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Description

De la diversité des pressoirs fin XIXe – début XXe siècle

Les transformations de l’outillage vinaire à la propriété entreprises par les grandes exploitations lors de la reconstitution post-phylloxérique font du pressoir un objet d’enjeu et de défi :

Pressoir à vin du Musée du Vin de Beaune. Photo Prosopee
Pressoir à vin du Musée du Vin de Beaune. Photo Prosopee

Ainsi, l’histoire des pressoirs illustre-t-elle le passage de la société vigneronne artisanale à la société viti-vinicole mécanicienne. Elle entraîne, dans son sillage, de nombreux fabricants locaux et régionaux, qui, tout à la fois, servent le progrès technique et le stimulent.

La Société centrale d’agriculture de l’Hérault, très soucieuse des mutations en cours de la vigne et du vin, fait des celliers son point de mire en 1899 : « les bâtiments modernes sont installés et outillés pour traiter le plus rapidement et le plus économiquement possible de grandes quantités de raisins, pour loger des récoltes importantes (…) Pendant longtemps, les opérations de la vinification étaient restées rudimentaires : on ramassait le raisin, on le jetait, foulé ou non, dans un récipient approprié, et on laissait à la fermentation abandonnée à elle-même le soin de la transformation en vin. Lorsque le commerce s’est montré plus exigeant, il a fallu perfectionner les procédés de vinification pour assurer l’écoulement des produits à un prix rémunérateur. Une transformation de l’aménagement et de l’outillage des celliers en a été la conséquence. Les bâtiments, mieux équipés pour une meilleure hygiène du vin, ont été munis d’un matériel perfectionné. Le fouloir, la pompe à vin, le pressoir ont subi d’utiles modifications. Le filtre, le pulvérisateur, ont pris place dans le mobilier de la cuverie ».

Le cellier du château de Villeroy, propriété de la Compagnie des Salins du Midi, disposait alors d’une installation mécanique des plus modernes : le marc, partiellement asséché, était jeté dans des paniers de presse mobiles sur des voies Decauville ; chacun, d’une contenance de un mètre cube, passant sous une des cinq presses hydrauliques qui les pressuraient sous la surveillance de deux hommes.

Face à de tels engouements pour l’équipement des celliers, les petits vignerons restent démunis de place et d’argent la Société centrale d’agriculture de l’Hérault, au terme d’un concours organisé à l’intention des celliers de la petite culture constate : « ces cultivateurs amoureux de leur métier, soucieux d’amélioration, ayant fait des efforts sérieux pour bien organiser leurs exploitations, n’ont pu produire que des installations incomplètes ou insuffisantes, les ressources ayant manqué pour mener à bien cette grosse opération, l’installation complète des celliers. »

Ce sont bien là deux catégories de clients potentiels, les gros et les petits, qui se présentent, à la fin du XIXe siècle, aux fabricants de pressoirs. Personne ne savait encore que s’ouvrirait, sans tarder, celle des caves coopératives, elles seules susceptibles de mettre ses adhérents, aussi humbles qu’ils soient, en mesure de rivaliser avec les celliers les mieux équipés.

Les systèmes de pressurage

Le pressoir accueille le marc dont il facilite l’extraction du vin qu’il contient. Trois systèmes sont opérationnels :

Les presses à vis et à levier, les plus anciennes et les plus connues, constituent encore dans les années 1890 l’immense majorité des appareils de pressurage au service des petites exploitations. Et ce jusqu’à la guerre de 1914, où elles sont alors présentes dans de nombreuses caves. Les Maisons Regraffe, de Bédarieux, Marmonier, de Lyon, Guy, d’Agde, Bascou, Nougaret et Arnaud, Serrado, Guy et Mital, de Lyon, fournissent la grande partie des presses à main. Tandis que les exploitations les plus importantes font l’installation de grandes presses mues mécaniquement. Le pressoir automoteur de Regraffe (Bédarieux) s’est déjà imposé.

Par suite de la raréfaction de la main-d’œuvre masculine, régulièrement mentionnée, de nombreux exploitants tentent de moderniser leur matériel de pressurage en adaptant à leurs anciens pressoirs à vis des dispositifs permettant le serrage au moyen de moteurs : de tels appareils omniprésents sur le marché, sont presque tous basés sur le principe de la vis sans fin : l’appareil de Simplex de Bascou (Pézenas), le moto-pressoir construit par Guy (Agde), sur socle ou mural, permettant d’actionner un ou plusieurs pressoirs ; l’auto-balance, fabriquée par Carrière (Carcassonne), constitue un dispositif réducteur de vitesse, mural ou sur socle, qui permet d’actionner plusieurs pressoirs simultanément… Ces pressoirs mécaniques nécessitent l’usage de claies en bois, la plupart étant montées par les maisons Tarbouriech (Pézenas), Bascou (Pézenas), Regraffe (Bédarieux). […]

Informations complémentaires

Année de publication

1990

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Geneviève GAVIGNAUD

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf