’une d’elles la cabaretière de Bédarieux y a été jugée, alors qu’elle était déjà transportée en Algérie. Trois d’entre-elles ont des enfants en bas âge, certaines sont transportées alors que leur mari n’ont pas été condamnés. Les hommes ne sont pas envoyés au même endroit qu’elles.

Celle que Victor Hugo appelle dans Les châtiments Joséphine Prabeil, ne mérite-t-elle pas ainsi que ses sœurs une place dans l’Histoire ?

Liste des affiliés aux sociétés secrètes de Bessan établie par le commissaire spécial faisant fonction de Maire
Fig. 2 - Liste des affiliés aux sociétés secrètes de Bessan établie par le commissaire spécial faisant fonction de Maire ; on peut y lire les noms de Marie Cros femme Delmas et de Clémentine Pioch femme Marcou (Lettre du 5 janvier 1851, page 3, Arch. dép. Hérault 1M936)

Suiveuses ou meneuses ?

La plupart des auteurs s’insurgent contre le sort fait à ces femmes. Elles seraient victimes en quelque sorte de la loi qui veut qu’une femme, mineure, suive son mari. Or les femmes dont nous relatons ici l’existence ont été condamnées pour certaines à « Algérie plus » pour d’autres à « Algérie moins. »

Pourrions-nous, comme Maurice Agulhon 31 en formule l’hypothèse pour les hommes, considérer les femmes déportées comme « des cadres et militants du parti républicain ? »

Elles ont toutes « mauvaise moralité ». Si l’on définit la moralité comme « le caractère de celui qui agit conformément aux principes, à l’idéal de la conduite », on peut en déduire qu’elles n’ont pas les mêmes principes, ni le même idéal que ceux qui les ont arrêtées et condamnées. Elles sont décrites comme « très exaltées, excitées », ayant pour le moins participé à l’insurrection, y compris en portant des armes (une broche, des pierres…), certaines poussant à l’émeute fils et hommes, appelant au meurtre et faisant le coup de poing, blessant même un commissaire de police à Bessan. Ces motifs d’inculpation amenaient les hommes devant le conseil de guerre. La Bédaricienne Eugénie Fournier-Majourau y a été traduite mais elle était déjà en route vers l’Algérie 32.

Était-il exceptionnel pour des femmes d’être engagées dans un mouvement politique ? Pour Maurice Agulhon le militantisme démocratique et social commençait à s’étendre aux femmes 33. Il soulignait dans La République au village34 : « Ainsi Césarine Ferrier, insurgée de base mais épouse d’un bon militant dont elle partageait la conviction, a été pourvue d’un grade par le dirigeant éclairé qu’était Arambide, afin de faciliter l’adhésion au mouvement des simples ouvrières » 35, ajoutant : « Ce n’est surtout pas par hasard si l’homme qui a pensé à encourager la participation active, militante (et pas seulement figurante) des femmes dans la colonne a été Pierre Arambide, l’ancien disciple de Flora Tristan. » 36. Flora Tristan 37 l’avait rencontré à l’occasion de son Tour de France, pour présenter son fascicule L’Union Ouvrière dans lequel elle prêchait « l’ÉGALITÉ ABSOLUE 38 de l’homme et de la femme. » Elle s’était arrêtée à Montpellier 39 et Béziers. Après sa mort à Bordeaux, son disciple montpelliérain a-t-il continué son « prêche » ? Avant elle, d’autres féministes, des dissidentes saint-simoniennes étaient venues de Paris à Montpellier « évangéliser » quand « le compagnonnage des femmes fut créé. » 40

Enfin et surtout, comme dans le Var, l’Ardèche, le Lot-et-Garonne, le Gers et la Nièvre, ces femmes étaient accusées d’être proches des sociétés secrètes. Raymond Huard 41 dans sa biographie d’Eugène Relin relate qu’« en mai 1850, les démocrates s’attendaient à une insurrection prochaine. Ils s’y préparaient en achetant chez les marchands de fer des instruments pointus pour en faire des armes… » Il ajoute qu’« Autour de Béziers et dans la ville, la fièvre politique montait : […] Le dimanche, les campagnards se rendaient en masse à Béziers, et mêlés aux perturbateurs de la ville, étalaient avec affectation […] la blouse, la cravate et la ceinture rouge. » Eugène Relin était alors arrêté comme un des principaux instigateurs de la « Société des Montagnards » ou de la « Nouvelle Montagne » société qui rayonna assez largement autour de « Béziers, à Valros, Servian, Villeneuve, Roujan, Sauvian, Vias, Bessan, Lespignan, Vendres et au-delà vers Capestang et Saint-Chinian. » 42

Le commissaire spécial de Bessan (Fig. 3) dans sa lettre au Préfet du 5 janvier 1852 43 détaille la formation des sociétés secrètes à partir de février 1848 « autour du démagogue Coste 44 », d’abord le Club de l’abeille, qui portait sur son drapeau tricolore une grande abeille peinte en son centre et ces mots : « Gare si elle s’éveille. » Cette société devint ensuite société démocratique aboutissant en décembre à une société « philanthropique » réunissant 300 membres ; il cite ensuite 68 de ses membres les plus exaltés ayant participé au soulèvement des « 4, 5, 6 et 7 décembre. » Parmi eux deux femmes : Delmas née Cros N° 29 et « Marcou sa femme [qui] poursuivait le Commissaire de police à coups de [pieds ou pieux ?] » N°33.

Autre témoignage de la participation de femmes aux sociétés secrètes à Castelnau de Guers : « Une boite disposée près d’une femme et servant à recevoir la correspondance de la société secrète a été saisie ainsi que l’individu [sic] » 45. Quant à la cabaretière de Bédarieux Eugénie Ferrier-Majourau elle est accusée par le conseil de guerre de faire partie de la direction de la Société secrète.

En Ardèche, Éric Darrieux souligne la participation des femmes à des manifestations contre le pouvoir en place et pour la République démocratique et sociale entre 1849 et octobre 1851 46.

Lettre du commissaire spécial faisant fonction de Maire au Préfet de l’Hérault le 5 janvier 1852
Fig. 3 - Lettre du commissaire spécial faisant fonction de Maire au Préfet de l’Hérault le 5 janvier 1852, qui fait le point sur les Société secrètes du village avant de dresser une liste de 68 affiliés dont deux femmes (Arch. dép. Hérault 1M936).

Alors que le port de la couleur rouge est interdit par le préfet de l’Ardèche dès le 15 septembre 1851, dans l’Hérault cet arrêté n’est pris qu’en décembre 47.

Nous retrouvons cette façon de manifester en Haute-Vienne sous la plume de Chéron de Villiers 48 avec la présence de femmes. L’auteur était en 1851 chef du cabinet de M. le baron de Mentque, préfet de la Haute-Vienne : « Cette même nuit [3 décembre], diverses réunions socialistes furent tenues […] le 4, plusieurs centaines d’individus, ouvriers et bourgeois, et une cinquantaine de femmes, en corsages rouges, se rassemblèrent dans une fabrique de porcelaine. » 49

L’engagement de femmes est avéré dans de nombreux départements 50, condamnées à « Algérie plus » ou « Algérie moins », la plupart ont eu plus de chance que les héraultaises et verront leur peine commuée en avril 1852, en surveillance à domicile en ce qui concerne les varoises. 51

La proximité des moyens de transportation en Algérie par le port de Cette pourrait apparaître comme ayant desservi les héraultaises. Mais la présence au Bon Pasteur de femmes de la Seine, de la Nièvre et du Gers infirme cette hypothèse.

Transportées en Algérie

Le transport

Le 8 mai 1852, cinq femmes sont embarquées dans le port de Cette sur l’Éclaireur52. Les cinq prisonnières viennent de passer deux jours au fort de Brescou 53 après la prison de Béziers. Après avoir été débarquées de l’île sur la côte, elles ont fait le trajet à pied parmi les 160 prisonniers qui embarqueront dans ce convoi à destination de Bône. De Bône elles prendront un autre bateau pour Alger où elles arriveront à la mi-juin. Les deux premières embarquées ont été arrêtées à Pézenas : Elisabeth Palhiès, épouse Rieux et Anne Singla, épouse Combescure, toutes deux couturières ; Marie Réveillé a été arrêtée à Béziers ; la dernière héraultaise à Bessan le 11 janvier, il s’agit de Joséphine Bras née Pratviel, journalière. La cinquième est Louise Cazeneuve d’Auch.

