De L’Avenir agathois à L’Agathois
Une exception à la « table rase » de la presse à la Libération

* Docteur en Sciences de la Communication (Section Histoire) de l’Université Paris II Panthéon –
Assas : Presse et pouvoir de 1944 à 1958.
Contribution à l’histoire de la presse sous la IVe République
, 1993, 1390 p.

Tous les historiens de la presse le savent. Très souvent, les numéros ronds (100e, 500e, 1000e…) ou les numéros anniversaires sont une mine de renseignements pour qui veut étudier un titre. Comme dans une famille, les journaux aiment se pencher sur leur passé, à la fois pour revenir à l’acte fondateur ou aux valeurs qui ont présidé à leur création afin d’évaluer le chemin parcouru et pour garnir la galerie des portraits de ceux qui les ont animés ou qui ont marqué leur histoire. Sur ce point, L’Agathois n’a pas failli à la tradition. En 2007, il a consacré plusieurs pages pour célébrer le 120e anniversaire de sa naissance. Rédigées par Jean-Claude Mothes, elles fournissaient à leurs lecteurs quelques étapes de l’évolution du journal et, surtout, un rappel des événements qui ont marqué la ville d’Agde 1. Le titre choisi pour célébrer cet anniversaire – « Depuis 1887, le témoin de l’identité agathoise » – pourrait laisser penser qu’il voulait apporter aussi une indication précieuse sur l’année de sa création. Cependant, Jacques Kayser, dans un livre essentiel pour tous ceux qui veulent étudier la presse française, reconnaissait qu’il n’était « pas possible de se fier, pour découvrir la date réelle de parution du premier numéro, aux indications qui peuvent figurer à côté du nom du journal » 2. On sait que les journaux ont parfois tendance à reculer la date de leur fondation, en particulier pour des raisons économiques. Un journal qui ne justifie pas de quelques années d’existence et dont on ignore le nombre de lecteurs, a peu de chances d’attirer les annonceurs publicitaires. Sur ce point, Jules Cros, le directeur de L’Agathois, s’est comporté comme bien d’autres avant lui. Invité au lendemain de la Libération à remplir un questionnaire pour obtenir une autorisation de paraître, il fait remonter la date de création de L’Avenir agathois à 1889 3, alors que la date qui figure à la manchette du premier numéro de ce journal est le 18 février 1894 4. Son dernier numéro est daté du 22 septembre 1945 (n° 2889). Il laisse la place la semaine suivante, le 29 septembre, à L’Agathois, en gardant sa numérotation (n° 2890) pour bien marquer la relation entre les deux hebdomadaires (Fig. 1).

L’Agathois succède à L’Avenir agathois mais conserve dans sa manchette les références à son origine
Fig. 1 - L’Agathois succède à L’Avenir agathois mais conserve dans sa manchette les références à son origine (52e année) et continue sa numérotation.

La date du changement de titre pose cependant question au regard de la nouvelle législation sur la presse. Comment se fait-il que ce changement ait été effectué plus d’un an après la libération de la ville où il paraît, alors que la législation sur ce point était d’une extrême sévérité ? En effet, bien avant la fin des hostilités, les conditions de parution de la nouvelle presse destinée à remplacer celle qui avait continué de paraître sous l’Occupation, avaient été rigoureusement codifiées, notamment dans le Cahier bleu, rédigé durant la période clandestine par Pierre-Henri Teitgen, alors secrétaire général provisoire à l’Information, avant de devenir ministre de l’Information à la Libération dans le premier gouvernement du général de Gaulle 5. De l’avis unanime de la Résistance, tout journal qui avait prolongé sa parution durant la guerre était automatiquement disqualifié et accusé de s’être compromis avec les autorités allemandes et celles de Vichy. De ce fait, il devait, selon la célèbre formule de Pierre-Henri Teitgen, « être enfoui à tout jamais dans la fosse commune de nos déshonneurs nationaux ». Ce qui explique la politique de la « table rase » effectuée par les autorités de la Libération et le nombre très réduit des journaux antérieurs à 1939 qui ont pu reparaître dans les différents départements à la fin des hostilités 6.

L’histoire de L’Avenir agathois et de L’Agathois constitue donc une originalité pour Agde et le département de l’Hérault, et c’est l’histoire, assez mouvementée, du passage de témoin entre ces deux titres que nous voulons raconter ici à partir des documents conservés à Paris et à Montpellier, aux Archives Nationales et Départementales 7, sans oublier de confronter ces documents d’archives aux informations contenues dans les colonnes des deux journaux.

La libération du département

À la suite du débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie (opération Torch) le 8 novembre 1942, les Allemands ripostèrent par l’opération Anton en envahissant la zone libre le 11 novembre 1942. Le débarquement allié rendait caduque la convention d’armistice qui avait coupé la France en deux par la ligne de démarcation. Les Allemands entendaient ainsi se prémunir contre une invasion possible du sud de la France par les Alliés. Ils entrèrent à Montpellier le 12 novembre 1942 et à Agde le même jour 8. L’Occupation dura un peu moins de deux ans. Le débarquement allié en Provence, le 15 août 1944, précipita la retraite des troupes ennemies et la région était totalement libérée le 28 août 9. Pour Agde, la libération a eu lieu le 19 août et le journal la célèbre dans ses colonnes à partir du 26. L’événement a eu, pour notre propos, deux conséquences sur le plan départemental : l’arrivée de nouvelles autorités et la naissance d’une nouvelle presse.

De nouvelles autorités

Avant la fin de la guerre, le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), qui avait remplacé le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) le 3 juin 1944, s’était doté de « ministères civils » dont l’objectif principal était d’assurer, parallèlement à la libération militaire du pays, l’installation d’autorités purement françaises, relevant de la seule autorité du général de Gaulle. Mais, dans ce contexte de guerre, il n’était nullement assuré que le gouvernement puisse faire partie de la tête de pont lancée au moment du débarquement et commencer à gérer le pays comme si l’on était en temps de paix.

Il était facile d’imaginer que les Allemands combattraient jusqu’au bout pour empêcher la renaissance des institutions démocratiques dans le pays. Il fallait aussi faire face à l’opposition des Alliés sur ce point. A partir de 1943, les États-Unis avaient commencé à réfléchir à un gouvernement militaire des territoires occupés, l’Allied Military Government of Occupied Territories, qu’ils souhaitaient mettre en place au fur et à mesure de la libération des départements et qui devait occuper le terrain jusqu’à la tenue d’élections libres. C’était évidemment là une perspective dont ne voulait à aucun prix le général de Gaulle qui entendait prendre en mains l’administration de la France dès la libération. Ce point de vue était d’autant mieux partagé par la Résistance intérieure qu’elle avait réfléchi, de son côté, aux modalités de sa mise en œuvre bien avant le débarquement. Tel est le sens du rapport envoyé à Alger le 10 octobre 1943 par Claude Serreules, alors délégué civil pour la Zone Nord. La Résistance estimait en particulier qu’il fallait, avant la fin des hostilités, procéder à la nomination d’administrateurs provisoires qui devaient, le cas échéant, être en mesure de prendre en main la direction des différents ministères dès la Libération. Comme devait le révéler l’un d’entre eux après la guerre, la mission de ces hommes était triple : « Préparer les mesures immédiates qui seront à prendre dès la libération du territoire ; prévoir les changements de personnels administratifs qui s’imposeront ; dégager l’orientation générale du nouveau régime 10 ».

