Cahiers du Haut-Vidourle N° 17 – janvier 2004
Les Amis de Clio
Cahiers du Haut Vidourle N° 17 - janvier 2004
Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol
72 pages
Roland CASTANET Avant-propos des 73 articles du CHV
Soixante-treize articles, ce n’est pas une nouvelle convention que nous proposons à nos lecteurs, mais simplement le nombre d’articles publiés dans les Cahiers du Haut-Vidourle depuis leur création en janvier 1996.
Ce n’est pas non plus un inventaire après décès. Malgré tout l’intérêt que porte tout historien à ce genre de document, grand pourvoyeur de l’histoire quantitative, de l’histoire religieuse, de l’histoire des mentalités, de l’histoire familiale, de l’histoire matérielle, je ne veux pas constater ici une disparition, mais une belle aventure intellectuelle.
Avec trois directeurs de publication successifs, Odon Abbal, Roland Castanet et Michèle Roux-Saget, les Cahiers du Haut-Vidourle ont voulu créer un espace de réflexion sur le rapport des habitants d’une région avec son passé, rapport qui forme ce que l’on appelle aujourd’hui sa mémoire. Or s’il est en France un lieu de mémoire privilégié, ce sont bien les Cévennes. Odon regroupa donc quelques amis, historiens et ethnologues de profession ou de vocation, et l’association des Amis de Clio entreprit cette publication « pour mettre en valeur le patrimoine historique et ethnologique des communes du canton de Saint-Hippolyte-du-Fort et de ses environs », sans rechigner aux tâches les plus humbles de la frappe des articles et du pliage des cahiers. Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas la recherche d’auteurs ayant des choses intéressantes – passionnantes – à dire qui est le plus ardu dans la publication d’une telle revue, mais c’est la recherche d’un trésorier, d’un metteur en page, d’un secrétaire qui gère abonnements, diffusion… et relance les lecteurs, d’un imprimeur. Tout cela bien sûr à des prix associatifs, c’est-à-dire basé principalement sur le bénévolat.
Après huit ans de fonctionnement et 16 numéros parus, il nous faut cependant faire une pause avec ce dix-septième numéro. Les problèmes viennent, répétons-le, non pas du manque d’auteurs et d’articles, non pas du manque de lecteurs, mais de l’usure ou de la disparition des forçats de la publication, même assistée par ordinateur. Il nous faut le temps de nous reprendre, de retrouver une équipe qui ait le temps et les moyens de se consacrer à une revue.
Les Cahiers du Haut-Vidourle ne disparaissent pas, ils demandent le droit au repos. L’association des Amis de Clio reste et notre muse veillera à nous réveiller bientôt, pleins de forces nouvelles pour permettre à l’Histoire de se développer et d’éclairer, modestement mais fermement, avec ses rappels et ses analyses, l’itinéraire des citoyens du XXIe siècle. Vidourle, notre fil d’Ariane, coule toujours, se rappelle trop souvent brutalement à notre attention, a drainé et draine encore quelquefois des passions si humaines pour que nous puissions l’oublier. À son image, notre revue emprunte après le dix-septième jalon un cours souterrain qui n’en rendra que plus limpide sa résurgence.
Nous avons privilégié les descriptions, celles des monuments et des paysages (un tiers des articles). Mais nous avons aussi parlé de religion, de politique, d’éducation, d’économie, de culture et de vie quotidienne. Nous sommes bien une revue locale et notre prétention, même si notre sous-titre proclame histoire et ethnologie, est avant tout d’être des guides pour des parcours éclairés à travers justement ces monuments et ces paysages qui sont la première chose que nous offre le pays cigalois. C’est ce que nous devions à nos lecteurs, qui ont toujours été assez nombreux pour assurer notre autofinancement. Pour eux, pour nous, il y aura une suite.
À bientôt donc pour la continuation de l’Histoire sans fin et pour la plus grande gloire de Vidourle.
Sommaire
La saga des bancels Cévennols
Qui n’a pas été étonné, voire émerveillé par le colossal travail, les prodiges d’ingéniosité que nos ancêtres ont dû déployer pour couvrir les versants de nos vallées Cévenoles de ces milliers de terrasses patiemment aménagées tout au long des siècles passés. Certes ce mode particulier de culture, si caractéristique du pourtour méditerranéen se retrouve également bien au delà (Amérique du sud, Philippines, Madagascar, Chine, Yémen, Népal, Indonésie…), mais les propos qui vont suivre ne concerneront pour l’instant que notre région et ses bancels, ses traversiers, ses faïsses, ainsi nommés le plus fréquemment par la langue vernaculaire et que nous appellerons dans ce texte par souci de simplification, des « terrasses ».
Saint-Roman-de-Codières (1) des origines à la Réforme
St Roman de Codières est situé à la ligne de partage des eaux entre le bassin de l’Hérault et celui du Vidourle, c’est aussi le carrefour de trois vallons ce qui en fait un haut lieu stratégique depuis plus de 2000 ans.
Saint-Roman-de-Codières (2) de la Réforme à la Révolution
En 1550 Saint-Roman de Codières fait partie du baillage de Sauve appartenant à l’Évêché de Montpellier depuis 1293. À cette date Saint-Roman comprend 130 bâtiments (maisons, jasses, clèdes, four, palliers etc.), et un moulin blatier certainement au mas de Fromental. Le prieuré composé d’une église et d’une maison claustrale dépend du chapitre cathédral de Montpellier qui fait lever la dîme.
Saint-Roman-de-Codières (3) de la Révolution à nos jours
La période du premier Empire n’amènera que peu de changements notables dans la région sinon, qu’après le Concordat en 1805, Saint-Roman fut érigé en succursale du doyenné de Sumène, le chef-lieu de canton. Dans cette période, se fera la vente du mas de la Nible, la famille Delpuech cédant le domaine aux Camplan dont les descendants sont encore, de nos jours, propriétaires.
Tandis qu’au 18ème siècle le château et la seigneurie justicière de toute la paroisse de St Roman, sauf deux petites enclaves, appartenaient à la famille de Serre dont un descendant, M. le comte de St Roman, pair de France en 1815, fit ériger sa terre en majorat. Ce fut une période tranquille et prospère
La pierre de Pompignan et ses environs (2)
Les derniers tailleurs de pierre
Le tailleur de pierre, contrairement au carrier, est traditionnellement un nomade. Il voyage de chantier en chantier, à la recherche de nouvelles tâches et apprend ainsi un grand nombre de techniques. Il faut préciser qu’à Pompignan, ce nomadisme n’existait pas. Les tailleurs du village étaient sédentaires et se contentaient du marché local, et donc se spécialisaient dans l’unique taille de la pierre que l’on exploite sur la commune.