Les Amis de Clio

Cahiers du Haut Vidourle N° 30 – juillet 2019

Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol

80 pages

Numéro Varia

Ce nouveau numéro est éclectique ; archéologie, architecture, spéléologie, poésie et pédagogie y sont à l’honneur, sur autant de périodes, Moyen Âge, XIXe siècle, Seconde Guerre mondiale, et les sujets abordés touchent à la fois le piémont et les Cévennes.

Thierry Ribaldone évoque le passé tumultueux du château de Corconne dont les ruines majestueuses dominent le village actuel. Lieu privilégié des affrontements survenus durant la Guerre de Cent Ans et les guerres de religion, le castellas, avant d’être définitivement ruiné, est passé de lignage en lignage. Parmi ces seigneurs sortis de l’ombre, le noble Guerrier, haut en couleurs témoigne par son comportement de l’arrogance des hobereaux locaux. Au XIXe siècle, une chapelle apaise les lieux désormais consacré à la prière et à la visite des pèlerins. Fidèle à sa pratique, Thierry Ribaldone décrit avec précision les caractéristiques et les dimensions du château médiéval, en décrypte les ruines, ses travaux prolongent avec bonheur ceux de Michèle Roux-Saget et Louis-Paul Delplanque. Le maillage castral des Cévennes et du piémont est peu à peu mieux connu.

Que faut-il retenir du souvenir de Louis Carteirac, finement retracé par Sylvie Carteirac-Cregut ? Malgré des velléités artistiques, c’est bien la démarche de l’archéologue et du spéléologue amateur qu’il faut privilégier. Avens et autres abris sous roche de la région offraient bien des opportunités à des jeunes gens qui, outre leur profession, partaient sur leur temps de loisir à la recherche des restes des premiers habitants de la région et s’enfonçaient dans les « entrailles de la terre ». Cette passion unissait un artiste, un médecin et un militaire, amateurs éclairés, attirés par ces sciences balbutiantes qu’étaient l’archéologie et la spéléologie. Dans le rapport ci-retranscrit, la poésie a encore la part belle.

La poésie et la guerre font souvent bon ménage. À travers un simple feuillet manuscrit, Odon Abbal retrouve l’atmosphère angoissée des derniers mois de l’occupation dans les Cévennes. L’assassinat d’un jeune adolescent innocent a marqué les esprits, et l’écriture permet d’exprimer la douleur, la colère et l’espoir qui seul, demeure. Le rappel de ces événements tragiques, à l’heure où beaucoup se proclament d’une identité ostraciste, invite à méditer la phrase de Berthold Brecht : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde. »

Avec Bernard Schira la métrique poétique cède le pas aux subtilités mathématiques. Qui n’a dans sa jeunesse buté sur la règle de trois ? Exploitant toujours avec bonheur le manuscrit de Pierre Michelin, il expose ici les rouages de cette opération telle qu’elle se pratiquait encore au XIXe siècle pour calculer les opérations de change ou de commerce. Mais l’intérêt des exemples choisis révèlent également le réseau commercial d’un fileur devenu instituteur par la suite dans la commune de Monoblet. La mise en place du système décimal au moment de la Révolution française perturbe les pratiques d’antan tandis que les événements servent d’exemples dans les exercices proposés, bel exemple d’ouverture pédagogique sur l’actualité ! Devant la complexité des opérations commentées, le citoyen d’aujourd’hui ne peut que se réjouir, sinon de la chute de la royauté, du moins de la simplification des modes opératoires de calcul !

Sommaire

Le castellas de Corconne

À la limite du Gard et de l’Hérault, au sud-ouest de la commune de Quissac, le vaste plateau qui porte la forêt de Coutach s’interrompt brusquement au-dessus de la plaine de Corconne par une impressionnante falaise verticale de plus de 100 mètres de hauteur. Blotti contre la paroi, le village est dominé par les vestiges d’un château qui faisait partie du réseau fortifié que les incontournables Bernard-Bermond de Sauve et d’Anduze firent ériger pour surveiller la plaine en contrebas. L’étendue du site, implanté sur deux niveaux, atteste l’importance stratégique du lieu, que l’histoire se chargea de lui faire payer à plusieurs reprises, en particulier pendant les guerres de Rohan. […]

Louis Carteirac (1865-1918)

Mon père parlait souvent du cousin de Saint-Hippolyte, un peu loufoque, haut en couleur, aimant la fête et les virées entre amis et appelé indifféremment Lou Pintre ou la Gambille ou encore Carto.

Qui était-il réellement ? Pourquoi de tels surnoms ? […]

Les environs de Saint-Hippolyte-du-Fort

Les Cévennes meurent chez nous. La Vaunage nous touche et nous ne pouvons contempler d’ici que les derniers efforts de la poussée souterraine qui, soulevant les masses en formation, exhaussa les montagnes et creusa des vallées. Nous ne verrons que le Liron au sommet aride, la Fage rousse de sa toison de genêts et de bruyères, le Cayrel curieusement découpé, le Pic du Midi au profil de géant endormi d’une singulièrement correction de lignes et plus près de nous le Rocher du Cengle ; celui-là aussi fait partie des Cévennes et nous en dirons quelques mots. […]

Transcription de l’article de Louis Carteirac (1901)
Poème à un jeune martyr gardois (février 1944)

Il s’appelait Élie Soutoul. Il était né à Cros le 2 août 1892, fils de Pierre et Augustine (née Fournier) Soutoul. Il exerçait le métier de cultivateur. Ce petit bonhomme de faible constitution, – son livret militaire décrit un individu d’un mètre cinquante quatre centimètres, à la musculature jugée insuffisante – a été incorporé au 19e Régiment d’Artillerie de Nîmes, plus précisément à la 15e brigade, en septembre 1915. […]

La règle de trois au début du XIXe siècle

Nous avons vu dans l’article précédent que Pierre Michelin est un Vaudois du Piémont venu à Nîmes où il épousa une Cévenole, Marie Servel, le premier mai 1788.

Il est né à Bobbi au Piémont le 27 octobre 1754, dans une vallée où l’on parle le français. Il décède le 9 décembre 1833 aux Montèzes, hameau de Monoblet, à 79 ans. […]

Document : Prospectus pour le moulin des Claris à Conqueyrac, 1889

Ce prospectus de 1889 témoigne de l’activité céréalière encore bien vivante à la fin du XIXe siècle dans la région de Saint-Hippolyte.

Il nous a été confié par M. Malhole, decendant de M. Valette aux Claris, sur la commune de Conqueyrac.

Le moulin, et toute l’exploitation agricole, était alimenté grâce à une prise d’eau dans le Crespenou, à quelques kilomètres, et un canal. Mis en place au milieu du XIXe siècle, il est en activité jusqu’au début du XXe. […]