Malgré la difficulté de leurs missions, due non seulement à la situation clandestine dans laquelle ils devaient travailler, mais aussi au refus des chefs des Mouvements de Résistance « d’abdiquer leurs pouvoirs entre les mains de fonctionnaires irresponsables vis-à-vis d’eux et de leurs groupes » 11 ou encore aux arrière-pensées que ces Mouvements nourrissaient pour l’après-Libération, ils réussirent à mener à bien le travail qui leur avait été imparti. Avant la fin de la période clandestine, ils purent désigner les responsables qui devaient prendre en charge chaque région au moment de l’insurrection finale, et leur indiquer la mission pour laquelle ils avaient été désignés. Il s’agissait, d’un côté, des commissaires régionaux de la République ; de l’autre, des commissaires régionaux à l’information dont l’appellation deviendra bien vite les délégués régionaux à l’Information et que Pierre-Henri Teitgen aura le temps de nommer avant son arrestation le 6 juin 1944. Pour la région Languedoc-Roussillon, les deux hommes désignés furent Jacques Bounin au Commissariat de la République et Henri Noguères à la direction de l’Information.

Une nouvelle presse

Les différentes réflexions menées durant la période clandestine au sujet de l’avènement de la nouvelle presse à la fin des hostilités présentent beaucoup de similitude entre elles et s’accordent en général sur trois points : l’interdiction des journaux qui ont continué de paraître durant la guerre, la création des journaux autorisés à voir le jour et l’institution d’un nouveau statut de la presse basé sur les idéaux de la Résistance. A l’approche de la Libération, la réflexion avait quitté le terrain des propositions pour se transformer en textes d’application. La transition entre ces deux étapes a été effectuée par le Cahier bleu qui définit les mesures à prendre immédiatement dans les domaines de l’information, de la presse, de la radio, du cinéma et de la propagande. Approuvées par le Comité Général d’Études (CGE) vers le 20 avril 1944, elles ont été promulguées, pour l’essentiel, à Alger, dans l’ordonnance du 22 juin 1944. Mais celle-ci n’est jamais parvenue en France métropolitaine et c’est donc les instructions du Cahier bleu, que son auteur destinait aux commissaires de la République, aux représentants de l’administration provisoire et aux préfets, qui ont été mises en application dans les différentes régions et départements au fur et mesure de leur libération 12.

Pour chaque catégorie de moyens d’information, ces directives comprenaient un commentaire où le futur ministre de l’Information exposait les motifs des mesures à prendre, et des modèles d’arrêtés qui devaient être pris immédiatement au moment de la Libération. Selon leur auteur, le développement et la précision de ces textes avaient pour objectif de « simplifier la tâche écrasante qui incomberait aux commissaires de la République et d’aboutir à une application uniforme dans les régions et les départements libérés » 13. Pour la presse, ces arrêtés sont au nombre de quatre et portent sur la suspension des journaux compromis, l’organisation et l’administration provisoire des journaux suspendus, le régime de suspension et d’administration provisoire, l’attribution de la carte d’identité professionnelle pour les journalistes. Selon le texte, l’interdiction immédiate de paraître était prévue dans la zone sud « pour les journaux et périodiques qui, existant le 25 juin 1940, ont continué de paraître plus de quinze jours après le 11 novembre 1942 », soit donc après le 26 novembre 1942.

Dans le département de l’Hérault, treize titres étaient concernés par cette mesure : trois quotidiens et dix publications périodiques 14. Leur disparition entre le 26 juillet et décembre 1944 fait apparaître quelques irrégularités par rapport aux directives du Cahier bleu. Celles-ci stipulaient que l’arrêté de suspension des journaux ayant paru sous l’Occupation devait être pris par le Commissaire de la République immédiatement, dès son installation15. Pour la région Languedoc-Roussillon, cet arrêté n’a été pris que le 31 août 1944 16. Entre son installation à la préfecture de Montpellier le 22 août et la publication de cet arrêté et pendant l’intérim de Georges Sadoul à la direction de l’Information, un quotidien éphémère avait été lancé le 21 août, L’Information du Languedoc, qui a cessé de paraître le 26 août. Les deux quotidiens montpelliérains, L’Éclair et Le Petit Méridional, ont vu leurs biens mis sous séquestre avant d’être réquisitionnés au profit des deux nouveaux titres, Midi libre et La Voix de la Patrie, qui ont commencé à paraître le 27 août. L’Ordonnance du 30 septembre 1944, en son article premier, confirma l’interdiction de tous ces titres qui avaient continué de paraître plus de 15 jours après le 11 novembre 1942. Dans son Article 2, la même ordonnance stipulait que l’interdiction était maintenue jusqu’au jugement ou la décision de classement sur les poursuites intentées. A défaut de poursuites, l’interdiction prenait fin à l’expiration d’un délai de six mois, soit, au plus tôt, à partir 30 mars 1945. Ces dernières mesures ont été durcies par l’ordonnance du 17 février 1945 qui a interdit définitivement l’usage des titres suspendus en application de l’ordonnance du 30 septembre. Pour l’hebdomadaire agathois, son avenir passait donc par un changement de titre, s’il voulait continuer à paraître.

Un journal créé à la fin du 19e siècle

Nous avons évoqué plus haut certaines incohérences sur la fondation du journal entre ce qu’il affirme dans son numéro anniversaire de 2007 et la date du premier numéro que chacun peut vérifier sur une collection. En réalité, L’Avenir agathois aurait pu remonter plus haut encore dans le temps puisqu’une feuille portant le même titre, sous-titrée « journal hebdomadaire, littéraire, scientifique, maritime et commercial » et imprimée à Lodève, a été publiée à Agde à partir du 15 août 1869 (n° 5). Elle succédait au Chardon qui a publié quatre numéros entre le 11 juillet et le 1er août 1869. La disparition de cette édition de L’Avenir agathois le 16 juillet 1870 reste cependant incertaine, à moins qu’elle ne soit liée au décès du père du directeur, Émile Courbière, mentionnée dans le numéro précédent.

Dix-sept ans plus tard, un imprimeur sétois, Frédéric Combes, se porta acquéreur de l’affaire d’un graveur lithographe agathois, Aimé Rouquier, et commença à faire paraître à partir du 24 juillet 1887 un nouvel hebdomadaire, Le Petit agathois, « organe des intérêts de la région paraissant le dimanche ». « Notre journal – écrit-il dans le premier éditorial à l’adresse de ses concitoyens –, sera une feuille absolument locale, laissant de côté la politique pour ne s’occuper que de l’intérêt de notre chère cité ». Et il ajoute : « Le Petit agathois sera une tribune publique où chacun pourra émettre ses idées […]. Nous ne sommes pas un journal de parti pris, mais une feuille locale, un journal d’Agde, n’ayant qu’un but : celui de travailler à l’agrandissement, à l’amélioration de notre ville ». Malgré des débuts assez difficiles, le nouveau titre réussit néanmoins à s’implanter et à se développer. Mais, selon Jean-Claude Mothes, l’ouverture de ses colonnes à tous ceux qui le voulaient allait bientôt causer sa perte 17. La virulence de certains articles et les polémiques qu’ils engendraient étaient devenues telles que son propriétaire fut obligé d’interrompre la parution de son journal en janvier 1894, avant de créer un autre titre, L’Avenir agathois, qui a vu le jour le 18 février suivant. Visiblement, son propriétaire avait tiré les conséquences de ce qui avait provoqué l’arrêt de son ancien journal. « Nous éviterons, avec le plus grand soin, écrit-il dans une adresse à ses lecteurs publiée dans ce premier numéro, de commettre les fautes grossières qui ont provoqué la chute de la feuille défunte. » Il se voulut également proche du monde agricole en manifestant son intention d’accueillir dans les colonnes du journal « tous les articles qui traiteront de l’agriculture et, surtout, de la vigne et des vins ».

