Les Amis de Clio

Cahiers du Haut Vidourle N° 15 - janvier 2003

Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol

64 pages

Amis de Clio Avant-propos

L’actualité nous oblige à aborder un sujet douloureux qui a fait couler déjà beaucoup d’encre après avoir fait couler beaucoup d’eau. Mais il s’agit, pour nous, de rechercher plutôt les causes que les effets et, si le Vidourle est coupable il ne faut pas oublier ses acolytes : l’Argentesse et le Valestalière mais, surtout, plus en aval, le Crespenou et le Rieu Massel – un duo de forbans qui ravage tout sur son passage et menace directement Sauve. Les Cahiers du Haut Vidourle ne peuvent pas ignorer ceux-ci.

Comme nous sommes à la naissance du responsable des « Vidourlades » parlons aussi de son berceau, le massif de la Fage, spectaculaire porte des Cévennes qui sur près de 1.200 hectares nous réserve de belles surprises de La Cadière (au sud), à Cambo (au centre), Cézas (à l’est) et, au Nord, St.-Roman-de-Codières. Les principales essences d’arbres de la sylve cévenole se retrouvent dans le massif excepté un hôte de marque : le hêtre qui a pourtant donné son nom à la forêt de la Fage – fagus sylvatica.

Jeannine Kirmann nous fait découvrir Le Prieuré Saint Martin de Cézas. Celui-ci est en pleine restauration. Ce havre de paix, totalement dissimulé dans les châtaigniers, reprend vie grâce à l’activité de l’association Asphodèles. Le prieuré de Cézas qui, soit dans le cadre des journées du Patrimoine ou pour toute autre occasion, organise dans la petite chapelle rénovée, des expositions de peinture, des conférences et autres animations.

Bernard Cosson continue de collecter les témoignages des républicains espagnols émigrés dans notre région. Ce dernier récit, celui de Madame Brun, est très émouvant et ses souvenirs de petite fille découvrant émerveillée le goût « des carottes à la béchamel » est attendrissant. Le parcours de Mademoiselle Cazalès devenant Madame Brun est un bel exemple d’intégration dans une période où la xénophobie est à nouveau florissante.

Jacques Coularou dévoile quelques extraits de son livre « La préhistoire dans les Basses Cévennes ». C’est un voyage initiatique allant de 80.000 avant J.-C. où l’on trouve les premières traces de l’occupation humaine jusqu’à 800 avant J.-C., période du bronze final. L’auteur y relate avec un luxe de précisions les sites remarquables de notre canton.

Roland Castanet, toujours aux antipodes, les pieds dans le lagon, ne nous oublie pas. Il termine l’histoire de Jean Samuel Conrad Kilian, professeur pour enfants sourds, directeur-fondateur de l’Institution de St. Hippolyte-du-Fort.

Nous terminerons sur des précisions qui nous semblent nécessaires à propos du nom de l’institut – pourquoi Paul Bouvier ?

Sommaire

Los olvidados (3)

Madame Brun n’est encore qu’une petite fille de 8 ans quand la guerre civile débute en Espagne. Elle s’appelle Juanita. Aînée des enfants de la famille Cazalès elle a alors une soeur, (qui deviendra Madame Garré) et un frère, Antoine.

Le massif de La Fage (1)

Le massif de La Fage est un des plus beaux sites de la région, un cirque forestier aux allures grandioses qui tire son nom vraisemblablement de « Fagus » (Hêtre). Cette essence a presque disparu ce qui est pour le moins étrange car l’altitude (931 m. au point culminant) convient parfaitement à cet arbre et, qu’à la même latitude on en trouve de très beaux exemplaires dans Ia forêt primaire de la St Baume à l’Est de Marseille ou, plus près de nous, autour de Cap de Côte, de beaux spécimens de hêtres tortillards – poussant il est vrai sur sol acide.

Le Prieuré Saint-Martin de Cézas

Lorsque l’on arrive de La Cadière par la départementale 317, avant d’atteindre le village de Cézas sur Ia droite un chemin monte vers le Prieuré Saint Martin de Cézas qui se dresse sur le haut d’une colline située entre la Montagne de la Fage et la montagne des Cagnasses.

Le prieuré est composé d’une chapelle, d’un ancien bâtiment en partie en ruine et du cimetière toujours en service. Il est entouré de terrasses couvertes de châtaigniers et de sapins.

Le Haut-Vidourle, la source de tous nos maux

La montagne de la Fage est aussi la mère nourricière de deux enfants terribles : le Vidourle dans son berceau, sur le versant nord, qui en quittant son lit et avec l’aide du Valestalière va engendrer les trop célèbres crues catastrophiques et l’Argentesse, plus au sud, qui avec l’apport du Valat des Gours et des ruisseaux des Puech va ajouter, à la hauteur de St. Hippolyte-du-Fort, la goutte qui va faire déborder le vase. L’arrivée dans les terrains karstiques qui se comportent comme de véritables éponges en se gorgeant d’eau et en la recrachant lorsqu’ils sont saturés, va encore amplifier le phénomène.

Enfin, deux complices vont compléter le forfait avant l’arrivée à Sauve : au Sud, le Rieu Massel aidé de l’Artigue et au Nord, le Créspenou. Tout est alors en place pour la « Vidourlade » qui en aval n’ira qu’en s’amplifiant.

La préhistoire des basses Cévennes

Jacques Coularou a bien voulu nous communiquer les pages de son dernier ouvrage « Il était une fois Saint-Hippolyte avant l’histoire… » (Librairie Coularou, éditeur) afin de nous faire découvrir les richesses archéologiques de la préhistoire dans notre région. En voici quelques extraits qui ne manqueront pas d’exciter votre curiosité et votre soif d’en connaître davantage.

L'Institut Paul Bouvier (2)

La mise en place de l’institution, les moyens matériels. Le comité s’est donc réuni pour la première fois formellement le 20 juin 1856, élu à partir du conseil presbytéral de l’Église de Saint-Hippolyte. Le président en est Octavien Durant, conseiller général et maire, les deux pasteurs de l’Église nationale et celui de l’Église des frères unis (les Moraves) en sont membres également. Un règlement est adopté dans cette première séance, qui fait expressément référence à Kilian et à sa méthode :