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Description

Voltaire et ses correspondants languedociens

Des années 1704, et jusqu’à la veille de sa mort en 1778, Voltaire a entretenu une abondante correspondance. Les lettres rassemblées témoignent des liens qui l’unissaient à ses amis de France et d’Europe. Elles permettent donc de dresser une liste de ses correspondants, et d’envisager ses relations avec la société de son temps. Au fil des années, Voltaire élargit le cercle de ses connaissances à Paris, comme en province. Soucieux de se ménager les appuis nécessaires à sa carrière, il se lie avec les personnages influents de la capitale : des ministres, tel le duc de Choiseul, de grands officiers royaux, tel le duc de Richelieu. Amateur de Belles Lettres et favorable aux progrès des sciences, Voltaire est également l’ami des grands intellectuels de son temps : ainsi il entre en contact avec les Encyclopédistes, dont d’Alembert. Écrivain de talent, mais souvent jugé trop audacieux par la censure, il a aussi besoin d’appuis et de protection. Ainsi, durant ses années de jeunesse, il mène à Paris une existence mondaine, fréquentant la cour et les salons. Simple relation, connaissance, ou véritable amitié, Voltaire se lie è des degrés divers avec l’élite de la capitale.

Or, l’étude de sa Correspondance révèle aussi que l’auteur est attaché è certains habitants du Languedoc. En effet, installé à Ferney, dès 1755, il établit des contacts è Toulouse, Montpellier, Sauve… Il paraît donc intéressant de dresser un portrait de ses correspondants languedociens, de définir leur place dans cette société provinciale afin d’établir ensuite la nature des relations qui l’unissaient à ces Languedociens.

Ainsi, les témoignages de ses amis et de ses informateurs qui lui parviennent dans sa retraite lui permettent de découvrir le Languedoc sans jamais s’y rendre.

Typologie de ses correspondants

Des amitiés anciennes

Les relations de Voltaire avec le Languedoc et les Languedociens sont lentes à s’établir, pour finalement connaître une réelle apogée entre 1762 et 1778. C’est pour cette époque que sa Correspondance livre les plus nombreux témoignages. A partir de 1762, date à laquelle le philosophe engage en Languedoc une lutte en faveur de la Tolérance, à l’occasion du procès Calas, brusquement le nombre de ses correspondants dans la province s’accroît. Peu à peu, des liens plus solides et plus réguliers s’affirment entre lui et les Languedociens.

Pourtant, bien avant cette date, Voltaire a déjà fait la connaissance de quelques habitants du Languedoc. Une lettre de 1733 à Aldonce de Sade mentionne un ami de l’auteur à Toulouse. Il s’agit d’Aigueberre, conseiller au parlement de Toulouse. La naissance de cette amitié remonte, en fait, aux années 1704-1711, période pendant laquelle Voltaire ou plutôt François Marie Arouet est alors élève au collège jésuite Louis le Grand, à Paris. Son père, notaire, mène avec toute sa famille une vie bourgeoise. Il place, en 1704, son fils cadet dans cet établissement, afin qu’il y reçoive une bonne éducation, et puisse faire une brillante carrière ; le collège Louis le Grand est alors fréquenté par les enfants de la bonne société parisienne. D’ailleurs, c’est chez les pères jésuites que Voltaire, jeune adolescent se lie avec le duc de Richelieu, ainsi qu’avec le comte d’Argental. Les jésuites accueillent non seulement les fils de la bourgeoisie et de la noblesse parisienne, mais également ceux des grandes familles provinciales. Ainsi, François Marie a pour compagnons d’étude quelques provinciaux, parmi lesquels des Languedociens.

Il fait donc la connaissance du jeune Jean Dumas d’Aigueberre (1692-1755), un Toulousain. Lorsque leurs études secondaires sont terminées, chacun poursuit sa propre carrière. Le jeune Arouet entre dans l’étude de Maître Alain; quant à d’Aigueberre, il repart pour son Languedoc natal et deviendra, quelques années plus tard, conseiller au parlement de Toulouse. Pourtant, si leurs chemins se sont séparés, les deux jeunes hommes ont de multiples occasions de se rencontrer : à Paris où d’Aigueberre se rend souvent et mène aux côtés de son ancien camarade une existence mondaine, fréquentant les salons et l’opéra. C’est d’ailleurs à l’opéra qu’un soir, Jean Dumas d’Aigueberre présente à Voltaire, Émilie, future marquise du Châtelet. Cette amitié commune pour la jeune femme, renforce leurs propres liens. Installé à Cirey, chez la marquise, Voltaire correspond alors avec son ami toulousain. La marquise décédée, les deux hommes restent liés, jusqu’en 1755, date de la disparition d’Aigueberre.

Outre ce Toulousain, le jeune Arouet compte parmi ses camarades d’études un Nîmois, Balthazar Espeir de Chazel. En témoignent les lettres échangées avec le fils de cet « ancien camarade », Jacques Espeir de Chazel, procureur du roi à Nîmes. Cette correspondance brève débute en 1765, et prend fin l’année suivante, par une lettre de condoléances de Voltaire au fils de son ami décédé. Ainsi, bien avant que sa correspondance ne laisse trace de ses relations avec des Languedociens, Voltaire s’est déjà lié avec des habitants du Languedoc, installés à Paris. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1998

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Sophie MICELI

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf