Voltaire et ses correspondants languedociens
Voltaire et ses correspondants languedociens
p. 185 à 192
Des années 1704, et jusqu’à la veille de sa mort en 1778, Voltaire 1 a entretenu une abondante correspondance 2. Les lettres rassemblées témoignent des liens qui l’unissaient è ses amis de France et d’Europe. Elles permettent donc de dresser une liste de ses correspondants, et d’envisager ses relations avec la société de son temps. Au fil des années, Voltaire élargit le cercle de ses connaissances à Paris, comme en province. Soucieux de se ménager les appuis nécessaires à sa carrière, il se lie avec les personnages influents de la capitale : des ministres, tel le duc de Choiseul, de grands officiers royaux, tel le duc de Richelieu. Amateur de Belles Lettres et favorable aux progrès des sciences, Voltaire est également l’ami des grands intellectuels de son temps : ainsi il entre en contact avec les Encyclopédistes, dont d’Alembert. Écrivain de talent, mais souvent jugé trop audacieux par la censure, il a aussi besoin d’appuis et de protection. Ainsi, durant ses années de jeunesse, il mène à Paris une existence mondaine, fréquentant la cour et les salons. Simple relation, connaissance, ou véritable amitié, Voltaire se lie è des degrés divers avec l’élite de la capitale.
Or, l’étude de sa Correspondance révèle aussi que l’auteur est attaché è certains habitants du Languedoc. En effet, installé à Ferney, dès 1755, il établit des contacts è Toulouse, Montpellier, Sauve… Il paraît donc intéressant de dresser un portrait de ses correspondants languedociens, de définir leur place dans cette société provinciale afin d’établir ensuite la nature des relations qui l’unissaient à ces Languedociens.
Ainsi, les témoignages de ses amis et de ses informateurs qui lui parviennent dans sa retraite lui permettent de découvrir le Languedoc sans jamais s’y rendre.
Typologie de ses correspondants
Des amitiés anciennes
Les relations de Voltaire avec le Languedoc et les Languedociens sont lentes à s’établir, pour finalement connaître une réelle apogée entre 1762 et 1778. C’est pour cette époque que sa Correspondance livre les plus nombreux témoignages. A partir de 1762, date à laquelle le philosophe engage en Languedoc une lutte en faveur de la Tolérance, à l’occasion du procès Calas 3, brusquement le nombre de ses correspondants dans la province s’accroît. Peu à peu, des liens plus solides et plus réguliers s’affirment entre lui et les Languedociens.
Pourtant, bien avant cette date, Voltaire a déjà fait la connaissance de quelques habitants du Languedoc. Une lettre de 1733 à Aldonce de Sade mentionne un ami de l’auteur à Toulouse 4. Il s’agit d’Aigueberre 5, conseiller au parlement de Toulouse. La naissance de cette amitié remonte, en fait, aux années 1704-1711, période pendant laquelle Voltaire ou plutôt François Marie Arouet est alors élève au collège jésuite Louis le Grand, à Paris. Son père, notaire, mène avec toute sa famille une vie bourgeoise. Il place, en 1704, son fils cadet dans cet établissement, afin qu’il y reçoive une bonne éducation, et puisse faire une brillante carrière ; le collège Louis le Grand est alors fréquenté par les enfants de la bonne société parisienne. D’ailleurs, c’est chez les pères jésuites que Voltaire, jeune adolescent se lie avec le duc de Richelieu 6, ainsi qu’avec le comte d’Argental. Les jésuites accueillent non seulement les fils de la bourgeoisie et de la noblesse parisienne, mais également ceux des grandes familles provinciales. Ainsi, François Marie a pour compagnons d’étude quelques provinciaux, parmi lesquels des Languedociens.
Il fait donc la connaissance du jeune Jean Dumas d’Aigueberre (1692-1755), un Toulousain. Lorsque leurs études secondaires sont terminées, chacun poursuit sa propre carrière. Le jeune Arouet entre dans l’étude de Maître Alain; quant à d’Aigueberre, il repart pour son Languedoc natal et deviendra, quelques années plus tard, conseiller au parlement de Toulouse. Pourtant, si leurs chemins se sont séparés, les deux jeunes hommes ont de multiples occasions de se rencontrer : à Paris où d’Aigueberre se rend souvent et mène aux côtés de son ancien camarade une existence mondaine, fréquentant les salons et l’opéra. C’est d’ailleurs à l’opéra qu’un soir, Jean Dumas d’Aigueberre présente à Voltaire, Émilie, future marquise du Châtelet. Cette amitié commune pour la jeune femme, renforce leurs propres liens. Installé à Cirey, chez la marquise, Voltaire correspond alors avec son ami toulousain. La marquise décédée, les deux hommes restent liés, jusqu’en 1755, date de la disparition d’Aigueberre.
Outre ce Toulousain, le jeune Arouet compte parmi ses camarades d’études un Nîmois, Balthazar Espeir de Chazel. En témoignent les lettres échangées avec le fils de cet « ancien camarade », Jacques Espeir de Chazel 7, procureur du roi à Nîmes. Cette correspondance brève débute en 1765, et prend fin l’année suivante, par une lettre de condoléances de Voltaire au fils de son ami décédé. Ainsi, bien avant que sa correspondance ne laisse trace de ses relations avec des Languedociens, Voltaire s’est déjà lié avec des habitants du Languedoc, installés à Paris.
En 1711, il quitte ses maîtres et ses camarades de Louis le Grand pour entreprendre des études de droit, mais surtout il entre enfin dans le monde. Son père ne cesse de s’indigner contre son fils qui scandalise par son libertinage. Le jeune homme mène alors une existence mondaine et légère ; ses diverses facéties lui valent d’ailleurs un premier embastillement, en 1717. Pourtant, il semble se complaire dans cette vie, entre les réceptions et les voyages. Il découvre, à cette époque, l’Europe et surtout la partie septentrionale : Bruxelles, La Haye, puis Londres où il séjourne en 1724. De retour d’Angleterre, il rédige le manuscrit de ses Éléments de la philosophie de Newton. A cette occasion, il fait la connaissance du Languedocien, Henri Pitot, architecte et géomètre, né en 1695 près d’Uzès 8. Voltaire sollicite l’aide de ce mathématicien pour la vérification des calculs, illustrant les théories exposées dans son ouvrage. Pitot accepte et intervient ensuite auprès du marquis d’Argenson dans le but d’obtenir pour Voltaire le privilège royal. De cette époque, datent les premières lettres échangées entre l’écrivain et le Languedocien. Leur correspondance se poursuit alors que Pitot est choisi, en 1740, par les États de Languedoc, pour exercer les fonctions d’ingénieur en chef et celle d’inspecteur du canal des Deux-Mers. A cette occasion, Voltaire le félicite alors pour ses travaux en cours, puisqu’il va « changer de vilaine eau en terre fertile ». Leur correspondance se poursuit encore quelques années.
Enfin, les Lettres philosophiques paraissent et font scandale. Voltaire quitte alors la capitale pour se réfugier à Cirey, chez madame du Châtelet. La marquise reçoit beaucoup, la compagnie de Voltaire est très appréciée, les visiteurs sont nombreux. C’est ainsi par l’intermédiaire de son amie qu’il rencontre un autre Languedocien, le duc d’Uzès, Charles Emmanuel de Crussol, vers les années 1730-1740. La marquise est en effet amie de la duchesse de la Vallière, qui n’est autre que la sœur du duc d’Uzès.
Quelques années plus tard, en 1751, Voltaire répond à une lettre du duc 10, et le remercie de n’avoir pas oublié Émilie, leur amie commune. Ils échangent quelques lettres jusqu’en 1760.
Les premières relations de Voltaire avec des Languedociens sont donc anciennes. Certes, elles ne sont pas très régulières : d’Aigueberre, Espeir de Chazel, Pitot, ou bien Crussol ont entretenu une correspondance épisodique avec l’écrivain mais, celle-ci témoigne des liens qui ont existé entre le jeune Parisien, puis le grand auteur et ces provinciaux.
Relations d'un bourgeois parisien avec la société provinciale de son temps
Voltaire est avant tout un bourgeois. Né à Paris, il appartient à la bonne société de la capitale. A cette époque, où le respect des conventions et des ordres a tant d’importance, chacun reste à sa place et ne fréquente que les personnes de sa condition. Voltaire, le monarchiste, respecte l’ordre établi, et ne le remet nullement en cause. L’étude de ses relations sociales en est un bon témoignage à Paris, où il réside durant ses années de jeunesse, il se lie avec la haute société de son temps. Homme de Lettres avant tout, il sait combien les protections sont nécessaires pour faire carrière. Il mène donc une existence très mondaine, recherchant sans cesse appuis et faveurs. C’est à Paris que se rassemblent tous les grands personnages du royaume, les hauts fonctionnaires ; c’est dans la capitale que se bâtissent des carrières et que d’autres s’écroulent. L’écrivain a très bien compris cela, et très tôt, il ne fréquente que l’élite parisienne qui, seule, possède les appuis tant recherchés. Or, l’auteur est également lié avec certains membres de la société provinciale du XVIIe siècle. Ainsi, au fil des années, il établit une correspondance avec des Languedociens, dont certains deviennent même des amis. Il paraît donc intéressant de brosser un portrait de ces correspondants cela permettra de définir la nature des relations d’un bourgeois parisien avec la société provinciale de son temps.
En fait, comme à Paris, Voltaire ne se lie, semble-t-il, qu’avec la bonne société du Languedoc. Ainsi, parmi ses amis figurent quelques nobles. Tout d’abord, son neveu Mathieu Henri Marchant de la Houilière, gouverneur du fort de Salses, aux portes du Roussillon, avec qui il échange vers 1771 une dizaine de lettres 11. A Sauve, il a pour correspondant son neveu d’adoption, Philippe Antoine de Claris, marquis de Florian 12, qui a épousé en 1762 une nièce de Voltaire. Celle-ci meurt en 1772, mais l’écrivain conserve pour son neveu une grande tendresse et lui reste très attaché. Au-delà de ses proches, Voltaire s’est lié avec le duc d’Uzès avec qui il échange quelques lettres en 1751, mais c’est sans doute Charles Philippe de Pavée, marquis de Villevieille 13 qui est un de ses plus importants correspondants languedociens.
Issu d’une ancienne famille campagnarde de Sommières, aux moyens financiers limités, ce dernier devient capitaine au régiment du roi à Montpellier. Il rencontre pour la première fois Voltaire, en 1765, lors d’un voyage à Ferney. Le jeune marquis se plaît en la compagnie du grand homme, qui vraisemblablement l’apprécie beaucoup. Dès lors, ils échangent une abondante correspondance, et surtout bâtissent une solide amitié. Auprès de l’écrivain, à qui il rend de fréquentes visites, le marquis de Villevieille fait la connaissance de nombreux philosophes, dont d’Alembert et condorcet, qui comme lui ont accompli le voyage à Ferney. Ainsi, c’est dans le mont Jura qu’il rencontre deux Languedociens protestants exilés et amis de Voltaire : Paul Moultou, membre du conseil des Deux-Cents de Genève, et son fils, le pasteur Paul Claude Moultou 14. Tous deux avaient quitté Montpellier, et s’étaient installés à Genève où ils s’étaient d’abord liés avec Jean-Jacques Rousseau. Ils rencontrent alors le patriarche de Ferney, partageant ses idées de tolérance, ils le soutiennent tout au long de sa lutte contre le fanatisme. Moultou et Villevieille comptent parmi les plus fidèles amis du philosophe et sont d’ailleurs présents lors de son retour à Paris en 1778. Ville-vieille assiste quant à lui aux derniers instants du grand Homme.
Ces quelques correspondants n’appartiennent pas à la grande et puissante noblesse, mais font partie de la bonne société campagnarde aux moyens financiers limités, mais cultivée, et ouverte aux idées des Lumières. Voltaire ne recherche pas ici de puissants appuis, ni même de faveurs mais il désire s’entretenir librement de sujets qui le touchent.
L’écrivain compte également des correspondants dans le milieu parlementaire : monsieur Jean Dumas d’Aigueberre qu’il a connu au collège, et qui est désormais conseiller au parlement de Toulouse, mais aussi monsieur François de Bastard 15, premier président du parlement de Toulouse. En 1765, Voltaire écrit à ce dernier, à l’occasion de l’affaire Sirven car il le tient pour un homme sage et vertueux.
A côté des parlementaires, l’auteur possède également de nombreuses relations dans le monde des juristes toulousains. Les liens tissés avec ces derniers datent évidemment de l’affaire Calas (1762-1765) et se sont renforcés durant l’affaire Sirven (1765-1771) 16. Ainsi, c’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de l’avocat au parlement de Toulouse, Pierre Firmin de La Croix (1732-1786) 17. Ce dernier, né en Roussillon, fait de brillantes études chez les jésuites de Perpignan, avant de se rendre à Toulouse pour étudier la philosophie et la théologie. Amateur de littérature, il compose lui-même des vers et de la prose, qui lui valent d’être couronné à plusieurs reprises par l’Académie des jeux Floraux dont il est élu membre en 1761. Homme d’une grande intelligence et d’un grand talent, il devient vite un avocat réputé. Partageant les idées de tolérance, il défend la cause des opprimés : c’est ainsi qu’en 1765, lorsque Voltaire cherche un avocat pour la famille Sirven, son ami toulousain, l’abbé Audra, lui conseille tout naturellement monsieur de La Croix. Celui-ci prend alors en main la défense des protégés du grand Homme qui ne tarit pas d’éloges au sujet de leur brillant avocat 18 et ne cesse de le remercier pour les efforts prodigués : « agréez Monsieur, les protestations de ma reconnaissance, de mon estime et de mon attachement ».
Autre Toulousain à qui Voltaire avoue volontiers son attachement, l’abbé Audra 19. Ce chanoine est originaire de Lyon où il est né en 1714 ; il s’installe à Toulouse vers 1768. L’année suivante, il est nommé professeur d’histoire au collège royal. L’abbé prend beaucoup d’intérêt pour les sciences, les arts et la littérature. Peut-être a-t-il fait la connaissance de Voltaire, en 1754, lorsque l’écrivain est reçu à l’académie de Lyon dont l’abbé est membre. Professeur d’histoire, celui-ci travaille en même temps à la rédaction d’un ouvrage, qui serait un abrégé de L’essai sur les Mœurs et l’Histoire des Nations 20 de Voltaire. Ce dernier se passionne naturellement pour ce projet et encourage vivement Audra dans son entreprise. Leur correspondance débute vers 1768, et prend fin en 1770, à la mort de l’abbé. Ce décès provoque une vive émotion chez l’écrivain qui accuse alors l’archevêque de Toulouse d’être responsable de cette disposition. Loménie de Brienne a, peu de temps auparavant, condamné et fait brûler l’ouvrage d’Audra, puis a déchu ce dernier de sa chaire d’enseignant : « cette aventure a donné la fièvre et le transport au pauvre abbé, il est mort au bout de quatre jours 21 ».
