Cahiers du Haut-Vidourle N° 20 – janvier 2007
Les Amis de Clio
Cahiers du Haut Vidourle N° 20 – janvier 2007
Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol
60 pages
Amis de Clio Les nouveaux Cahiers du Haut-Vidourle et du piémont cévenol
Clio, muse de l’Histoire, invite dans ce numéro Thalie, muse de la Comédie et Melpomène, celle de la Tragédie, avec Euterpe, muse de la Poésie lyrique et Polymnie, muse des Hymnes. Nous avons voulu visiter la culture cévenole et régionale, celle d’hier et celle d’aujourd’hui, la savante comme la populaire. Une simple visite de courtoisie, il ne nous échappe pas que le sujet et de pareilles invitées méritent un écrin autrement ample et prestigieux que notre revue.
Il n’empêche, pour son vingtième numéro Les Cahiers du Haut-Vidourle, revue d’histoire et d’ethnologie se fait aussi revue culturelle. Des distinctions qui sont d’ailleurs bien artificielles, et pour revenir aux muses, rappelons-nous qu’elles sont toutes neuf filles de Mnémosyne (Mémoire) et enfantées par Zeus, le père des dieux, c’est à dire « qu’elles chantent les choses passées, présentes et futures ». Notre revue s’en fait l’Écho, mais il s’agit d’une autre nymphe…
A l’heure du blog instantané et des participations de plus en plus nombreuses à l’élaboration d’une culture multiforme et d’une accessibilité telle que notre parution à 200 exemplaires fait figure, peut-être, d’arrière-garde, nous nous flattons cependant d’offrir à nos lecteurs un objet qui a encore sa place sur une table, un bureau ou un chevet. Les merveilles de la communication sont aux antipodes des lois du profit : la demande augmente l’offre, l’offre suscite la demande, le don augmente le capital du donneur, la concurrence n’élimine jamais les faibles et les disparus renaissent de leurs cendres.
Tenez, la langue d’oc, combien de fois fut-elle jetée aux oubliettes de l’histoire ? Anne Clément en parle en praticienne, et non seulement de la langue, mais de tout un théâtre vivant et en devenir, en nous racontant à travers son expérience l’éternelle renaissance, si tant est qu’elle disparût jamais, de la culture populaire du Languedoc. Carnaval est mort, vive Carnaval.
Et Florian, le fabuliste dont à force de dire qu’il est complètement oublié, on n’a jamais autant parlé ! Jean-Noël Pascal reprend pour nous l’ensemble de sa vie et de ses œuvres, en publiant aujourd’hui la jeunesse cévenole de Jean-Pierre Claris de Florian et son éveil à la littérature. Nous pourrons suivre dans les prochains numéros le plein épanouissement de son talent et l’éclosion de sa gloire.
La musique arrive enfin, avec un Parisien des Cévennes, ou un Cévenol de Paris, Vincent d’Indy, évoqué avec fougue par Jean-Philippe Dartevel. Puisse ce numéro contribuer à remettre à l’honneur son opéra Fervaal, qui attend depuis 34033 jours (au 1er janvier 2007) d’être rejoué. Son talent de musicien n’efface en rien son antisémitisme, il est simplement du rôle de l’historien et du musicologue d’évoquer l’homme et son œuvre dans toutes ses hauteurs et ses bassesses.
Les muses ne sont pas les Euménides (les Bienveillantes), déesses de la vengeance.
Qui songerait aujourd’hui à venger Gavanon, « opiniâtre » traqué et condamné à la roue par avance, mais heureusement pour lui, par contumace ? Philippe & Zénon Mézinski nous racontent comment toute l’aventure finit par une chanson, alors que le fort dont il s’évada pieds nus est, aujourd’hui encore, une fort utile usine de chaussures de sécurité.
Et laissons pour les enfants courir les lièvres et les camisards dans la plaine, en attendant d’évoquer, pour les grands, s’ils sont sages, dans un prochain numéro, Ératô, l’aimée, muse de la Poésie érotique.
Sommaire
Vincent d’Indy : un grand musicien cévenol
Les Cévennes ne savent pas assez qu’elles ont produit un immense musicien, fondateur de la Schola Cantorum, professeur mondialement connu, chef de file d’une incomparable génération de compositeurs français : Vincent d’Indy. Né et mort à Paris (1851-1931), « [il] eut une action déterminante dans la vie musicale de la capitale. Pourtant, il est resté un homme du Vivarais par le coeur et les racines ; cette région a laissé son empreinte dans sa vie et dans son oeuvre ». Issu d’une famille de la noblesse vivaroise, c’est donc un chantre de l’Ardèche du nord, plus exactement de la région située entre Vernoux, Grozon et Alboussière, tout près du petit village de Boffres. Là, en pleine nature, non loin du manoir de ses ancêtres, il fit construire un magnifique château dont il avait élaboré les plans : Les Faugs.
Théâtre Occitan près de chez vous
Sans le savoir je suis tombée dedans quand j’étais petite, et puis j’ai oublié et j’ai cru que ça m’était arrivé tout d’un coup à Paris parce que j’étais émigrée comédienne. Pour commencer, ma mère institutrice nous avait appris pour Noël « Catarineta del Bon Dièu » de Fredol de Maguelone de Montpellier (1852), la maîtresse de Saint-Hippolyte un autre chant de Noël du grand Saboly prêtre d’Avignon (1615-1675) « Pastre pastresso » et notre chère Tante Marie de Saint Bonnet, l’hiver dans la cheminée nous lisait les fables de Bigot.
L’histoire d’Antoine Gavanon dit la Vérune :
son évasion du fort de Saint-Hippolyte
L’histoire de Gavanon « enfant du païs » de la fin du XVIIe siècle est relatée dans l’ouvrage de Charles Bost, Les prédicants protestants des Cévennes et du Bas Languedoc (1684-1700) (paru en 1912 chez Honoré Champion) qui la tira lui-même des papiers d’Antoine Court.
Jean-Pierre de Claris de Florian : la carrière d’un écrivain
De Florian, qui fut pourtant l’un des écrivains les plus prolixes et les plus renommés des années qui précédèrent la Révolution, l’oublieuse postérité n’a guère retenu désormais que quelques moralités proverbiales empruntées, sans d’ailleurs qu’on s’en souvienne forcément, à son recueil de Fables, paru en 1792 et promis, pour plus d’un siècle et demi, à une belle destinée scolaire et éditoriale : « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » (Le Vacher et le Garde-chasse), « Pour vivre heureux, vivons caché » (Le Grillon)…
Les camisards à Sauve - Petite histoire drôle
La Guerre des Camisards débuta, comme on le sait, le 24 juillet 1702 avec le meurtre de l’abbé du Chayla à Pont-de-Montvert. Pendant les mois suivants les chefs principaux, Roland (Pierre Laporte de son vrai nom) et Jean Cavalier, installèrent leur quartier général dans la Combe de Bisoux, entre Durfort, Fressac et Monoblet. C’est de là qu’ils se lancèrent, le 27 décembre 1702, à l’attaque de la ville de Sauve (« un des épisodes les plus connus parce que le plus drôle et spectaculaire de cette guerre », selon Jean Germain) : en désarmant les « papistes » de la ville ils pourraient se procurer les armes et la poudre qui leur manquaient.
Une comptine cévenole
Ce petit conte pour très jeunes enfants est raconté par un adulte ou un grand. Celui qui raconte l’histoire prend la main du bébé et lui caresse la paume, puis il lui prend les doigts un à un, au fur et à mesure que se déroule l’action.