Cahiers du Haut-Vidourle N° 21 – septembre 2007

L’histoire se vit. Une sympathique cité voisine, comme on disait au XIX^e siècle, et pour ne pas la nommer Ganges, nous l’a bien fait voir ces samedi 8 et dimanche 9 septembre : une grande fête autour de 1900, qui montrait bien ce besoin que nous avons de nous rappeler, de nous renseigner, peut-être de nous inspirer de l’histoire.

Notre association essaie, à sa place locale, de faire que l’histoire soit autre chose qu’une simple évocation ou, à l’autre extrême, un instrument de propagande pour des buts jamais bien clairs quand ils font appel à une histoire hagiographique, peuplée d’anges et de démons, de bien et de mal. Le thème de la vengeance avait été évoqué ici même dans le n°20, le thème de l’utilisation de l’histoire à des fins partisanes en est la suite logique.

Les historiens sont comme tout le monde les produits de leur époque, nous pouvons souhaiter que la nôtre continue à produire des historiens qui cherchent simplement à porter sur le passé un regard analytique, pour comprendre les motivations des uns et des autres et décrire les stratégies, pas toujours conscientes, qu’elles ont suscitées. Pour comprendre le présent, bien sûr, et y décrypter mutatis mutandis les stratégies et les motivations d’aujourd’hui.

Mais quel plaisir aussi d’écouter et de lire des histoires, de rêver sur des personnages ou des monuments qui se suffisent à eux-mêmes et nous charment pour cela.

Ce numéro 21 des Cahiers du Haut-Vidourle propose donc pour aujourd’hui non pas des leçons du passé, leçons vaines, nulles et non avenues, mais des évocations et surtout des documents pour susciter émerveillement, réflexions et actions.

Jean-Noël Pascal évoque la deuxième partie de la vie de Jean-Pierre Claris de Florian, celle qui voit les débuts de sa carrière d’écrivain, à succès dès l’origine. Un succès qui l’emporte à 33 ans jusqu’au fauteuil d’académicien.

Plus près de Saint-Hippolyte, au coeur même de la ville, Roland Castanet évoque l’histoire de « l’Institut », c’est-à-dire, tous les Cigalois l’ont compris immédiatement, non pas celui de France où nous venons d’admettre Florian, mais « l’Institution mixte pour les sourds-muets et les aveugles protestants de France ». Cette institution fête ses 150 ans d’existence et surtout d’éducation auprès des enfants sourds (et pendant deux périodes, auprès des aveugles) avec entre autres, deux livres d’histoire. L’auteur a bien voulu nous donner les pages qui évoquent les années 1900, décidément ce début du XX^e siècle, que l’on s’accorde maintenant à nommer la « Belle Époque », fascine notre XXI^e siècle débutant.

Le reste du numéro présente un florilège de documents :

— sur deux petites églises romanes, l’une chante, l’autre pas, car Saint-Martin-d’Aguzan est toute belle dans sa robe neuve et Saint-Vincent-de-Cros attend, porte fermée, sa restauration. Notre article y contribuera-t-il ? La municipalité de Cros l’espère un peu, et nous aussi. Les renseignements sont dus essentiellement à Pierre-Albert Clément, le dossier a été coordonné par Michèle Roux-Saget.

— sur les mines de zinc et de plomb de Valatougès, qui ne furent jamais de bien grand profit, malgré les promesses, un peu forcées, du rapport que nous publions. Les documents proviennent du fonds de Pascal Coularou, grand collectionneur devant l’Éternel.

— sur la justice de paix de Saint-Hippolyte-du-Fort, pendant la période révolutionnaire. Un deuxième document au coeur du patriotisme des engagés de l’an I de la République, qui devinrent les soldats de l’an II !

L’histoire vit, vivons l’histoire !