Une famille de bourgeoisie languedocienne :
les Fromiga (XVIIIe – XXIe siècles)

*Docteur en Histoire, professeur au Lycée Clemenceau, Montpellier

[ Texte intégral ]

En Languedoc, comme dans le reste du royaume, la poussée de la bourgeoisie caractérise le dernier siècle de l’Ancien Régime ; la Révolution ne fait que la confirmer car elle permet à cette dernière de supplanter la noblesse en tant que catégorie sociale dirigeante ; le XIXème siècle est en effet celui du triomphe de la bourgeoisie, celui des bourgeois conquérants, tant au point de vue politique qu’au point de vue économique (en Languedoc s’impose la bourgeoisie viticole). Mais le modèle nobiliaire n’en reste pas moins très attractif. Bien des familles bourgeoises en ascension sont parvenues dès l’Ancien Régime au seuil du Second Ordre, d’autres - et tel est le cas des Girard, une famille apparentée aux Fromiga - ont été anoblies au XIXème siècle.

La famille Fromiga, dont la trajectoire va être ici reconstituée, participe à cette grande poussée bourgeoise, même si elle ne s’est guère élevée au-dessus de ce que l’on appelait autrefois la bonne bourgeoisie, et que l’on qualifierait aujourd’hui de moyenne bourgeoisie. Elle a connu une nette ascension au dernier siècle de l’Ancien Régime, avec le glissement classique de la marchandise vers la robe, et une solide stratégie matrimoniale. Son élan s’est poursuivi au XIXème siècle, au-delà de la Révolution pour ce qui est de la branche aînée, mais s’est partiellement et momentanément cassé, pour ce qui est de la branche cadette, témoignant des vicissitudes toujours possibles dans l’ascension bourgeoise.

Le parcours des Fromiga s’est déroulé au sein d’une aire géographique assez large : d’abord à Montpellier puis sur les rives du bassin de Thau, et enfin pour ce qui est du XXème siècle, dans le sud-ouest de la France, sur la façade atlantique, sans oublier, semble-t-il, une migration vers les Amériques.

Leur trajectoire, contrairement à celle d’autres familles languedociennes appartenant au même milieu, reste peu connue, mais mérite du fait de sa richesse de l’être davantage.

D’autre part, comme l’ont montré divers travaux d’histoire sociale ou plus précisément de généalogie sociale, le particulier exprime le général et le destin individuel est indissociable du destin collectif. La reconstitution de ce parcours familial se veut aussi, par conséquent, une contribution à la réflexion menée depuis longtemps par les historiens de la société sur la bourgeoisie et l’embourgeoisement.

Les Fromiga sont-ils, à leur niveau, représentatifs de l’évolution qui, aux XVIIIème-XIXème siècles, a vu les bourgeois devenir conquérants ?

De la marchandise à la robe

La présence des Fromiga à Montpellier est attestée depuis le début du XVIIIème siècle. En 1712, Hugues Fromiga y épouse, à Notre-Dame des Tables, Françoise Blancher 1. Il est le fils de Bernard Fromiga et d’Anne Varennes, du lieu de Villepinte en Lauragais, au diocèse de Saint-Papoul (165 feux en 1693, 160 en 1709), région dont leur famille est certainement originaire, Fromiga étant un ancien fief de l’abbaye de Lagrasse (un allodium de Fromiga est mentionné en 1521 2). (Tableau 1)

Généalogie Fromiga XVIIIe-XIXe siècles
Tableau 1 - Généalogie Fromiga XVIIIe-XIXe siècles

La venue des Fromiga à Montpellier 3 reste largement inexpliquée, mais sans doute Hugues Fromiga n’a-t-il pas résisté à l’attrait d’une ville devenue une vraie capitale provinciale. En ces premières années du XVIIIème siècle qui sont aussi les dernières du siècle de Louis XIV, Montpellier, en effet - le temps des affrontements religieux n’étant plus qu’un lointain souvenir - recommence à avoir grande allure. Elle est une capitale politique et administrative : siège du gouverneur du Languedoc, de l’Intendant (alors M. de Basville), des Etats du Languedoc (conjointement avec Toulouse), et de prestigieuses cours souveraines : la Cour des Comptes, Aides et Finances (CCAF), et le Bureau des Finances ou des Trésoriers de France. Mais elle est aussi une capitale économique aux activités anciennes : le verdet, l’industrie textile (la fabrication des couvertures de laine), et le négoce, qui sans égaler en importance celui de la fin du Moyen-Age, fait preuve d’une certaine vitalité : la ville accueille en 1691 une bourse des marchands et en 1704 une chambre de commerce.

Son université jouit d’un grand prestige : la faculté de médecine en particulier, mais sont aussi enseignés le droit, la théologie et les arts (l’architecte Antoine Giral vient d’édifier le collège des Jésuites) ; en 1706 est fondée la Société Royale des Sciences. Montpellier est à la fois une ville marchande et une ville savante.

La bourgeoisie - dans laquelle viennent s’intégrer les Fromiga - y est en plein essor, qu’il s’agisse de la bourgeoisie de fonction, les gens de robe : les Messieurs de la CCAF, mais aussi le vaste monde des hommes de loi, notaires, professions libérales… ou de la bourgeoisie d’affaires, les marchands : négociants, financiers, marchands-fabricants… Cette bourgeoisie - devenue parfois noblesse de robe - ne cesse d’étendre son emprise foncière (dans la basse plaine au terroir de Lattes en particulier). L’élévation du montant des dots témoigne de son enrichissement.

La population recommence à augmenter, et la ville s’agrandit : depuis Colbert se développent les faubourgs (notamment celui de Saint-Denis). Le paysage urbain commence à changer, à donner une plus grande place à la beauté : la reconquête catholique a permis la reconstruction des églises, en 1688 commencent les premiers terrassements pour l’aménagement de la place royale du Peyrou, l’Arc de triomphe est édifié en 1691, en 1723 l’esplanade est aménagée, et les Messieurs de la Cour des Comptes continuent à faire construire - entre cour et jardins - de magnifiques hôtels particuliers.

Le XVIIIème siècle, dit des Lumières, va être pour Montpellier, selon la maxime de Michelet, reprise par l’historien Henri Michel : « Le Grand Siècle, le XVIIIème siècle, je veux dire ».

Hugues Fromiga est (en 1712) marchand-droguiste ; il appartient à une corporation alors florissante à Montpellier, qui fabrique et vend les drogues nécessaires à la médecine et à la pharmacie ; elle bénéficie de leur essor aux XVIIe-XVIIIème siècles. « L’on entend par droguistes ceux qui vendent au détail toutes sortes de drogues, employées par les apothicaires (autres que les opérations chimiques), peintres, teinturiers : cires, cierges, bougies, sucre, cassonade, thé, café, épiceries, coton et autres choses de pareille nature. Ce détail est fort bon. Presque tous ceux qui le font sont riches » 4.

Il en sera de même de l’un de ses fils, Jean-Pierre. Certains de ses petits-enfants sont encore, à la fin du XVIIIème siècle, qualifiés de marchands ou de négociants, sans autre précision. Mais les Fromiga ne figurent plus parmi les marchands-droguistes comparants à Montpellier en 1789, car ils ont alors changé d’orientation.

Les bénéfices réalisés dans le négoce leur permettent de faire l’acquisition d’un domaine au terroir de Lattes : il s’agit d’un des mas de la plaine de Lattes (l’ancien mas de Sardan puis de Tuffany) qui depuis porte leur nom ; il figure dans les rôles d’impositions de 1750 et 1776 5 : c’est un premier contact avec la vigne.

Le terroir de Lattes fait en effet partie des campagnes montpelliéraines. Depuis le XVIème siècle ne cessent de s’y créer et de s’y développer des mas appartenant aux familles aisées, nobles et bourgeois habitants de la ville : mas de Boisson et du Bousquet, de Cabrol et de Cocon, d’Encivade et d’en Valat, de Fangouse, pont Trinquat et Rondelet, de la Sereirède, Soriech et de Videry. Entre 1547 et 1677, la grande propriété progresse à Lattes. Les acquéreurs de ces grands mas sont en majorité des gens de robe ou de finance qui font leur entrée dans la noblesse de robe (les de Ranchin, de Boucaud, de Plantade, de Sarret, de Bossuges), d’autres sont issus de la médecine ou plus précisément de la faculté de médecine (tels Rondelet ou Saporta). (Fig. 1)

Au XVIIIème siècle, au moment où les Fromiga font l’acquisition de l’ancien mas qui va désormais porter leur nom, les domaines du terroir de Lattes tendent à devenir viticoles. Ce siècle est en effet celui de la première grande extension du vignoble (la seconde étant celle du XIXème siècle, à partir du Second Empire), et il s’agit d’une double mutation : géographique (la vigne descend des coteaux et gagne la plaine où elle concurrence victorieusement les céréales) et sociale (de populaire, la culture de la vigne tend à devenir bourgeoise et spéculative). Cette extension du vignoble s’observe aussi au terroir de Mèze sur lequel nous aurons à revenir : l’on y compte alors 5 000 sétérées de terres labourables et 9 000 sétérées de vigne ; les grands domaines, tel la Grand’ Grange sont pour une bonne part viticoles.

Le mas de Fromiga à Lattes, entre Lez et Mosson. Cadastre napoléonien de 1819
Fig 1 - Le mas de Fromiga à Lattes, entre Lez et Mosson.
Cadastre napoléonien de 1819. (ADH 3 P 3557, section G2)

Il y a dans la descendance d’Hugues Fromiga, dans les diverses branches qui sont issues de lui, un certain glissement, assez classique dans la société bourgeoise d’Ancien Régime, de la marchandise à la robe (en témoignent les familles de la Cour des Comptes, Aides et Finances), ici, des drogues aux professions libérales et aux offices de justice, sans abandon immédiat du négoce. Cette évolution est perceptible tant au niveau des alliances que du choix professionnel de certains d’entre eux. C’est dans le monde des huissiers, des procureurs et des avocats à la CCAF, puis des avoués au Tribunal civil de Montpellier qu’évoluent de plus en plus les Fromiga. Le notariat s’y ajoute au XIXème siècle.

Cette orientation est perceptible dès 1737, lors du mariage de la fille d’Hugues Fromiga, Anne, avec Louis Bousquet, praticien au palais, fils d’Antoine Bousquet, procureur à la Cour des Comptes 6.

La Cour des Comptes, Aides et Finances se compose d’officiers ayant acheté leurs charges : présidents, conseillers-maîtres, conseillers-correcteurs, conseillers-auditeurs, gens du Roi (avocat général, procureur général, greffier en chef), secrétaires du Roi en la chancellerie. Certains de ces offices, convoités par les bourgeois enrichis (souvent issus de la marchandise), confèrent la noblesse (au deuxième degré, c’est-à-dire à la deuxième génération dans des conditions normales d’exercice). Ils permettent ainsi un glissement vers la noblesse de robe. De véritables dynasties de magistrats se constituent : les Plantade, les Claris, les Bocaud, les Boussairoles, les Masclary. Les Messieurs de la CCAF jouissent d’un grand prestige, ils sont souvent très fortunés : ils font édifier les plus beaux hôtels particuliers de Montpellier, et sont propriétaires des salines de Peccais près d’Aigues-Mortes (les Boussairolles, notamment, figurent en bonne place dans le corps des propriétaires).

La trajectoire des Bousquet, marchands devenus robins, préfigure celle des Fromiga 7.

Le plus lointain ancêtre connu, Rigal Bousquet, est marchand à Montpellier dans la première moitié du XVIIème siècle.

Son fils, Louis, est procureur à la Cour des Comptes ; le 9 juillet 1671, il est pourvu de l’office de Benjamin Malescure ; il devient ensuite consul de Montpellier ; il épouse à Sainte-Anne, le 3 juillet 1677, Marie Rey, fille du maître-apothicaire Antoine Rey. Leur fils, Antoine, est aussi procureur à la Cour des Comptes ; il épouse à Sainte-Anne, le 18 novembre 1710, Jeanne Portal, fille du marchand-droguiste Jean Portal. Les deux fils issus de ce mariage suivent la même voie. Louis, qui a épousé Anne Fromiga, est pourvu par lettres patentes du 22 mai 1759, enregistrées le 18 octobre, d’un office de conseiller secrétaire du Roi, Maison et Couronne de France, près de la Cour de Montpellier. Son frère, Gabriel, est docteur en droit et avocat, il est pourvu par lettres patentes du 16 avril 1739, enregistrées le 2 novembre, de l’office d’avocat général de première création au Bureau des Finances de Montpellier. Il est de plus directeur des domaines du Roi en Languedoc. Il a épousé à Saint-Pierre, le 11 juin 1732, Gervaise Ginel, fille de François Ginel, greffier, grand minutier près de la chancellerie de Montpellier. Leur fille, Jeanne Rose, épouse à Saint-Pierre, en février 1759, la fille de Sébastien de Girard (appartenant à une famille de gentilshommes verriers), seigneur de la Plane. Les Bousquet, marchands-droguistes, puis gens de robe, parviennent alors au seuil du second Ordre.

Le contrat de mariage de Louis Bousquet et d’Anne Fromiga est passé devant Maître Vézian, le 18 août 1737 8. Le sieur Fromiga constitue à sa fille la somme de 5000 livres, le sieur Bousquet donne au futur époux, son fils, « le logement, nourriture et entretien, de lui, sa femme et enfants, dans sa maison, et à son même, pots et feu, à condition que ledit Bousquet fils travaille de son mieux, au profit de sa maison et qu’il soit reçu et promu de l’office de procureur à ladite cour, que ledit Bousquet se propose de lui remettre, quand il jugera à propos de le lui céder. La Demoiselle Portal donne à son fils le jardin potager qu’elle a, situé dans le jardin de cette ville, ledit jardin d’une valeur de 3500 livres. Les futurs époux se donnent 1500 livres pour augment et contre augment » 9.

Au total, une fort jolie constitution dotale qui permet de situer les Fromiga dans le milieu de la bonne bourgeoisie montpelliéraine (en 1712, lors du mariage d’Hugues Fromiga, les dots s’étaient élevées à 2 000 livres.

La marchandise épouse en quelque sorte la robe.

Les deux fils d’Hugues Fromiga, Jacques et Jean-Pierre, donnent naissance à deux branches, qui tout en évoluant séparément, conservent les mêmes traditions et restent étroitement unies (en 1808, Pierre Fromiga, petit-fils de Jacques, va jusqu’à épouser sa cousine, Jacqueline Marie Fromiga, petite-fille de Jean-Pierre).

La branche aînée issue de Jacques Fromiga

Jacques Fromiga (1713-1787) se marie en 1748 à Marie Anne Françoise Vidal. Dans les différents actes le concernant, Jacques Fromiga est qualifié de bourgeois, sans autre précision, mais tout laisse à penser qu’il est marchand. Les contrats de mariage de ses enfants sont passés dans sa maison ou loge. Ses quatre enfants se marient dans de bons milieux, mais très divers ; l’un de ses fils, Pierre Antoine, est à l’origine d’une dynastie d’avocats et d’avoués.

En 1775, Marie Anne Françoise épouse Jean Joseph Dominique Vanderburk, peintre, fils de Dominique Joseph, lui aussi peintre, et de Jeanne Reboul 10.

Les Vanderburk (ou van der Burk) sont une dynastie très connue de peintres et d’artistes d’origine hollandaise, attestés dès le XVIème siècle et le XVIIème siècle, à Delft et à Utrecht.

Dominique Joseph, né à Lille en 1722, vient s’établir à Montpellier en 1749 ; il y épouse, le 9 mars, à Notre-Dame des Tables, Jeanne Reboul, fille du maître de musique Jean Reboul. Il devient professeur à l’Ecole Royale de Montpellier. Il y est mort le 16 mars 1785. A l’exception de François, marchand-droguiste, ses fils deviennent, comme lui, peintres.

Le plus connu n’est pas Jean Joseph Dominique, mais Jacques André Édouard, paysagiste, né à Montpellier en 1756, qui est monté à Paris où il meurt en 1803, et dont les musées de Lille, Montpellier, Rouen et Sète conservent de nombreuses œuvres. Son fils, Jacques Hippolyte, paysagiste et lithographe (1796-1854) est élève de David et de Guérin. Les musées de Béziers, de Marseille, de Montauban, de Reims, en conservent des œuvres.

Le père et le fils appartiennent tous deux à l’école française. Une thèse récente leur a été consacrée 11. En 1761-62 travaille à la Mosson Jacques Vanderburk, graveur d’origine hollandaise. Une manufacture d’indiennes - de peintures et impressions sur toiles de coton - y est implantée, elle est la propriété de Guiraud et Cambon. Au XVIIIème siècle, en effet, à partir de 1759, l’indiennage se développe à Montpellier, les fabriques de toiles et mouchoirs de coton font vivre environ 5000 ouvriers, et nécessitent la venue de techniciens : imprimeurs et coloristes, souvent étrangers et protestants.

Lors du contrat de mariage passé devant Maître Vézian, le 5 février 1775, Jacques Fromiga 12 « promet et s’oblige de loger, nourrir et entretenir les futurs époux pendant deux années, à compter du jour de la bénédiction nuptiale », laquelle nourriture et entretien sont évalués à 500 livres par an, ce qui fait la somme de 1 000 livres ; la Demoiselle Vidal constitue à sa fille la même somme de 1 000 livres.

Beau mariage également, l’année suivante, en 1776, pour Marie Thérèse Fromiga qui épouse Pierre Marie Augustin Tioch, docteur en médecine de la faculté de Montpellier, lui-même fils du médecin Pierre Tioch 13.

Les Tioch, établis à Saint-Mathieu-de-Tréviers au XVIIème siècle, deviennent Montpelliérains au XVIIIème siècle. Ils fournissent deux générations de marchands de fer : Barthélemy et Guillaume Martin. Le mariage de ce dernier en 1744 avec Suzanne Faure, fille de l’apothicaire Pierre Faure, est peut-être à l’origine de l’orientation de la famille vers la médecine, car elle fournit ensuite deux générations de médecins : Pierre, frère de Guillaume, devient docteur en médecine, et il en est de même de son fils Pierre Marie Augustin. Louis Dulieu fournit quelques précisions sur leur carrière 14.

Pierre naît à Montpellier le 21 novembre 1714. Il est immatriculé le 12 novembre 1734. Il obtient le baccalauréat le 8 mars 1737 et le doctorat le 31 août. Il est docteur ordinaire de 1738 à 1751. Il devient membre de la Société Royale des Sciences de Montpellier, en 1742. Il se signale surtout par ses travaux de botanique, précédant dans ses recherches celles de François de Sauvages. Il meurt à Montpellier le 10 juillet 1757.

Pierre Augustin Marie naît à Montpellier en 1751. Il est immatriculé le 6 août 1768. Il obtient le baccalauréat le 17 août 1771, la licence le 22 août 1772 et le doctorat le 24 août. Il vit encore en l’an II.

Lors du contrat de mariage passé le 21 janvier 1776 15, en l’étude du même Maître Vézian, les époux Fromiga donnent et constituent en dot, à leur fille, la somme de 4 000 livres.

Les deux fils de Jacques sont, au moins au début, marchands comme leur père ; tel est le cas de Pierre Antoine, marié en décembre 1786 à Marguerite Christine Martin, fille du pâtissier Claude Martin, qui lui apporte 2 400 livres de dot 16, et de Jean-Pierre, marié en janvier 1792 à Jeanne Espinas, dont les parents, René Espinas et Marie Boissier, sont décédés, et qui se constitue 1 500 livres, la veuve Fromiga, mère du futur, y ajoute 1 000 livres 17.

Mais Pierre Antoine ne persiste guère dans la marchandise, puisque très vite, et alors qu’il est encore fort jeune (il est né en 1764), il devient avocat à la Cour des Comptes, Aides et Finances de Montpellier, amorçant ainsi la mue sociale des Fromiga (il est aussi secrétaire du Roi en la chancellerie royale de cette Cour en 1787). Ses études l’y destinent, car il est licencié en droit.