Frédéric Combes en assura la direction pendant quatre ans, avant de céder son affaire en janvier 1898 à Jean-Louis Dumazer, originaire de Nîmes. Mais celui-ci mourut assez rapidement, le 19 août 1899. Son épouse conserva l’entreprise pendant quatorze mois, puis la vendit en octobre 1900 à Alban Ravery 18 qui la céda à son tour à Jules Cros, en janvier 1914. À la suite de la mobilisation de ce dernier, son épouse, avec l’aide de quelques anciens ouvriers, continua à faire paraître le journal jusqu’au printemps 1915. Il reprit sa parution à la fin de la guerre en 1919 19 et fut proche, durant l’entre-deux guerres, du maire socialiste, Jean Félix, qui y écrivit régulièrement et qui entama, à partir de 1919, une carrière d’élu socialiste comme parlementaire, maire d’Agde et conseiller général du canton de Capestang 20. Il s’attacha aussi la collaboration de Mario Roustan, sénateur de l’Hérault de 1920 à 1940 et plusieurs fois ministre entre 1926 et 1936 21.

La fin de l’occupation de la ville d’Agde par les Allemands en 1944 n’apporta aucune modification à l’aspect extérieur de L’Avenir agathois. Le journal continua de paraître sous le même titre, avec le même sous-titre, « journal républicain hebdomadaire », la même mise en pages où les articles étaient répartis sur deux pages divisées dans le sens de la hauteur en cinq colonnes d’informations diverses séparées par des filets. Seul le contenu changea d’un numéro à l’autre. Celui qui précède la libération est un numéro avec ses chroniques ordinaires du moment : un article de fond sur l’indépendance du syndicalisme, une chronique des évacués, les informations de la mairie dictées par la situation, des articles sur les loisirs (sport et cinéma), le carnet, les annonces légales et un placard publicitaire. En revanche, le numéro suivant, daté du 26 août, rend compte de la victoire sur la totalité de sa première page. Dans l’éditorial, Louis Vallière, qui signera régulièrement par la suite un article à la même place, célèbre l’événement en s’adressant directement aux habitants de la ville : « La LIBERTE nous est rendue […]. Nous gardions au cœur, intacte, notre foi en la France. Aujourd’hui, après quatre ans de honte, dont deux ans d’oppression, les grandes heures sont arrivées. Tel un prisonnier transporté de son cachot sur les hautes cimes, il semble que nous enivre un air plus pur, plus léger. Durant ces quatre années, nous n’avons jamais cru à la défaite. Jamais nous n’avons cédé le trottoir à l’occupant… ». Dans le même temps, les autres articles rendaient compte du retour à une vie quotidienne libre et faisaient ainsi de l’hebdomadaire le témoin privilégié et irremplaçable des activités dans la cité, non seulement pour informer sur les conséquences de la guerre (retour des évacués, évocation des disparus 22, etc.), mais aussi pour réparer les dégâts de l’occupation (décisions du Comité local de libération, constitution de stocks de matières premières, reconstruction des bâtiments endommagés par la guerre ou détruits par les Allemands au moment de leur départ, etc.) ou simplement signaler les conditions de vie normales d’une population qui a retrouvé le bonheur des activités quotidiennes en temps de paix (vendange, rentrée des classes, manifestations religieuses, loisirs, vie sportive, naissances, mariages et décès, reprise des activités économiques à travers les petites annonces, etc.)

Pendant que la vie reprenait son cours normal dans la cité agathoise, les nouvelles autorités mises en place à la Libération par le gouvernement de la République se préoccupaient aussi du rétablissement des activités relevant de leurs compétences. Pour la presse, nous avons mentionné plus haut quelques décisions prises immédiatement pour interdire les quotidiens qui avaient continué de paraître sous l’Occupation, leur remplacement par deux autres titres et la publication par le commissaire de la République de l’arrêté du 30 août qui devait permettre à chacun d’être informé du cadre légal auquel les autres publications du département étaient invitées à se conformer.

Une autorisation de paraître obligatoire

On imagine mal aujourd’hui les contraintes auxquelles ont dû se soumettre les directeurs de journaux pour créer un journal, pour relancer un titre s’il avait interrompu sa parution ou encore pour continuer à le faire paraître, comme c’était le cas pour Jules Cros. Il leur fallait d’abord et obligatoirement avoir reçu l’autorisation des autorités en place. Cette autorisation préalable, déjà préparée durant la période clandestine, se justifiait, selon le gouvernement, par le souci de donner aux différents partis et familles spirituelles une égale faculté de s’exprimer en dépit de la pénurie du papier journal à la fin de la guerre. Mais, selon ses détracteurs, elle était surtout un moyen facile pour le nouveau pouvoir de dessiner à sa guise le visage de la presse dans les différents départements. Dans l’histoire de la presse de la Libération, son octroi est passé par deux phases biens précises, jusqu’à sa suppression par la loi du 28 février 1947 : la période insurrectionnelle, immédiatement après la libération d’une ville ou d’un département, où la décision pour l’accorder était décentralisée dans les régions et donnée par chaque commissaire de la République, en lien avec le directeur régional de l’Information, et, dans un deuxième temps, après l’arrivée du gouvernement à Paris, en provenance d’Alger, par le ministre de l’Information.

Les commissariats de la République ont été créés par l’ordonnance du 10 janvier 1944, mais le texte de cette ordonnance n’a été publié que le jour du débarquement des troupes alliées en Normandie, le 6 juin 1944 23, pour ne pas « ranimer des querelles vives sur l’esprit de dictature du Comité Français de Libération Nationale et sur les ambitions boulangistes de son président » 24. Sa publication a toutefois été amputée de l’exposé des motifs qui restait inconnu jusqu’à ce que Charles-Louis Foulon le trouve, avec les dernières corrections apportées par le général de Gaulle, dans les papiers personnels d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, commissaire à l’Intérieur depuis novembre 1943 au Comité Français de Libération Nationale. Il indique les responsabilités exceptionnelles confiées aux commissaires de la République durant les premières semaines qui ont suivi la Libération 25.

Une illustration de ces pouvoirs exceptionnels au niveau de la presse se trouve dans l’arrêté du 31 août 1944. Après avoir précisé dans l’article 7 les caractéristiques des journaux autorisés à paraître selon les directives du Cahier bleu26 et couraient le risque d’être poursuivies au regard de l’Article 15 de l’ordonnance du 30 septembre 1944 que le gouvernement venait de publier et qui précisait : « Sont punies d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 10 000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement, toute publication d’un journal ou écrit périodique suspendu ou qui n’aurait pas obtenu l’autorisation de paraître… »

Vers une interdiction du journal

Si le gouvernement avait accordé des pouvoirs exceptionnels à ses représentants en province durant les premières semaines qui ont suivi la Libération, il ne tarda pas à les reprendre. Le conseil des ministres du 11 octobre 1944 estima que, désormais, les communications étaient plus faciles entre Paris et la province, et chaque ministère reprit tout ce qui était de son ressort. Concernant la presse, le ministère de l’Information rappela le même jour à tous les commissaires de la République qu’à l’avenir la décision d’accorder aux journaux l’autorisation de paraître ou de la refuser revenait désormais au ministre.

Malgré les difficultés de communication à la fin de la guerre, même à l’intérieur du département de l’Hérault, on peut penser que Jules Cros a eu connaissance de l’arrêté que Jacques Bounin avait publié le 31 août. Le 10 octobre 1944, il s’était adressé au comité régional de la presse pour solliciter l’autorisation de continuer à faire paraître son journal. Dans sa démarche, il était soutenu par le Comité de libération d’Agde. Celui-ci avait ajouté au bas de sa demande qu’il se portait garant de la loyauté de M. Cros « qui a toujours fait l’impossible pour éliminer de son journal les articles vichyssois. Il a été l’un des premiers à Agde à adhérer à un mouvement de résistance, Combat 27, lui rendant d’énormes services ». Ce comité régional de presse dont la compétence s’étendait aux cinq départements du Languedoc-Roussillon et à l’Aveyron, avait été également institué par un décret de Jacques Bounin, en date du 27 septembre 1944 28. La création de ces comités dans chaque région était stipulée par l’Article 3 de l’ordonnance du 22 juin 1944 et, durant la période insurrectionnelle, il leur appartenait, en lien avec les pouvoirs régionaux, d’autoriser la publication des quotidiens et des périodiques (article 4, § 1). Ils devinrent ensuite des organes essentiellement consultatifs dont la fonction était « de fournir tous avis et renseignements utiles au commissaire à l’Information en matière de presse » (article 4, § 2). Pour la région Languedoc, il était constitué comme suit : Représentant le ministre de l’Information, président : Henri Noguères ; Représentant le ministre de l’Information, secrétaire : Maurice Benguigui (Blanchard dans la clandestinité) ; Représentants des comités de libération intéressés : Émile Bouvier, Montpellier, Mouvement de Libération Nationale ; Louis Duguet, Nîmes, parti communiste ; François Laffont, Montpellier, parti socialiste ; Louis Mardon, Montpellier, Front National ; Représentants des journalistes : Emmanuel Gambardella, Montpellier, Midi libre ; Pierre Montcouquiol, Montpellier, La Voix de la Patrie ; Ernest de Varennes, Montpellier, Midi libre.

Le 18 octobre 1944, pour lui permettre d’examiner sa demande, le comité régional adressa à Jules Cros un questionnaire à remplir où l’on découvre certaines caractéristiques du journal que son propriétaire voulait publier, en particulier le format (28 x 45), le tirage envisagé (5 000 exemplaires), le poids de papier utilisé pour la sortie de chaque numéro (90 kgs), le procédé employé pour son tirage (tirage à plat), ainsi que le souhait d’être retenu par le préfet pour publier les annonces légales et judiciaires, source non négligeable pour tous les journaux au tirage modeste. Pendant que le dossier était examiné à Montpellier, le ministère de l’Information fit savoir au commissaire de la République, le 17 novembre 1944, qu’aucun journal ne pouvait paraître sans l’autorisation du ministre et qu’en conséquence les numéros publiés sans autorisation devaient être immédiatement saisis. Grâce aux interventions répétées du président du comité local de libération, L’Avenir agathois put cependant continuer à paraître normalement. Ce n’est que le 14 mars 1945 que M. Bounin alerta les différents préfets de sa région pour leur annoncer qu’il venait d’écrire à tous les journaux qui n’avaient pas reçu l’autorisation nécessaire d’avoir à cesser immédiatement leur parution et qu’en cas de refus, il les ferait saisir. La nouvelle fut portée à la connaissance des lecteurs de L’Avenir agathois dans le numéro du 24 mars 1945 et suscita aussitôt une série de protestations venant de tous les milieux politiques.

Une solidarité sans faille des milieux politiques agathois

Dès qu’il eut connaissance de la nouvelle de l’interruption possible du journal, François Roger, secrétaire de la section socialiste d’Agde, clama son indignation le 22 mars 1945 dans un communiqué, en rappelant le passé résistant de son directeur : « Cette interdiction de paraître qui a été signifiée à M. Cros ne se justifie en aucune façon et elle nous paraît d’autant plus intolérable qu’elle frappe un résistant de la première heure. M. le Commissaire de la République qui, paraît-il, a été lui aussi un résistant, n’est pas sans savoir qu’en 1940, nous n’étions pas tellement nombreux à espérer et à aider, chacun dans la mesure de nos moyens, à la défaite du Boche. A seule fin qu’il n’en ignore, nous lui disons que notre ami Cros a été un de ceux-là. »

Deux jours plus tard, il revint à la charge en faisant suivre l’éditorial où le journal annonçait l’interruption de sa parution d’une nouvelle protestation sous le titre « Liberté, liberté chérie… » : « Nous avons appris avec stupeur, écrit-il, que L’Avenir agathois pourrait être mis dans l’obligation de ne plus paraître. Aucune raison n’est invoquée pour justifier cette mesure. Notre étonnement est d’autant plus grand que M. Cros, propriétaire gérant, s’est acquis des titres indiscutables dans la Résistance. De plus, il gère son journal avec une impartialité digne d’éloges ».

De son côté, le président du comité local du Front National, qui affirme être intervenu plusieurs fois en octobre et en novembre 1944 auprès des autorités afin de conserver au journal le droit de paraître et qui se portait également garant des qualités de résistant de son directeur, demanda aussi au président du Comité local de Libération d’intervenir auprès du commissaire de la République « afin que des atteintes aussi scandaleuses à la liberté de la presse ne se reproduisent pas et que L’Avenir agathois reprenne sa place, immédiatement, dans le combat que mènent les journaux libres dont les directeurs ont œuvré pour la libération du pays ». Pour sa part, Louis Reboul, président du groupe radical-socialiste d’Agde, dit son espoir que le commissaire de la République voudra reconsidérer la question et ajoute que « la feuille locale est lue dans chaque famille où elle apporte hebdomadairement les notes et renseignements indispensables à la vie de la cité. De plus, plaidait-il, à la veille d’une consultation électorale, M. Cros, avec sa bienveillante impartialité, permet aux partis ou mouvements n’ayant pas leur propre presse de pouvoir s’exprimer librement : ce qui donne une cadence saine et normale à la respiration politique agathoise ». Enfin, le parti communiste ne voulut pas être en reste et demanda également que « le Comité local de Libération soit son interprète auprès des pouvoirs intéressés pour demander sa réapparition immédiate ». Même Jules Moch, qui avait été député de l’Hérault de 1937 à 1942, et qui avait occupé des fonctions ministérielles avant la guerre, plaida la cause du journal auprès de Jacques Bounin en rappelant que la direction de l’Information avait donné un avis favorable à la suite d’une nouvelle demande d’autorisation faite le 30 mars 1945 par son propriétaire et en soulignant « qu’étant donné la faible quantité de papier nécessaire pour son impression, il devait être possible d’aboutir à une solution satisfaisante » 29.