Trois autres partiront sur le Grondeur : les deux premières pour le camp de travail d’Ain Benian 54 : Marie Delmas, née Cros 55 de Bessan et Rose Bignalet, née Laroche, des Basses Pyrénées 56. La dernière embarquée est l’aubergiste-cuisinière de Bédarieux, Mme Majouteau (Majoureau) née Fournier à Bessière (Haute-Garonne) (Fig. 4).

Toutes les héraultaises ont été condamnées entre le 10 février et le 8 mars 1852. F. Mazenc déporté de l’Aveyron témoigne dans son livre de 1872 sur cette période : « Le train arriva à Cette à dix heures du matin, et les républicains furent immédiatement embarqués à bord de l’Éclaireur, vapeur de l’État, en partance pour les côtes d’Afrique. Bientôt ils furent rejoints à bord par soixante-neuf républicains du Gard, par trois femmes et deux hommes de Bédarieux, qui avaient la même destination. » 57

La liste des inculpés devant la commission mixte de 1852 58 et celle des indemnisés par la loi de réparation nationale du 30 juillet 1881 en faveur des victimes du 2 décembre 1851, ne mentionnent pour Bédarieux 59 que deux femmes : étaient-elles plus nombreuses ou la mémoire de l’auteur défaillante ? Autre interprétation possible les trois femmes sont les seules du convoi et donc pas forcément de Bédarieux.

Cet événement est daté de début mai 1852 : Quatre navires de la Compagnie Maritime « André et Abeille » 60 ont transporté de Cette les insurgés en Algérie de février à mai 1852 : l’Éclaireur, le Grondeur, le Requin et le Dauphin61.

Mouvement des navires mis à la disposition de l’état en Méditerranée
Fig. 4 - Mouvement des navires mis à la disposition de l’état en Méditerranée (Messager du Midi 24 avril 1852) (Coll. Médiathèque de Montpellier,
MEMORUM, Presse ancienne)

En Algérie

En Algérie, sans nouvelles de leurs proches, les déportées sont remises sous bonne escorte le 26 juin (soit près de deux mois après leur départ de Sète) entre les mains des religieuses du Bon Pasteur, couvent d’El Biar, proche d’Alger 62. Fondé en 1842 pour « le relèvement moral des prostituées » 63 et des femmes dites « dangereuses » pour la société, ce couvent a pour tâche de les remettre dans « le droit chemin. » Les héraultaises sont « verrouillées dans le bâtiment des Madeleines. » 64 Elles avaient auparavant été incarcérées dans la prison du fort de Bab Azoun à Alger en attendant de connaître leur sort. La journaliste parisienne Pauline Roland et ses neuf compagnes arrivent à El Biar mi-juillet 1852. Elle parle de femmes « appartenant aux départements riverains de la Méditerranée : le Var, l’Hérault et le Gers. » dans sa lettre du 14 juillet 65 et y décrit leur situation :

Les femmes ont « pour domicile une seule pièce, dont nos quinze grabats remplissent si bien l’espace qu’il en reste juste assez pour une longue table où nous prenons nos repas en commun. Ajoutez, pour avoir une idée complète de notre résidence, un préau d’une grandeur double à peine de celle de notre chambre, sans un seul arbre, ni un abri où l’on puisse se soustraire aux ardeurs d’un ciel en feu. Je ne sais pas si c’est là ce que M. Guizot a voulu, lorsqu’il de mandait, en style de doctrinaire, l’incarcération dans la déportation, mais, à coup sûr, un pareil séjour est intolérable ; c’est un véritable enfer. » (Fig. 5)

Les religieuses sous l’égide de l’évêque et de la mère Marie-Philomène, la fondatrice du couvent, usaient de tout leur pouvoir pour que les prisonnières se repentent, « l’amour maternel était [alors] l’auxiliaire le plus précieux. » 66 La mère supérieure très inquiète de l’influence de Pauline Roland pria le gouverneur de la débarrasser de celle-ci qualifiée « d’incurable et redoutable. » 67

Les déportées passeront un et pour certaines au moins deux ans en Algérie. Seule Armantine Péan semble-t-il serait restée en Algérie après s’être mariée à Alger 68.

Napoléon III avec ces déportations pensait atteindre un double but : se débarrasser des opposants sur le territoire national et peupler l’Algérie, colonie conquise à partir de 1830.

Le couvent du Bon Pasteur à El Biar
Fig. 5 - Le couvent du Bon Pasteur à El Biar (coll privée)

Au couvent du Bon Pasteur à El Biar

Arrestations le 16 janvier 1852 à St Thibéry, Bessan, Vias : parmi celles-ci deux femmes qui pourraient bien être Fine Pratviel et Clémentine Pioch, Marie Cros étant alors en fuite.
Fig. 6 - Arrestations le 16 janvier 1852 à St Thibéry, Bessan, Vias : parmi celles-ci deux femmes qui pourraient bien être Fine Pratviel et Clémentine Pioch, Marie Cros étant alors en fuite. (Messager du Midi, 18 janvier 1852) (Coll. Médiathèque de Montpellier, MEMONUM, Presse ancienne)

Joséphine Pratviel

La population de Bessan de plus de 2 000 habitants compta trois femmes parmi les 45 arrêtés. Trois journalières. Ni jugement ordinaire, ni avocat, ni justice. (Fig. 6)

Comme Fine Pratviel, Marie Cros épouse Delmas, a été assignée à la déportation « Algérie moins ». Une troisième femme du village Clémentine Pioch, épouse Marcou, 28 ans a été mise sous surveillance de la police. Cette dernière a bénéficié de sa « bonne moralité » alors qu’elle est signalée comme faisant partie de la société secrète du village en janvier 1852.

Arrêtons-nous sur Joséphine Pratviel, épouse Bras. Elle a 32 ans, née le 8 mai 1819 69 de Pierre cultivateur et Marie Barral son épouse, tous deux âgés de 23 ans. De son mariage 70 avec François Bras le 2 juin1842 à Bessan sont nées trois filles : Marie Françoise 8 ans ; Marie Césarine 3 ans et Joséphine Clotilde née le 8 mai 1850, la dernière qui « fête » ses deux ans. Joséphine, appelée certainement du diminutif Fine, ne sait ni lire ni écrire – ni elle ni ses parents n’ont signé sur son acte de mariage 71, contrairement à son mari.

Nous avons trouvé sa trace à El Biar chez les sœurs du couvent du « Bon Pasteur », près d’Alger. Les motifs de sa condamnation sont les suivants : « mauvaise moralité, très exalté [sic], excitant les hommes au meurtre. Insurrection, provocation, coups et blessures envers le commissaire de police. » 72 Elle a été incarcérée à Béziers le 11 janvier 1852, puis au fort Brescou le 6 mai 1852 et embarquée pour l’Afrique sur L’Éclair73 le 8 mai 1852.

Condamnée à « Algérie moins », elle avait théoriquement le droit de choisir son lieu de résidence. Mais elle devait être ramenée sur le droit chemin : ce sera le couvent du Bon Pasteur à El Biar. Pauline Roland, mère elle aussi de trois enfants, qualifie leurs conditions de « véritable enfer ».

Enfer pavé de bonnes intentions : les sœurs prennent Fine pour une brebis égarée et demandent sa grâce, elles l’auraient obtenue le 15 septembre suivant, et elle serait « rentrée au bercail ». Cependant son dossier d’indemnisation indique qu’elle a bénéficié d’une remise de peine le 29 janvier 1853 et a été graciée le 3 février suivant. Quand est-elle rentrée ? Une date ou l’autre ne change rien au fait qu’elle apprendra la mort de sa troisième fille, le 22 juillet 1852. Joséphine Pratviel est morte le 6 septembre 1877 74.

En 1882 la République indemnisa son mari François Bras, arrêté mais libéré en 1851, aucune charge n’ayant été retenue contre lui, ainsi que ses filles et les enfants de son jeune frère Jean-Pierre Pratviel. Ce dernier, cultivateur, avait écopé en 1852 d’« Algérie plus », mais avait réussi à s’enfuir… Âgé alors de 28 ans, il était considéré par les autorités comme le trésorier de la Société secrète. Rattrapé en septembre 1852, il a été écroué pour délit politique par la gendarmerie et gracié en janvier 1853. Mis alors sous surveillance de la police, celle-ci dura jusqu’en mai 1856 75. Il était proche de sa sœur pour qui il avait été témoin de l’acte de naissance de sa deuxième fille. Si Fine et son mari ne figurent pas, contrairement à lui, sur la liste de dénonciation pour appartenance à la Société secrète de Bessan, elle n’était cependant pas à El Biar par hasard. L’opposition au coup d’État a été bien souvent commune aux membres d’une même famille.

Alexandrine Réveillé et son amoureux...