« Le barreau de Montpellier, écrit Pierre Viallès 18, comptait au milieu du XVIIIème siècle, une trentaine d’avocats qui plaidaient devant tous les tribunaux de cette ville, mais exerçaient plus souvent leurs fonctions auprès de la Cour des Comptes, Aides et Finances. Leur profession semblait alors moins brillante qu’au XVIIème siècle, qui fut l’époque des plus fameux avocats, l’époque où le barreau pouvait être préféré à la magistrature. Ce qui ne veut pas dire que leur corporation manquait d’hommes de valeur. Certains se sont rendus célèbres (Maître Journet, Maître Ugla), d’autres avaient la réputation d’excellents juristes (Pierre Polac, Jean Pilot, Antoine Reboul). Certains avocats ajoutaient à leur savoir professionnel d’autres connaissances où ils excellaient : Jean Romieu, membre de la Société Royale des Sciences, Jean Baptiste Grenier, érudit et philosophe, Cavalier, poète et bel esprit ».

Ils appartenaient en général aux bonnes familles bourgeoises de la ville, et comme la Cour des Comptes, Aides et Finances se recrutait dans ces mêmes familles, il en résultait des liens intimes entre le barreau et la magistrature. Pour beaucoup d’avocats, le barreau n’était qu’une fonction préparatoire aux fonctions judiciaires. La Cour le reconnaît dans une lettre au chancelier, datée du 13 septembre 1752, où il est dit que « le barreau sert d’apprentissage aux officiers ». Les avocats poursuivaient âprement l’acquisition de charges.

Pierre Antoine est un des derniers avocats de la Cour des Comptes, supprimée en 1790. Il fonde une dynastie de juristes 19.

Son fils, Pierre François, est comme lui, licencié en droit et avocat, puis avoué près du Tribunal civil de Montpellier, nouvelle instance mise en place, sous la Révolution et l’Empire. Il en est de même, dans la première moitié du XIXème siècle, de ses deux petits-fils : Jean Baptiste, avoué près du Tribunal civil de Montpellier, et Jean-Pierre, avocat, puis avoué près de la Cour de Montpellier, et de plus, député et chevalier de la Légion d’Honneur. Les mariages se font alors dans la haute société, voire dans la noblesse : Jean Baptiste épouse en 1834 Marie Henriette de Cambis, fille de Paulin de Cambis ; Jean-Pierre épouse en 1837 Élisabeth Françoise de Montfort, petite-fille de Gilbert François Ferdinand, capitaine d’infanterie. La fille de Jean-Pierre Fromiga, Ernestine Jeanne Madeleine, se marie en 1862 à Auguste Louis Santini, docteur en médecine, inspecteur faisant fonction de recteur et frère de Vincent Thomas Santini, sous-intendant militaire, chevalier de la Légion d’Honneur.

La maison de Cambis est originaire de Florence, où elle est connue depuis le XIIIème siècle (elle y est alliée aux Pazzi). Elle est passée au service des rois de France et est venue s’installer en Comtat-Venaissin, à la fin du XVème siècle.

Elle a acquis la baronnie d’Alès, et a été admise aux honneurs de la Cour en 1752, 1770 et 1787. Paulin de Cambis (1781-1860) est le beau-frère d’Auguste Marie Jacques François-Luc, marquis de Cambis, grand propriétaire héraultais (au domaine de Lantissargues), ayant exercé d’importantes fonctions sous la Monarchie de Juillet : député du Vaucluse en 1830 (réélu en 1831 et 1834), et nommé pair de France en 1837.

Brillante trajectoire donc, pour la descendance du marchand-droguiste Jacques Fromiga, dont la position sociale se consolide encore davantage au XIXème siècle. Mais, semble-t-il, sans héritiers masculins, cette branche tombe - en quelque sorte, et comme il aurait été dit en des temps plus anciens - en quenouille.

La branche cadette, issue de Jean-Pierre Fromiga

Le second fils d’Hugues est né en 1714, un an après son frère Jacques. On retrouve dans cette seconde branche sensiblement la même évolution.

Un premier contact avec la Cour des Comptes se produit lors du mariage, en 1744, de Jean-Pierre Fromiga, marchand-droguiste, comme son père, avec Françoise Martin, fille des défunts François, huissier à la Cour des Comptes, Aides et Finances, et de Françoise Martin ; la mariée se constitue en dot la somme de 1 500 livres « qu’elle a gagnée et profitée, depuis la mort de son père, au moyen du négoce qu’elle a fait en mousselines et en travail de la couture » 20.

Leur fils, Jean-Baptiste, d’abord marchand, devient, dans la même période que son cousin Pierre Antoine, avocat puis avoué aux mêmes Cours.

Il épouse à Notre-Dame des Tables, le 12 juillet 1781, Jeanne Solier, fille de Jean Solier, négociant, et de Marie Bazille, et frère du financier Jacques Solier 21.

Jeanne Solier appartient à une branche de la famille Solier, apparentée à celles de Camarès et de Saint-Félix de Sorgues, dont Louis Dermigny a étudié les trajectoires et les cargaisons d’indiennes.

Les Solier sont originaires du Pont de Camarès, aujourd’hui Camarès en Rouergue 22. Il s’agit au XVIIIème siècle d’un gros bourg de 2 000 habitants qui se caractérise par l’importance de l’industrie textile (Camarès produit de petites étoffes, des cadis qui s’exportent à Genève, en Suisse, au Portugal et en Espagne, jusqu’à Cadix ; vers 1760 y est créée une manufacture de draps londrins). Malgré son isolement (aucune communication avec les grandes routes), c’est une des villes les plus commerçantes du Rouergue. L’élément protestant y est très important (tout le pays, jusqu’à Castres, ayant été marqué par la Réforme). Les familles protestantes, telles les Solier, sont les plus actives du pays.

Les Solier sont innombrables au pays de Camarès. Une branche, composée surtout de bourgeois et de praticiens, issue semble-t-il d’une lignée de notaires, aura un parcours des plus brillants, hors de Camarès. Elle se divise au XVIIème siècle en deux rameaux établis au Pont et à Saint-Félix-de Sorgues.

La première branche fournit des hommes de loi, notaires et avocats, des chirurgiens et des apothicaires, des marchands (à partir de la Révolution). La plupart restent au pays ; fait exception Jean Solier (fils de Jean, praticien et bourgeois, marié en 1701 à Jeanne Gaches) qui va s’établir à Montpellier comme négociant en draperie et toiles, d’abord en qualité d’associé d’Henri Rey, ensuite dans une maison à son nom dont il est commanditaire. Il y épouse en 1755 Marie Bazille, appartenant à une famille montpelliéraine (sans doute originaire de la région de Figeac) d’orfèvres et de négociants protestants, qui a donné sa pleine mesure au XIXème siècle avec Gaston Bazille, propriétaire et agronome dans ses domaines de Méric et de Saint-Sauveur, qui a pris une part active dans la lutte contre le phylloxéra, et avec son fils Frédéric, le peintre pré-impressionniste (1841-1870).

Jean Solier ne semble pas s’être beaucoup enrichi, si l’on en juge par l’avoir indiqué dans le bilan qu’il dépose lors de sa faillite en 1759 : des biens fonds hérités de ses père et mère à Camarès, une maison, deux champs et un pré, et une « fortuneminérale », le tout estimé à seulement 2 700 livres.

La branche de la famille la plus intéressante est la « branche voyageuse, celle du grand négoce », à laquelle s’est intéressé Louis Dermigny : les Solier de Camarès, Cadix, Marseille, la Guadeloupe, et les Solier de Saint-Félix-de-Sorgues, Cadix, Espagne. Mais ceci est une autre histoire qui dépasse les limites du présent article. Il suffira de dire qu’elle témoigne (comme il sera dit ultérieurement et avec les Ronzier) de l’intérêt de la bourgeoisie pour le grand commerce avec l’outre-mer (dit aussi commerce colonial) principalement avec les Echelles du Levant ou avec les Iles (celles des Amériques), qui anime Marseille et les ports de la façade Atlantique (de Nantes à Cadix en passant par Bordeaux).

Toujours en 1781, Françoise Fromiga, sœur de Jean-Baptiste, épouse Jean-Pierre Mathieu Baude 23, fils de Mathieu Baude de la Plane, avocat en la Cour des Comptes, Aides et Finances, et de Marie Fermaud. Ce qui constitue le troisième contact de cette branche avec la prestigieuse Cour. Mathieu Baude est en outre maire alternatif de Mauguio. En 1764, il est installé dans les fonctions de maire ancien mi-triennal de la ville de Lunel. Les Baude sont une famille notariale, implantée à Mauguio, où ils exercent diverses fonctions : maires, greffiers consulaires, viguiers. Ils vont bien profiter de la Révolution et de l’Empire : Mathieu va être juge au tribunal criminel de l’Hérault en 1801, et Jean-Pierre Mathieu, entrepreneur de lits militaires, et aide de camp du général Guillot 24.

Du mariage Fromiga-Solier naît (entre autres) un fils : Jacques Jean Baptiste Esprit, baptisé à Notre-Dame des Tables le 11 novembre 1781 25. Le parrain est Jacques Solier représenté par Noble Étienne Esprit Boussonnel. Les Boussonnel, marchands de draps montpelliérains au XVIIème siècle, ont été anoblis par l’achat, en 1674, d’un office de conseiller secrétaire du roi, Maison et Couronne de France.

Le statut social de Jacques Jean Baptiste semble assez imprécis, les documents le concernant le qualifiant tantôt de propriétaire, tantôt de négociant. Il ne persiste pas, en tout cas, dans la voie ouverte par son père, vers les professions libérales. Il est à l’origine d’un déplacement des Fromiga vers le bassin de Thau qui devient, dès la première moitié du XIXème siècle, de plus en plus attractif. Abandonnant peu à peu Montpellier, c’est aux bains de Balaruc qu’il finit par élire domicile. Il y possède d’ailleurs des biens fonciers (c’est un second contact avec la vigne). C’est son mariage, en 1803, avec Mélanie Adrienne Girard 26 qui est à l’origine de ce glissement. Mélanie Adrienne, née en 1780, est en effet la fille de Pierre Girard, négociant à Balaruc-les-Bains. Mélanie Adrienne avait épousée en premières noces Jean-Pierre Perrier, propriétaire, également implanté à Balaruc.

L’alliance des Fromiga et des Girard

Les Girard sont une famille d’importants négociants agathois, dont la présence à Agde est attestée dès le XVIème siècle, « plus précisément dans la paroisse Saint Étienne, ils possèdent Isle Aubain, une demeure située dans une partie de la ville appelée Cité, ainsi que des propriétés étendues où se cultivent vignes et céréales » 27.