Les rapports de Voltaire avec l’archevêque de Toulouse restent distants ; en revanche l’écrivain s’est lié d’amitié avec un autre ecclésiastique du Languedoc : François Joachim de Pierre de Bernis (1715-1794), cardinal puis archevêque d’Albi (1764-1769) 22. Il rencontre le philosophe chez la marquise de Pompadour, sa protectrice ; les deux hommes établissent alors une correspondance à travers laquelle ils s’entretiennent de sujets divers mais surtout des affaires religieuses de la province.
Aux marges de la société : pasteurs et protestants
Les relations languedociennes de Voltaire témoignent bien entendu d’un certain respect des usages. En effet, ses correspondants appartiennent quasiment tous à l’élite lettrée et cultivée de la province, avec laquelle il peut échanger opinions et idées. Mais quel lien pourrait l’unir à un homme du peuple, qui en Languedoc ne s’exprime bien souvent qu’en occitan, et, malgré les progrès de l’enseignement, ne sait bien la plupart du temps ni lire ni écrire ?
Parmi tous ces correspondants languedociens, deux constituent une petite exception sociale, il s’agit de ses protégés, Jean Calas, marchand drapier, et Pierre-Paul Sirven, un géomètre-arpenteur. Mais si ces deux hommes occupent, par rapport à l’ensemble des correspondants, une « condition inférieure », cette dernière n’est tout de même pas la plus misérable qui soit en Languedoc. Les familles Calas et Sirven ont néanmoins entretenu une importante correspondance avec leur protecteur, non seulement durant les procès, mais également une fois leur réhabilitation prononcée. Peu à peu, le patriarche de Ferney s’est lié d’amitié avec ces deux familles, auxquelles il ne cesse de témoigner son affection 23. Calas et Sirven ne sont pas les seules relations de Voltaire parmi les réformés de Languedoc. Il s’est attaché notamment à la famille Lavaysse 24, dont le fils aîné est mêlé à l’affaire Calas. L’écrivain fait la connaissance du docteur David Lavaysse, au moment de l’affaire, puis peu à peu, des liens plus amicaux s’établissent entre les deux hommes. Il conserve une grande amitié pour cette famille, même lorsque son célèbre ennemi cévenol, Laurent Angliviel de La Beaumelle, épouse la fille du docteur 25.
Parmi les Réformés et amis de Voltaire, il ne faut pas oublier de citer le négociant de Montauban, Jean Ribotte-Charron 26 qui joue un rôle très important dans la vie du patriarche de Ferney, puisque c’est grâce à son intervention que ce dernier s’intéresse à l’affaire Calas. Jean Ribotte-Charron introduit au fil des années Voltaire auprès des protestants, lui permettant ainsi de tisser des liens avec un monde qui lui est jusque-là bien éloigné. Le groupe des huguenots est alors considéré comme aux marges de la société, puisqu’il n’appartient pas à la religion dominante. Or, il est intéressant de noter que le grand écrivain, le grand bourgeois se lie à cette communauté, et non seulement avec ses membres mais aussi avec ses pasteurs.
Encore nombreux dans les montagnes cévenoles et dans certaines régions du Languedoc, les protestants en ce XVIIe siècle vivent entre persécutions et accalmies. Tenus en suspicion par les catholiques, les réformés sont parfois victimes de poussées de fanatisme (1761-1762). Bien plus que la population huguenote, ce sont les pasteurs qui font l’objet de nombreuses poursuites de la part des autorités locales, les considérant dangereux pour l’ordre public. Voltaire, pourtant, établit des relations dans le groupe des ministres protestants. D’une part, il correspond avec le pasteur nîmois, Paul Rabaut 27, recherché par les autorités royales. Il s’entretient avec l’écrivain de l’affaire Calas et prend part à la défense du marchand. D’autre part, Voltaire s’intéresse au délicat problème de l’état civil protestant avec le pasteur J.-P. Rabaut de Saint-Étienne 28. Enfin, le ministre qui a entretenu la plus abondante correspondance avec l’Homme de Lettres semble être le pasteur de Ganges, Jean Gal-Pomaret 29. Homme érudit et instruit, l’auteur apprécie beaucoup sa modération et ses idées de tolérance. Leur relation épistolaire naît au moment de l’affaire Sirven et se prolonge au-delà.
Sans pour autant adhérer aux idées prêchées par les protestants : « Moi-même, Monsieur, qui suis si d’accord dans la morale, j’ai le malheur d’être très éloigné des sentiments que vous êtes obligé de professer 30 », Voltaire semble apprécier de pouvoir échanger librement des idées avec ces hommes dont il partage les valeurs de tolérance.
Nature des liens
La lecture de la Correspondance permet de déterminer les rapports qu’entretenait Voltaire avec ses correspondants languedociens. Tout d’abord, une partie de ses lettres témoigne des amitiés que l’auteur a nouées en Languedoc : au fil du temps, de simples relations épistolaires se sont muées en liens plus forts et plus solides. Homme de lettres, il aime plus que tout s’entretenir de littérature avec ses correspondants : ainsi il se lie avec des Languedociens cultivés, amateurs de belles lettres et de culture française. Enfin, sa lutte en faveur de la tolérance lui a donné l’occasion d’entrer en contact avec des Languedociens partageant ses valeurs et désirant l’aider à remporter son combat.
Les liens amicaux
Dans sa jeunesse, il rencontre à la cour, dans les salons, ou à l’opéra, des Languedociens en voyage dans la capitale. En ces lieux où se mêlent élite parisienne et élite provinciale, il noue ses premiers contacts. Relations bien superficielles et éphémères qui, pourtant, vont se renforcer au fil des années. Il est curieux de noter que c’est par le biais de sa correspondance que l’écrivain consolide ces liens avec ses relations provinciales. En effet, il ne semble jamais être venu en Languedoc. Dans sa conception de l’Europe, cette province fait partie de ce large sud, traditionnellement livré aux superstitions et étanche aux idées des Lumières, qu’il oppose au nord éclairé. Ce sont ces raisons qui paraissent repousser l’écrivain vers les provinces septentrionales. Pourtant, Voltaire parvient à établir des relations solides avec certains habitants du Languedoc, que rien au départ n’appelait à rencontrer.
Ainsi, le huguenot Jean Ribotte-Charron, négociant habile, qui entretient de très bons rapports avec l’intendant du Quercy, monsieur de Gourgues, dont il obtient la protection. Il peut alors voyager en toute tranquillité et se rendre en Angleterre, en Espagne, où il rencontre hommes de lettres et savants. En novembre 1761, il entre en contact avec Voltaire à l’occasion de l’affaire Rochette 31. Leur correspondance débute en octobre 1761 32, et se poursuit tout au long des affaires Calas et Sirven, durant lesquelles le négociant montalbanais offre son aide au patriarche de Ferney. La relation entre les deux hommes naît donc fortuitement. C’est en choisissant librement de répondre à la requête de Ribotte que l’écrivain donne naissance à une relation que rien n’appelait à voir le jour auparavant. Si, les premiers temps, leur correspondance ne concerne que les affaires, peu à peu, ils apprennent à se connaître; leur goût commun pour la littérature les rapproche. D’une simple relation épistolaire, naît une profonde amitié : Voltaire témoigne beaucoup d’estime pour ce Languedocien, à travers ses lettres.
