Cahiers du Haut-Vidourle N° 26 – septembre 2017
Les Amis de Clio
Cahiers du Haut Vidourle N° 26 – septembre 2017
Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol
84 pages
Le numéro 26 des Cahiers du Haut-Vidourle se penche essentiellement sur le territoire compris entre Monoblet et Durfort et couvre une période allant du Haut-Moyen-Age à la Révolution française. Les contributions nous montrent à diverses échelles et suivant plusieurs modes d’approche le quotidien des habitants.
Thierry Ribaldone lève le voile sur les ruines de Saint-Chamant qui surplombent Monoblet. L’endroit était un lieu de culte et quelques fortifications sommaires assuraient une protection temporaire aux habitants durant les temps troublés de la Guerre de Cent Ans. Temporaire car en l’absence de citerne et d’espace, une communauté ne pouvait séjourner en ces lieux. L’auteur en s’appuyant sur des documents d’archives dresse la liste des bénéficiaires de la chapelle et celle des capitaines chargés de la sécurité des habitants de la commune avoisinante à qui incombait l’entretien des constructions. Ce patient labeur de documentation et d’archéologie complète heureusement l’histoire de ce prieuré à « simple tonsure » naguère décrit par l’abbé Goiffon.
Bernard Schira nous transporte au lieu voisin des Montèzes, son travail relève à la fois de la généalogie et de la micro-histoire. Les Servel, protestants, hantent l’endroit depuis le XVIIe siècle d’après les documents disponibles mais leur présence est sans doute bien antérieure. Ce sont des gens de peu mais qui possèdent « fournil, clapassiers, vignes, hermes et autres devois ». La terre ne suffit pas, la laine pourvoit au reste. Les Servel sont artisans besogneux, ils foulent, cardent et filent comme beaucoup d’autres. Le mûrier n’apparaîtra que plus tard. Cette vie de labeur est ponctuée de drames, « la mort saisit le vif » et l’orphelin est responsable de famille très tôt, s’il est démuni, il survit de grapille ou de glanage. C’est là une chronique familiale comme tant d’autres, les Servel traversent le temps, solidaires dans la demeure familiale qui se transforme au gré des partages, ils restent fidèles à leur sol et c’est bien là l’intérêt de ce travail de montrer combien l’individu s’ancre dans sa petite patrie.
L’échelle et la période changent avec Florian Cadoret qui nous invite à suivre le fonctionnement d’une justice seigneuriale, celle de Durfort au XVIIIe siècle. La problématique est posée d’entrée : justice citoyenne ou justice de classe ? Le propos rassure, il apparaît vite que l’approche marxiste n’a pas disparu avec Eric Hobsbawm ! Le seigneur tel Ponce Pilate délègue son droit — mais ne l’abandonne pas, il peut révoquer ! — à un personnel de « justiciers » qui sont autant de catholiques, de gradués et de fortunés, tandis que le reste de la multitude appartient au monde des justiciables. Tout ce monde s’agite principalement durant les périodes de moisson, les délits agricoles et les impayés divers constituent la masse des affaires traitées sur fonds de crise politique et sociale en cette fin de siècle. La conclusion est nuancée : « La justice seigneuriale répond dans une certaine mesure aux attentes des justiciables même parmi les plus défavorisés tout en révélant les inégalités présentes dans la société ».
Pour la chronique occitane, Véronique Fiol ancre son propos dans le XXIe siècle afin de mieux parcourir l’histoire de la langue d’oc. Dans un style qui pourra surprendre le lecteur des Cahiers du Haut-Vidourle, elle l’entraîne dans une longue durée intergénérationnelle.
Par la diversité de leurs méthodes et des problématiques posées, ces contenus témoignent de la curiosité de Clio toujours en éveil en piémont cévenol.
Sommaire
Saint-Amans-des-Deux-Vierges, Monoblet
Les Jumelles sont deux sommets rocailleux de 521 et 524 m, plantés à mi-chemin entre Saint-Hippolyte-du-Fort et Monoblet : Saint-Chamant au Nord et Rouquette au Sud. Les ruines, que le Dictionnaire topographique du département du Gard (1868) désigne sous le vocable de Saint-Amans-des-Deux-Vierges, dominent la moins haute. Pour y accéder, on prend la petite route qui part de Monoblet vers le Sud-Ouest puis, à gauche de son intersection avec le chemin conduisant au mas de Cassoubiès, on emprunte le sentier qui grimpe entre les deux montagnes. […]
La famille Servel des Montèzes, XVIIIe siècle (1/2)
Étant moi-même néo-cévenol depuis près de cinquante ans au hameau des Montèzes, commune de Monoblet, je suis depuis ce temps lié d’amitié à notre voisin Marc Crouzet ; or ce n’est que récemment que ce dernier m’a fait découvrir puis confié ses archives familiales. Comme dans bien d’autres régions rurales (on aurait envie de dire « toutes » mais comment le prouver ?), le Cévenol est méfiant envers l’étranger et il lui faut beaucoup de temps pour qu’il se confie. […]
Justice seigneuriale et citoyenneté, Durfort, XVIIIe siècle
Il y a quelques temps, Roland Castanet déterrait de ses archives personnelles un mémoire de Frédérique Tesse qui concerne Durfort. Ce mémoire a pour titre : La justice du baron de Vibrac, seigneur languedocien, au XVIIIe siècle (1715-1744 et 1756-1759), paru en 1993. Ayant travaillé pour mon propre mémoire sur les notables et la propriété foncière à Durfort au XVIIIe siècle – il faut croire que Durfort passionne les historiens –, je me suis proposé pour le présenter et le critiquer au regard de mes propres […]
Chronique occitane : petite histoire de la langue d’oc (1/3)
Il y a trois ans, les grands-parents de Madeleine ont acheté une maison de vacances dans un hameau des basses Cévennes, pas loin de Saint-Hippolyte-du-Fort. Ils ont pour voisine Lucienne, bienheureuse retraitée de l’Éducation nationale, que Madeleine appelle affectueusement mamée. Cet après midi, Madeleine et Lucienne dialoguent à l’ombre, assises sur des chaises qui, entre nous, auraient bien besoin d’être rempaillées. […]
Document : une dissertation française, 1888
Cette dissertation est celle d’un élève d’un pensionnat protestant de Tournon (Ardèche), qui préparait ses élèves à l’entrée à la faculté de théologie de Montauban en même temps qu’ils suivaient les cours du lycée. Paul Teissonnière, de Cros, soutient sa thèse de théologie à Montauban en 1897 et devient pasteur dans une Église libérale de Bruxelles. Le professeur correcteur est inconnu. […]