Étienne Girard, négociant, épouse à Agde, le 15 novembre 1725 (en la paroisse Saint Étienne), Marie Anne Soulerieu 28. Des deux fils nés de cette union sont issues deux branches :

La branche aînée, la plus prestigieuse, est issue de Gyraud Girard, avocat au Parlement (ici aussi s’effectue le glissement du négoce vers la robe), marié le 8 août 1769 à Montpellier à Catherine Gouan 29, fille d’Antoine Gouan, conseiller du roi, receveur des tailles du diocèse de Castres et receveur principal des décimes de la province de Narbonne. Les Gouan 30 sont alors une des familles les plus considérables de la bourgeoisie montpelliéraine, tant au niveau des offices dont elle est pourvue, qu’à celui de l’exercice de la médecine.

De l’union de Gyraud Girard et de Catherine Gouan naît en 1776 François-Frédéric Girard, avocat, qui va être à l’origine de l’anoblissement de sa famille, un mariage l’y prépare : il épouse le 24 nivôse an V, Angélique Brondel de Roquevaire, fille d’Alexandre baron de Fabrègues, et d’Adélaïde de Malbois de Caussonnel. Frédéric de Girard rend des services en 1815 au moment de la Restauration (son engagement dans les armées du duc d’Angoulême pendant les Cent Jours est remarqué). Il est anobli par Louis XVIII par lettres patentes du 13 mars 1820, enregistrées en vertu de l’arrêt de la Cour Royale de Montpellier le 24 avril. Il fait partie des anoblis de la Restauration (25 familles ont été anoblies ou titrées en Languedoc sous ce régime 31). Il est maire de Fabrègues entre 1814 et 1824. Il ne cesse de développer son emprise foncière : il acquiert une propriété au même village de Fabrègues, et surtout il achète en 1821, sur la commune de Saint-Gély-du-Fesc, le domaine de Coulondres, sur lequel il fait bâtir un château, qui va devenir le « fief » de la famille, jusqu’à son descendant, le fervent monarchiste Paul de Girard.

Ses deux fils poursuivent dans la même voie : Gustave (1805-1863), avocat à Montpellier, légitimiste, est élu en 1849 député de l’Hérault, en tant que membre du parti de l’ordre. Il est le père de Paul de Girard (1841-1925), ardent défenseur de la cause monarchiste 32 : il se présente toujours aux élections en tant que candidat royaliste. Il est élu maire de Saint-Gély-du-Fesc (1874-1925), conseiller général du canton des Matelles (1871-1892), mais il subit deux échecs lors des élections législatives de 1885 et 1898. « En rapport étroit avec le comte de Chambord, il reporte à sa mort son affection sur le duc d’Orléans.

Il dirige pendant quelques temps le comité royaliste de l’Hérault, ainsi que le conseil d’administration de l’Eclair. Sa charge principale fut de mener à bien sa mission confiée par le Prétendant, celle de délégué régionale de la deuxième zone : il devient son représentant officiel dans les principaux départements de la façade méditerranéenne (Var, Vaucluse, Hérault, Gard, Pyrénées-Orientales, Bouches-du-Rhône). Il est aussi un fervent catholique, membre de nombreuses associations : « Dieu seul passe avant le Roi » aime-t-il à répéter. Au moment des inventaires il considère comme un plus beau titre de gloire d’avoir passé une nuit au poste de police.

Frédéric (frère de Gustave), 1809-1850, se passionne pour l’agriculture et devient professeur de botanique. Par son mariage en 1840 avec Angela Ronzier, fille de Dominique Ronzier, il devient propriétaire du château de Mèze. Ce château, appartenant avant la Révolution, à Jean-Jacques de Muret, conseiller à la Cour des Comptes de Montpellier et gouverneur de Mèze 33, entre par mariage dans la famille Ronzier 34 ancienne et importante famille de Clermont-l’Hérault et de Villeneuvette. En 1847, Dominique lègue à sa fille le château qui passe ainsi entre les mains des Girard qui le conservent jusqu’en 1995. Il a été récemment acquis et réhabilité par la municipalité. (Fig. 2)

Le château de Girard à Mèze
Fig 2 - Le château de Girard à Mèze. (Coll. privée)

La branche cadette des Girard

C’est celle à laquelle se rattache Mélanie Adrienne, mariée en l’an XI à Jacques Jean Baptiste Esprit Fromiga, n’a pas été anoblie. Son père, Pierre Girard, frère cadet de Gyraud et oncle de Frédéric, est resté négociant, comme ses ancêtres. Son mariage, en septembre 1770, avec Marie Sophie Donnat, fille de Granlois Donnat, négociant à Balaruc-les-Bains, a, sans doute, favorisé sa migration vers cette cité du bassin de Thau 35.

Par ce mariage Girard, les Fromiga s’allient par la même occasion à toutes les familles qui tiennent le haut du pavé à Balaruc-les-Bains, et ce depuis parfois longtemps : les Donnat et les Perrier qui ont fourni de nombreux consuls à Balaruc aux XVIIe-XVIIIème siècles (les Perrier ont été, en outre, propriétaires de la fameuse source thermale entre 1530 et 1768), les Boudon de la Rouquette, propriétaires de la source entre 1834 et 1868 (Marc Antoine Boudon est de plus conseiller de Préfecture, conseiller général et Chevalier de la Légion d’Honneur), les Rousset (le docteur Eugène Rousset, inspecteur des bains de Balaruc de 1834 à 1848), les Bourgoing (négociants à Montpellier).

Toutes ces familles sont apparentées aux Girard, qui, de plus, exercent bien souvent à Balaruc la charge de premier magistrat, Alexandre Girard (1778-1855), frère de Mélanie Adrienne, est à trois reprises maire de la petite cité, dans la première moitié du XIXème siècle : 1806-1816, 1829-1832, 1844-1848, ainsi que conseiller général de l’Hérault et suppléant du juge de paix 36. Il avait épousé en 1814 Marie Joséphine Lauzaire, fille de François Lauzaire, propriétaire foncier.

Tout cela ne peut qu’inciter les Fromiga (du moins ceux de la branche cadette) à quitter Montpellier pour Balaruc-les-Bains. Et cela d’autant plus que Mélanie Adrienne y possède des biens fonciers qu’elle s’est constitué en dot, lors de son mariage avec Jacques Jean Baptiste Esprit Fromiga et qui proviennent de la succession de Pierre Girard, son père (décédé en l’an X, à Balaruc) 37. Le contrat passé devant Maître Alicot, notaire à Montpellier, le 27 pluviôse an XI, indique que ces biens consistent en terres, champs et vignes sans autres précisions. Elle les vend entre 1838 et 1845, le produit de ces ventes s’élève à 7 240 francs. A sa mort, en 1852, elle laisse une fortune évaluée à 18740 francs (compte tenu des dots déjà constituées à ses enfants au moment de leur mariage 38.

Jacques Jean Baptiste Esprit Fromiga est maire de Balaruc de 1832 à 1837, ce qui témoigne déjà de son enracinement et de sa notoriété dans la petite cité. Il figure à ce moment-là sur la liste des électeurs censiteurs de la monarchie de Juillet, son cens s’élève à 238 francs (le minimum exigé est de 200 francs, contre 300 sous la Restauration) 39. (Fig. 3)

Délibération du Conseil municipal de Balaruc, Esprit Fromiga étant maire
Fig 3 - Délibération du Conseil municipal de Balaruc, Esprit Fromiga étant maire.
(ADH 165 PUB 2)

De l’union de Jean Baptiste Esprit Fromiga et de Mélanie Adrienne Girard naissent trois enfants ou plutôt trois enfants survivent : Christine Philippine Fanély (née en 1807), Amélie (1814) et Édouard (1817). (Fig. 4)

Les deux filles se marient brillamment dans des milieux proches de celui auquel elles appartiennent, dans la plus pure tradition des Fromiga.

Le ménage Fromiga au recensement de 1836 à Balaruc
Fig 4 - Le ménage Fromiga au recensement de 1836 à Balaruc. (ADH 6 M 233)

L’aînée, Christine Philippine Fanély, épouse en 1827 Laurent Thimothée Roubière, chirurgien-dentiste, originaire de l’Aveyron, fils de Jean Philippe Roubière, notaire, et de Marie Anne Cazes. La dot de la future est de 20 000 francs. 15 000 francs donnés par son père, mais payables seulement après le décès de l’aïeul, Jean Baptiste Fromiga, et 5 000 francs donnés par sa mère, mais cette somme ne pourra être exigée que deux ans après sa mort (contrat de mariage chez Maître Massal, notaire à Montpellier, le 28 juin 1827) 40.

Amélie épouse en 1835 Jean Georges Vergé, étudiant en médecine, originaire de l’Ariège, fils de Bernard Vergé, propriétaire et officier de santé, et d’Angélique Carrière. La contribution dotale est de facture tout à fait semblable : 20 000 francs pour la future, dont 14 000 francs par son père, mais payables ici encore après le décès de Fromiga aïeul ; Fromiga père y ajoute une somme de 5 000 francs 41.

Dans les deux cas, le paiement de la plus grande partie de la dot devra attendre la mort du grand-père (qui n’advient qu’en 1837), et les époux Fromiga doivent hypothéquer leurs biens, en vue du paiement de la dot. Seraient-ils à ce moment-là moins argentés ?

Édouard, leur frère, se destine au notariat. Avec lui se dessine un retour aux professions libérales et aux offices de justice. Il souhaiterait faire l’acquisition de l’office de Jean Antoine Fraisse, notaire à Mèze.

Heurs et malheurs de la branche mézoise des Fromiga

C’est précisément à ce moment que se présente l’opportunité d’un bon mariage avec Catherine Pascale Bessier, fille de Jérôme Bessier, un riche marchand de nouveautés (ce type de commerce étant alors, et ce depuis la Restauration, en plein développement).

Jérôme Bessier vient lui aussi de Montpellier, où son père était facturier en coton, mais installé à Mèze depuis 1836 (il y a acheté une grande maison en 1841, en attendant l’acquisition en 1853 des premières vignes du domaine viticole de la Grande Basse). Jérôme Bessier se rattache à une famille au parcours intéressant. Potiers de terre et fontainiers à Saint-Jean-de-Fos, au siècle de la Renaissance, chirurgiens et apothicaires dans les hautes vallées de l’Hérault et de la Buège sous Louis XIV et encore aux siècles des Lumières, facturiers en coton à Montpellier à la grande époque de l’indiennage, les Bessier connaissent au XIXème siècle une ascension, qui en cette année 1845 n’en est d’ailleurs qu’à ses débuts : elle a pour cadre la petite ville de Mèze, située comme Balaruc sur les rives de l’étang de Thau, et passe par deux grande voies : le tissu (plusieurs générations de marchands de nouveautés) et la vigne, en cet âge d’or du vignoble languedocien 42. En ces dernières considérations, à la fois géographiques et économiques, se trouvent les raisons de l’ascension de Jérôme Bessier, et de l’embourgeoisement de sa famille.

Le choix de Mèze est particulièrement judicieux. Il s’agit de la cité la plus active du bassin de Thau, devenu un véritable Eldorado : il offre depuis toujours à l’homme de nombreuses ressources (la pêche et la conchyliculture), mais la véritable révolution s’est produite au XVIIème siècle avec la création du port de Cette (1666), et le creusement du Canal Royal (dit du Midi), à l’initiative de Paul Riquet (1666-1682), qui vont permettre au siècle suivant l’essor de la vigne et du commerce des vins. La ville de Mèze connait une vigoureuse expansion, commencée au XVIIIème siècle et qui s’amplifie au XIXème siècle ; cette expansion est à la fois démographique (la population ne cesse de croître passant de 2 300 h en 1789 à 7 000 h en 1876), et économique (son économie a toujours été diversifiée et complète, à partir du XVIIIème siècle, un port y a été aménagé, et elle devient au XIXème siècle une capitale viticole). Les autres cités de l’étang sont aussi très actives : Balaruc (où se sont installés les Fromiga), Bouzigues et Marseillan. Le port de Cette connait son âge d’or, il devient le port du vin. Le commerce de nouveautés et le développement de la vigne sont alors deux nouveaux et importants moyens d’enrichissement. Le commerce de nouveautés est alors le chemin le plus court vers la réussite. Il consiste à regrouper en un seul point de vente des spécialités jusque-là distinctes : des tissus aux articles de confection. Il est l’initiateur d’une véritable révolution commerciale. Il précède de vingt ou trente ans le grand magasin. Il permet des promotions familiales rapides et directes, dont l’exemple le plus connu est celui d’Aristide Boucicaut, fondateur du Bon Marché en 1852.

Le rôle décisif de l’essor de la vigne n’est plus à démontrer. Avec le chemin de fer et le développement des villes triomphe la monoculture de la vigne. Le Languedoc, de manufacturier devient viticole, il se transforme en usine à vin. Dans l’Hérault, le vignoble passe de 100 000 ha en 1838 à 220 000 en 1874. Il se produit une véritable frénésie de plantations, une vertigineuse hausse des prix. Le travail de la vigne multiplie les activités et les fortunes. Mèze participe largement à cet essor : le vignoble y passe de 6930 ha en 1852 à 8136 en 1862 (soit un gain de 1206 ha), le prix du vin passe au cours de la même période de 5,5-6 F l’hl à 17-23 F, le prix de l’hectare passe de 6 000 à 10 000 F. La tonnellerie y est en plein essor (Mèze exporte ses tonneaux dans le monde entier), ainsi que le commerce des vins, avec la multiplication des maisons de commerce, les négociants y forment de véritables dynasties (les Privat, les Arnaud, les Molinier parmi tant d’autres). L’essor de la vigne permet en effet, à Mèze comme ailleurs en Languedoc, l’émergence d’une bourgeoisie viticole (de propriétaires et de négociants) accueillante aux nouveaux venus. Mais des familles de bourgeoisie ancienne, telles les Fromiga, vont aussi se laisser tenter par l’aventure de la vigne.

Jérôme Bessier, qui tient pour agréable le mariage Fromiga, car il s’inscrit dans sa stratégie d’ascension sociale, propose de constituer à sa fille Catherine Pascale une dot sensiblement égale à celles constituées lors des mariages des sœurs d’Édouard Fromiga, et suffisamment élevée pour permettre à ce dernier l’achat de l’office notarial de Maître Fraisse.

Cette raison ne suffit peut-être pas à elle seule à expliquer ce mariage, mais elle semble, du moins au vu des clauses du contrat, avoir été déterminante.

Le mariage d’Édouard Fromiga et de Catherine Bessier est célébré le 12 mai 1845 43 en l’église Saint-Hilaire, en présence de la bonne société de Mèze : les témoins sont Hippolyte Bouliech, propriétaire et futur maire (les Bouliech sont une des meilleures familles de la petite ville), Casimir Hondras, propriétaire, Félix Allié, docteur en médecine et Ferdinand Fraisse, notaire, qui vient tout juste de vendre son étude (son office disait-on encore alors) à Édouard Fromiga.

Le contrat de mariage est passé le même jour, devant Maître Vianès, notaire à Montpellier, qui pour la circonstance s’est déplacé au domicile de Jérôme 44.

« Monsieur Bessier-père, écrit Maître Vianès, donne en avancement d’hoirie et constitue en dot à la future épouse, la somme de 25 000 francs : 1 000 francs en la valeur de ses dorures et bijoux, 2 000 francs en la valeur de meubles et effets meublants dont le futur époux se trouvera chargé lors de la célébration du mariage, et 22 000 francs que ce dernier déclare avoir reçu des mains du donateur en espèces d’argent » ; il est précisé (et c’est là l’essentiel) que « Monsieur Fromiga emploiera une partie de la dot à payer le prix de son office de notaire à Mèze dont il vient d’être récemment pourvu ».

Monsieur Jean Antoine Fraisse, ancien notaire, déclare à ce sujet « avoir reçu à cet égard, la somme de 16 000 francs en espèces d’argent, prix moyennant lequel il lui a vendu son office de notaire, en date du 2 février dernier, enregistré à Montpellier, le 6 février ».

Jérôme se montre donc particulièrement généreux : Édouard Fromiga lui doit son office de notaire ; mais ce mariage le fait entrer immédiatement dans la bonne société : il permet aux Bessier, nouvellement enrichis, de s’allier à une famille de vieille bourgeoisie, bien connue à Montpellier et à Balaruc-les-Bains ; il montre, qu’en cette première moitié du XIXème siècle, la bourgeoisie est une classe relativement ouverte, sachant admettre en son sein les nouveaux venus ; le mérite personnel et la réussite y sont reconnus au même titre que l’ancienneté. L’ancienne bourgeoisie n’hésite pas à s’allier à la nouvelle.

Le jeune ménage s’installe d’abord dans la grande maison de Jérôme, place de la Fontaine. Ce n’est qu’après le mariage d’Antoine, fils de Jérôme, avec Marie Aloysia Reynes (1855) qu’il déménage. Le recensement de 1856 trouve les époux Fromiga et leurs enfants rue des Artistes où Édouard a installé son étude 45. Leurs enfants sont au nombre de quatre : une fille, Marie Marguerite Fanély (née en 1846), et trois garçons : Marie Jérôme Paul (1848), Léon Félix Georges (1851) et Jean Baptiste Michel Gabriel (1858) 46.

L’activité d’Édouard Fromiga, notaire, est importante 47. Les minutes de ses actes sont contenues dans une vingtaine de gros volumes, couvrant la période 1845-1865. Les multiples actes d’achat, de vente, les baux, les obligations, les mains levées, les transports, les contrats de mariage, les donations-partages, les successions… constituent une source précieuse pour étudier la société mézoise des dernières années de la Monarchie de Juillet et de la plus grande partie du Second Empire, en cette période où s’opère la transition vers la société viticole. Édouard Fromiga est, en outre, rapporteur de la Chambre de discipline des notaires, ce qui montre qu’il est tenu en haute estime par ses pairs.

Édouard Fromiga se laisse tenter par l’aventure de la vigne, en décembre 1863, alors que la mer des vignes submerge le terroir de Mèze. Il achète à Albert César du Fesquet, propriétaire, domicilié à Montpellier (mais dont les ancêtres ont été seigneurs de Mèze), une partie du domaine du Sesquier 48 se composant de 9 ha 20 ares et 61 centiares de terre, vignes, champs, luzernes, d’une partie du grand cellier, ainsi que d’une partie de la maison de maître.

Dans cette vente est comprise la pièce d’eau du domaine du Sesquier, « y compris le barrage situé sur le ruisseau de Pallas ». En décembre 1868, Édouard la vend à la ville de Mèze dont elle permet d’assurer le ravitaillement en eau. Cette eau réservée uniquement à la boisson est transportée en ville au moyen de tonneaux et vendue à ceux des habitants assez riches pour se payer de l’eau de source ; les autres doivent se contenter de celle des puits. Ce n’est qu’en 1895, sous la municipalité de Paulin Arnaud, qu’est inauguré le service des eaux de la ville, l’alimentation est assurée par les aux artésiennes de ce même Sesquier.

Le domaine est acquis moyennant le prix de 50 000 francs (ce qui montre bien le prix élevé de l’hectare de vigne). Édouard Fromiga délivre à l’instant même la somme de 10 000 francs, les 40 000 francs restants sont payables sous huit ans. Mais le paiement en est grandement facilité par les 49 000 francs que Jérôme donne à sa fille, Catherine Pascale, lors de la donation-partage à laquelle il procède en 1864.

Cette acquisition contribue à ancrer les Fromiga dans l’épopée viticole qui ne les avait, jusque-là, qu’assez peu concernés, si l’on excepte le mas acquis au terroir de Lattes au XVIIIème siècle, et les biens fonciers mis en valeur à Balaruc, dans la première moitié du XIXème siècle. Mais les revers de fortune, les changements de condition, sont possibles dans la société bourgeoise.

« Des mouvements d’ascension ou de déchéance sociale entraînant des mutations dans les divers groupes sociaux ne sont possibles qu’à deux conditions : il faut qu’existe une hiérarchie sociale sans laquelle les notions de réussite ou d’échec n’auraient aucune signification, il est suffisant alors que les conditions matérielles et morales favorisent les mouvements verticaux dans les deux sens.

La hiérarchie était assez marquée dans la société bourgeoise pour qu’un changement de condition put impliquer une promotion, et assez souple pour que les mutations fussent possibles, soit vers le bas, soit vers le haut. L’évolution historique et la conjoncture jouaient un grand rôle dans le renouvellement de la bourgeoisie, mais l’incidence des divers facteurs était à double tranchant, favorisant la capillarité sociale, soit de bas en haut, soit de haut en bas » 49.

La déchéance sociale est donc toujours possible. Une situation de bourgeoisie, même ancienne, peut toujours être remise en cause par des revers de fortune. Elle peut même se perdre, si une adaptation nouvelle ne se produit pas.

Tel est notamment le cas dans la bourgeoisie viticole en raison des fluctuations de la conjoncture et des mauvaises affaires toujours possibles. (Tableau 2)

Généalogie Fromiga XIXe-XXe siècles
Tableau 2 - Généalogie Fromiga XIXe-XXe siècles

Édouard Fromiga fait de mauvaises affaires, il faut entendre, en réalité, douteuses. Le notaire se rend coupable de quelque malversation dont il est difficile de préciser la nature. Dès 1865, il doit cesser d’exercer et cède l’office notarial. Un procès a lieu en 1868 : le 27 mars, le Tribunal civil de Montpellier rend par défaut (il ne s’est pas présenté), un jugement contre lui, au profit de Marguerite Bouceirolles, veuve de Pierre Lardat, marchande d’étoffes à Mèze 50. En cette même année meurt sa femme, Catherine Pascale Bessier, âgée seulement de 40 ans. Antoine, son beau-frère « doit débourser pour payer ses créanciers et éviter, peut-être, quelque scandale » 51.

Au cours des années suivantes, Édouard Fromiga, désormais qualifié d’ex-notaire, tente l’aventure du commerce des vins, alors à Mèze en plein développement, mais n’y réussit guère, et l’existence de sa maison est éphémère (1868-70). Entre 1871 et 1873, il se résigne à vendre, vigne après vigne, le domaine du Sesquier qu’il avait acquis en 1863 (pas moins de neufs ventes, moyennant 60 000 francs) 52.

Sa présence est attestée à Mèze jusqu’à la fin 1874. Il figure encore en tant que témoin ou représentant (agissant pour le compte de…) dans certains actes notariés. Il quitte ensuite la petite ville et va finir ses jours à Broquiès dans l’Aveyron, auprès de la famille Roubière, celle de sa sœur 53. Il y meurt en 1883.

Que va-t-il advenir de ses enfants ? Vont-ils réussir à s’adapter ?

Fanély (1846-1897), l’unique fille d’Édouard Fromiga et de Catherine Bessier, va être amenée, comme tel sera le cas de ses frères, à quitter Mèze, mais pour suivre une vocation religieuse. Elle devient, en effet, Clarisse à Lourdes, à partir de 1878 et ce jusqu’à sa mort survenue en 1897, c’est à dire en une période qui suit de peu les apparitions de 1858. Il serait abusif d’expliquer sa vocation par les seuls revers de fortune de son père, même si, en devenant fille de Sainte-Claire, elle a pu penser expier, dans l’humilité et la pauvreté, la faute que ce dernier a peut-être commise.

Née en 1846, elle a environ 28 ans lorsque son père,Édouard Fromiga, quitte Mèze pour le Rouergue. Elle vit pendant quelques années chez son oncle et sa tante, Antoine et Aloysia, jusquà sa décision d’entrer au couvent des Clarisses. Fanély subit certainement l’influence du livre d’Henri Lasserre, Notre-Dame de Lourdes, qui paraît en 1869, et dont le succès est immense. Il figure en tout cas en bonne place dans la bibliothèque des Bessier.

Fanély se montre, pendant les dix-sept ans qu’elle passe au couvent, une religieuse exemplaire, vivant la pauvreté dans sa plus extrême rigueur, malgré de fréquents problèmes de santé :

Elle meurt le 17 janvier 1897, âgée seulement de 50 ans. Elle est inhumée dans l’humble cimetière du couvent. A chacune de ses venues à Lourdes, chaque année et jusqu’en 1913, Aloysia ne manque jamais de se rendre au monastère, afin de se recueillir sur sa tombe.

Le parcours des fils n’a pu être qu’imparfaitement reconstitué, du moins pour ce qui est de l’un d’entre eux.

Paul, l’aîné, fidèle à la tradition familiale, cherche à s’orienter vers le notariat. Il demeure à Mèze jusque vers 1876, il y est qualifié d’aspirant au notariat : il figure auprès de son père en tant que témoin, lors de certains actes. En 1877, il est toujours aspirant, mais à Perpignan. Il disparait ensuite. En 1891, au moment où est dressée la succession de son frère Georges, il est dit « sans profession et sans domicile connu » 54. Mais la recherche par le biais des nouvelles technologies a récemment permis de dissiper, au moins partiellement, ce petit mystère. La présence de Paul a pu être repérée à Marseille en 1878, il y est alors représentant de commerce (il s’est donc décidé à renoncer au notariat et à changer d’orientation), il y épouse le 5 mars Marie Adelaïde Clarinde Volpi, d’origine italienne : elle est native de Pise (en 1846) et est fille de Régnier (ou Rufiner) Volpi, et de Jeanne Lombardi, alors décédés, le père de la future épouse était capitaine de navire. Cette union ne saurait surprendre, les Italiens étant particulièrement nombreux dans la cité phocéenne : l’immigration italienne en France, amorcée sous le Second Empire, commence à devenir importante. Les migrants Italiens sont encore issus majoritairement du Nord (après 1880, le Sud prendra le relais). Ils sont en très grande majorité chassés par la pauvreté, mais tel n’est pas le cas du capitaine Volpi, que sa fonction situe aux franges supérieures de la communauté Italienne.

Le devenir de Paul au cours des années suivantes n’est pas encore pleinement élucidé. Quoiqu’il en soit, sa descendance (ou du moins une partie d’entre elle) semble avoir migré vers les Etats-Unis au début du XXème siècle (arrivée en 1913), et semble y avoir fait souche dans le Connecticut, puis dans l’Etat de New York 55.

Les renseignements sont par contre abondants sur Georges, qui fait une carrière militaire, devient lieutenant au 16ème régiment d’infanterie en garnison à Saint-Étienne (Loire), puis capitaine au 1er régiment des tirailleurs alpins ; officier métropolitain, il n’en est pas moins envoyé en Algérie : on le trouve à Blida à la fin des années 1880. Mais, pour des raisons qui n’ont pu être élucidées, il se trouve, dès l’âge de 38 ans, à la retraite.

Il fait un bon mariage. En 1882, alors qu’il est lieutenant au 16ème R.I. de Saint-Étienne, il épouse, à Morez, dans le Jura, Marie-Annette Charnier, fille d’Élie Augustin Charnier, sans profession (en réalité rentier) et de Julie Augustine Bride-Pottier.

Lors du contrat de mariage passé devant Maître Gabet, notaire à Morez, le 8 mai 1882, la future épouse lui apporte une jolie dot, digne des Fromiga ; elle « apporte et se constitue en dot, son trousseau et deux valeurs mobilières : une inscription nominative de 600 francs de rente, 5 % sur l’État français, valant au cours de la bourse de ce jour 14 064 francs. Une créance de la somme de 12 000 francs qui lui a été donnée ci-après par son père », ainsi que « tous les autres biens meubles et immeubles qui pourront lui advenir plus tard de quelques natures que ce soit » 56.

Georges Fromiga meurt à Mèze, rue Beauregard, le 26 juin 1890, âgé seulement de 38 ans. N’ayant pas d’enfants, il laisse comme héritiers ses frères et sœurs. Il ne leur lègue pas grande fortune : des meubles évalués 951 francs et pour 945 francs de titres au porteur sur l’État français, à 4,5 % produisant une rente annuelle de 40 francs 57. Mais sa carrière, même si elle a été très tôt interrompue, n’est pas sans intérêt. Elle est celle d’un officier de la IIIe République, d’un officier métropolitain devenu colonial, en ces années où triomphe la colonisation. Elle préfigure celle des deux autres officiers apparentés à la famille Bessier : les généraux Reynes et Tardy.

Plus intéressant cependant est le parcours de Michel Fromiga, le benjamin, né en 1858, qui a eu une descendance et a été à l’origine d’une mutation à la fois géographique et professionnelle de sa famille, ou plus exactement d’une série d’adaptations qui se sont poursuivies jusqu’à nos jours 58.

Des adaptations successives sur les rivages de l’Atlantique

Lors du recensement de 1876 à Mèze, Michel Fromiga, alors âgé de 18 ans, figure en tant que commerçant, il travaille rue Beauregard, sans doute est-il employé au magasin de tissus de son oncle Antoine Bessier 59. Il quitte ensuite lui aussi la petite ville. En 1891, nous le trouvons maître d’hôtel à Nantes, en Loire-Atlantique 60. Il y épouse Marie Louise Augustine Mazery (1859-1940), appartenant à une très ancienne famille bretonne (dont la présence est attestée en pays Nantais depuis au moins le XVIIème siècle, et qui a eu à souffrir des rigueurs des justices révolutionnaires sous la Terreur). Par son mariage, Miche Fromiga commence à ancrer sa famille dans la France de l’Ouest. Il semble avoir connu une rapide ascension sociale, puisqu’il aurait été par la suite et selon la tradition familiale directeur des Dames de France (les magasins modernes), à Marseille. Cette chaîne de grands magasins, fondée à la fin du XIXème siècle (en 1898 par les frères Gompel qui créent la société Paris-France), développe son réseau au début du XXème siècle en s’implantant dans les villes de grande et moyenne importance. Il retrouve ainsi par ce biais sa formation initiale, celle de ses années de jeunesse, au temps où il était employé du magasin de nouveautés de son oncle Antoine Bessier.

Ce n’est cependant pas à Marseille mais dans le Sud-Ouest de la France que la branche issue de Michel Fromiga va s’enraciner, et ce dans un très large rayon, allant de Nantes à Bayonne, en passant par Bordeaux et La Rochelle, sans oublier le bourg médiéval d’Issigeac en Dordogne, et le petit port de Ciboure, dans les Pyrénées-Atlantiques. Ces mutations géographiques s’accompagnent, comme tel est souvent le cas, de mutations professionnelles, de l’incessante recherche de nouvelles voies.

Michel Fromiga laisse deux fils, nés de son mariage avec Marie Louise Augustine Mazery : Édouard et George.

Tous deux sont mobilisés pendant la Grande Guerre en 1915, nous les trouvons stationnés à Guéret dans la Creuse, ils appartiennent au 78ème régiment, 27ème Compagnie. Ils en reviennent sains et saufs 61.

