Les Amis de Clio

Cahiers du Haut Vidourle N° 29 – janvier 2019

Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol

84 pages

Éditorial

Les amis de Clio ont pendant 5 ans, de mai 2008 à septembre 2013, géré la bibliothèque Roure-Sarran, située dans la maison Dugas sur le Plan et propriété de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, vieille dame parisienne créée en 1854. Les bénévoles y ont accueilli des lecteurs peu nombreux mais assidus, et particulièrement intéressés par l’histoire locale ; l’idée est alors venue de créer un fonds particulier consacré à l’histoire, l’ethnologie et la littérature régionales. Lorsque la médiathèque communautaire de Saint-Hippolyte a ouvert, l’association a négocié avec la SHPF et la communauté de communes du Piémont cévenol pour déposer ce fonds dans la médiathèque à la disposition du public.

Après 5 ans, c’est chose faite ! Deux armoires dans la médiathèque Olympe de Gouges contiennent 301 ouvrages qui permettront aux lecteurs d’avoir accès à l’histoire locale, aux auteurs cévenols, Chamson et Chabrol bien sûr mais aussi Hélène Maurin-Rouyre. Quelques auteurs occitans, et en premier Frédéric Mistral et son chef d’oeuvre Mireille/Mireio. Du côté de l’histoire, signalons l’original de la thèse d’André Peyriat, Histoire de l’Église réformée de Saint-Hippolyte-du-Fort des origines à nos jours, qui servit de base à sa monographie sur la cité cigaloise, présente aussi dans ce fonds. La collection complète de la première série des Cahiers du Haut-Vidourle (du numéro 1 au numéro 22) est évidemment là aussi.

La consultation est libre, aux conditions habituelles de la médiathèque.

Précisons que pour les numéros de la nouvelle série, les médiathèques de Saint-Hippolyte et de Sauve sont abonnées et on peut donc consulter tous les numéros depuis le n° 23.

Parlons maintenant de ce numéro 29, qui navigue d’aujourd’hui au XVIIe siècle.

Ce sont les pratiques de nos contemporains proches, y compris les lecteurs des Cahiers, que trois articles interrogent : les élections présidentielles de 2017, la fréquentation du café occitan de Pompignan en 2016, la mise en scène de l’histoire de Saint-Hippolyte dans les caminades depuis 2012. La méthode est la même pour les auteurs : l’enquête. Qu’elle soit faite à partir des données électorales, des questionnaires distribués aux participants ou des entretiens avec les créateurs, l’enquête permet de saisir l’instant et d’approcher, sinon la réalité dans toute son épaisseur, du moins ses expressions et la façon dont les protagonistes la vivent.

À côté de ces présentations ethnographiques, trois articles historiques de ce numéro sont des analyses qui éclairent des documents ancrés eux aussi dans leur époque : un manuel d’arithmétique conçu à la fin du XVIIIe siècle par un instituteur des Montèzes, Pierre Michelin que nos lecteurs connaissent bien (voir les numéros 24, 26 & 27), un « verbal » d’une visite diocésaine en 1738 et un contrat d’apprentissage devant notaire en 1664.

Enfin, nous terminons l’évocation de la Der des der parla vie et la mort au village de Cézas pendant cette guerre.

C’est ainsi que humblement nous continuons de vivre et de faire revivre dans la vallée du Haut-Vidourle et tout le piémont cévenol la foule des petites gens qui sont l’Histoire.

Sommaire

Une analyse géographique du premier tour de l’élection présidentielle
du 23 avril 2017 dans le GARD

Dans le Gard, les électeurs se sont bien davantage exprimés (78,2 %) que la moyenne nationale (65,9 %) : + 12,3 points, montrant ainsi leur attachement au scrutin présidentiel.

En faisant apparaître sur la carte les communes où un des 4 candidats ayant des scores significatifs, a obtenu plus de 30 % des voix exprimées au premier tour, trois zones se dessinent : […]

Un jour de mai 1738 à l’église de Ceyrac

Le paysage rural tel qu’il existe au XVIIIe siècle est resté le même dans ses grandes lignes jusqu’à nos jours, seule la taille des bourgades a changé, certaines ont même disparu administrativement, marginalisées loin des voies principales de circulation locales dont Pierre Clément a montré l’organisation. Elles ont lentement décliné et progressivement les communautés humaines qui les habitaient se sont éteintes. Certaines n’apparaissent plus aujourd’hui que sous la forme d’un domaine alors qu’elles existaient sous forme de hameau dont les bâtisses se regroupaient autour d’une modeste chapelle ou église sans doute à l’origine même de la communauté. Gabriel Le Bras remarque que « si les noeuds de l’économie commerciale ou agricole appelaient le bâtiment religieux, la religion a, de façons bien diverses, suscité le village. » […]

Les quatre opérations simples dans l’Ancien Régime

Pierre Michelin est un Vaudois du Piémont venu s’installer à Nîmes, où il épousa une Cévenole, Marie Servel, le premier mai 1788. Il est né à Bobbi au Piémont le 27 octobre 1754, dans une vallée où l’on parle français. Il décède aux Montèzes, hameau de Monoblet, le 9 décembre 1833 à 79 ans.

Son acte de mariage mentionne qu’il est compagnon cardeur en filoselle. Mais le manuscrit de 300 pages que j’ai trouvé dans la maison où il vécut, montre qu’il est lettré et qu’il a de très bonnes connaissances de l’arithmétique de l’Ancien Régime. J’ai raconté son histoire dans l’un des Cahiers du Haut-Vidourle. Bien qu’il eût une descendance nombreuse, son patronyme s’est récemment éteint dans les Cévennes. […]

Un contrat d’apprentissage au XVIIe siècle

Le contrat d’apprentissage revêt un grand intérêt documentaire, car il nous fait entrer de plain-pied dans la société de nos ancêtres.

L’apprentissage est une étape importante de la vie des hommes et le contrat passé devant notaire, comme pour tous les actes importants de la vie courante (tels le contrat de mariage, le testament, la reconnaissance de dot…), offre un contenu imprégné des mentalités des différentes époques anciennes. […]

Cézas pendant la Grande Guerre

Cézas en 1914 compte environ 100 habitants. Le village se compose du village proprement dit (une soixantaine d’habitants), et de 8 hameaux dont 7 sont habités (40 personnes environ) : Védille, La Croix (3 familles), L’Oustalet, Le Ferrant, Le Thérond (2 familles), Le Gay, Valloubière. Le village abrite un curé et sa servante, une institutrice, son mari et leur fille.

C’est un village parmi les plus déshérités du département. Le préfet indique en 1912 « la commune de Cézas est une des plus pauvres de l’arrondissement du Vigan, de plus un grand nombre de maisons y sont vacantes. » […]

Les Caminades

La scène se passe à Saint-Hippolyte-du-Fort un soir d’été, à l’heure où la chaleur commence à décroître. Rendez-vous est donné à la cour des Casernes – mais ce peut être aussi devant la mairie ou l’école primaire. Touristes, Cigalois depuis plusieurs générations ou d’adoption, familles, curieux de toutes sortes forment un cercle autour du conteur et guide Claude Anselme qui, debout derrière sa carriole, commence par raconter l’histoire de la cour d’honneur et de l’école militaire. Les quelque deux cents1 spectateurs se mettent ensuite en ordre de marche et s’acheminent vers un autre lieu, qui est, selon les années, la tour Saint Jean, la place de la Canourgue, le Plan, l’école maternelle… […]

Qui vient au Café Occitan de Pompignan ?

C’est une enquête rapide, menée au printemps 2016 pendant trois cafés occitans consécutifs avec un questionnaire simple de type questionnaire de satisfaction. L’échantillon recueilli n’est bien sûr pas aléatoire, et n’évite même pas les redoublements de réponses de la même personne. C’est dire qu’il ne faut rien en extrapoler pour d’autres cafés occitans, et peut-être même pour celui de Pompignan, puisqu’il semble bien que le public se recompose chaque fois, et que l’on ne suit pas les évolutions qui se dessinent selon la saison, l’année ou le thème du café occitan. Ces précautions prises, voyons ce que cette photographie évidemment (très) floue nous apprend du café occitan de Pompignan. […]