C’est également à l’occasion de l’affaire Sirven que débute la correspondance de Voltaire avec l’abbé Audra, Languedocien d’adoption. L’écrivain ne connaît cet homme que de réputation et parce qu’il est l’ami d’une relation commune, l’abbé Morellet. Pour les besoins de cette affaire, le patriarche de Ferney a grand besoin d’un correspondant à Toulouse pour l’informer de l’état d’esprit qui règne dans la ville. Homme de beaucoup d’esprit, et grand amateur de littérature, l’abbé ne joue ce rôle d’informateur qu’un temps. Rapidement, Voltaire est conquis par les grandes qualités de son correspondant qu’il considère comme un ami ; ensemble, ils traitent de lettres et de théâtre. Il l’encourage d’ailleurs vivement, lorsqu’il apprend le projet d’Audra de rédiger à l’usage des collèges un abrégé de son Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations 33. Peu de temps après, l’ouvrage de l’abbé est condamné ; ce dernier, malade, meurt dans les jours qui suivent. Voltaire éprouve une grande peine en apprenant la mort de son ami qu’il considère comme « l’homme du monde le plus serviable et le plus utile » 34.
Enfin, ce sont également des liens d’amitié qui unissent l’auteur au marquis de Villevieille. Ce dernier se rend fréquemment à Ferney, où il se plaît dans l’entourage du patriarche. En effet, l’amitié de Voltaire lui vaut celle de nombreux encyclopédistes et philosophes de son temps : d’Alembert qu’il rencontre dans le mont Jura, Condorcet dont il fait la connaissance à Paris alors qu’il est chargé par Voltaire de lui faire parvenir des lettres. Villevieille se rend régulièrement du Languedoc à Paris, mais n’oublie jamais de faire le détour par Ferney afin de venir saluer son ami. Fidèle au patriarche, le marquis prend garde de ne pas se lier avec ses adversaires. Ainsi, il ne semble jamais être entré en relation avec le célèbre rival cévenol de l’écrivain, Laurent Angliviel de La Beaumelle.
L’amitié de Voltaire implique l’adhésion aux idées du philosophe et surtout un engagement à ses côtés, aussi bien dans ses campagnes que dans ses rivalités.
Les liens littéraires
Amateur de belles lettres, Voltaire n’aime rien moins que de s’entretenir de littérature. Grand écrivain, sa réputation n’est plus à faire en Languedoc parmi l’élite cultivée : la preuve en est, des nombreuses lettres qu’il reçoit de la province, sollicitant un encouragement de sa part.
Ainsi, en 1744, il répond à monsieur Laurès de Gignac 35 pour l’inciter à continuer dans la carrière des lettres. Ce dernier est un protégé du cardinal de Bernis ; il a écrit plusieurs odes au roi et à madame de Pompadour qui lui accordèrent leurs protections. Voltaire envoie un mot de remerciement « à la prose polie et aux vers aimables » 36. L’écrivain semble ne lui avoir envoyé qu’une seule lettre, en témoignage « de son vrai goût de la belle poésie », qui a sans doute fait la joie du Languedocien.
L’auteur se montre toujours prêt à porter ses encouragements aux jeunes talents provinciaux, tel ce monsieur Clément de Montpellier qui, semble-t-il, a fait parvenir à Voltaire « un joli conte ou plutôt le conte joliment écrit » 37. Ces jeunes Languedociens ont peut-être décidé de faire carrière dans les lettres ; pour cela, ils connaissent la nécessité de trouver des appuis parmi les plus grands. Aussi, un jour, ils tentent leur chance auprès de cet auteur de renom. Et, si leur carrière ne débute pas pour autant, il est facile d’imaginer la joie et l’orgueil de ces hommes d’avoir reçu ne serait-ce qu’un billet signé de la main du célèbre Voltaire.
En 1773, c’est au tour de monsieur Desbans, capitaine des Dragons à Nîmes, de le solliciter. L’écrivain répond de bonne grâce, se déclarant « toujours sensible au mérite » 38. Il considère que le talent est partout, et qu’il faut l’encourager. Mais sa renommée est telle dans la province qu’il est sans cesse invité à donner son opinion et ses sentiments sur tel ou tel écrit. Mais ces anonymes, érudits et cultivés, ne sont pas les seuls à faire appel à l’écrivain. Ses propres amis lui soumettent un jour quelques essais ou quelques vers. Ainsi, le duc de Crussol semble lui avoir annoncé, dans une lettre, sans doute quelques travaux en cours. Aussitôt, l’auteur le presse de lui envoyer les « ouvrages » dont il lui a parlé, lui promettant d’ailleurs de garder « le secret le plus inviolable » 39.
C’est également la rédaction d’un ouvrage qui est à l’origine de la correspondance de Voltaire avec le docteur Jean Lafosse à Montpellier 40. Ce dernier entre en relation avec le seigneur de Ferney, dès 1764, au sujet de l’affaire Calas. Dans son manuscrit, le docteur développe la thèse du suicide de Marc Antoine Calas. Lafosse fait part de son projet à Voltaire qui l’encourage aussitôt « Je juge, Monsieur, par votre lettre, que votre livre sera excellent », et il l’engage à « le faire imprimer sans délais » 41. L’écrivain juge l’ouvrage digne d’être mis à jour, d’une part parce que la théorie développée est favorable à la cause des Calas, mais aussi parce qu’il porte un vif intérêt à toutes les recherches novatrices dans les divers domaines de la pensée 42. Le docteur Lafosse demeure un privilégié, car il est le seul médecin languedocien à avoir correspondu avec Voltaire, même si cette correspondance se limite à quelques lettres 43.
Par l’intermédiaire de ces Languedociens, Voltaire prend part à la vie culturelle de la province. D’autant plus que, dans une lettre datée du 5 août 1769 et adressée à monsieur Darquier de Pellepoix, l’écrivain déclare avoir la « qualité de Toulousain, car [il est] de l’académie des jeux Floraux » 44.
Cette académie a reçu ses statuts de Louis XIV, et mène une activité régulière, au XVIIIe siècle. Voltaire est alors membre de prestigieuses académies : Londres, Paris, Berlin, mais il semble appartenir à celle de Toulouse depuis bien longtemps 45. Accaparé par sa carrière, il n’a que peu de temps à lui consacrer et se souvient de temps en temps de sa qualité de membre. Ainsi, en 1770, il charge l’abbé Audra de faire parvenir quelques vers de sa production à l’académie : « Amusez mes confrères les maîtres de jeux Floraux de ses petits versiculets 46 ». Par ailleurs, sa correspondance avec l’académie des Sciences de Montpellier est encore plus maigre. En 1746, après avoir envoyé à cette dernière un exemplaire de ses Éléments de la philosophie de Newton, il reçoit quelques mots de remerciements de la part du secrétaire, monsieur de Ratte, mais leur relation prend fin aussitôt.
Hors du cadre officiel des académies, l’écrivain s’est surtout préoccupé de soutenir et d’encourager les jeunes talents de la province, s’intéressant davantage aux progrès individuels. Voltaire agit en professeur et en maître, désirant voir progresser ses élèves. Ainsi, il écrit à propos de Simon de Favart : « le petit poème est d’un pâtissier. Il n’est pas le premier auteur de sa profession » 47. Ce dernier a pourtant obtenu le prix de l’académie des jeux Floraux pour son poème La France délivrée par la Pucelle d’Orléans 48, mais l’écrivain ne s’en montre pas moins dur envers lui. Néanmoins, la majorité des billets rassemblés dans les Correspondances ne sont qu’encouragements. En 1745, il félicite le jeune J.F. Marmontel 49 qui a reçu le prix de l’académie des jeux Floraux pour son Ode sur l’invention de la poudre à canon. Il lui reconnaît un certain talent et l’invite à venir s’installer à Paris. Le jeune auteur accepte et devient le protégé de madame Denis, la nièce de l’écrivain. Le Toulousain se fait alors littérateur et connaît enfin le succès en 1756 avec ses Contes moraux.