Leurs parcours sont par la suite bien différents :

Édouard, l’aîné, devient prêtre. Il est curé à Issigeac en Dordogne, non loin de Bergerac et de Sarlat. Le presbytère se trouve dans le château des évêques de Sarlat, construit au XVIIème siècle : Édouard Fromiga y vit, dans la compagnie de sa mère Augustine Mazery qui, « veuve jeune », y termine ses jours à ses côtés. Il y reçoit ses neveux Michel et Jean Fromiga, à qui il s’efforce de donner une éducation humaniste axée sur les langues anciennes, mais aussi sur les exercices physiques (des cours de tennis !).

C’est un homme strict, attaché aux traditions familiales, c’est un prêtre érudit, comme il en existe dans tous les diocèses au XIXème siècle, et encore dans la première moitié du XXème siècle 62, particulièrement féru de grec et de latin, il possède une riche bibliothèque avec bon nombre de livres très anciens.

Mais le curé Fromiga allait connaître une fin tragique, en 1944, victime de l’épuration, celle qui voit faux résistants ou résistants de la dernière heure exercer leur vengeance, il est exécuté (ou assassiné) avec quelques autres en septembre 1944.

Henri Amouroux dans sa Grande histoire des Français sous l’occupation, relate cet événement :

« Les atrocités dont la Résistance (la fausse compromettant la vraie) porte la responsabilité ont malheureusement existé, et je les raconterai à travers ce chapitre par un certain nombre d’exemples précis fondés sur des documents en ma possession, plus que par l’énumération sommaire de faits détestables… » 63. Après avoir relaté l’affaire du comte de Logeril et des supplices qui lui ont été infligés le 22 août 1944, pour le seul crime de posséder un château dans l’Aude et de proférer des idées monarchistes, il en vient à l’affaire Charles M, à Issigeac, paroisse du curé Fromiga.

« Cocktail de sexe et de sadisme, encore, dans l’affaire de Charles M. tenancier de bordel à Paris, déserteur de l’armée française, réfugié en 1940 en Dordogne et qui allait prendre dans la Résistance le surnom difficile à porter de commandant Bayard. Installé à Issigeac, Charles M. avait voulu faire profiter cette petite localité de 700 habitants de sa compétence : donc y ouvrir une maison de tolérance. Sur intervention du maire d’Issigeac, M. Galibert, du curé Fromiga, du médecin le docteur Mary, du dentiste Fraigneau - qui ne savaient pas qu’ils scellaient ainsi leur sort – M. allait être expulsé d’Issigeac. Il se vengera le 7 juin 1944, au lendemain du débarquement, en faisant arrêter par ses hommes (l’Anguille, la Pédale, Casse-Cou, Pépin, Citroen) le maire Galibert et son épouse, le curé, ainsi que Jean Fraigneau ; André Labrot Montponet et le docteur Mary seront également arrêtés. Après avoir été « interrogés » dans une ferme des environs de Monpazier et dépouillés (ce qui n’est pas sans signification) de portefeuilles, montres, stylos, le docteur Mary, le curé Fromiga, le maire Galibert et Jean Fraigneau, le dentiste, seront exécutés dans un bois voisin. Quelques jours plus tard, Charles M. tirait un coup de revolver dans la nuque d’un de ses adjoints, le lieutenant Goulfie, à qui il reprochait de vouloir l’abandonner pour un autre maquis. »

Ce dernier assassinat devait être à l’origine du procès de Bordeaux devant le tribunal militaire de cette ville, qui dure 8 jours en janvier 1948. Georges Fromiga, frère d’Édouard, y déclare : « Si les habitants d’Issigeac ne parlent pas, c’est qu’ils sont encore sous le coup de la terreur que faisait régner M… ». Le commissaire du gouvernement réclame la peine de mort, mais Charles M. est finalement condamné à 10 ans de réclusion.

Georges Fromiga (1893-1954) a donc assuré la descendance familiale, et a tenté d’ouvrir une nouvelle voie sur le plan professionnel. Il travaille en effet à Bordeaux, à la Compagnie franco-indochinoise de riz, fondée en cette ville en 1912 par certaines entreprises bordelaises et nantaises (notamment par Denis frères). Elle a pour objectif le commerce du riz, importation et exportation (l’Indochine étant alors notre principal producteur et fournisseur), plus précisément l’achat, la vente, la manipulation, transformation et préparation du riz, mais aussi du manioc, coprah et graines et oléagineux d’Indochine. Elle a des correspondants à H.i-Phòng, Saigon et Hanoï ; des usines à Marseille, Modane, Saigon, elle relie un certain nombre de ports en France, en Indochine et même dans le reste du monde. Elle fusionne en 1930 avec la Compagnie franco-coloniale des riz.

Il serait difficile de dire quelles sont les fonctions occupées par Georges Fromiga en cette Compagnie. Il aurait été, selon la tradition familiale, envoyé au Nigeria (alors colonie anglaise) et y aurait été consul. Peu avant la déclaration de guerre, il commet l’erreur de quitter la Compagnie, afin de s’établir à son compte, mais c’est l’échec et il perd beaucoup d’argent 64.

Mais son engagement politique - proche de l’extrême droite - lui fait perdre aussi beaucoup d’argent et nuit peut-être à sa carrière. Cet engagement, très marqué, s’explique peut-être en partie par son mariage : il épouse en effet Jeanne Cerciat (1894-1969), fille de Gustave Cerciat, pharmacien, puis journaliste à Bayonne, qui travaille pour le journal satirique Le Courrier français illustré (1884-1914) 65 comme éditorialiste. Polémiste, royaliste convaincu, il reçoit la comtesse de Paris 66 en gare de Bordeaux ; et catholique intransigeant, il n’hésite pas à se battre en duel pour défendre l’évêque de Bayonne, et en 1905, après le départ des enseignants religieux, il assure lui-même l’éducation de ses deux enfants Michel et Jean.

Georges va au-delà : avant et pendant la guerre d’Espagne, il soutient le mouvement franquiste qui affronte les Républicains. Si le Front Populaire soutient les Républicains, l’extrême-droite a des sympathies pour le Franquisme, considéré comme un national-catholicisme ou une variante des fascismes. Mais quand l’Allemagne se fait menaçante dans les années qui précèdent la guerre, ce patriote qu’était finalement Georges change d’opinion, et ses deux fils Michel et Jean entrent en Résistance. Michel (qui s’est engagé dans les FFI 67) entre, même un certain temps au parti socialiste (alors la SFIO).

Après le demi-échec de Georges, de nouvelles voies vont une fois de plus devoir être trouvées, l’ascension sociale va se faire soit par les études (médicales et scientifiques, car les temps ont changé), soit par les activités liées à la mer, la passion pour la mer habitant certains d’entre eux, ce qui est naturel vu la proximité de l’Océan : « l’immensité de leurs rêves se mêle à l’immensité de l’Océan » 68.

Ces nouvelles orientations se dessinent avec les deux fils de Georges : Michel et Jean, qui suivent des parcours bien différents.

L’aîné Michel, né à Bordeaux en 1923, s’oriente vers la médecine (ce qui est une nouveauté chez les Fromiga, marchands puis gens de robe), et fait des études brillantes : il est le plus jeune interne en médecine de France, et le plus jeune spécialiste : il est médecin pneumo-phtisiologue, et exerce son métier à Bayonne ; il a épousé semble-t-il antérieurement à 1945 à Bordeaux Huguette Pichereau (1926-2005). La sécurité sociale (créée en 1945) n’étant pas encore accessible à tous, il soigne gratuitement les phtisiques d’après-guerre. Il est qualifié de médecin des pauvres. Il fait construire une villa à Ciboure, charmant port de pêche tout près de Saint-Jean de Luz, où il décède en 1992.

Sa fille Michèle (1946-2011) poursuit dans la même voie : la médecine, mais non dans la même spécialité, elle est médecin psychiatre à Bordeaux. Elle y épouse en 1970 Jean-Pierre Chartres (né en 1943), psychiatre des hôpitaux de Bordeaux.

Mais leurs deux enfants rompent avec cette tradition médicale qui était en train de se mettre en place (tradition d’ailleurs ancienne du côté Chartres) : Laurent (né en 1975), après des études de biologie cellulaire, s’oriente vers le management : il est consultant en achats industriels ; Xavier (né en 1964) fait l’école des Ponts et chaussés, devient ingénieur, puis s’oriente vers la finance, après avoir suivi une formation à cet effet à l’Université de Berkeley aux États-Unis.

La promotion par les études se poursuit, mais avec des inflexions vers des secteurs liés aux temps nouveaux (ceux de la fin du XXème siècle et du début du XXIème siècle) jugés les plus porteurs.

Jean-Jacques, frère de Michèle Fromiga (né en 1954 à Bayonne) suit un parcours bien différent, il s’oriente vers le commerce. Passionné par la mer, il vend des bateaux à Bayonne. Il dirige aussi une entreprise de nettoyage à Ciboure. Mais sa fille Maeva, née en 1982, devient avocate à Bayonne, elle renoue ainsi avec la tradition ancienne des Fromiga, gens de robe à Montpellier aux XVIIIe-XIXe siècles.

Jean Fromiga, frère cadet de Michel, et second fils de Georges (il est né en 1926), fait souche à La Rochelle où sa mère Jeanne Cerciat s’était réfugiée pendant la guerre. Il épouse d’ailleurs une rochelaise Madeleine Salardaine. Passionné lui aussi par la mer, il fait carrière en tant que cadre chargé de logistique et de manutention dans une société de transports maritimes implantée à La Rochelle. Il la fait bénéficier de son ingéniosité (en inventant des machines pour charger le kaolin et autres substances). Il possède une maison sur l’île de Ré. Son fils Philippe est ingénieur SupOptique (donc ici aussi réussite par les études scientifiques, en un temps – la deuxième moitié du XXème siècle – où métiers de chercheurs et d’ingénieurs connaissent un essor fulgurant). Sa fille Chantal, infirmière, née en 1948, épouse en 1969 Charles Devaux, cadre comme son beau-frère, mais dans un autre secteur. Depuis les Trente Glorieuses, en effet, « les multiplications des cols blancs est au cœur de la croissance. Les cadres administratifs et les techniciens, qui contrairement aux professions libérales et aux salariés, ont connu une forte croissance liée à la bureaucratisation des entreprises et au développement des techniques qui requièrent un encadrement » 69.

