Cahiers du Haut-Vidourle N° 31 – janvier 2020 Spécial SOIE – 1
Les Amis de Clio
Cahiers du Haut Vidourle N° 31 - janvier 2020
Spécial SOIE - 1
Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol
84 pages
Tourisme, Histoire & soie au XXIe siècle
Parmi toute cette richesse patrimoniale, le passé séricicole et soyeux cévenol a attiré l’attention de nombreuses collectivités et institutions locales. Dans la Communauté de communes Piémont cévenol, le Musée de la soie de Saint-Hippolyte-du-Fort et l’ensemble des sentiers d’interprétation du Carré de Soie, à Saint-Jean-du-Gard Maison Rouge, musée des vallées cévenoles, au Vigan le Musée cévenol, dans le Parc national des Cévennes, la Magnanerie de La Roque, contribuent à une offre de découverte de l’implantation ancienne de la soie. Étrangement, Ganges, cité pionnière et capitale du bas de soie n’a aucun lieu dédié à cette histoire, hormis la fresque sur la façade de l’hôtel de ville. De nombreux spectacles ont illustré également cette histoire, à travers en particulier la vie quotidienne des fileuses, héroïnes discrètes de cette épopée.
Pour l’historien, c’est la mise en contexte de ces activités, des origines à leur disparition, qui justifie son travail et ses recherches. Au-delà du slogan accrocheur de l’arbre d’or, quelle réalité peut-on retrouver de l’âge d’or ? Pour un tourisme intelligent, respectueux des paysages, des monuments et des habitants, pour une relation authentique des populations avec les femmes et les hommes qui les ont précédées, au-delà de la construction d’une légende, fut-elle dorée, l’histoire décrit et décrypte la construction de la société que nous vivons aujourd’hui.
Elle permet de construire un avenir, non pas parce qu’elle se répète ou permet un quelconque pronostic, mais parce que l’histoire donne toute l’épaisseur nécessaire aux sociétés et dans le cas particulier de l’histoire de la soie, propose une valeur ajoutée à tous ces vestiges matériels et immatériels qui nous environnent. Telle est en tout cas l’ambition de ces numéros spéciaux SOIE de 2020.
Sommaire
La soie à Cros, XVIIe-XVIIIe siècles
Aujourd’hui encore, tout Cros est bruissant du souvenir de la soie. En arrivant, que ce soit de Saint-Hippolyte ou de Saint-Roman-de-Codières, ce sont les mûriers qui vous accueillent au bord de la route, puis chaque mas vous salue de son étage surélevé d’une magnanerie. Dans le hameau de La Mazade, entre les magnaneries, les filatures sourient encore de leurs fenêtres cintrées.
En 2018, le Sentier de la soie, est venu matérialiser la trace soyeuse dans la commune ; il est temps maintenant d’écrire une histoire de cette activité séricicole dans le village. […]
Rapport de l’inspecteur des manufactures Tricou, 1782
présentation & transcription par Florian CADORET
Le texte qui suit est un mémoire réalisé par Jean Victor Herménégilde Tricou, élève des manufactures à Nîmes en 1782. Ce mémoire est conservé aux archives nationales sous la cote F12 (Commerce et Industrie).
Jean Victor Tricou est né à Lodève en 1753 d’une famille d’inspecteur des manufactures. En 1781, il est avocat au parlement puis admis élève inspecteur à Nîmes, il est nommé sous-inspecteur à Moulins à la suite de ce mémoire. Il poursuit sa carrière d’inspecteur, participe activement à la Révolution à Saint-Chinian dont il devient maire de 1799 à 1805. Il poursuit des activités industrielles en parallèle de ses anciennes fonctions d’inspecteur qu’il retrouve en 1810. Il meurt en 1848. […]
La sériciculture à Cézas
Nous connaissons la culture du mûrier dans le village essentiellement à travers les contrats d’arrentement (ou fermage).
La première référence de mûrier sur le territoire de Cézas date de 1659 dans l’arrentement du mas de Védilhe. Puis en 1674 Antoine Audibert « bailhe à prix faict » à Pierre Castanier, entre autre, la construction d’une muraille de « pierre seche » sur une pièce de terre et y planter « arbres noyers ou mûriers » d’un espacement de 3 cannes au mas du Thérond. […]
Le commerce de la feuille de mûrier à Saint-Jean-du-Gard au XVIIIe siècle
Le succès rencontré par la sériciculture dans les Cévennes du XVIIIe siècle est un phénomène bien connu. La culture du mûrier, subordonnée aux étapes plus complexes du processus de production de la soie, n’en constitue pas moins son fondement agricole, et demeure peu étudiée. Les travaux récemment consacrés à la sériciculture cévenole et à l’industrie nîmoise de soieries qu’elle alimentait ne manquent certes pas de l’évoquer, mais n’en font pas un objet d’analyse à part entière, et se contentent pour la traiter de reprendre l’abondante littérature qu’a suscitée au XIXe siècle, l’éducation des vers à soie. Faire le point sur l’amont de la filière est pourtant essentiel pour étudier les progrès de la sériciculture au XVIIIe siècle. […]