Les Amis de Clio

Cahiers du Haut Vidourle N° 10 - juin 2000

Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol

60 pages

Amis de Clio Avant-propos

Avec ce numéro 10, l’équipe de direction a beaucoup changé. Nous gardons certes un noyau « dur », Jean-Marc Bassaget, Roland Castanet, Bernard Cosson, Pascal Coularou. Nous accueillons Jean-Yves Breuil, Jean-Marie Colomina, Alice Gabriel, Jacques Rigaud, qui ont déjà écrit dans les Cahiers ou qui préparent des articles à venir. Nous sommes une toute petite équipe, mais nous continuons à diffuser plus d’une centaine d’exemplaires des Cahiers du Haut-Vidourle pour chaque numéro et c’est cela qui nous engage à persévérer.

Mais que chacun de nos lecteurs sache bien que nous ne pouvons nous offrir un secrétariat bien énorme et que le meilleur moyen pour retrouver son prochain numéro des Cahiers, c’est de nous envoyer la formule d’abonnement qui est encartée au milieu de cette livraison, le plus tôt possible. El s’il connaît des anciens lecteurs, qui n’osent pas croire à la pérennité de cette revue, qu’il les rassure et leur fournisse l’adresse pour se réabonner ! Ce qui n’exclut pas de signaler les Cahiers du Haut-Vidourle à tous ceux qui peuvent lui paraître susceptibles d’y trouver un intérêt.

Les numéros sont disponibles dès parution (fin décembre, fin juin) à la librairie Coularou de Saint-Hippolyte-du-Fort ; il ne faut pas hésiter à venir les chercher. Sinon, ils sont envoyés, à condition de l’avoir prévu dans l’abonnement, moyennant 20 francs. Le meilleur rendez-vous avec nos lecteurs reste le Forum du livre de Saint Hippolyte, organisé chaque année au début décembre par la librairie Coularou. C’est là que nous nouons de fructueux contacts, que nous apprécions les échanges avec nos lecteurs et les acteurs de l’histoire vivante de notre région.

Nous avons voulu rendre hommage à Paul Adgé en publiant un compte rendu du livre qui fut son adieu à la communauté des historiens, Un kommando nommé Laura, même si le sujet n’est pas relié directement à Saint-Hippolyte-du-Fort. S’il en était besoin, la qualité de l’ouvrage et la personnalité de celui qui fut avec nous dès le début et qui nous a donné de si intéressants articles sur notre ville justifient amplement cette échappée hors de nos sujets habituels. Ce témoignage d’une jeunesse marquée par le désarroi de la défaite de 1940 et trempée dans l’horreur des camps de concentration nazis est une œuvre d’historien que nous nous devions de saluer.

Alice Gabriel est une étudiante en histoire, qui se prépare au professorat. Elle a choisi de faire sa maîtriser sur la ville où elle habite et nous donne une description détaillée des embellissements de Saint-Hippolyte au XVIIIe siècle, époque où la ville, comme beaucoup en Europe, prend sa physionomie moderne, qui forme le cadre du centre-ville d’aujourd’hui. Dans le prochain numéro, elle nous montrera les aspects sociaux et politiques de ce XVIIIe siècle si fécond, fin d’Ancien régime autant que promesse du changement. Saint-Hippolyte avait 5050 habitants en 1790.

Ces efforts d’il y a 200 ans trouvent leur prolongement dans la volonté actuelle de réhabiliter le captage de la source du Mas d’Icard, depuis l’endroit où elle jaillit jusqu’aux fontaines qu’elle alimentait à l’origine et qui sont actuellement branchées sur l’adduction d’eau générale de la ville. Bruno Olivieri, de la Charte intercommunale nous expose le cadre dans lequel ce projet est mené, qui inclut la défense du patrimoine, le développement social et une saine gestion de l’eau.

Pour le plaisir des yeux, nous publions un plan peu reproduit du XVIIIe siècle qu’Alice Gabriel a déniché dans le fonds des manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal à Pais. IL montre une fois de plus l’importance du fort et des remparts, marques profondes de l’absolutisme royal.

Odon Abbal n’a pas pu partir sans nous laisser un article, qui nous l’espérons ne sera pas le dernier. Nommé en février sur le lointain territoire d’outre-mer de Wallis-et-Futuna, dans le collège de Sisia-Ouno sur l’île de Futuna, il a pris le temps de terminer l’étrange histoire d’une résistance « en chambre » de la municipalité d’Anduze face à la défaite de 1870, un sursaut patriotique. Où l’on verra que les conseilleurs ne sont pas les payeurs mais savent tout prévoir, y compris les financements. L’on sait que ni le plan des Anduziens, ni les efforts de Léon Gambetta n’ont empêché l’invasion et la capitulation de la France ; une partie du peuple français, essentiellement les Parisiens, tentera un dernier combat contre les Prussiens, mêlant revendication nationale et revendications sociales. C’est la Commune, celle de Paris mais aussi celle de Marseille, qui certainement s’est aussi nourrie de ces « utopies militaires » que nous décrit Odon Abbal.

Sommaire

Compte rendu : Paul Adgé Un Kommando nommé Laura

En 1998, comme il l’explique dans son avant-propos, le colonel Paul Adgé se décide, on pourrait dire se résout, à publier son témoignage, écrit depuis longtemps déjà, sur sa captivité pendant la Seconde Guerre mondiale dans «« le petit camp annexe d’une grande métropole« », Laura.

Saint-Hippolyte au XVIIIe siècle : l’embellissement de la ville,
avec un plan inédit de Saint-Hippolyte au XVIIIe siècle

Le XVIIIe siècle est le « siècle des villes ». En Languedoc, c’est la grande période pour l’architecture et l’urbanisme : « la révolution [de l’urbanisme] en 1750 contribue ainsi à donner aux villes une physionomie nouvelle, moderne et non plus médiévale ». L’urbanisme s’exprime dans de nombreux domaines : désenclavement routier, mutation de l’espace urbain, grandes perspectives, rues pavées et éclairées, élargies, rejet de la pollution, transfert des cimetières, création de promenades, places et fontaines. Tout cela se retrouve à Saint-Hippolyte.

Redécouvrir le patrimoine pour mieux vivre au présent

L’un des enjeux majeurs du troisième millénaire sera, à n’en pas douter, la gestion quantitative et qualitative de l’eau.

Depuis toujours l’eau, source de vie, a été au centre des préoccupations des hommes, tels les premiers cigalois implantant leurs habitations sur les berges du Vidourle, captant les nombreuses sources et acheminant cette eau qui allait contribuer au développement de leur cité et à son essor industriel rapide. Des ouvrages d’adduction remarquables furent ainsi construits permettant de desservir la quasi-totalité des habitants de Saint-Hippolyte, ouvrages pour certains aujourd’hui supplantés par le réseau d’eau potable.

Un exemple de sursaut patriotique en 1870 : Anduze (Gard)

La guerre de 1870 est le premier des trois conflits qui ont ensanglanté les rapports germano-français jusqu’en 1945. L’impact de la défaite a profondément bouleversé les populations françaises. Si dans un premier temps, les revers militaires ont été portés au passif d’un Second Empire moribond, bon nombre de Français ont longtemps cru et espéré un retournement de situation. Pour beaucoup de patriotes l’avènement de la République devait suffire à redresser une situation militaire mal engagée. Le souffle révolutionnaire a pour un temps nourri les espoirs les plus insensés.