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Description

Conseil de Ville et pouvoirs en Languedoc à Narbonne
(milieu XVIe-milieu XVIIe siècle) II

La période qui s’ouvre en 1660 a été souvent et abondamment décrite. Entre 1660 et 1680-90, la mise en place définitive de l’intendance et les arrêts du conseil concernant les communautés introduisent des bouleversements considérables dans la manière dont sont vécues les institutions et les rapports de pouvoirs. Narbonne constitue un bon exemple qu’illustrent bien en première approche les députations du conseil de ville auprès des pouvoirs. L’intendant et le pouvoir royal éclipsent tout. L’intendant et l’archevêque sont au XVIIIe siècle les deux seules réalités pour Narbonne. Le reste est relégué à une place secondaire. Mais les transformations vont bien au-delà. Le fonctionnement du conseil de ville en est profondément affecté, la conception des rapports entre la ville et l’État, l’attitude à l’égard des pouvoirs en sortent métamorphosées.

Au milieu du XVIIe siècle, les relations du conseil de ville étaient déjà très différentes qu’un demi-siècle plus tôt. D’une position très forte, relativement autonome, Narbonne était revenue dans un cadre beaucoup plus provincial.

Mais dans la seconde moitié du XVIIe siècle la situation de Narbonne se trouve profondément transformée. Place forte importante jusqu’au milieu du XVIIe siècle, à quelques lieues de la frontière espagnole, Narbonne perd alors ce rôle définitivement. La frontière est reportée aux Pyrénées, les risques de coups de main sur la ville ne sont plus à craindre. Port non négligeable jusqu’à l’ouverture du canal royal, Narbonne voit ensuite une partie de ses activités se détourner. L’espoir de les rétablir traverse tout le XVIIIe siècle sans grand succès. Certes l’archevêque de Narbonne est président des États de Languedoc, mais ce rôle ne s’exerce pas à partir de Narbonne.

La ville et donc le conseil de ville n’ont pas le même poids en Languedoc au XVIe siècle qu’au XVIIIe siècle. Il est possible que les évolutions qui s’y dessinent y soient pour cela plus accusées qu’ailleurs.

1660-1680/90 : la mutation des rapports de pouvoirs

La période 1660-80/90 et plus particulièrement les années 1666-68 sont bien le moment où en Languedoc les relations avec le pouvoir sont définitivement modifiées. C’est sensible d’abord à travers l’exemple du gouverneur de Languedoc.

On a vu comment son rôle avait été singulièrement réduit après 1632, Mais il restait, bien que choisi hors des grands du Languedoc, le principal représentant du roi, puisqu’il présidait les États de Languedoc. Le gouverneur existe, pour une ville comme Narbonne, jusqu’en 1675. Après il ne compte plus. Jusqu’en 1672, après chaque élection consulaire, lorsque le gouverneur arrive en province ou qu’il vient présider les États, les consuls envoient une députation pour lui « présenter les devoirs de la ville ». Mais, à cette occasion, il ne lui est jamais rien demandé, et le gouverneur ne demande expressément ni ne transmet rien à la ville. En 1675, le duc de Verneuil demande au premier consul de venir s’expliquer sur les démêlés de la ville avec le lieutenant du gouverneur de la place. C’est la dernière intervention d’un gouverneur de Languedoc auprès du conseil (et pour cette affaire il n’était pas le seul à s’occuper du différend entre la ville et M. de Maurensanne). L’entrée du duc de Verneuil en 1666 à Narbonne constitue une date remarquable et un terme : aucun gouverneur ni représentant du roi en Languedoc ne sera plus honoré de la sorte. A cet égard, 1666 marque bien la fin d’une époque, la fin d’un type de relations avec les pouvoirs. Les intendants veilleront d’ailleurs à ce qu’il n’y en ait plus. Le 17 septembre 1682, les consuls reçoivent une lettre du duc de Noailles qui leur annonce son arrivée. Ils envoient aussitôt une députation à l’intendant pour lui montrer la lettre et lui demander d’autoriser les dépenses de la réception. Il refuse l’emprunt des sommes que comptait faire la ville pour la réception. Les seules entrées admises seront celles de l’archevêque, sur qui les Narbonnais reporteront toute leur sollicitude et les fastes des entrées d’antan.

Les intendants ne se rendront d’ailleurs pratiquement jamais à Narbonne, excepté lorsque les sessions des États de Languedoc s’y dérouleront. Quand ils se déplaceront entre Montpellier et Toulouse, ils ne feront jamais étape à Narbonne. Les intendants coucheront à Pouzols, où les consuls iront leur rendre visite. L’exercice du pouvoir par l’intendant est différent, les relations avec les communautés ne sont plus de la même nature qu’avec les autres représentants du pouvoir monarchique avant 1640.

En une quinzaine d’années, les arrêts du Conseil du roi et la manière dont l’intendant exerce le pouvoir en province transforment totalement la vie municipale. L’arrêt du 15 octobre 1664 ordonne la vérification des dettes de la ville et la recherche des abus qui avaient pu se glisser dans son administration, celui du 18 juin 1668 interdit toute sorte de députation sans l’aval des commissaires du roi, le règlement du 4 avril 1680 défend aux communautés d’accorder aucune gratification ou d’imposer aucune somme qui soit comprise dans les règlements. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1987

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Gilbert LARGUIER

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf