Cahiers du Haut-Vidourle N° 23 – avril 2016
Les Amis de Clio
Cahiers du Haut Vidourle N° 23 – avril 2016
Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol
64 pages
Éditorial N° 23 : Les nouveaux Cahiers du Haut-Vidourle et du piémont cévenol
Les Cahiers du Haut-Vidourle s’intéressent avant tout à l’histoire locale et à l’ethnologie régionale, comme l’indique le sous-titre Histoire & ethnologie en piémont cévenol. Cette recherche locale ne se veut pas seulement un travail d’érudits, de généalogistes, de passionnés d’une région mais souhaite être complémentaire et en rapport avec d’autres revues régionales telles Le Lien du Chercheur Cévenol ou encore avec des fédérations historiques comme la « Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard ». Les échanges avec la recherche universitaire en particulier avec l’université Paul Valéry – Montpellier III, nous semblent aussi importants. Anne-Marie Duport constatait lors d’un colloque d’historiens que « … tous ont montré combien la confrontation des réflexions théoriques et des recherches d’histoire locale les plus érudites pouvaient être fructueuse […] ». De plus depuis les années 80, la micro-histoire a montré qu’en changeant d’échelle et parfois en regardant au « ras du sol », la compréhension historique de nombre de phénomènes et d’événements s’enrichissait.
Notre territoire est bien entendu ancré dans l’histoire mais ce ne peut pas être dans un espace historique mythifié au travers de « républiques montagnardes », de « républiques huguenotes », de « résistances catholiques » ou encore héroïsé par des « camisards », des « cébets » ou des « maquisards ». L’utilisation en histoire des notions de résistance, d’autonomie, d’indépendance face à l’État central, a parfois été politique et doit être modérée. Nous ne croyons certes pas à l’objectivité totale de l’historien qui vit dans son époque et est tributaire de son environnement comme des possibilités scientifiques de son temps, de sa propre situation et de ses choix. Au delà des mythes et des intérêts particuliers ou politiques, le piémont cévenol est un territoire qui a une histoire avec tout ce que cela comprend d’horreurs, de bonheurs, d’exploitations, de guerres, de luttes, de vie et de réalité. Appréhender son histoire, sa sociologie et sa dimension ethnologique est un travail toujours difficile et délicat pour lequel la nuance comme l’humilité restent essentielles.
Pour comprendre un territoire dans le temps et dans les comportements humains qui y sont à l’oeuvre, il s’agit de partir de sa base matérielle, de son économie ; comment les hommes s’organisent-ils pour répondre à leurs besoins ? Quels liens sociaux se créent entre eux ? Quelles hiérarchies sociales et politiques s’imposent dès lors ? Quelles idées politiques, quelles représentations, quelles idéologies ou quelles visions religieuses, ces intérêts génèrent-ils ? Quelles sont les relations avec les autres régions, le pays, le monde ?
Notre échelle principale est celle du Haut-Vidourle ; nous entendons par là le territoire qui s’étend de la source du Vidourle à Saint-Roman-de-Codières et Saint-Hippolyte-du-Fort jusqu’à Sauve et Quissac, englobant les communes proches. Mais la notion de piémont cévenol qui est à approfondir permet d’élargir la zone géographique en prenant en compte des données de géographie historique. Le piémont tel que nous le concevons couvre le pied des montagnes cévenoles du Vigan à Sauve, Anduze et Alès. Le piémont cévenol, zone de communication difficile et d’échanges intenses, zone de proto-industrie et de convictions religieuses, possède une histoire à la couleur particulière et dont la recherche s’avère riche et infinie…
Comme dans leur première série, les Cahiers du Haut-Vidourle cherchent à creuser l’ensemble des périodes historiques et préhistoriques, à étudier les comportements humains, l’organisation de la production, les rapports sociaux que cela implique, les hiérarchies et la propriété, les rites, les habitudes, les pratiques sociales, la ou les langues, le patrimoine, le rapport à la faune et à la flore, les techniques. Nous ouvrons nos pages à tous les chercheurs, érudits, passionnés ou amateurs d’histoire, de préhistoire, d’ethnologie, de sociologie, de langue et de cultures occitanes…
Dans la pratique, le comité de rédaction examinera chaque publication proposée dans un esprit ouvert et scientifique, s’appuyant sur l’avis de personnalités spécialistes, le plus souvent des universitaires. Il s’agit de présenter sa méthode, de s’appuyer et de raisonner sur des documents et/ou des témoignages situés et cités, pour faire vivre les sujets exposés.
Par ailleurs des articles concernant des espaces qui sortent de notre zone géographique, des sujets plus éloignés de l’histoire et de l’ethnologie, à partir du moment où ils enrichissent la connaissance du piémont cévenol et du Haut-Vidourle, seront les bienvenus.
La première série des Cahiers a connu 22 numéros, tous nos espoirs accompagnent la seconde !
Roland Castanet/Florian Cadoret
Sommaire
De la notion de piémont (1/2)
Les Amis de Clio ont décidé pour relancer les Cahiers du Haut-Vidourle d’élargir leur horizon au piémont cévenol. D’où cet article qui se base sur quelques réflexions d’une recherche en cours. Pour réellement définir et donner des clés de compréhension sur le piémont cévenol, plus encore d’un Piémont vu comme une notion à l’égal de la Montagne, telle que Fernand Braudel a pu le faire, une longue recherche serait nécessaire. Ce n’est ici qu’une première approche qui vise entre autres à cerner le territoire sur lequel s’aventure notre revue. Cet article est divisé en deux parties dont voici la première. […]
Trois tours des Anduze
Occupant chacune un sommet du triangle formé par la RD 24, la RD 200 et la RD 149, au nord du Salavès, les tours médiévales de Logrian, Les Gardies et Canaules faisaient partie du vaste réseau fortifié que les Bernard-Bermond de Sauve et d’Anduze avaient établi pour contrôler leurs possessions. Dans la seconde moitié du XIIe siècle ou au début du XIIIe, date probable de leur construction, elles furent confiées à une famille châtelaine dont les divers membres, alliances ou vassaux les possédèrent jusqu’à la Révolution. Parvenues jusqu’à nous, elles gardent – du moins pour deux d’entre elles – l’essentiel de leur élévation et constituent, à ce titre, un intéressant spécimen de l’architecture militaire romane. […]
Canadiens & Cigalois
Pour connaître le quotidien d’une petite ville de province à la fin du XIXe siècle, le premier réflexe est de parcourir la presse locale qui ne manque jamais de rapporter les événements quotidiens qui l’animent, les passions qui la déchirent et le risque est grand, suivant la posture du quotidien sollicité, L’Éclair ou Le Petit Méridional par exemple, de se trouver plonger au sein d’une polémique mêlée d’invectives, déformant la réalité ou altérant les faits. Plus rarement, suivant la qualité ou la renommée de la commune, un voyageur doué d’un plus ou moins grand talent de plume, a rapporté les menus détails qu’il a entrevus au cours de son bref séjour. […]
Chronique occitane
En février 2016, le café occitan de Pompignan a soufflé sa troisième bougie. Trois ans que le premier mercredi de chaque mois, des personnes du village et des alentours répondent à une invitation : partager la soirée autour d’une question liée à la langue ou à la culture occitanes. Selon les thématiques, ce sont vingt à soixante personnes qui font tinter leurs verres et savourent la cuisine du bar des Colonnes avant que ne s’enchaînent à partir de 20 h 30, conférences, contes, jeux et chansons. […]