Réveillé Alexandrine 76, 28 ans, domestique, célibataire née à Bédarieux a été arrêtée à Béziers 77. Les motifs de sa condamnation à « Algérie plus » sont les suivants : « contumace. Très mauvaise moralité, très exalté. Insurrection, bandes armées. » Une pension de 900 F lui a été attribuée, elle demeurait alors à Puisserguier, et était veuve Souquet 78.

Elle était arrivée à El Biar le 26 juin 1852, après avoir été condamnée entre le 10 février et le 1er Mars. Après être restée 5 mois au « Bon Pasteur » comme couturière 79, elle a épousé Jean Souquet originaire de Béziers. Elle serait donc pour les religieuses rentrée dans le rang. Or son époux demeurait à Ain Sultan dans le département d’Alger arrondissement de Miliana, « village » qui avait reçu le 30 avril 1852, des transportés « Algérie-moins. » Les deux époux s’étaient-ils connus avant, Jean Souquet serait-il Hyppolyte de Béziers, condamné à « Algérie plus » et incarcéré d’abord à Maison Carrée 80 ? Elle ne sera graciée définitivement qu’en 1854.

Les deux couturières de Pézenas :

Parmi les 107 personnes poursuivies à Pézenas, seulement six femmes dont deux condamnées transportées en Algérie.

Élisabeth Palhiès (Palhier) veuve Rieux 81 : Sa fiche porte : « Pailhès, Elisabeth, La Roussèle, veuve Delvieux 35 ans, né à Pézenas, couturière demeurant à Pézenas 82 » ; la commission supérieure l’a condamnée à la transportation en « Algérie plus », au motif de « détestable moralité, très méchante. Insurrection, provocations au meurtre, coups et blessures. » Bien que la fiche du collectif Hérault indique : « Grâce, ne figure pas sur la liste des transportés », elle est effectivement répertoriée au Bon Pasteur en juin 1853. 83

Elle était née le 19 fructidor an XII 84 à Pézenas de Claude Palhier [sic] cordonnier et d’Élisabeth Castelbon. Un frère aîné, Jean né en 1801 est son témoin signant sur l’acte de mariage. Celui-ci avait été célébré le 8 janvier 1829 à Pézenas avec le veuf originaire de Fontès Pierre Rieux, cultivateur, né en 1802 et décédé à Pézenas le 20 février 1848, à l’âge de 46 ans. Elle avait donc 47 ans, et non 35 ou 45, en 1851.

Lors de sa demande d’indemnisation en 1882, la « Rousselle » a obtenu un extrait des registres d’écrou du greffe de la maison d’arrêt de Béziers « concernant la nommée Pailhès Elisabeth, vve Rieus âgée de 45 ans en 1851, couturière domiciliée à Pézenas écrouée par la gendarmerie de Béziers le 15 xbre [décembre] 1851 pour insurrection transférée en Algérie le 5 mai 1852 » signé le 30 septembre 1881 par le gardien chef de la prison 85. Nous n’avons pas trouvé sa date de décès sur l’état civil de Pézenas.

Anne Jeanne Singla, épouse Jean Combescure, née le 31 janvier 1812, de Raymond Singla, voiturier et de Françoise Hérail à Pézenas. Couturière elle épouse Jean Combescure, garçon meunier au moment de leur mariage le 20 avril 1830 à Pézenas. Son mari était né au moulin de Beth à St Gervais Terre (aujourd’hui St Gervais sur Mare). Elle a donc bien 39 ans en 1851 quand avec le dossier 699 elle passe devant la Commission spéciale de l’Hérault qui la condamne à « Algérie moins » pour « cœur perverti. Insurrection. A jeté des pierres aux gens d’ordre, outrages et menaces. » Il semble qu’elle n’ait pas eu d’enfants 86. Elle est sur la liste du Bon Pasteur à El Biar et bénéficie d’une remise de peine le 29 janvier 1853. Une pension de 800F lui est attribuée en 1882, elle est alors revenue à Pézenas où elle est morte le 6 mai 1883 87. Un lien de parenté l’unissait-il à Simon Singla, 32 ans condamné à « Algérie moins » pour « Triste moralité. Insurrection. Menaces. », de Pézenas comme elle ?

Les autres pensionnaires du Bon Pasteur

Louise Cazeneuve, tenancière du cabaret « L’Avenir » à Auch dans le Gers a fait le voyage à partir de Cette avec les premières héraultaises et est restée au « Bon Pasteur ». Comme Mme Eugénie Fournier-Majoureau elle était cabaretière, profession qui a connu un grand nombre de femmes arrêtées soulignant l’importance de leurs établissements dans la vie des républicains : « En dernier ressort – et ce fut le cas surtout en 1850 et 1851 – les démocrates se réfugièrent dans les cafés. » 88

Nous avons retrouvé le nom de Louise Cazeneuve 89 dans la liste des « demandes et dossiers de recours en grâce des condamnés des commissions mixtes de 1852 » 90, avant de pouvoir nous appuyer sur les éléments fournis par les archives du Gers, confirmant l’erreur de transcription de Louise en Louis.

Nous avons confronté le récit de l’insurrection d’Auch par Yves Cousteau 91 et la fiche de Louise Cazeneuve (Fig. 7) (Fig. 8) des archives du Gers 92, ainsi que celle de son compagnon. Ces dernières 93 donnent les circonstances de la violence verbale souvent relevée en ce qui concerne les femmes, une riposte à l’offensive des autorités : intervention du lieutenant d’infanterie ; pénétration dans les locaux du journal ; charges de la cavalerie et des hussards.

Dossier de Louise Cazeneuve d’Auch du Gers, parfois confondue avec un Louis Cazeneuve
Fig. 7 - Dossier de Louise Cazeneuve d’Auch du Gers, parfois confondue avec un Louis Cazeneuve (Arch. dép. Gers 1M248)
Motifs de la condamnation de Louise Cazeneuve la tenancière du Café L’avenir d’Auch
Fig. 8 - Motifs de la condamnation de Louise Cazeneuve la tenancière du Café L’avenir d’Auch (Arch. dép. Gers 1M248)

Louise Cazeneuve 94 était née le 6 juillet 1820 à Auch, elle était « pauvre. » Les motifs de la commission mixte sont sans équivoque : « Connue par l’exaltation de ses discours politiques et la dépravation des mœurs. Son café était le rendez-vous des chefs de la démagogie, elle était la maitresse du sieur Arexy, un des principaux chefs du socialisme, un des plus redoutables acteurs dans l’insurrection du mois de décembre… »

Louise Cazeneuve y apparait comme ayant des opinions politiques avérées, opinions qu’elle partageait oralement dans des « discours exaltés. » Nous pouvons penser que Louise Cazeneuve vu la fréquentation de son compagnon journaliste savait au moins lire, si ce n’est écrire.

Le « Sieur Arexy » avec lequel, vu ses « mœurs dépravées », Louise Cazeneuve vivait, peut-être en concubinage, n’était autre que l’ancien rédacteur en chef du journal 95 L’Ami du peuple. Joseph Etienne Augustin Arexy est présenté par la Commission mixte comme 96 « l’organisateur des sociétés secrètes. Influent sur les masses et dangereux par son intelligence ». Louise Cazeneuve pouvait donc être considérée, comme son compagnon Joseph Arexy 97, faisant partie des cadres du « parti républicain. »

La répression dans le Gers fut immédiate et envoya 355 insurgés dans la prison d’Auch. Louise Cazeneuve 98 a fait partie des 219 insurgés qui ont été acheminés vers Toulouse où ils ont été embarqués sur un bateau de poste du Canal du Midi pour Sète 99.

Parmi les pensionnaires du Bon Pasteur arrivées dans le même convoi que la journaliste socialiste Pauline Roland et saluées par Victor Hugo, nous retrouvons des femmes du peuple 100. Leurs métiers : cordonnière, brodeuse, marchande de vin, domestique. Elles ont participé à l’édification de barricades à Paris, y apportant « chaises et caisses », les défendant « sabre à la main » ou en « semant des débris de verre et de poterie. » Elles étaient donc collectivement et individuellement engagées. Seule la brodeuse Rosalie Gaubert, s’est défaussée sur son compagnon Bergerin de la possession des objets saisis chez elle : « 93 balles, des pistolets encore chargés, de la poudre, des papiers et portraits forts compromettants. »

Deux d’entre elles sont des organisatrices : Armentine Danguy épouse Huet est qualifiée par les autorités de « socialiste ardente et dangereuse, amie de Pauline Roland, de la femme Greppo 101 et autres. C’est elle qui distribuait les bulletins du Comité de résistance qui lui étaient confiés par la femme Greppo. »

Une femme engagée, tout comme Geneviève Dechaux, épouse Guillarmet, 40 ans, de Clamecy dans la Nièvre. Elle semble, à la lecture des renseignements consignés par les commissions spéciales être l’instigatrice de l’opposition au coup d’état 102.