La consultation de la collection du journal montre que l’hebdomadaire n’a jamais interrompu sa parution. Il a seulement modifié son titre le 31 mars 1945 en devenant L’Avenir agathois socialiste (Fig. 2). Dans une adresse aux lecteurs, cosignée par trois membres de la section socialiste agathoise, Jules Milhau, encore professeur au collège de la ville, avant d’être nommé à la Faculté de sciences économiques à Montpellier, François Roger et Georges Chollet, le parti socialiste y expliquait qu’il n’avait pas « pris possession d’un organe de presse qui était à tous ». Le journal reprit son titre initial huit jours plus tard, le 7 avril, mais remplaça son sous-titre « Journal républicain » par celui de « Journal républicain de la Résistance », pour bien marquer la solidarité manifestée à son égard par tous les partis politiques et mouvements de résistance agathois.

Menacé de disparition par le Gouvernement, L’Avenir agathois bénéficie de la solidarité des partis politiques d’Agde
Fig. 2 - Menacé de disparition par le Gouvernement, L’Avenir agathois bénéficie de la solidarité des partis politiques d’Agde.

Une autorisation provisoire

Devant ce flot de protestations, les autorités départementales et régionales ne restèrent pas insensibles. Dans son rapport mensuel au ministre de l’Intérieur, le préfet de l’Hérault se fit l’écho « des critiques de la part du parti socialiste et de divers Mouvements de Résistance, en raison de l’attitude magnifique de M. Cros, directeur de ce journal, pendant l’Occupation » 30. De son côté, intervenant auprès du ministère de l’Information, Jacques Bounin réussit à faire rapporter l’interdiction du journal jusqu’après les élections municipales. La proposition était habile. Durant la première période qui avait immédiatement suivi la Libération, le gouvernement s’était montré assez libéral pour accorder des autorisations à ceux qui en faisaient la demande. Mais, dès la fin de l’année 1944, il dut mettre un frein à ses pratiques en raison de la pénurie de papier, au point d’être obligé de demander à tous les titres, au début de l’année 1945, de réduire de moitié leur consommation et, pour économiser encore quelques tonnes, d’interdire certaines catégories de journaux comme la presse des FFI, des FTPF, les publications pour la jeunesse, les publications scientifiques et hippiques… 31. A partir des résultats des élections municipales, le gouvernement disposerait de données plus fiables sur l’orientation politique des Français et il serait ainsi plus facile de répondre aux attentes de la population, en accordant de préférence les autorisations de paraître aux formations auxquelles les électeurs s’étaient montré les plus favorables.

Bien avant les dates de cette première consultation après la guerre, fixées au 29 avril 1945 pour le premier tour et au 13 mai suivant pour le second tour, L’Avenir agathois avait déjà largement ouvert ses colonnes aux différents partis politiques qui voulaient exposer leur programme à la population. Presque deux mois avant le premier tour, le parti radical-socialiste avait entrepris, par une série d’articles dans le journal, d’éclairer les futurs électeurs sur ses positions. Les colonnes de l’hebdomadaire étaient également ouvertes aux autres partis et mouvements. La consultation présentait aussi une importance particulière pour le parti communiste et le parti socialiste. Durant la période clandestine, des contacts avaient eu lieu entre les deux formations politiques pour tenter de reconstruire un grand parti ouvrier qui s’était divisé au moment du congrès de Tours en décembre 1920. A la Libération, elles avaient poursuivi leurs pourparlers. Lors de son congrès extraordinaire des 9-12 octobre 1944 à Paris, le parti socialiste avait renouvelé au parti communiste son offre d’unité dans une résolution intitulée « L’unité du monde du travail » et adoptée à l’unanimité 32. Une délégation des deux partis se retrouva dans les locaux de L’Humanité le 4 décembre 1944 et décida la création d’un Comité d’entente de vingt membres. Celui-ci se réunit pour la première fois le 19 décembre suivant. Mais, après la première entrevue du 4 décembre, le parti socialiste avait adressé aux différentes fédérations une circulaire dans laquelle il était précisé : « Le comité directeur croit devoir attirer votre attention sur le fait qu’il s’agit d’un comité d’entente national. Il est donc bien entendu qu’il ne peut être créé de comités d’entente sur le plan régional, départemental ou local 33 ».

Les élections municipales auraient pu être l’occasion de concrétiser ce désir d’unité devant les électeurs. Le parti communiste incitait à la constitution, sur le plan local, du plus grand nombre possible de listes communes, qu’il voulait également élargir aux mouvements de résistance, afin de faire barrage aux radicaux-socialistes et à la droite. La direction du parti socialiste était d’accord pour travailler « à la victoire des forces républicaines, démocratiques et antifascistes », mais, sur le terrain, les deux partis eurent le plus souvent des tactiques différentes et firent apparaître au grand jour leur mésentente et leurs désaccords plutôt que leur désir d’union.

Avant l’échéance proprement dite, dans trois circulaires datées des 5 février, 6 et 26 mars, la direction du parti socialiste avait précisé ses positions à l’intention des différentes fédérations : listes complètes au premier tour, avec toutefois possibilité pour les sections, sous le contrôle des fédérations, d’établir une liste avec d’autres partis ou formations acceptant les principes du socialisme et, au deuxième tour, possibilité d’alliances pour faire triompher les idées de la Résistance. Lors de son congrès à Sète, le 8 avril 1945, en présence de Jules Moch, ce fut la position adoptée par la fédération, selon le rapport adressé par le préfet au ministre de l’Intérieur : « La fédération de l’Hérault du Parti socialiste, écrit-il, a recommandé à ses sections de présenter au premier tour des listes complètes de militants socialistes ou, en cas d’impossibilité, des listes à direction socialiste. Chaque section demeure libre de participer, sous le contrôle de la Fédération, à la constitution de listes de coalition antifasciste avec les Mouvements ou partis qui acceptent les principes défendus par le CNR [Conseil National de la Résistance]. Au deuxième tour, le Parti se déclare prêt à faire échec, par tous les moyens, aux candidats qui apparaissent comme les représentants de la réaction 34. »

Très curieusement, L’Avenir agathois demeura silencieux sur ces recommandations dans les numéros qui ont suivi la tenue de ce congrès. Tout au plus y apprend-on, dans un bref communiqué intitulé « Ce que nous voulons », que la section agathoise du parti socialiste était consciente du caractère politique des élections et qu’elle fera valoir « par la suite toutes les revendications urgentes pour lesquelles [elle] demandera l’approbation des électeurs » 35. Parmi ces revendications, elle indiqua seulement dans le numéro suivant le droit pour le peuple « de gérer lui-même les affaires de l’État », en stigmatisant au passage le rôle des trusts qui, par le passé, l’avaient empêché d’exercer cette responsabilité. Ce n’est que la veille du scrutin, dans le numéro du 28 avril, qu’elle informa clairement ses lecteurs, après leur en avoir donné les raisons, de son intention de présenter une liste entièrement socialiste au premier tour, tout en se déclarant ouverte pour des alliances avec les autres listes pour le deuxième tour. Faute d’entente entre les formations politiques en présence, ce fut donc finalement trois listes qui se présentèrent aux suffrages des électeurs : une liste d’union patriotique et républicaine, dominée par le parti communiste grâce aux mouvements proches de lui et comprenant 7 membres du Front National, 5 du parti communiste, 4 indépendants, 4 de l’Union des Femmes Françaises (UFF), 2 CGT et 1 du Mouvement de Libération Nationale (MLN) ; une liste d’union démocratique et républicaine, représentant le parti radical-socialiste et conduite par son président, Louis Reboul, et une liste du parti socialiste conduite par François Roger, ancien chef local de la Résistance, secrétaire de la section agathoise SFIO et gérant du journal. Elle comprenait aussi en 17e position sur 23, René Cros, fils du directeur du journal 36.