Enfin, avec l’académicien toulousain Darquier de Pellepoix, il s’entretient de sa grande passion, le théâtre. Ce dernier l’informe, en août 1769, de son « idée d’ajouter des cœurs à quelques-unes de nos tragédies » 50. Le projet ranime alors le cœur du vieil homme qui, pour la circonstance, se déclare prêt à aller « passer un hiver à Toulouse ». Rapidement, il se préoccupe de tous les détails de l’entreprise, bien décidé à participer au projet. Il encourage et guide monsieur Darquier de Pellepoix qui désire avant tout monter une troupe d’acteurs. Le Toulousain tient son correspondant, de Ferney au courant du déroulement de son projet mais, pourtant, l’auteur semble bien décidé à venir constater lui-même sur place des progrès de leur entreprise. Malheureusement, son état de santé et son grand âge auront raison de sa bonne volonté. Il reste à Ferney, mais il semble que jamais il n’ait été aussi prêt d’accomplir ce voyage en Languedoc. De son refuge dans le mont Jura, il continue de suivre avec intérêt l’actualité théâtrale de Toulouse grâce à son correspondant.
Les liens philosophiques
Prenant parti pour la tolérance, Voltaire se fait peu à peu connaître en Languedoc. Certains habitants de cette province, favorables à ses idées, entrent alors en contact avec le patriarche de Ferney. Ce sont donc ces valeurs communes qui vont constituer un lien entre l’écrivain et quelques Languedociens.
En 1765, il recherche un conseiller, un avocat pour la famille Sirven à Toulouse 51. Sans doute, est-ce l’abbé Audra qui lui suggère Pierre Firmin de Lacroix. Jeune homme de grand talent, formé à la philosophie, amateur de belles lettres, cet avocat toulousain partage les valeurs de Voltaire. En 1765, il possède déjà une brillante renommée. Il semble qu’il accepte de prendre en charge la défense des Sirven, aussitôt qu’il reçoit la requête de Voltaire. Ce dernier lui accorde immédiatement toute son estime, « il est véritablement philosophe puisqu’il est votre ami » 52. Rapidement, l’écrivain reconnaît les grandes qualités du juriste « je suis pénétré de reconnaissance et d’admiration pour le zèle de monsieur de Lacroix » 53. La correspondance qui unit les deux hommes naît autour du procès Sirven ; jamais, malgré cette communauté d’esprit, ces derniers, semble-t-il, n’ont tenté de poursuivre cette relation en des termes plus amicaux, au-delà du procès.
Pourtant, sa relation avec le huguenot, Jean Ribotte-Charron, témoigne de la naissance d’une profonde amitié entre deux hommes qui n’avaient pour point commun que ces valeurs de tolérance. Sans doute est-ce par l’intermédiaire de son ami Ribotte que Voltaire fait la connaissance de pasteurs, alors renommés en Languedoc. Une fois de plus, ce sont, semble-t-il, des valeurs et des idées communes qui ont permis une relation entre ces hommes et l’écrivain. Rien au départ ne supposait leur rencontre. Voltaire vit à Ferney, et entretient de mauvaises relations avec la communauté des pasteurs de Genève qui s’obstine à lui refuser la construction d’un théâtre. Pourtant, dans son entourage, l’écrivain compte quelques pasteurs parmi ses amis, notamment le Languedocien, Paul Claude Moultou 54, pasteur à Genève. Si Voltaire déclare ne pas partager leur foi et leur dogme, en revanche, il avoue retrouver chez certains d’entre eux ses propres valeurs de tolérance. Ainsi, reconnaissant les qualités personnelles de quelques pasteurs, il se lie avec eux à l’occasion de l’affaire Sirven. Il correspond alors avec le pasteur Paul Rabaut et son fils, J.-P. Rabaut de Saint-Étienne. Au-delà du procès Sirven 55, il s’entretient avec le pasteur de Ganges, Jean Gal Pomaret, au sujet notamment du délicat problème de l’état civil protestant.
Voltaire découvre le Languedoc à travers ses correspondants
Durant sa jeunesse, Voltaire eut une vie itinérante : il voyage beaucoup. A Paris, Londres, Bruxelles, La Haye, il rend visite à ses amis et noue de nouveaux contacts. Finalement, en 1754, il doit s’exiler. L’année suivante, il se fixe à Ferney où il reste jusqu’à son retour à Paris en 1778. Depuis ses terres de Ferney, il orchestre les grandes affaires juridiques dont il s’occupe en Languedoc, mais aussi il poursuit ses rivaux languedociens. Pour mener à bien les affaires publiques et ses affaires privées, il se doit d’être bien renseigné, non seulement sur les activités de ses adversaires, mais surtout sur l’opinion publique. L’écrivain, au fil des années, s’est habilement constitué un véritable réseau d’amitié : il sait non seulement utiliser ses propres amis, connaissances, mais également le réseau d’influence de ces derniers. Durant ses années de jeunesse, son existence mondaine lui a permis de se ménager les appuis désormais nécessaires. Exilé à Ferney, il sait fort bien, par le biais de sa correspondance, conserver et renforcer ses amitiés. Ainsi, lorsque, à l’occasion d’une affaire, il a besoin d’un appui, il est capable de trouver rapidement l’aide recherchée.
D’abord, c’est dans le monde des grands du royaume qu’il s’est adroitement fait des relations. Celles-ci s’avèrent très utiles, notamment durant ses campagnes en Languedoc. Durant toute sa vie, il correspond avec son ancien camarade, devenu duc de Richelieu et qui, en 1745, est nommé gouverneur du Languedoc. Aussi, lorsqu’un Languedocien le sollicite à l’occasion d’un procès, aussitôt Voltaire rapporte l’affaire auprès de Richelieu et « supplie très humblement Monseigneur le duc de vouloir bien faire parvenir au premier président de Nîmes un mémoire… » 56. L’auteur a le sens de la formule, il sait flatter ses relations avec beaucoup d’adresse afin d’en obtenir des faveurs. Homme de lettres, il sait fort bien qu’en ce XVIIIe siècle, rien n’est plus important dans une carrière comme dans une affaire que les protections. A chaque nouvelle affaire, il sait à qui il doit s’adresser lors de l’affaire Calas, c’est le ministre, monsieur de Saint- Florentin chargé des Affaires religieuses du Languedoc et de Montauban, qu’il sollicite par l’intermédiaire de ses amis à Paris 57.
En 1763, il fait appel au prince de Beauvau-Craon, nommé alors commandant du Languedoc. L’auteur ne le connaît pas personnellement, mais ses affaires dans la province lui dictent d’entrer en contact avec celui-ci. Or, Voltaire connaît fort bien la sœur du commandant, la marquise de Boufflers Remiencourt, aussi n’hésite-t-il pas à lui écrire lorsque son appui devient nécessaire 58. Voltaire, exilé et en disgrâce auprès de la cour, ne peut intervenir directement auprès des ministres. Néanmoins, il sait très bien utiliser ses relations et apprécier cette source de renseignements que sont les agents du roi, sans pour autant qu’elle constitue là son unique moyen d’informations dans les provinces. Ayant besoin de s’informer sur l’actualité du Languedoc, de comprendre les faits, l’opinion alors qu’il réside à Ferney, il lui est nécessaire également d’avoir des agents sur place. Il se construit alors peu à peu un réseau parallèle de renseignements. A côté de la source officielle que forme son réseau d’amitiés, il se bâtit un autre système d’information auprès de Languedociens favorables aux causes qu’il défend, et prêts à lui apporter leur aide.
Les agents de renseignements sur place
Le S octobre 1751, lorsque Jean Ribotte-Charron, le négociant montalbanais, envoie sa première lettre à Voltaire, c’est dans le but d’informer le grand homme des événements survenus dans la région. Spontanément, Jean Ribotte se fait donc agent de renseignements à Montauban, tout en sollicitant l’aide de Voltaire en faveur du pasteur Rochette. Le négociant huguenot s’empresse de donner à son correspondant les détails de l’affaire. Une véritable correspondance s’établit alors entre les deux hommes. Le patriarche de Ferney trouve ainsi en Languedoc une aide efficace, un observateur et un informateur habile. A partir de ce premier jalon, l’écrivain tisse peu à peu de nouveaux liens, établit de nouveaux contacts qui, ensemble, constituent un véritable réseau de renseignements. Voltaire étend ce réseau et, bientôt, il gagne de nouveaux agents à Toulouse d’abord, avec l’abbé Joseph Audra. Ce professeur d’histoire au Collège royal renseigne régulièrement l’écrivain sur l’état d’esprit qui règne dans la ville au moment de l’affaire Sirven 59. Son aide s’avère précieuse car elle permet au défenseur des Sirven de préparer ses attaques et sa campagne contre l’intolérance. Lorsque l’abbé meurt en 1771, il perd un ami, mais aussi un collaborateur efficace. Néanmoins, rapidement il gagne de nouveaux correspondants, notamment dans le monde des juristes toulousains : Théodore de Sudre et l’avocat des Sirven, Pierre Firmin de Lacroix, lui font parvenir nombre d’informations intéressantes, leurs fonctions leur permettant de renseigner Voltaire sur l’état d’esprit qui règne dans le milieu parlementaire. Il devient alors inutile à l’écrivain de tenter de se déplacer, de se rendre lui-même en Languedoc afin de constater des faits et de l’ambiance. Ses correspondants lui transmettent toutes les informations nécessaires.
Ce réseau de renseignements organisé est complété par les anonymes qui, lors des affaires Calas et Sirven, ont désiré apporter leur aide au philosophe. Il reçoit ainsi de nombreuses lettres, telle celle d’une religieuse de Toulouse 60, qui lui permet de constater depuis son observatoire de Ferney l’évolution des esprits dans la province. Les renseignements rassemblés, Voltaire doit encore les analyser car il lui reste à discerner les fausses rumeurs et superstitions des vraies nouvelles. C’est donc à travers les yeux de ses correspondants qu’il découvre le Languedoc et son actualité. Peu à peu, il étoffe son réseau de renseignements, après Toulouse c’est à Montpellier, la seconde grande ville du Languedoc, que Voltaire établit des contacts. Ainsi, peu après l’affaire Calas, il entre en correspondance avec le docteur Jean Lafosse, exerçant dans cette ville. Ce médecin partage les convictions de Voltaire au sujet du suicide du fils Calas, et se met en devoir d’informer l’écrivain sur les rumeurs de parricide qui courent alors à Montpellier à l’encontre des protestants. L’écrivain, intrigué par cette première lettre, réclame alors plus de renseignements à Lafosse; celui-ci, honoré et fier de collaborer avec le grand homme, lui envoie alors les renseignements demandés et s’applique à lui faire le récit des faits divers survenus dans la région 61.
Ses rivalités littéraires avec les Languedociens Lefranc de Pompignan 62, mais surtout avec le cévenol Laurent Angliviel de la Beaumelle, poussent Voltaire à se renseigner sur les activités de ses rivaux alors installés dans leur province. Ainsi, lorsqu’il croit recevoir de nouvelles attaques de ce dernier, exilé en Languedoc en 1767, il écrit aussitôt à son ami, le marquis de Villevieille, lieutenant du roi à Montpellier, afin que celui-ci mène son enquête. Villevieille est en fonction à Montpellier, et originaire d’une vieille famille de Sommières, il lui est donc facile de s’informer, peut-être même a-t-il l’occasion de rencontrer lui-même le littérateur cévenol. Ce dernier, en effet, exilé sur ses terres de Valleraugues, se rend souvent à Montpellier où il peut fréquenter la société cultivée de la province. Le marquis peut donc glaner facilement les informations que son ami de Ferney lui réclame et s’avère un informateur efficace à chacune des nouvelles querelles de Voltaire. D’ailleurs, lorsque le philosophe s’en prend à l’abbé Sabatier de Castres, c’est à nouveau au marquis qu’il s’adresse 63.
Les affaires juridiques ne sont donc pas la seule raison d’être de ce réseau de renseignements. Les affaires personnelles et les nombreuses querelles littéraires et philosophiques auxquelles il a pris part lui ont donné aussi de multiples occasions de le faire fonctionner.
Les agents de liaison
A partir de 1754, Voltaire s’installe dans le mont Jura, aux Délices, puis dans ses terres de Ferney en Suisse. Exilé, il ne vit pas pour autant en reclus sa compagnie est très appréciée, nombreux sont ceux qui font le voyage de Ferney pour rendre visite au célèbre patriarche. La résidence du philosophe devient le détour favori des voyageurs se rendant des provinces méridionales à la capitale, ou effectuant le trajet inverse. Ainsi, en 1754, l’écrivain signale la visite d’un lieutenant du roi en Languedoc, le marquis de Montpezat 64. Recevant la visite de ce marquis, l’auteur a sans doute eu l’occasion de s’entretenir avec lui au sujet des affaires de la province; le lieutenant du roi, au fait de l’actualité, aura pu renseigner ou informer le philosophe sur les derniers événements du Languedoc. Ils sont donc nombreux ceux qui se rendent au « sanctuaire de Ferney » et qui viennent passer quelques instants en compagnie de Voltaire. En juillet 1774, c’est au tour du marquis de Ganges, monsieur Ph. de Vissec de Latude, de faire le voyage 65. Par l’intermédiaire de ses visiteurs, Voltaire se renseigne, et loin du Languedoc, il lui devient facile d’imaginer et de comprendre l’atmosphère qui y règne. Cette source d’information est intéressante pour l’écrivain car elle lui permet de recueillir des renseignements et des points de vue différents, mais surtout des témoignages vécus. C’est une source épisodique, certes, puisqu’elle se fait au gré des voyages, mais précieuse car elle lui permet de recueillir les impressions, l’opinion d’agents de haut rang de la monarchie ou de personnalités diverses.
Outre les visiteurs, l’auteur et sa nièce, madame Denis, reçoivent également les amis de passage : le marquis de Villevieille se rend fréquemment à Ferney en tant qu’ami du patriarche et du languedocien Paul Moultou installé à Genève. De plus, c’est à Ferney que se rassemblent autour de lui de nombreux philosophes : d’Alembert, Condorcet… C’est probablement là que Villevieille fait leur connaissance. La compagnie de Voltaire est non seulement agréable au Languedocien, mais elle lui permet également de se mêler au monde des philosophes parisiens. La correspondance du marquis est assez régulière, mais il est certain qu’à chacun de ses voyages à Ferney, Villevieille se fait colporteur de nouvelles. Plus qu’un simple agent de renseignements, il rend à l’écrivain de multiples services. En effet, lieutenant du roi en Languedoc, il vit, soit à Paris, soit dans ses terres, il est donc très mobile au contraire de Voltaire qui se voit obligé de rester dans sa terre d’exil. Le marquis lui apporte donc une aide précieuse tant dans ses affaires publiques que dans ses affaires privées. Ainsi, il charge à plusieurs reprises le Languedocien de surveiller les agissements de son rival, La Beaumelle, mais également lui confie souvent la mission de faire parvenir des lettres importantes à ses amis philosophes.
Grâce à ces liens établis dans la province, l’auteur apprend à mieux connaître le Languedoc. Puisque c’est à travers les yeux de ses correspondants qu’il le découvre, sa connaissance n’est que partielle et lacunaire. Néanmoins, ces derniers ont su intéresser l’écrivain à l’actualité et au quotidien de leur province.
Conclusion
En février 1778, Voltaire rentre à Paris après de longues années d’absence. Il est acclamé par la foule au cri de « l’homme aux Calas »». Cette affaire, qui n’est au départ qu’un simple fait divers languedocien, est sans doute une de ses plus brillantes campagnes. Elle marque aussi l’apogée des relations de l’écrivain avec le Languedoc. La lecture de sa Correspondance permet, en effet, de déterminer deux phases dans ses relations avec cette province.
La première englobe les années 1733 à 1761 ; c’est une période de prise de contact. Voltaire renoue de vieilles amitiés nées au collège et établit de nouveaux liens. Ce sont des relations éphémères, sans grandes conséquences pour sa carrière et sa vie. Ainsi, vers 1760, les seuls Languedociens qui semblent préoccuper Voltaire sont ses rivaux les frères Pompignan et La Beaumelle. Cependant, l’année 1761 marque le tournant de ses relations avec le Languedoc et ses habitants. Il entre alors en contact avec l’un de ses principaux correspondants : Jean Ribotte-Charron.
La seconde phase chronologique intéresse les années 1762 à 1778 : c’est une époque de relations intenses. Il renforce ses liens avec ses correspondants et établit des contacts nouveaux et plus nombreux. Le Languedoc occupe à présent une grande place dans sa vie et dans son œuvre. Les relations amicales qui le lient avec les habitants de la province se révèlent d’ailleurs d’une grande utilité dans le réseau de renseignements qu’il s’est construit afin de s’informer sur l’actualité de la province pour les besoins des campagnes Calas et Sirven.
Les lettres qu’il échange avec ses correspondants languedociens laissent transparaître les réflexions d’un écrivain, d’abord témoin de son temps. Sous la plume de Voltaire, le Languedoc apparaît sous des traits bien traditionnels une province ensoleillée où il fait bon vivre, mais encore largement livrée à l’ignorance, au fanatisme et à la barbarie. Dans son œuvre comme dans ses lettres, l’auteur dresse un portrait traditionnel du Languedocien. Il existerait donc un caractère languedocien directement influencé par le climat, car dans ce pays « les cervelles chaudes » y sont « échauffées par la chaleur du climat » 66.
Écrivain, témoin de son temps, Voltaire est aussi philosophe. A ce titre, les événements dramatiques survenus en Languedoc en 1761-1762 l’intéressent beaucoup. La province devient à ses yeux une scène de théâtre où se répètent inlassablement les séculaires affrontements entre catholiques et protestants. L’affaire Calas est donc pour lui l’occasion de lui porter un intérêt nouveau. Mais le cadre géographique n’a alors plus beaucoup d’importance et ce qui l’intéresse alors, c’est la lutte contre l’intolérance, partout où elle se manifeste.
Ses correspondants lui ont permis de découvrir certains aspects du Languedoc. Des liens solides se sont tissés. Il conserve, dans la province, des amitiés jusqu’à la fin de sa vie. D’ailleurs, son ami, le marquis de Villevieille, est présent à son chevet, à Paris, lors de ses derniers instants.
Si le Languedoc occupe une place non négligeable dans son œuvre, les Languedociens sont loin d’être absents de sa vie : leur amitié constitue un lien solide et témoigne des relations de Voltaire avec la société provinciale du XVIIIe siècle.
Notes
1. Voltaire en son temps, ss. dir. de R. Pomeau, Oxford, Voltaire Foundation, 1985-1994, 5 vol.
2. Voltaire, Correspondances (1704-1778), n. de Th. Besterman, Paris, Gallimard, 1964-1992, 13 vol., coll. la Pléiade.
3. D. Bien, L’affaire Calas : hérésie, persécution et tolérance à Toulouse au XVIIIe siècle, trad. Ph. Wolff, Toulouse, Eché, 1987, 220 p.
4. Voltaire, Correspondances, Ed. Besterman, t. I, p. 429, à Paris, Octobre 1733, de Voltaire à A. de Sade.
5. Nouvelle biographie française depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, ss. dir. de Dr. Hoefer, M. M. Firmin-Didot frères, Paris, 1852, t. 1, p. 455.
6. M. Pollitzer, Le maréchal galant : Louis Armand duc de Richelieu, Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1952, 287 P. Le duc de Richelieu (1696-1788) est le petit neveu du cardinal de Richelieu. Il fut gouverneur du Languedoc de 1730 à 1755.
7. Voltaire, Correspondances, t. VIII, p. 138, L. 9050, aux Délices, 15 juillet 1765, de Voltaire à B. E. de Chazel.
8. P. Humbert, « La vie et l’œuvre d’Henri Pitot (1695-1771) », Bulletin de la Société Languedocienne de Géographie, 2e série, 1952-1954, t. XXIV, p. 167-198.
9. [Appel Manquant] Voltaire, Correspondances, t. II, p. 226, à Bruxelles, 5 avril 1740, de Voltaire à Pitot. Cf. Voltaire en son temps, op. cit., t. II, p. 85.
10. Ibid., t. III, p. 481, L. 2926, septembre 1751, de Voltaire au duc d’Uzès.
11. Ibid., t. X, p. 600, L. 12230, à Ferney, 23 janvier 1771, de Voltaire à M. H. Marchant de la Houlière.
12. Ibid., t. VII, p. 938, L. 8580, à Ferney, 29 novembre 1764, de Voltaire au marquis de Florian. Cf. P. Deleuze, « Un gentilhomme cévenol ami de Voltaire: le marquis de Florian », Causses et Cévennes, 1992, a. 97, n° 3, p. 199-205. Philippe Antoine de Claris, marquis de Florian a épousé en 1762, Marie Élisabeth de Fontaine, nièce de Voltaire. Elle meurt en 1772, et Voltaire donne son accord au remariage du marquis.
13. Voltaire, Correspondances, t. VIII, p. 1114, L. 10113, à Ferney, 27 avril 1767, de Voltaire au marquis de Villevieille. Cf. I., Gaussen, « Le marquis de Villevieille et les Encyclopédistes », Mémoires de l’Académie de Nîmes, 1971, t. 55, p. 193-209.
14. Voltaire, Correspondances, t. VII, p. 992, L. 8646, à Ferney, janvier 1765, de Voltaire au comte d’Argental. Cf. I. Gaussen, Op. cit., p. 194-197.
15. Voltaire, Correspondances, t. VII, p. 1069, L. 8739, à Ferney, 1er mars 1765, de Voltaire à Damilaville. Cf. J. de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières, Paris, Laffont, 1995, p. 739.
16. R. Bijaoui, Voltaire avocat : Calas, Sirven et autres affaires, Paris, Tallandier, 1994, 254 p.
17. C. de Lacroix, « Pierre Firmin de la Croix avocat au parlement de Toulouse (1732-1786) », Revue des Pyrénées, 1908, t. XX, p. 528-548 ; 1909, t. XXI, p. 97-123.
18. Voltaire, Correspondances, t. X, p. 543, L. 12128, à Ferney, 28 décembre 1770, de Voltaire à P. F. de la Croix.
19. L. Dutil, « Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse », Annales du Midi, 1948, p. 48-57.
20. Il s’agit de L’Essai sur l’histoire générale et sur les Mœurs et l’esprit des Nations, depuis Charlemagne jusqu’à nos jours, Genève, Cramer, 1756, 7 vol., in-8°.
21. Voltaire, Correspondances, t. X, p. 491, L. 12056, à Ferney, 23 novembre 1770, de Voltaire à P. F. de la Croix.
22. J. de Viguerie, op. cit., p. 156.
23. Voltaire, Correspondances, t. IX, p. 1108, L. 11426, à Ferney, 24 septembre 1769, de Voltaire à Sirven. Ibid., t. VII, p. 46, L. 7517, à Ferney, 18 janvier 1763, de Voltaire à A. R. Calas.
24. D. Bien, op. cit. Gaubert Lavaysse jeune avocat toulousain, en visite chez les Calas, soupait chez eux le soir de la mort de Marc Antoine Calas. Il est arrêté en même temps que la famille et la servante.
25. Cl. Lauriol, La Beaumelle, un protestant cévenol entre Montesquieu et Voltaire, Genève, Droz, 1978, 602 p.
26. M. Eug & E. Haag, La France protestante ou vies des protestants français, Genève, Slatkine Reprints, 1966, t. VIII, p. 430.
27. Ibid., t. VIII, p. 344.
28. Ibid.
29. Ibid., t. V, p. 198.
30. Voltaire, Correspondances, t. XII, p. 584, L. 14671, à Ferney, 4 juillet 1776, de Voltaire à Jean Gal Pomaret.
31. François Rochette est un pasteur qui a été arrêté en septembre 1761 près de Montauban. Il est incarcéré puis exécuté le 18 février 1762 sur ordre du parlement de Toulouse, cf. D. Bien, op. cit.
32. Voltaire, Correspondances, t. VI, p. 606, L. 6838, à Ferney, 5 octobre 1761, de Voltaire à J. Ribotte-Charron.
33. Il s’agit de l’Histoire universelle à l’usage des collèges, depuis Charlemagne jusqu’à nos jours, 1770, Dalles et Vitraé, in-12°, 432 p. Seul le tome I parut.
34. Voltaire, Correspondances, t. X, p. 507, L. 12077, à Ferney, 5 décembre 1770, de Voltaire à P. Firmin de la Croix.
35. R. Darnton, Le grand massacre des chats : attitudes et croyances dans l’ancienne France, Paris, Hachette, 1986, 374 p.
36. Voltaire, Correspondances, t. II, p. 791, à Cirey, 11 juillet 1744, de Voltaire à Laurés de Gignac.
37. Ibid., t. II, p. 790, à Cirey, 11 juillet 1744, de Voltaire à monsieur Clément de Montpellier.
38. Ibid., t. XI, p. 65, L. 12923, à Ferney, 9 septembre 1773, de Voltaire à M. Desbans.
39. Ibid., t. III, p. 513, L. 2968, à Potsdam, 4 décembre 1751, de Voltaire au duc d’Uzès.
40. G. Vidal, « Un médecin montpelliérain, le docteur Lafosse, ami et correspondant de Voltaire », Montpelliensis Hippocrates, 1962, n° 16, p. 15-21 ; 1963, n° 20, p. 18-24.
41. Voltaire, Correspondances, t. VIII, p. 200, L. 9127, à Ferney, 28 septembre 1765, de Voltaire à J. Lafosse.
42. L’ouvrage de Lafosse Du suicide considéré relativement à la médecine avec un abrégé des rapports qu’on doit faire en justice, ne sera jamais imprimé. L’imprimeur de Liège a reçu défense d’exécuter le travail, car le docteur est accusé de prôner une théorie contraire à l’idée alors commune de la culpabilité des Calas.
43. Trois lettres du docteur à Voltaire nous sont parvenues. Elles sont datées du 28 septembre 1765, du 28 août 1766 et du 31 octobre 1772. Ces trois lettres ont été publiées par Th. Bestermann dans son édition des correspondances de Voltaire. Ces trois lettres sont, d’autre part, conservées à la Bibliothèque municipale de Montpellier sous la cote : MS 382.
44. Voltaire, Correspondances, t. IX, p. 1022, L. 11343, à Ferney, 5 août 1769, de Voltaire à M. Darquier de Pellepoix.
M. Taillefer, Académies des sciences inscriptions et belles lettres au XVIIe siècle, Toulouse, thèse 3e cycle, 1975, 2 vol. (531 et 150 p.).
45. P. de Gorsse, Voltaire et l’académie des jeux Floraux, Toulouse, recueil de l’académie des jeux Floraux, 1979, p.
46. Voltaire, Correspondances, t. X, p. 193, L. 11670, à Ferney, 26 mars 1770, de Voltaire à l’abbé Audra.
47. Ibid., t. I, p. 731, 30 juillet 1736, de Voltaire à M. Berger.
48. R. Darnton, op. cit.
49. A. J. Bingham, Voltaire and Marmontel, 2nd congress of Enligthened, St Andreas, 1967-1968, p. 205-262.
50. Voltaire, Correspondances, t. IX, p. 1022, L. 11343, à Ferney, 5 août 1769, de Voltaire à M. Darquier de Pellepoix.
51. En mai 1764, le parlement de Toulouse condamne les époux Sirven à pendaison pour le même crime qui était imputé aux Calas. Sirven et sa famille se réfugient en Suisse où ils rencontrent Voltaire.
52. C. De Lacroix, « Pierre Frimin de Lacroix, avocat au parlement de Toulouse », Revue des Pyrénées, 1909, t. 21, p. 101.
53. Ibid.
54. I. Gaussen, « Le marquis de Villevieille, disciple et ami de Voltaire », Académie de Nîmes, 1971, t. 56, p. 210-236.
55. Pierre Paul Sirven et sa famille sont acquittés en novembre 1770.
56. Ibid., t. II, p. 909, à Cirey, octobre 1745, de Voltaire au duc de Richelieu.
57. Ibid., t. IV, p. 911, L. 7169, à Ferney, 5 juin 1762, de Voltaire à d’Argental.
58. Ibid., t. VIII, p. 765, L. 9763, à Ferney, 10 décembre 1766, de Voltaire à la marquise de Boufflers Remiencourt
59. Ibid., t. IX, p. 53, L. 11503, à Ferney, 10 décembre 1769, de Voltaire à l’abbé Audra.
60. Ibid., t. VII, p. 48, L. 7521, à Ferney, 20 janvier 1763, de Voltaire à d’Argental.
61. Ibid., t. VIII, p. 200, L. 9127, à Ferney, 28 septembre 1765, de Voltaire à Jean Lafosse.
62. P. Chevalier, « Les adversaires Francs-Maçons de Voltaire Fréron, abbé Desfontaines, Lefranc de Pompignan », Annales de l’Est, 1971, a. 22, n° 4, p. 335.
63. Voltaire, Correspondances, t. XI, p. 575, L. 13579, à Ferney, 6 janvier 1774, de Voltaire au marquis de Villevieille.
64. Ibid., t. IV, p. 292, L. 3909, à Lyon, 29 novembre 1754, de Voltaire au duc de Richelieu.
65. Ibid., t. XI, p. 737, L. 13815, à Ferney, 26 juillet 1774, de Voltaire à Jean Gal Pomaret.
66. R. Pomeau, Voltaire, œuvres historiques, Paris, Gallimard, 1957, p. 1058.