Les héraultaises peuvent donc être considérées comme des républicaines engagées, même s’il ne semble pas, en l’état actuel de nos connaissances, qu’elles puissent être des « cadres du parti républicain », mais des militantes, dans le sens de participantes à l’action.

Celles qui étaient dans d’autres camps Marie Cros épouse Valentin Delmas à Ain-Bénian : Marie transportée à bord du Grondeur a été dans un premier temps dirigée vers Ain Bénian 103. Son mari condamné à Algérie plus comme « Mauvais sujet. Sans moralité. Exalté. Réputé voleur. Participation à l’insurrection. Désarmement. Société secrète », a été déporté à Birkadem province d’Alger avant de bénéficier par grâce de l’internement (15 Novembre 1853) puis de la surveillance (17 Mai 1854).

Marie pour « Mauvaise moralité. Poussant les hommes au meurtre. Condamnée pour vol. Insurrection. Désarmement. Bandes armées (une broche). Coups et blessures envers le commissaire de police », avait été condamnée à « Algérie moins. » 104 Cette déportation est vraisemblablement due à la fois à l’appartenance des époux à la « société secrète » de Bessan et à sa condamnation antérieure pour vol 105.

Marie Cros était née le 3 août 1826 dans ce village de la plaine de l’Hérault, d’un père cultivateur Jean Cros dit Baptiste 21 ans et de Geneviève Ferlu 106 dite Euphrosine 20 ans. Elle s’est mariée à 17 ans, le 22 juin 1844 avec Delmas Adrien dit Valentin cultivateur, 23 ans 107. Aucun membre de la famille présent n’a déclaré savoir signer lors du mariage ; le père déclarant ses enfants n’a également pas signé les actes. Ils ont deux enfants : Adrien, Mathieu né le 14 décembre 1844 et Marie Appolonie née le 10 février 1851. Lors de son arrestation le garçon a 7 ans, la fille 10 mois. La grâce dont elle « bénéficie » le 19 juin 1852 alors qu’elle est déjà en Algérie est-elle en relation avec le « vent soudain de philanthropie » qui se lève envers les « enfants abandonnés des prisonniers politiques » 108 ? (Fig. 9)

Elle figure sur la liste d’El Biar 109 alors qu’elle est considérée dans le registre définitif des victimes établi par la commission d’indemnisation de l’Hérault comme « emprisonnée » alors que son mari y figure comme « transporté ». 110 Peut-être bénéficiant de la grâce Marie a-t-elle été ramenée et incarcérée en France ? Des transportés en Algérie du Gers et des Basses-Alpes auraient été ramenés à Cette après leur grâce alors qu’ils venaient d’être envoyés en Algérie 111.

Une pension de 600F (N°1400) a été attribuée à Marie Cros pour elle-même et son mari déporté « Algérie plus » dont elle était veuve en 1882. Adrien Delmas était mort à Bessan le 18 août 1877 à 55 ans et 11 mois, rue de l’Hôpital. Marie Cros survivra à ses deux enfants nés avant sa déportation (février 86 décès de son fils, février 93 décès de sa fille épouse Maiffredy) et meurt le 26 novembre 1906 à Bessan.

Témoignage du vent de philanthropie en faveur des enfants abandonnés des prisonniers politiques qui touche l’église catholique et jusqu’à l’état en mai-juin 1852
Fig. 9 - Témoignage du vent de philanthropie en faveur des enfants abandonnés des prisonniers politiques qui touche l’église catholique et jusqu’à l’état en mai-juin 1852. Cette liste paraît le 19 juin, jour de la grâce accordée à Marie Cros épouse Delmas. (Messager du Midi, 19 juin1852) (Coll. Médiathèque de Montpellier, MEMONUM, Presse ancienne)

L’aubergiste de Bédarieux : Eugénie Majoureau, née Fournier, à Douara. Née à Bessières (Haute-Garonne), 44 ans – son dossier 112 mentionne « célibataire, Domicile : Bédarieux (Hérault), profession : cuisinière. » La commission mixte de l’Hérault et les commissions militaires de Paris l’ont condamnée à « Algérie plus » pour : « Mauvaise moralité. Très exaltée. Insurrection. Bandes armées. » Une grâce lui a été accordée par le chef de l’État : expulsion le 12 Août 1854 113.

Son mari Jean Majoureau 114, originaire de l’Ariège (en fait il serait né à Domazan dans le Gard 115) a été lui aussi condamné à « Algérie plus ». Son cabaret était « le repaire des insurgés ». Il a participé à l’insurrection et a été accusé de coups et blessures envers un garde champêtre et d’appartenance à la Société secrète. Dans l’article du Journal de Toulouse 116 des 21 et 22 mai 1852 rapportant le Conseil de guerre de Montpellier sur l’affaire de Bédarieux, les « mariés Majoureau » prévenus, sont présentés comme faisant partie de la direction d’action de la Société secrète. Lors de l’audience du conseil le 18 mai 1852, Eugénie Majoureau était déjà partie pour l’Algérie.

D’après Conrard, transporté de Toul dans l’Est de la France qui s’est transformé en écrivain public et historien des prisons et camps où il a séjourné, elle est la seule « citoyenne » au camp de Douara le 11 avril 1853. Il ne reste alors dans ce camp qui en a compté de 1 000 à 1 200 que « deux cent cinquante citoyens, elle est graciée le 12 août 1854 en vue d’être expulsée. Elle est alors surnommée « femme sans tête », du nom de son auberge. » 117. Ce surnom elle le portait déjà à Bédarieux et, d’après Émile Appolis, il avait comme origine « sa corpulence énorme ». Selon ce dernier elle était « bonne catholique, qui a toujours le chapelet sur elle ; quand elle monte la garde – seule de son sexe – à la porte de l’hôtel de ville, elle porte sous ses vêtements un scapulaire de drap noir. » 118

En 1883 Jean Majoureau était domicilié à Nîmes dans le Gard, la liste des pensionnés ne donne aucun élément sur sa femme : où a-t-elle été expulsée, était-elle morte après sa grâce – expulsion, ou demeurée à l’étranger ?

Andrieu Anne (Marie d’après l’état civil) à Lambessa : Quinze personnes ont été poursuivies à Villeneuve-les-Béziers, dont une seconde femme Marie Dô qui a été remise en liberté. Parmi eux, huit, la plupart de jeunes hommes appartenant à la société secrète la Jeune Montagne 119 ont été condamnés à « Algérie plus », deux à « Algérie moins ».

Anne Andrieu-Anduze était née à Villeneuve-les-Béziers le 3 janvier 1807 où elle est décédée le 15 décembre 1875. Si sa profession n’est pas mentionnée sur son dossier, « journalière » figure sur son acte de décès. Son mari Jean Anduze dit Galant, cultivateur -métier figurant sur l’acte de naissance de leur fille en 1830 – n’a semble-t-il pas été inquiété. Le collectif Hérault 1851-2001 apporte les éléments suivants sur le parcours d’Anne : « Emprisonné [sic] à la maison d’arrêt de Béziers le 27/04/1852. Transporté à Lambessa (Algérie), où il [sic] reste 2 ans. Rentre en France le 3/08/1854 » 120. Selon Marcel Hénaux, « Lambessa est le lieu de punition de l’Algérie pénitentiaire. » Elle a été graciée et mise sous surveillance le 13 août 1853. Âgée de 44 ans en 1851, elle avait été condamnée à « Algérie moins » comme « très exaltée, insurrection, excitation ». Emprisonnée après la dernière séance des Commissions mixtes de l’Hérault 121, elle était en fuite avant son incarcération à Béziers : « or la fuite aggrave la position de l’inculpé et parmi les chefs d’accusation, le mot contumax est souligné. Les condamnations par contumace sont donc alourdies. Elles concernent pour la plupart des insurgés de l’arrondissement de Béziers » 122. Les numéros d’ordre 520 et de dossier 432 en font une des premières poursuivies, son dossier a dû passer devant la commission mixte dans une des 12 séances entre le 10 février et le 1er mars 1852.

Une pension de 600F a été attribuée à sa fille Marie Anne, épouse Nicolas de Villeneuve-les-Béziers. En 1882 son mari, veuf 77 ans n’obtiendra pas de pension, contrairement à François Pratviel qui avait été arrêté mais libéré. Anduze n’a pas été, lui, arrêté, le refus de pension est motivé comme « hors catégorie » par la commission d’attribution avec ce commentaire : « La commission signale ce cas intéressant non prévu par la loi ». Une pension était attribuée aux veuves non remariées ayant bonne moralité et n’étant pas considérées comme « réactionnaires » 123, même si elles n’avaient pas été poursuivies.

Marie Bessière épouse Sautel : Elle est la seconde femme arrêtée à Béziers et condamnée à « Algérie plus », ce sera pour elle tout d’abord Maison Carrée, prison d’Alger 124. Marie Bessière est accusée de : « Mauvaise moralité. Très exalté. A poussé son fils à l’émeute. Insurrection. Excitation. » Elle a obtenu la grâce du chef de l’État : Remise le 2 Février 1853 (mariage de l’Empereur). Jusqu’à quand est-elle restée en Algérie ? Revenue à Béziers et veuve 125 elle a obtenu en 1882 une pension de 600F.

Journalière agricole, Marie Bessières avait été déjà condamnée par deux fois, en juillet 1831 à 10 jours de prison pour vol de récoltes, et le 31 mai 1849 à 4 mois de prison pour adultère. Son dossier mentionne un fils qu’elle aurait poussé à l’émeute et le registre des transportés en Algérie 126 porte « Marié, trois enfants ».

Née le 21 frimaire an XIII 127 à Béziers de Jean cultivateur et de Yolande Dorothée Boyer. Elle s’est mariée le 9 septembre 1822 avec Jean-Louis Sautel, né le 28 germinal an IV 128, fils de Jean, cultivateur et de Jeanne Maury. Sur l’état civil de Béziers nous leur avons trouvé quatre enfants 129 : Jean Baptiste né en 1827 ; Marie Anne née en 1830, décédée en 1837 ; Joseph né en février 1832, décédé un mois après ; Élisabeth née en 1833. Aucun membre de la famille ne savait signer lors du mariage et des naissances. Est-ce Jean Baptiste, 24 ans en 1851, qu’elle a poussé à la révolte ? Les condamnations pour vol et pour adultère ont certainement aggravé sa condamnation. Nous terminerons par l’évocation de son lieu de « transportation » qui est considéré comme une étape vers d’autres « colonies » :

« Les condamnés sont logés dans les écuries de la Maison Carrée ou dans des habitations souterraines éclairées en permanence par des lampes. « Les murs suintaient l’eau comme les roches d’une source »…. » 130

Claire Cazals épouse Foffre, une autre biterroise qui a « pris part à l’insurrection » mais de « bonne moralité » a été condamnée à « Algérie moins », condamnation transformée en surveillance dès le 3 avril 1852 ; il semble qu’elle n’ait pas été transportée.

Delrieu, Rosine (Victorine ou Jaquette), 24 ans, née à Béziers, célibataire, modiste accusée de « Mauvaise moralité, très exalté [sic] Insurrection, tentative d’incendie » a réussi à s’échapper en Espagne.

Le sort des autres femmes insurgées ou épouses d’insurgés et de leurs enfants

Parmi les autres femmes arrêtées dans le département, trois, à notre connaissance, ont été condamnées à la surveillance par la police :

Roger Louise, veuve Espitalier, 25 ans, bouchère, arrêtée à Montpellier pour « propos sanguinaires » (dossier 2587), Cassefière Hélène femme Tibayrenq 23 ans, née à Béziers, sans profession demeurant à Béziers « a suivi son mari mais bonne moralité »( dossier 83) et Pioch Clémentine femme Marcou de Bessan (dossier 2278).

D’autres dont huit étaient de la région de Pézenas, ont été remises en liberté, leurs dossiers ne contenant aucune charge ; elles ont cependant selon leur date d’arrestation (et donc leur numéros de dossier) fait plus ou moins de prison : Bouisset Rose, femme Lacroix dit Talonnet, 23 ans, née à Pézenas, bonne moralité, pas de charges (dossier 368,mise en liberté le 4 février 1852) ; Maury, Françoise, veuve Forestier 54 ans, née à Lézignan-la-Cèbe, sage-femme, demeurant à Lézignan (dossier1618 ; liberté le 9 mars 1852) ; Gervasy Marie, 38 ans journalière de Pézenas, née le 12 novembre1812 131 ; Gervasy Claire 48 ans, née à Pézenas, repasseuse, célibataire demeurant à Pézenas, Bonne moralité ; Gour, épouse Cabor Anne, 42 ans, née à Pézenas, modiste de sabots, demeurant à Pézenas (A.N. F15/4029 dossier 110) emprisonnée à Pézenas le I8/12/51, a fait 32 jours de prison ; Laget Jeanne, 56 ans (épouse Perrez ?), née et demeurant à Pézenas ; Laget Justine femme de Bernard Maury 132 dit Cigogne, 33 ans, née à Pézenas, potière demeurant à Pézenas (dossier 358) ; Tournac Anne, veuve Gervasy, 68 ans, née à Pézenas, sans profession, 4 enfants demeurant à Pézenas ; Valadon Claire, épouse Salse, 57 ans, née et demeurant à Pézenas.

De Villeneuve-les-Béziers, Dô Marie 21 ans, journalière née à Villeneuve les Béziers, le 1er mars 1812, (acte 15 Arch Hérault en ligne MI.13/52) ; et de Bédarieux, Rogé Eugénie (fille) 30 ans, couturière, « bonne moralité, égaré »( dossier 2293).

Nous l’avons vu, l’insurrection a souvent été une affaire de famille. La répression a laissé de très nombreuses femmes seules avec enfants à charge et bien souvent dans la misère, comme c’est le cas de l’épouse de Benoit Lesme de Montpellier, menuisier, « elle est enceinte et ils sont dans la misère » (dossier 45). L’article de Marcel Hénaux en 1989 « Les victimes du coup d’État du 2 décembre 1851 dans l’Hérault » a décrit leurs situations et l’émoi provoqué dans le département. Certaines femmes ont demandé et obtenu de rejoindre leur mari sur leurs lieux de déportation en Algérie ; ce pourrait être le cas de celle de Pierre Chavernac, dit le Rouge de Bédarieux (dossier 2473), le couple est décédé en 1880 et un des enfants demeure lors de la demande de pension à « L’Agha, province d’Alger (Algérie) ».

D’autres se sont suicidées ou sont devenues folles, comme la femme de Pierre Albert ; sa lettre de demande de pension du 25/12/1882 ratifiée par le maire de Bessan indique : « sa femme est devenue folle, un enfant chétif, un autre est mort ». Les pensions attribuées l’ont bien souvent été soit aux seuls enfants survivants, soit aux veuves des proscrits.

Leurs histoires offrent encore un champ à la recherche à partir d’une relecture des dossiers et des lettres de demande de pension. L’histoire de leurs enfants serait aussi à écrire, comme ceux du Biterrois François Jalabert (dossier 1914) né à Béziers le 16/05/1806, décédé le 18/12/65 à Béziers, ancien instituteur révoqué, veuf, 3 enfants, son épouse est décédée en 1846 ; écroué le 5 mars 1852, transféré à Montpellier le 17, il est renvoyé devant le conseil de guerre ; gracié, il est transporté à Cayenne (A.N. F15/4038 dossiers n° 30 et 46 ; voir aussi F15/4030 dossier n° 150) jusqu’en 1862. De ses trois enfants un fils a survécu Firmin Etienne Camille – à Bordeaux (Gironde) auquel est allouée en 1882 une pension de 800F (N° 1193) -mais celui-ci, capitaine au long cours, est porté disparu en mer depuis 1873. Le Maire de Béziers certifie que la veuve de Firmin Jalabert est digne de toucher la pension…

Conclusion

Parmi les prévenus de l’arrondissement de Béziers désignées pour la déportation « quelques femmes accusées d’avoir fait partie des bandes armées. »
Fig. 10 - Parmi les prévenus de l’arrondissement de Béziers désignées pour la déportation « quelques femmes accusées d’avoir fait partie des bandes armées. » (Messager du Midi, 29 janvier 1852)
(Coll. Médiathèque de Montpellier, MEMONUM, Presse ancienne)

La déportation des femmes suite au coup d’état de 1851 a été personnalisée par la journaliste socialiste et féministe Pauline Roland, grâce à qui des informations ont pu parvenir à leurs contemporains. Victor Hugo les a saluées de Jersey dans un discours repris dans Les Chatiments. Cette répression a touché des femmes du Midi, journalières sans instruction qui ne parlaient pour la plupart que l’occitan. Nous avons pu avec cette étude mesurer l’implication de femmes et de filles du Midi dans l’opposition au coup d’état. Elles ont été présentes par leurs actions, prenant part les armes à la main (Fig. 10), à l’insurrection ou ont manifesté de diverses façons leur attachement à la République Sociale. Certaines étaient déjà des militantes ou peuvent être considérées comme telles lors de ces journées. En effet des femmes, mères de famille, ont été condamnées à la déportation alors que leurs maris ne furent pas inquiétés, telles Joséphine Bras-Pratviel Montpellier, MEMONUM, Presse ancienne) de Napoléon III comme faisant partie des Sociétés secrètes.