Au soir du 29 avril, la liste socialiste arriva en troisième position et la fédération laissa poindre sa déception en dénonçant la confusion qui avait présidé à l’établissement de la liste à dominante communiste. Dans un communiqué, elle révélait que, suivant les recommandations nationales et fédérales du parti, elle avait adressé, dès le 22 avril, au président du groupe radical, au président du Front National et au secrétaire du parti communiste une proposition de liste d’union pour le deuxième tour 37. Faute d’entente, chaque liste se présenta à nouveau devant les électeurs pour le deuxième tour et c’est finalement la liste radicale qui l’emporta par 22 élus sur 23, le dernier, de tendance Front National, provenant de la liste à dominante communiste. Dans le résultat final, René Cros n’arrivait qu’en 47e position, avec 446 voix, suivi immédiatement de François Roger, 440 voix.

Le score réalisé par la liste socialiste aurait pu être dramatique pour l’avenir du journal. Dans la mesure où le parti socialiste n’était guère représentatif des tendances de la population, le gouvernement aurait pu se prévaloir des résultats obtenus pour accorder l’autorisation de paraître à la tendance radicale, arrivée largement en tête. Mais L’Avenir agathois n’était pas la propriété du parti socialiste, même si son directeur se reconnaissait proche de lui. D’autre part, comme il a été dit plus haut, ses colonnes étaient ouvertes à toutes les tendances, et les articles publiés dans le journal au lendemain du second tour en apportaient la parfaite illustration 38. D’ailleurs, le journal conserva bien longtemps le sous-titre « Journal républicain de la Résistance », qu’il avait adopté à la suite de la menace de son interdiction 39. Cette ouverture de Jules Cros, que plusieurs responsables politiques n’avaient pas manqué de mettre en avant lorsqu’il avait été question de supprimer le journal, plaida sans doute en sa faveur. Il lui restait donc à reprendre l’ensemble du dossier et à le soumettre aux différentes administrations pour voir son horizon totalement dégagé. Pour atteindre ce but, le chemin était cependant passablement semé d’embûches.

Vers l’autorisation définitive

À la suite des élections municipales, la plupart des partis réclamèrent un remaniement ministériel. Les communistes souhaitaient que ce remaniement tirât les conséquences de la consultation dont ils avaient été les grands gagnants sur le plan national. Or, le général de Gaulle n’apporta que peu de changements à son ministère à la fin du mois de mai. Ils avaient néanmoins leur importance pour tous ceux qui étaient en relation avec le ministère de l’Information. Pierre-Henri Teitgen était nommé à la Justice, en remplacement de François de Menthon, désigné pour aller siéger au tribunal international de Nuremberg, et il laissait sa place à Jacques Soustelle. Par la suite, les remaniements ministériels successifs ne facilitèrent guère le règlement des dossiers en cours. Le 21 novembre 1945, Jacques Soustelle était remplacé à son tour par André Malraux qui céda lui-même sa place à Gaston Defferre le 26 janvier 1946, à la suite du départ du général de Gaulle.

Pendant ce temps, suivant la recommandation qui lui avait été faite par Jacques Bounin avant les élections municipales, Jules Cros s’employait à obtenir l’autorisation nécessaire pour son journal. À côté de l’instabilité ministérielle qui leur faisait changer régulièrement d’interlocuteur, les directeurs de journaux étaient également victimes de la pénurie de papier qui sévissait alors en France. Les fonctionnaires de l’Information ne dédaignaient pas non plus d’utiliser quelques stratagèmes pour retarder l’octroi de l’autorisation nécessaire, soit en prétextant que le dossier n’était jamais arrivé dans leurs services, soit qu’il avait été égaré ou qu’il était incomplet. Ce qui nécessitait chaque fois une suite d’échange de courriers entre Paris et la province. Le 3 mai, le ministère de l’Information s’adressa à la direction régionale de Montpellier pour lui demander « son avis sur l’opportunité de la parution de ce journal ». Dans sa réponse, datée du 12 mai, celle-ci appuya encore positivement la réponse qu’elle avait déjà faite en apportant deux arguments supplémentaires. Elle faisait notamment valoir que le journal était principalement « destiné à la publication d’informations locales » et que la partie du département où il était publié « était particulièrement mal servie de ce point de vue-là ». À la suite des élections municipales, la nouvelle équipe ministérielle n’eut aucun mal à trouver un prétexte pour justifier un nouvel ajournement. Elle s’adressa de nouveau à la direction régionale le 31 mai pour qu’elle lui fasse « connaître la tendance politique du journal et si les résultats des récentes élections dans le canton d’Agde justifiaient l’octroi d’une autorisation ». La réponse, cinq jours plus tard, le 5 juin, plaida encore une fois en faveur de l’hebdomadaire. « Cette publication, répondit le directeur de l’Information à Montpellier, est soutenue par le Front National et le parti socialiste qui, réunis, représentent une large part de l’opinion du canton. Ces considérations et le fait que cette région est mal desservie par les autres publications justifient l’avis favorable que j’ai déjà émis. »

Contrairement à beaucoup d’autres directeurs qui devaient attendre d’avoir en main l’autorisation nécessaire pour faire paraître le premier numéro de leur journal, Jules Cros pouvait continuer à publier son titre dans la mesure où les autorités locales n’intervenaient pas pour le faire saisir, comme elles auraient pu le faire. D’ailleurs, ces autorités locales s’étaient quelque peu éloignées de lui puisque, pour des raisons financières, le gouvernement avait été obligé de réduire les directions régionales de l’Information en créant treize direction interrégionales à partir du 15 novembre 1945 40, à la place des dix-neuf directions régionales qui avaient été mises en place au fur et à mesure de la libération du territoire. Désormais, le département de l’Hérault était rattaché à Toulouse. D’autre part, pendant que les différents courriers s’échangeaient entre Paris et Montpellier, Jules Cros s’était mis en conformité avec la législation. On ne pouvait plus lui reprocher de publier un titre qui avait paru sous l’Occupation puisque L’Avenir agathois était devenu L’Agathois à partir du 29 septembre 1945.

