Cahiers du Haut-Vidourle N° 32 – juillet 2020 Spécial SOIE – 2
Les Amis de Clio
Cahiers du Haut Vidourle N° 32 - juillet 2020
Spécial SOIE - 2
Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol
88 pages
Entre mémoire & renouveau
Nous avons voulu en 2020 faire deux numéros spéciaux à propos de la soie dans les Cévennes. Après le N° 31, consacré aux origines jusqu’au XIXe siècle, ce numéro expose pour deux communautés, Cros et Les Montèzes (commune de Monoblet), bien connues de nos lecteurs, le développement plein d’espoir du XIXe siècle, puis le long reflux jusqu’à la disparition de toute production séricicole et soyeuse au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il s’avère qu’un troisième numéro sera nécessaire pour compléter la vision de ce que fut cet âge de la soie en Cévennes : les fileuses, les filateurs, les bonneteries et leurs ouvriers. Le numéro 32 bis paraîtra avant la fin de 2020.
Il s’avère aussi que la soie continue à marquer par sa présence toute notre région : le tourisme patrimonial a déjà été évoqué, il faut évoquer aussi la poursuite et le renouveau des activités autour du ver à soie et de la bonneterie.
Michel Costa a bien voulu ici retracer la saga qui fut et reste la sienne depuis cinquante ans, de l’école primaire de Monoblet jusqu’à Sérycine, en passant par la filature du Mazel. Si les déceptions furent multiples, la situation d’aujourd’hui peut susciter encore de l’espoir.
Toute la bonneterie n’a pas disparu non plus et, comme à Monoblet, à Sumène (L’Arsoie-Cervin), à Saint-Bauzille-de-Putois et Ganges (CLIO), des ateliers haut de gamme montrent que l’on peut concilier patrimoine et innovation, culture et rentabilité, tandis qu’au Vigan, l’usine Well perpétue la tradition industrielle.
Sommaire
La soie à Cros, XIXe & XXe siècles
Comme partout, la période révolutionnaire est peu propice au développement économique et surtout, les documents manquent pour apprécier les activités soyeuses. Il semble cependant qu’elles continuent au milieu des bouleversements de l’époque.
Ainsi, l’adjudication des feuilles de mûriers du terrain de l’ancien temple, à La Pieuzelle, et de celui de l’ancien cimetière protestant (la mairie, cour et bâtiments actuels) et du cimetière catholique qui jouxte l’église, devenus bien communaux, est reconduite chaque année1, prouvant la continuité de l’éducation des vers à soie. […]
Les filatures des Montèzes, XIXe siècle
Les Montèzes… un hameau de la commune de Monoblet dont la première mention date du 14 avril 1286, où il est question de Pierre et Béraud des Montèzes. L’activité des habitants était alors liée à la fabrication de draps de laine.
L’élevage du mouton remonte au néolithique. Concernant le XVIIe siècle aux Montèzes, le compoix de 1693 et sa brevette de 16944 (qui enregistre les modifications du compoix jusqu’en 1770 environ) ne citent que deux mûriers : […]
La relance de la soie dans les Cévennes
Imprégné par le souvenir des vers à soie que j’allais nourrir avec ma mère et mon oncle, tous les printemps, à la sortie de l’école, dans les années 50/60, je suis resté très attaché à cette activité si particulière, fortement ancrée dans l’identité des Cévennes et de son piémont.
C’est dans ces temps-là que la dernière filature cévenole allait fermer ses portes en 1965 à Saint-Jean-du-Gard et, avec elle, toute l’activité séricicole des Cévennes, pourtant plusieurs fois séculaire, a paru être définitivement clôturée laissant derrière elle des souvenirs à la fois fabuleux mais aussi amers. […]