D’autre part ne peut-on pas considérer les journalières de l’Hérault 133 comme un prolétariat féminin à l’instar de celui du Var 134, tant par leur nombre dans le travail de la vigne, que par la nature de ce dernier qui nécessitait l’intervention dans le même ouvrage des femmes et des hommes 135 et permettait des discussions auxquelles hommes et femmes pouvaient participer. Ne retrouve-t-on pas également un tel prolétariat à Limoges dans les ateliers de porcelaine ?

Comme l’avait déjà montré Maurice Agulhon à propos de l’insurrection du Var, cette présence des femmes signe un engagement dès 1848, influencée par les idées des « socialistes [qui] tendaient presque aussi nécessairement au féminisme que les féministes tendaient au socialisme. » 136 De plus on peut difficilement mesurer l’influence des idées de Flora Tristan lors de son Tour de France en 1844 dans le Midi, ou celle des dissidentes saint-simoniennes.

Il nous semble donc que la déportation politique pour la première fois de femmes du peuple en 1851, trop souvent minimisée, marque un moment important de la lutte – même si elle restera cent ans inaccomplie – pour la conquête de la citoyenneté grâce à leur accession à la « liberté d’agir » en particulier dans l’Hérault.

Sauver ce moment de l’histoire des femmes et du peuple, n’est-ce pas participer à l’Histoire « par en bas » selon l’expression de l’historien britannique E.P. Thompson ? 137

Liste alphabétique des poursuivis de Décembre 1851 : Anduze, femme Anne Andrieu, condamnation : surveillance
Fig. 11 - Liste alphabétique des poursuivis de Décembre 1851 : Anduze, femme Anne Andrieu, condamnation : surveillance ;
or il semble bien d’après les autres documents qu’elle ait été transportée (Arch. dép. Hérault 1M68).

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Tristan, Flora, Le tour de France, journal inédit 1843-1844, Paris, Ed. Tête de Feuilles, 1973.

Tristan, Flora, La paria et son rêve, correspondance établie par Stéphane Michaud, Fontenay-Saint-Cloud, ENS Éditions, 1995.

Zancarini-Fournel, Michelle, Les Luttes et les rêves, une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Lisieux, Zones, 2016.

NOTES

1. La base de donnée réalisée par Jean-Claude Farcy pour le Centre Georges Chevrier de l’Université de Bourgogne donne le nombre de 24 770 hommes (Poursuivis à la suite du coup d’état de 1851 sur :
http://tristan.u-bourgogne.fr/Inculpes/WEB/1851_Index.html), tandis que Michelle Zancarini-Fournel dans Les Luttes et les rêves, une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Lisieux, Zones, 2016, page 335, donne un total de 19464 condamnés par les commissions mixtes.

2. Sagnes, 1982 : 35.

3. Marcel Hénaux, « Les victimes du coup d’État du 2 décembre 1851 dans l’Hérault » p. 165-176, Études Héraultaises, 1989-1990, p. 170.

4. Les Victimes du coup d’état de 1851, document réalisé en 2005, Archives départementales de l’Hérault (AD34), par Jean-Claude Richard, Andrée Piacère, avec la participation de Christiane Clergue et Jeanine Rodriguez pour les recherches aux Arch. nat. et dép., Jean Piacère, synthèse des documents utilisés dans la bibliographie et relecture du document et Olivier Rodriguez pour la saisie et traitement informatique, conception de la maquette et tirage original.

5. Centre Chevrier, Farcy J.-Claude & Fry Rosine :
http://tristan.u-bourgogne.fr/Inculpes/WEB/1851_Index.html 2013 (Consulté Janvier-Février 2016).

6. Voir Sylvie Aprile et Raymond Huard, « Le coup d’État du 2 décembre 1851. Bibliographie », Revue d’Histoire du XIXe siècle [en Ligne] 22 I 2001, mis en ligne le 4 septembre 2008, URL : https://journals.openedition.org/rh19/252 (consulté le 1er octobre 2015).

7. Rolland, Jean, Maire de Montblanc, Officier d’Académie, Membre de la Commission des Transportés politiques de l’Hérault publiera en 1883 la liste alphabétique des pensionnés de l’Hérault comme victimes du coup d’État du 2 décembre 1851 ; Ribeyrolles, Charles, Les bagnes d’Afrique sortent en 1853 ; Victor Hugo écrit Les Châtiments ; M Villemagne sur St. Thibéry en 1903, Jean-Pierre Singla qui écrit dans un français très occitan en 1883…

8. « …hors des recherches parcellaires dont ils ont été l’objet, les esclaves, les colonisés, les femmes, les travailleurs n’ont jamais pu accéder au statut de sujets de l’histoire qui se pense et se déploie depuis le siècle des lumières, au temps où le devenir de la liberté semblait irréversible. » Riot-Sarcey, Michèle, Le procès de la liberté, une histoire souterraine du XIXe siècle en France, La Découverte, 2016, p. 8.

9. Cité par Riot-Sarcey, 2016, p. 10.

10. Darrieux : http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2007/darrieux_e#p=0&a=top, p. 9 (Consulté en 2016.)

11. « Contrairement aux idées reçues, la révolution de 1848 ne fut pas le fait du seul peuple parisien… » Zancarini-Fournel Les luttes et les rêves, une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Lonrai, Zones, 2016, p. 293.

12. Voir Mayraud, Jean-Luc, Direct, Société d’histoire de la révolution et des révolutions du XIXe siècle, 1848, Cachan, Creaphis, 2002.

13. Sagnes, Jean, Le Midi rouge, mythe et réalité, Anthropos, 1982, p. 28.

14. Dont sont exclus un certain nombre de communes où l’opposition au coup d’état a été forte. Voir le Messager du Midi du Décembre du 20 décembre 1851.

15. Sagnes, Jean, « Le coup d’état dans l’Hérault, par Blayac, tailleur à Mèze », Bulletin de la Société scientifique de Sète et sa région n°12-13, Montpellier, Imp. du Progrès, 1983, p. 169-181.

16. Bremont, Alphonse, Histoire du coup d’État dans le département de la Haute-Garonne (1851-1852), Hébrail, Durand & Cie, Toulouse, 1870 :107, (consulté sur Gallica.fr, fèv 2014).

17. Ancienne ouvrière devenue institutrice puis journaliste, Riot-Sarcey 2015 : 53.

18. Centre Chevrier, Farcy Jean-Claude & Fry Rosine : (Consulté Janvier-Février 2016).

19. Algérie Plus : « résidence forcée » dans un fort ou dans un camp ; Algérie moins : « résidence libre ».

20. Orthographe des documents.

21. Sagnes, 1983 : 173.

22. Émerit, Marcel donne dans son ouvrage (1945 : note 1) d’après le registre d’écrou du Bon Pasteur leurs noms orthographiés ainsi : Paliès veuve Puis de Pézenas ; Anne Singla Veuve Commescure ; Mme Majureau Aubergiste à Bédarieux. Des interprètes sont requis lors des Conseils de Guerre pour traduire du « patois. »

23. Comme l’écrit Éric Darrieux : « Ainsi, ceux qui avaient laissé une trace dans les papiers d’un juge d’instruction ou les registres d’écrou d’une prison avaient « le privilège » de sortir de l’ombre alors que la grande masse des anonymes disparaissait dans les coulisses de l’histoire. » (Darrieux, 2007 : p. 13-14).

24. Nous avons complété nos recherches dans le dossier d’indemnisation de 1882 : 1M1068 Arch. dépt. de l’Hérault.

25. Hugo, Victor, Les Chatiments, Genève et New-Yorck, 1853.

26. Leurs noms sont en gras dans la citation : « Pauline Roland en Afrique, Louise Julien à Jersey, Francesca Maderspach a Temeswar, Blanca Téléki à Pesth, tant d’autres, Rosalie Gobert, Eugénie Guillemot, Augustine Péan, Blanche Clouart, Josephine Prabeil, Elisabeth Par-lès, Marie Revel, Claudine Hibruit, Anne Sangla, veuve Combescure, Armantine Huet, et tant d’autres encore, sœurs, mères, filles, épouses […] toutes ont été des héroïnes, plusieurs ont été des héros ! » Hugo, Victor, 1853, p. 384.

27. Hénaux 1989, p. 173, AD34, 39M196.

28. AD34, 1 M 73.

29. Robert, Adolphe, Statistiques pour servir à l’histoire du 2 décembre 1851, Paris et les départements, 1869, L’Hérault, Paris, Librairie de la Renaissance 1869 :11.

30. La date du 5 mai correspond à l’attestation du Gardien Chef de la prison de Béziers en 1881, or Hénaux, Marcel, « Les victimes du coup d’État du 2 décembre 1851 dans l’Hérault » p. 165-176, Études Héraultaises, 1989-1990 p. 169, donne comme date du dernier convoi de l’Éclaireur le 26 avril. De Cette : « Il dirige sur Bône 158 condamnés des prisons de Brescou, Béziers, Pézenas, Saint-Pons et Bédarieux. ». ADH39 M143.

31. Cité par Darrieux 2007 p. 9 : Maurice Agulhon, « Appendice. Statistique de la répression de l’insurrection de décembre 1851 » Arch. nat. BB30 424, dans 1848 ou l’apprentissage de la république, Seuil, Histoire, 1973, p. 236.

32. Journal de Toulouse, 20 mai 1852.

33. Gardi Romain, Pour une relecture de Décembre 1851 en Vaucluse : le cas de l’arrondissement d’Apt, Mémoire de Master, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse UFR Lettres, Année universitaire 2007-2008 www.1851.fr/auteurs:163.

34. Je remercie Philippe Martel de m’avoir communiqué ces pages.

35. Agulhon, Maurice, La république au village, les populations du var de la révolution à la IIe République, Le Seuil, Paris, 1970 : 459.

36. Agulhon, 1970 : 463.

37. Tristan, Flora (1803-1844), Le tour de France, journal inédit 1843-1844 Paris 1980.

38. Les majuscules sont dans le fascicule.

39. Michaud, Stéphane, Flora Tristan, la paria et son rêve : correspondance établie par, Fontenay – Saint-Cloud, E. N. S. Éditions, 1995, 302 p. Il cite Jules Vitou à Montpellier.

40. Voir Adler, Laure, À l’aube du féminisme, les premières journalistes (1830-1850), Payot, Paris 1979.

41. Huard, Raymond : « Structures du militantisme en Languedoc au XIXe siècle le quarante-huitard Eugene Relin (1807-1878) » ; Études sur Pézenas et l’Hérault, XII, 1981, 2 ; p. 43-54 ; p. 47.

42. Idem Raymond Huard que je remercie pour sa lecture d’un premier jet de ce travail.

43. Lettre du Commissaire spécial de Bessan au préfet, Arch. Départ. Hérault 1 M 936.

44. Nous retrouvons celui-ci sur la liste des proscrits en 1882 : il est à Paris : COSTE, Henry (33 ans), ébéniste demeurant à Bessan ; Décision de la commission supérieure : la transportation en Algérie (plus) ; Très mauvaise moralité, très dangereux, exalté, instigateur de désordre ; Insurrection locale, désarmement de la bourgeoisie, société secrète.Contumax.ne figure pas sur la liste des transportés. Pension : attribuée à lui-même – Paris (Seine) – 900F – (N°2004).

45. Commissaire spécial de Castelnau le 19 décembre 1851, Arch. Départ. Hérault 1M 936.

46. Darrieux, 2007 : 172.

47. Lettre du Commissaire de police de Cette au Préfet le 11 Décembre 1851 Arch Départ Hérault 1M 936.

48. Chéron de Villiers, 1869.

49. Chéron de Villiers, 1869 : 22.

50. Nous ne pouvons malheureusement donner ici la totalité de l’étude que nous avons réalisée.

51. Cependant le témoignage de Pauline Roland nous interroge : y a-t-il eu une varoise à El Biar ? Pour notre part nous n’en avons pas trouvée.

52. Le site Alger-Roi,
(http://www.alger-roi.fr/Alger/colonisation/textes/deportees_gamt69.htm) (consulté en 2006) qui donne la liste des femmes du Midi présentes à El Biar parle d’un transport par L’Éclaireur et Le Grondeur, tout comme Marcel Émerit dans Pauline Roland et les déportées d’Afrique, Alger, Éditions de l’Empire, 1945. Le dossier de Joséphine Pratviel donne la date du 8 mai 1851 à bord de l’Éclair. Il semble qu’il y ait là une erreur, l’Èclair ne faisant apparemment pas partie des navires ayant transporté les proscrits à partir de Sète.

53. Fort établi sur une petite île au large de la côte aujourd’hui du Cap d’Agde.

54. Voir : https://www.ffap.net/Revue/LPF_642/LPF_642_camps_travail_Algerie.pdf.

55. Claude Lamboley dans sa conférence « Une colonie Franc-Comtoise en Algérie au XXe Siècle » note : « Parmi ces derniers, il y avait une femme, Marie Delmas, épouse Cros. (Archives du couvent du Bon Pasteur d’El-Biar selon M. Delaye in Revue de Généalogie Algérie-Maroc-Tunisie n° 69, 2000/1) » ; http://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/LAMBOLEY2011.pdf.

56. Émerit, 1945 : 14.

57. Mazenc, F, Coup d’État du 2 décembre 1851 dans l’Aveyron, Albi, imprimerie Nouguies, 1872, sur Gallica.fr p. 67.

58. Registres de la Commission mixte de l’Hérault (Arch. Nat BB (30) / 401) – 1er registre : n° 1 à 212 séances des 5-6-7 février 1852 – 2ème : N°213 à 1064, 12 séances du 10 février au 1er mars 1852 – 3ème registre : n°1065 à 1586 séances des 5 et 8 mars 1852 ; 4ème registre : N : 1587 à 2140 séances des 10-12 et 15 mars 1852 – 5ème registre : n°2141 à 2665 – 11 séances du 19 mars au 10 avril 1852. Chacun de ces registres se termine par les signatures des trois membres de la Commission : le Préfet de l’Hérault : Durand St Amand ; le Général de Rostolan ; le Procureur général : De Maury ou son intérim ; le 1er avocat général : Louis Dufour. Fin des travaux de la Commission le 10 avril 1852 par décret du 29 mars 1852.

59. La seconde n’aurait pas été poursuivie.

60. Hénaux, op. cité p. 169, voir également figure 10.

61. « En 1852, le frère du préfet de l’Hérault, Durand Saint-Amand, est capitaine de frégate sur l’aviso à vapeur « Le Dauphin » de la Compagnie de transport maritime « André & Abeille » ». Hénaux, op. cité p. 169.

62. La Congrégation du Bon Pasteur d’Angers gère 2 établissements en Algérie depuis le début des années 1840, à El Biar, près d’Alger, et à Misserghin près d’Oran en 1851. Ce sont officiellement des pensionnats de jeunes filles.

63. Èmerit, 1945 : 1-4.

64. Ibid.

65. Ribeyrolles, Charles, Les bagnes d’Afrique, Londres, 1853, sur Gallica.fr : Chap. VIII : 191.

66. Émerit, 1945 : 55.

67. Émerit, 1945 : 23.

68. Site Alger-roi.net : femmes déportées, consulté en 2003.

69. Acte n°36 Arch. dép. Hérault en ligne 5MI14/15.

70. Acte n°20, Arch. Dép. Hérault en ligne 5MI 14/16.

71. Il en va de même pour sa compatriote Marie Cros et sa famille lors de son mariage, elle a 17 ans.

72. Arch. nat. F15/4035 dossier 57, Pension dossier 1082.

73. Ou l’Éclaireur.

74. Acte n° 41 Arch. dép. Hérault en ligne 5 MI57/16.

75. Arch. Nat. F15/4037 dossier n°53 81 F15/4032 dossier n°7.

76. Il ne nous a pas été possible de retrouver des éléments biographiques (actes de naissance et de décès) d’Alexandrine Réveillé. Les indications sont celles de la déportation et de la demande de pension. Le collectif Hérault 1851-2005 met entre parenthèses le prénom de Marie. Une Marie Révéillé née à Béziers correspond à son âge, Réveillé Marie Anne née le 18 avril 1825 acte 135 folio 99 des naissances de Béziers sur Arch. dép. Hérault état civil en ligne.

77. En mars 1852 12 femmes sont incarcérées dans la prison de Béziers (Hénaux, 1989-1990 : 166).

78. Dossier N°533.

79. Site Alger Roi : http://alger-roi.fr/Alger/colonisation/textes/deportees_gamt69.htm (consulté en 2006 et janvier 2017).