Deux autres événements vinrent encore faciliter la régularisation du nouveau titre. Le 9 janvier 1946, L’Avenir agathois fit l’objet d’une décision de classement de la part du commissaire du gouvernement près la Cour de Justice de Montpellier. D’autre part, lors du remaniement ministériel intervenu le 24 juin 1946, Georges Bidault succéda à Félix Gouin à la présidence du Conseil. L’ancien président du Conseil National de la Résistance choisit Robert Bichet pour remplacer Gaston Defferre au secrétariat d’État à l’Information, et son directeur de cabinet était Jean Lecanuet. A la Libération, alors qu’il était professeur de philosophie au lycée des garçons à Lille, ce dernier avait rejoint le ministère de l’Information avec le titre de chargé de mission 41, avant de devenir inspecteur général des services extérieurs dans ce même ministère. Il connaissait donc parfaitement toutes les questions qui s’étaient posées aux journaux depuis la fin de la guerre. En outre, il avait accompli, en juin 1945, une mission à Montpellier qui avait un double objectif : d’une part, examiner les conditions dans lesquelles s’était effectuée la réquisition des installations des deux quotidiens interdits, L’Éclair et Le Petit Méridional, au profit des deux quotidiens autorisés, Midi libre et La Voix de la Patrie ; d’autre part, envisager la réorganisation de la direction régionale qui avait connu une série ininterrompue de crises internes depuis sa création, d’abord par la démission d’Henri Noguères fin octobre 1944, suivie par celle de son remplaçant, Louis Knaff, le 31 juillet suivant. Enfin, comme il a été dit plus haut, cette direction était sur le point d’être fermée pour être rattachée à celle de Toulouse.

S’il n’a pas été mis au courant de la situation de L’Agathois à l’occasion de ce déplacement, Jean Lecanuet en fut rapidement informé par les députés locaux après sa prise de fonction au cabinet de Robert Bichet. Le 27 août 1946, Jules Moch s’étonnait auprès du secrétaire d’État que l’hebdomadaire n’ait pas encore reçu l’autorisation de paraître. Trois semaines plus tard, le 18 septembre, c’était au tour de Paul Coste-Floret de venir plaider la cause de l’hebdomadaire, en faisant valoir que « le journal paraissait en fraude, sur petit format ». Mais à cette date le ministère de l’Information n’était plus totalement libre d’accorder les autorisations de paraître comme il le voulait et au moment où il le jugeait opportun. Sa décision était désormais conditionnée par l’avis qu’il devait solliciter auprès de la commission spéciale créée auprès de la Fédération de la Presse 42.

Le 3 octobre 1946, Jean Lecanuet fit néanmoins valoir au directeur de la presse qu’une attribution régulière de papier devait être accordée à l’hebdomadaire pour lui permettre de continuer à paraître, et il lui demanda en même temps de soumettre le dossier aussitôt que possible à l’examen de la Commission consultative de presse, puisqu’il paraissait depuis la Libération. Il n’eut pas la satisfaction de voir le résultat de son intervention. À la suite des élections du 10 novembre suivant, le gouvernement Bidault avait remis sa démission et fut remplacé par un cabinet socialiste, animé par Léon Blum, où le portefeuille de l’Information revint à Albert Gazier. Le dossier de L’Agathois se trouvait alors entre les mains de la Commission consultative de la Fédération de la presse, et ce n’est que le 1er février 1947 qu’elle rendit l’avis suivant : « La Commission, considérant l’avis du Comité départemental de Libération, de la section communiste, de la section socialiste et du groupe radical, donne avis favorable au périodique paraissant à Agde, mais sous réserve que le titre ne rappelle en rien L’Avenir agathois publié sous l’Occupation. » Personne ne releva que le journal conservait le même directeur qui voyait enfin une ère nouvelle s’ouvrir devant lui.

Dans les propositions faites par les Mouvements de Résistance concernant la presse qui devait être autorisée, une fois le territoire national libéré de ses occupants, la nécessité de la disparition de tous les journaux publiés durant l’Occupation, revient comme un leitmotiv. « S’il est une mesure qui paraît évidente et acquise dans l’esprit de tous, proclame Franc-Tireur quelques mois avant la fin des hostilités, c’est, dès le jour de la Libération, la suspension radicale de toutes ces feuilles 43. » Quelques journaux, qui auraient dû être interdits dès la libération de la ville où ils étaient publiés, ont parfois réussi à prolonger leur parution. Mais le cas de L’Avenir agathois, qui a continué d’être publié plus d’un an après la Libération, est unique dans les annales de l’histoire de la presse de cette période. Nous avons essayé de montrer que plusieurs facteurs, conjugués l’un à l’autre, peuvent expliquer cette prolongation hors normes : la mésentente entre les pouvoirs locaux chargés de faire respecter le droit, la personnalité de Jules Cros dont l’esprit d’ouverture a su grouper autour de lui les sympathies des Agathois et, surtout, la solidarité sans failles dont il a bénéficié de la part des différents partis et mouvements politiques locaux qui étaient assurés de toujours trouver dans le journal un lieu pour y exposer leurs idées et communiquer leurs mots d’ordre. On notera cependant que le lecteur a été généralement tenu à l’écart de toutes les démarches qui ont dû être faites pour que leur journal puisse continuer à paraître. Tout au plus aura-t-il pu noter que quelque chose venait de se passer dans l’histoire de son hebdomadaire en recevant l’exemplaire du 3 mai 1947. Ce jour-là, L’Agathois a inauguré une nouvelle série dans sa numérotation et abandonné définitivement toute référence à la Résistance dans le sous-titre (Fig. 3). Une nouvelle page s’ouvrait donc devant lui et, comme par le passé, il continue aujourd’hui à refléter merveilleusement la vie locale de la cité et du canton. Il conserve aussi sa liberté par rapport à tout groupe existant : ce qui constitue encore une véritable originalité dans la presse d’aujourd’hui.

Après plus de deux ans de luttes et de démarches pour continuer à paraître, L’Agathois ouvre un nouveau chapitre de son histoire
Fig. 3 - Après plus de deux ans de luttes et de démarches pour continuer à paraître, L’Agathois ouvre un nouveau chapitre de son histoire en inaugurant une nouvelle série dans la numérotation de ses exemplaires.
Le 4 juillet 44, l’aviation alliée bombarde les quartiers sud de la ville
Fig. 4 - Le 4 juillet 44, l’aviation alliée bombarde les quartiers sud de la ville.
(Coll. Gérard Roquefort)
Le 20 août 44, avant d’évacuer la ville, les troupes allemandes détruisent le central téléphonique de la grande Poste
Fig. 5 - Le 20 août 44, avant d’évacuer la ville, les troupes allemandes détruisent le central téléphonique de la grande Poste, près de la Préfecture. (Coll. Gérard Roquefort)

NOTES

1. L’Agathois, 16 août 2007, p. 2-7. Nous remercions vivement M. Mothes, ancien directeur de l’imprimerie du journal, pour les informations qu’il a bien voulu nous donner. Succédant à René Cros, fils de Jules Cros, au moment de son départ à la retraite, il a dirigé L’Agathois du 24 janvier 1977 au 10 septembre 2010 où il a été remplacé par M. Vincent Mirande.

2. Kayser, Jacques, Le quotidien français, Paris, Armand Colin, 1963, p. 51.

3. Lettre du 19 octobre 1944 à la Délégation régionale à l’Information à Montpellier, Arch. nation., F 41 1011.

4. Cf. Andréani, Roland, Poggioli, Françoise, Bibliographie de la presse française politique et d’information générale 1865-1944. 34 : Hérault, Paris, Bibliothèque Nationale, 1970, p. 15. Les collections de L’Avenir agathois et de L’Agathois, sauf pour la période de 1909 à 1925, pourront bientôt être consultées sur CD-ROM aux Archives municipales d’Agde que nous remercions vivement pour leur accueil. Nous remercions aussi M. Mirande qui a bien voulu nous recevoir au siège du journal.

5. Cf. Teitgen, Pierre-Henri, « Faites entrer le témoin suivant ». 1940-1958 : de la Résistance à la Ve République, Rennes, 1988, p. 97-124 ; 162-207. Comprenant plus d’une cinquantaine de pages dactylographiées et portant en couverture le titre « Services de l’Information », le Cahier bleu est ainsi appelé à cause de la couleur de sa couverture.

6. Nous renvoyons sur ce point à l’inventaire réalisé pour la rédaction de notre thèse, La presse politique et d’information générale de 1944 à 1958. Inventaire des titres, 1995, 619 p.

7. Dossier F 41 1011 pour L’Agathois et F 41 1060 pour L’Avenir agathois aux Archives Nationales et 999 W 235 aux Archives Départementales de l’Hérault.

8. Cf. Sagnes, Jean ; Maurin, Jules, L’Hérault dans la guerre : 1939-1945. La vie quotidienne sous l’Occupation, Le Coteau, Éditions Horvath, 1986, p. 77-94 ; Sagnes, Jean (Dir.), Agde, 2600 ans d’histoire, Toulouse, Privat, 2006, p. 117, 155.

9. Bourderon, Roger, Libération du Languedoc méditerranéen, Paris, Hachette, 1974, p. 192.

10. Teitgen, Pierre-Henri, Op. cit., p. 52.

11. Rapport de Simon à André Philip, cité dans Hostache, René, Le Conseil National de la Résistance. Les institutions de la clandestinité, Paris, PUF, 1958, p. 225.

12. Cf. Teitgen, Pierre-Henri, Op. cit., p. 122.

13. Id., p. 106.

14. Cf. Andréani, Roland, Poggioli, Françoise, Op. cit., p. 94.

15. C’est nous qui soulignons.

16. Il est publié dans le Bulletin officiel du Commissariat régional de la République à Montpellier, n° 2, 12 septembre 1944, p. 15.

17. L’Agathois, 16 août 2007.

18. Né le 19 janvier 1876 à Narbonne, Alban Ravery s’engagea volontairement au moment de la Première Guerre mondiale et fut affecté au 96e Régiment d’Infanterie. Il est décédé au front, à Minaucourt-le-Mesnil (Marne), le 13 mars 1915. L’acte notarié de cette vente, passé le 8 octobre 1900 en l’étude de Me Caunes, notaire à Agde, révèle que ce fonds comprenait, outre l’imprimerie et L’Avenir agathois, l’hebdomadaire Le Républicain cettois qui a succédé le 13 mars 1886 au Petit Républicain cettois (29 avril 1883-7 mars 1886) et qui a prolongé sa parution jusqu’au 26 septembre 1901.

19. Il est difficile d’être plus précis en raison du caractère lacunaire des collections que nous avons pu consulter, en particulier aux Archives départementales de l’Hérault, ainsi qu’au siège du journal. Selon Jean-Claude Mothes, dans le numéro du 120e anniversaire, après la mobilisation de son directeur, L’Avenir agathois a continué de « paraître jusqu’au printemps 1915, grâce à l’épouse de M. Cros et de quelques anciens typographes. En 1919, L’Avenir agathois reprend sa parution ».

20. Il est né et mort à Agde (2 décembre 1885 – 30 octobre 1968). Voir sa biographie détaillée par Jean Sagnes sur https://maitron.fr/spip.php?article112990.

21. Il est né et mort à Sète (20 février 1870 – 3 février 1942).

22. Cf. L’Avenir agathois, 9 septembre 1944 sur la mort du jeune Jean Roger, étudiant en droit, le 22 août dans un engagement contre les troupes allemandes à la Pezade (Aveyron). Son nom a été donné à une rue de la ville et au stade local de football.

23. Journal Officiel de la République française, n° 55, 6 juin 1944, p. 533-534.

24. Foulon Charles-Louis, Le pouvoir en province à la Libération. Les commissaires de la République 1943-1946, Paris, Fondation nationale des sciences politiques/A. Colin, 1975, p. 60.

25. Id, p. 57 et 59.

26. Dans l’Hérault, trois titres se trouvaient dans cette situation : L’Agathois, L’Écho de l’Hérault à Pézenas et Saint-Pons libre.

27. Le Mouvement Combat est né en décembre 1941 de la fusion de deux mouvements de Résistance de la zone sud, le Groupe Liberté qui avait été créé par des hommes proches du Parti démocrate populaire tels que François de Menthon, Pierre-Henri Teitgen, René Capitant, Marcel Prelot, Alfred Coste-Floret et qui publiait depuis novembre 1940 un organe clandestin portant le même nom, et le Mouvement de Libération Nationale qui était animé par Henri Frenay et qui publiait le journal Vérités depuis août 1941. Sur le Groupe Liberté, cf. Une première résistance : « Liberté ». Le groupe de Montpellier, Paris, Maison de la France libre, Amicale des Anciens de « Liberté », 1991, 72 p.

28. Décret n° 251, Bulletin officiel du Commissariat régional de la République à Montpellier, n° 17, 5 octobre 1944, p. 85.

29. Lettre du 10 avril 1945.

30. Arch. départementales Hérault, 1000 W 12, Lettre du 16 avril 1945.

31. Pour appliquer cette directive du ministère, les directeurs de journaux avaient le choix entre trois possibilités : réduire de moitié le tirage autorisé, paraître sur un format réduit ou paraître sur un format normal, mais en réduisant la périodicité.

32. Rédigée par Vincent Auriol et Jules Moch, cette résolution est citée par Robert Verdier, ainsi que la réponse du parti communiste, dans son livre PS-PC : une lutte pour l’entente, Paris, Seghers, 1976, p. 131-132.

33. Id. p. 132.

34. Arch. départementales Hérault, Rapport du 16 avril 1945, 1000 W 12.

35. L’Avenir agathois, 14 avril 1945.

36. Le détail de la composition de ces listes est indiqué dans le numéro du 5 mai 1945 qui donne les résultats du premier tour.

37. Cette proposition avait été publiée le 14 avril 1945 dans Béziers républicain.

38. Cf. L’Avenir agathois, 19 mai 1945.

39. Ce sous-titre est resté à la manchette du journal du 7 avril 1945 au 26 avril 1947.

40. Arrêté du 19 novembre 1945.

41. Note du 27 décembre 1944 du ministre de l’Information au ministre de l’Éducation Nationale, Arch. nationales, F 41 2727, Courrier départ du bureau du cabinet (1er décembre – 27 décembre 1944).

42. Arrêté du 22 septembre 1945.

43. Franc-Tireur, 1er mars 1944.