Cahiers du Haut-Vidourle N° 35 – janvier 2022
Les Amis de Clio
Cahiers du Haut Vidourle N° 35 - janvier 2022
Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol
N° 35 - janvier 2022
84 pages
Sommaire
Les inspecteurs des manufactures et la fabrique de bas de soie nîmoise au XVIIIe siècle
Un mémoire d’un élève-inspecteur et le débat colbertisme / « liberté ».
Le mémoire de l’élève-inspecteur des manufactures Jean-Victor Tricou, publié dans le numéro 31 des Cahiers du Haut-Vidourle, permet d’appréhender de manière assez précise la production et la commercialisation des bas de soie produits dans la jurande de Nîmes. Cependant, la position de son auteur – un élève-inspecteur –, invite à la critique. En effet, les « fonctionnaires » de l’État royal ont certains intérêts qui impliquent de prendre des précautions face à leurs affirmations.
Ceux-ci souhaitent bien sûr que leur corps continue d’exister, leur offrant ainsi un poste, certes mal rémunéré, mais tout de même gratifiant. Il n’y a qu’à voir les transmissions familiales de cette charge. Ils mettent en avant leur utilité en tant que contrôleur de la qualité de la production et conseiller des négociants et fabricants. Ils vont aussi défendre la doctrine qui fonde leur activité, la politique économique colbertiste. Ces inspecteurs ont alors tendance à accentuer le nombre des mauvaises façons recensées, à critiquer parfois vertement la mauvaise qualité de la production et les marchands-fabricants qui l’encouragent. […]
Ulysse Pastre, un député gardois méconnu
Emmanuel de Waresquiel rappelle que « la biographie historique est l’une des plus difficiles, des plus exigeantes façons de faire de l’histoire », le biographe doit « sans cesse courir d’un métier à l’autre sans jamais en pratiquer aucun ; l’histoire sociale, l’histoire économique, l’histoire politique, celles des institutions, celle des idées, et tant d’autres qui servent à replacer un individu dans le cadre général de son époque, sans oublier tout ce qui touche à l’intime, à la vie privée ».
Dans le cadre d’une courte publication tout ne peut pas être abordé mais la difficulté demeure. Ici, la personnalité étudiée n’a pas d’envergure nationale mais elle est représentative d’un courant de pensée qui a marqué la région cévenole durant de nombreuses années et des ambitions d’une catégorie sociale émergente sur le plan politique, avec ses valeurs et ses contradictions.
Tout commence véritablement à Saint Hippolyte-du-Fort à la fin du XIXe siècle quand cette commune apparaît comme une cité d’avant-garde sur le plan politique puisqu’elle bascule dans le giron socialiste après l’élection mouvementée du candidat guesdiste Léopold Martin qui va diriger la commune de 1896 à 1912. Si l’édile est bien la personnalité dominante du microcosme politique cigalois, il n’a droit qu’à une brève référence dans l’ouvrage d’Hubert Rouger qui […]
Les systèmes métrique & décimal vus des Montèzes
Nous avons vu dans un article précédent que Pierre Michelin est un Vaudois du Piémont, né le 27 octobre 1754 à Bobbi (dans une vallée où l’on parle le français). Venu à Nîmes, il épouse le 1er mai 1788 Marie Servel, cévenole originaire des Montèzes. Il décède le 9 décembre 1833 aux Montèzes, hameau de Monoblet, à l’âge de 79 ans. Malgré une descendance nombreuse, le patronyme Michelin est aujourd’hui éteint dans les Cévennes.
Son acte de mariage mentionne sa profession : Compagnon cardeur en filoselle ; or le manuscrit de 300 pages que j’ai trouvé dans sa maison montre qu’il est lettré et qu’il a de très bonnes connaissances de l’arithmétique.
La première partie du manuscrit est un traité d’arithmétique où il note qu’aujourd’hui est le 17 mai 1808, ce qui correspond à la période où il rédige ce texte. Plus loin, il note le 19 juillet 1808 qu’il est instituteur à Durfort. On peut supposer qu’il met ainsi ses connaissances au clair cette année-là en vue de son enseignement. […]
L'octroi de Saint-Hippolyte, troisième épisode
[L’historien ne peut travailler sans les documents que renferment les archives, elles sont sources à la fois d’émulation et de déception. Déception quand elles sont fragmentaires, comme c’est le cas pour Saint-Hippolyte-du-Fort, mais émulation aussi, car elles permettent d’organiser la réflexion et la critique qui précèdent l’élaboration du discours historique, toujours vérifié preuve à l’appui. Après avoir vu ce qu’était l’octroi et son histoire, voici venu le temps de dresser l’état de la documentation disponible.]
Les archives municipales de la commune n’ont pas conservé tous les documents relatifs à l’octroi. Il est resté cependant quelques séries lacunaires qui permettent de décrire à la fois son organisation, son mode de fonctionnement et de dresser un bilan comparé sur deux exercices comptables, ceux de 1887 et de 1897. C’est effectivement peu. Mais qu’est-il possible d’obtenir comme renseignements de ces feuillets épars ?
Dans le cas de Saint-Hippolyte-du-Fort les séries continues sont rares et certaines pièces sont uniques ce qui limite l’étendue et la finesse de la lecture des résultats. […]