80. Souquet, Hippolyte, dossier n°406, 31 ans, né à Béziers, peintre, ex-vitrier, célibataire, demeurant à Béziers. Algérie plus : « mauvaise moralité, exalté, insurrection, bandes armées, société secrète. »

81. D’après l’état civil de Pézenas, acte de naissance, de mariage…

82. Informations données par le Collectif Hérault, la base de l’Université de Bourgogne donne, pour sa part, Béziers comme lieu de naissance et de résidence, il y a semble-t-il une erreur.

83. Décisions de la commission supérieure de l’Hérault, SHD, 7 J 72) ; Grâce accordée par le chef de l’État : Remise le 2 Février 1853 – Archives nationales F/7*/2590.

84. 23 août 1804.

85. Arch. dép. Hérault, 1 M 1070, ms, Liasse P. courrier 1882.

86. Sur sa fiche de la Base de Bourgogne son mentionnés trois enfants, nous ne lui en avons pas trouvé sur l’état civil de Pézenas entre 1830 et 1851, ce qui correspond aux informations du Collectif Hérault.

87. Arch. nat. F/7*/2589 – Dossiers de grâce : Archives nat. BB/22/153 et état civil de Pézenas sur Arch. dép. Hérault en Ligne.

88. Huard, Raymond, La naissance du parti politique en France, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1996 : 74 et 105.

89. Robert (1869) donne pour le Gers une femme limonadière poursuivie sous le nom de Dupont Élisa, absente des bases de données.

90. Inventaire-index des articles BB/22/131/1 à 189 volume 1, tranche alphabétique AC_des AN :
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/BB22%20131-189%20A-C.pdf.

91. Cousteau Yves, « Histoire d’un Auscitain victime du coup d’état du 2 décembre 1851, Jean Duville » p. 68-75, Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Gers, 1973, Gallica.fr : 68.

92. Fiche aimablement transmise par Mme Hmimsa Khalija, Arch. dép. 1851-2005. Gers, cote 1 M 248.

93. Comme en général celles du Gers que nous avons pu consulter en ligne.

94. Notons que les éléments de la fiche de Louise ont été accordés au féminin (née ; limonadière ; détenue), ce qui est exceptionnel.

95. Maurice Agulhon a souligné l’importance de l’existence d’un journal organisateur « Le Démocrate du Var né en avril 1849 pour la campagne électorale législative, et qui devait tenir jusqu’au coup d’État [… représentant les Montagnards ou les Démocrates socialistes] un parti ou plutôt une coalition qui unit les amis radicaux de Ledru Rollin aux amis socialistes de Louis Blanc, Proudhon, et d’autres encore » in Agulhon, Maurice, « La diffusion d’un journal montagnard Le Démocrate du Var sous la Deuxième République » sur
http://provence-historique.mmsh.univ-aix.fr/n/1960/Pages/PH-1960-10-039_03.aspx.

96. Sources Liste générale : Arch. nat. F/7*/2588. Département du Gers. Insurrection de décembre 1851, SHD, 7 J 71.

97. Arexy : Numéro d’ordre : 616 – Numéro dossier : 81 [né à] Auch (Gers) – 35 ans -Célibataire ; Avocat, ex journaliste ; Algérie plus Transporté en Algérie à Mascara, province d’Oran.

98. Une autre femme du Sud-ouest a été transportée en Algérie : Rose Bignalet du Lot-et-Garonne. Condamnée à Algérie plus, elle serait d’après le registre du Bon Pasteur allée rejoindre le camp de travail d’Ain Benian.

99. Dagnan, Le coup d’État et la répression dans le Gers, 1929, cité par Cousteau, 1972 : 70.

100. Clouard, née Mongat, Eugénie ; Gobert, femme Bergerin, Rosalie ; Huet, née Danguy Armantine ; Péan, Augustine.

101. Greppo Jean-Louis, condamné à la déportation à Cayenne a été en définitive expulsé.

102. État de siège de la Nièvre. Commission départementale, (AN. BB/30/399).

103. Émerit, Marcel, Pauline Roland et les déportées d’Afrique, Alger, Éditions de l’Empire, 1945 : 14.

104. 8593 – Numéro dossier : 1185 (Décisions de la commission supérieure de l’Hérault, SHD, 7 J 72).

105. Le nom de Marie ne figure pas sur la liste des transportés de la base de l’université de Bourgogne où ne figurent pratiquement que des pensionnaires du couvent du Bon Pasteur à El Biar, couvent situé sur ces documents soit près d’Alger soit près de Constantine, soit à Bône, destination première de leur transport maritime.

106. Les actes de l’état civil mentionnent pratiquement pour toutes les femmes « sans profession », ou ne mentionnent pas de profession.

107. Il était né le 9 septembre 1821de Mathieu Delmas cultivateur et Gabrielle André, Arch. dép. Hérault, État Civil Bessan en ligne.

108. Hénaux, 1989-1990 : 173.

109. Émerit 1945 : 14.

110. Arch. dép. Hérault : 1M1069 n° 797.

111. Voir le Messager du Midi du 19 avril 1852.

112. Numéro : 920 ; Numéro d’ordre : 17089.

113. Sources Liste générale : Arch. nat. F/7*/2592.

114. Majoureau Jean, Numéro d’ordre : 17090 – Numéro dossier : 899. [né à] Tomazin [?] (Ariège) – 43 ans – marié, Domicile : Bédarieux (Hérault), Profession : aubergiste et boulanger ; Algérie plus. […] Décisions de la commission supérieure de l’Hérault, SHD, 7 J 72. Grâce accordée par le chef de l’État : Expulsion le 12 Août 1854 (Sources Liste générale : Arch. nat. F/7*/2592 – Dossiers de grâce : Arch, nat BB/22/175. Dossier de pension : Arch. nat. F/15/4031).

115. Arch. Hérault Association 1851- 2001, dossier 899.

116. B315556 101_joutou_1852-05-21.pdf.

117. Rude, Fernand, « Mourir à Douera », Le Mouvement Social, n°161, octobre-décembre 1992, p. 7-23, sur https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56210751 :15.

118. Appolis, Émile, « La Résistance au coup d’état du 2 décembre 1851 dans l’Hérault », pp. 487-504, Actes du 77e Congrès des sociétés savantes, Grenoble, 1952 : 498.

119. Voir doc Collectif Hérault 1851-2001.

120. Décisions de la commission supérieure de l’Hérault, SHD, 7 J 72. Arch. nat. F/7*/2588 – Dossiers de grâce : Arch. nat. BB/22/168 ; pension : Arch. nat. F/15/4034.

121. « Le 10 avril 1852 est la date de la 31e et ultime séance de la Commission Mixte de l’Hérault. […]. Les deux Conseils de Guerre de la 10e Division Militaire ont pris la relève pour statuer […] sur les détenus coupables de meurtre ou d’excitation à la guerre civile. » Hénaux 1989-1990 : 165.

122. Hénaux 1989-1990 : 167.

123. Arch. dép. Hérault 1 M 1071.

124. Liste générale : Archives nationales F/7*/2594 – Dossiers de grâce : Archives nationales BB/22/153.

125. Nous n’avons pu retrouver la date de décès de son mari ni la sienne.

126. Arch. nat. F/7/2587.

127. 10 décembre 1804 selon l’acte de mariage.

128. 17 avril 1796.

129. Il n’est pas exclu qu’ils en aient eu d’autres.

130. Marcel Hénaux, 1989-1990 : 169.

131. Acte 176, Arch. Hérault en Ligne, 5MI 22/8. Il existe un autre dossier 1978 au nom de Gervasy Marie Étienne Amédée 33 ans né à Marseillan, propriétaire, un homme qui a été mis sous surveillance. C’est pourquoi nous avons vérifié les naissances au prénom de Marie.

132. Ils ont quatre enfants, lui a été condamné à « Algérie plus » avec remise de peine le 29 janvier 1853.

133. « Les ouvriers de Coursan […] étaient proches d’un prolétariat industriel dont l’atelier aurait été la vigne. » Frader, Laura L, « Paysannerie et syndicalisme révolutionnaire, Les ouvriers viticoles de Coursan (1850-1914) », Cahiers d’histoire de l ‘Institut Maurice Thorez, n°28, 4e Trimestre, Paris, 1978 : 12.

134. Agulhon, 1970, p. 321-322.

135. Bien que le partage du travail ait eu un caractère sexué.

136. Agulhon, 1970, p. 321.

137. Cité par Riot-Sarcey 2015, p. 9 et Zancarini – Fournel, 2016, p. 11.