Depuis son implantation dans la France du Sud-Ouest, dans les régions bordières de l’Atlantique, la branche issue de Michel Fromiga, rompant avec certaines traditions familiales, n’a cessé d’explorer, souvent avec succès, de nouvelles voies, qui lui ont permis de renouer avec l’ascension sociale compromise à Mèze, par les mauvaises affaires d’Édouard Fromiga. Le destin individuel étant indissociable du destin collectif, ces nouvelles voies sont liées aux mutations de la population active : la montée du secteur tertiaire, des carrières médicales, de chercheurs et d’ingénieurs, des métiers de l’encadrement, sans oublier les transports et la finance (mondialisation oblige). L’Océan a exercé son puissant attrait sur certains et les a aidé à trouver leur voie.

Les derniers venus ne peuvent – et ne pourront – que bénéficier de l’essor du Grand Ouest qui, longtemps rural et en retard, est redevenu attractif (essor démographique et urbain, décentralisation industrielle, tourisme, désenclavement par le TGV Atlantique), et bénéficie de sa situation d’interface avec les Amériques.

Les Fromiga sont une famille d’ancienne bourgeoisie. Leur embourgeoisement dont l’origine exacte n’a pu être établie remonte à l’Ancien Régime. Il s’agit de marchands devenus gens de robe. Ces notables ont su traverser les soubresauts de la Révolution et de l’Empire et ont réussi à se maintenir au XIXème siècle. Les Girard accèdent en 1820 à la noblesse et ultérieurement à certaines fonctions électives. Les Fromiga de la branche aînée s’allient aussi dans ce milieu.

L’alliance avec les Bessier, alors en pleine ascension, permet à l’un des membres de la branche cadette d’accéder au notariat puis d’investir dans les vignes. Mais les revers de fortune, spécialement dans la bourgeoisie viticole, sont toujours possibles. Les mauvaises affaires entraînent le déclin de cette branche, il est vrai, largement compensé, au plan spirituel, par l’humble vie de Fanély, devenue Clarisse à Lourdes, au lendemain des apparitions.

Mais le déclin de cette branche mézoise n’a été que partiel et momentané. En effet, si Paul n’a pu réaliser son rêve d’accéder au notariat, et si sa descendance a semble-t-il été contrainte à l’émigration vers les USA ; si Georges devenu officier n’a pas dépassé le grade de capitaine et n’a de toute façon pas laissé de descendance, Michel Fromiga a été à l’origine d’une mutation géographique (une migration vers la France de l’Ouest) et professionnelle (une série d’adaptations successives) de sa famille qui a retrouvé ainsi le chemin de l’ascension sociale.

Les Fromiga en leurs diverses branches ont donc contribué à écrire – le général étant contenu dans le particulier – une page de l’histoire de la bourgeoisie française, et tout en gardant leur originalité, ont participé à la grande aventure des bourgeois conquérants.

Le Languedoc conserve au moins une trace de la longue présence des Fromiga, qui venus de l’Aude, ont été actifs à Montpellier, puis sur les rives du bassin de Thau, aux XVIIIème et XIXème siècles. Il s’agit du mas ou domaine de Fromiga, au terroir de Lattes, acquis vers 1750, aujourd’hui reconverti en espace Fromiga qui accueille des résidences (avec commerces et artisanat), et surtout des infrastructures destinées aux sports et aux loisirs. Lui aussi, comme ses anciens propriétaires, a su - d’une façon tout à fait symbolique - s’adapter aux temps nouveaux 70.

NOTES

1. Arch. mun. Montpellier, Notre-Dame des Tables, GG 224.

2. Paroisses et communes de France, Aude, Edition du CNRS, 1979.

3. Du moins celle de l’un d’entre eux, d’autres sont restés au pays : un Jean Pierre Fromiga, prêtre dans l’Aude, figure parmi les condamnés de 1793.

4. Berthelé, Montpellier en 1768 et en 1836, d’après des manuscrits inédits, Imprimerie Serre et Roumergous, 1909.

5. Secondy, Jean : Histoire de Lattes, des origines à la Révolution, Fédération Archéologique de l’Hérault 1970-1998, 82 E D T Lattes C C 15.

6. Arch. mun. Montpellier Notre-Dame des Tables G G 171.

7. Burlats-Brun, Pierre : Dynasties de magistrats aux Cours de justice de Montpellier sous l’Ancien Régime, 3 volumes dactylographiés, aux A M de Montpellier, tome III, Familles de robe simple puis procure bourgeoise.

8. Arch. dép. Hérault II E 57/616.

9. Arch. dép. Hérault 4 C /172.

10. Arch. mun. Montpellier Notre-Dame des Tables, G G 285.

11. Voir Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Librairie Gründ, 1966, tome VIII ; ainsi que Bonhomme, Sylvie, Vanderburch, Dominique Joseph (1722-1785) et Vanderburch, Jacques André Edouard (1756-1803), UPV, Montpellier, 1990.

12. Arch. dép. Hérault II E 57/665.

13. Arch. mun. Montpellier Notre-Dame des Tables, G G 287.

14. Dulieu, Louis : Histoire de la médecine à Montpellier, tome III, l’Epoque classique, Les Presses universelles, Avignon, 1983-86.

15. Arch. dép. Hérault II E 57/656.

16. Arch. mun. Montpellier Sainte-Anne G G 198, ainsi que II E 57/666.

17. Arch. mun. Montpellier Saint-Pierre, G G 146, ainsi que A D Hérault, II E 58/142.

18. Viallès, Pierre : Etudes historiques sur la Cour des Comptes, Aides et Finances de Montpellier, d’après ses archives privées, Montpellier, Firmin et Montanes, 1921.

19. Pour ce développement, voir Burlats-Brun, Pierre, op. cit., ainsi que Grands notables du Premier Empire, éditions du CNRS, 1980, tome V : Hérault (par Henri Michel).

20. Arch. mun. Montpellier Sainte-Anne, G G 177, A D H II E 62/294, étude de Maître Jonquet.

21. Arch. mun. Montpellier Notre-Dame des Tables G G 290.

22. Dermigny, Louis : Cargaisons d’indiennes, Solier et Compagnie, École pratique des hautes études, VIème section. Ibidem pour tout ce développement.

23. Arch. mun. Montpellier, Notre-Dame des Tables, G G 290.

24. Sur les Baude de la Plane, voir Clerc, Pierre : Dictionnaire de biographies héraultaises, Librairie Editions Pierre Clerc, Les Nouvelles Presses du Languedoc éditeur, Montpellier, 2006, tome I, p.189. Millerot, Thomas : Histoire de la ville de Lunel, Lacour-Rediviva, 1993 (réimpression de l’édition de 1911), p. 415.

25. Arch. mun. Montpellier Notre-Dame des Tables G G 290.

26. Arch. mun. Montpellier Etat civil Mariages an XI.

27. Voir Philippe Secondy : La persistance du Midi blanc, l’Hérault 1789-1962, Collection études, Presses Universitaires de Perpignan, 2006, p. 75 à 76.

28. Arch. mun. d’Agde G G 8.

29. Arch. mun. Montpellier Saint-Anne G G 194.

30. Voir Burlats-Brun, Pierre ; op. cit.

31. Voir De La Roque, Louis : Armorial de la noblesse du Languedoc, Généralité de Montpellier, Lafitte, Reprints, 1860 ; ainsi que Révérend, Vicomte Albert : Les familles titrées et anoblies au XIXème siècle (II sous la Restauration), Paris, Honoré Champion, 1974.

32. Philippe Secondy, op. cit. p. 77 à 79, présente son genre de vie aristocratique. Son existence « représente l’idéal type du rythme de vie nobiliaire ».

33. Sur le château de Mèze, voir Arnaud, Raymond : Ma ville a un passé, histoire de Mèze, 1966, p. 354, ainsi que l’article de Thibert, Jacques : « Le château de Mèze de l’Ancien Régime à la municipalité », Revue de la Société archéologique de Béziers, 2ème série, volume IV, 1999-2000.

34. Sur les Ronzier, voir : Clerc, Pierre, op. cit. tome II, p.1660 à 1663 ; Thibert, Jacques : « Une famille Clermontaise, les Ronzier », in Grec, 2011, fasc 104-105-106.

35. Arch. dép. Hérault, 23 E D T G G 10.

36. Voir Fabre, Albert : Histoire de Balaruc-les Bains, Nîmes, Clavel-Ballivet, 1882.

37. Arch. dép. Hérault, II E 59/69.

38. Arch. dép. Hérault II E 59/192.

39. Arch. dép. Hérault, 3 M 161.

40. Arch. dép. Hérault II E 59/141.

41. Arch. dép. Hérault II E 62/349.

42. Sur les Bessier, voir : Porcer, Didier : Les Bessier en Languedoc, de la Renaissance à nos jours, Lacour, Nîmes, 1994 ; ainsi que sa thèse : Trajectoires familiales et professionnelles – Contribution à l’histoire économique et sociale du Languedoc, XVIe-XXème siècles, UPV, Montpellier, 2004.

43. Arch. dép. Hérault 3 E 162/13.

44. Arch. dép. Hérault II E 59/177.

45. Arch. dép. Hérault 6 M 480.

46. Arch. dép. Hérault III E 162 11 13.

47. Arch. dép. Hérault II E 50/55 et II E 50/77.

48. Arch. dép. Hérault II E 49/206.

49. Daumard, Adeline : Histoire économique et sociale de la France, PUF, 1970, tome III (1789-1880), 2ème volume 3ème partie, p. 898.

50. Arch. dép. Hérault 3 Q 7977.

51. Tardy, Ninette : Lettres à l’imaginaire, III, Aloysia, 1971, inédit.

52. Arch. dép. Hérault 3 Q 981 à 3 Q 7986.

53. Sa présence y est attestée en 1882, à l’occasion du mariage de son fils Georges, à Morez, dans le Jura.

54. Arch. dép. Hérault 3 Q 6187 (succession de Georges Fromiga).

55. Informations extraites des sites internet américains : www.ancestry. com et www.myheritage.com. L’on peut y trouver l’acte de mariage à Marseille, de Marie Jérôme Paul Fromiga et de Marie Adélaïde Clarinde Volpi. Ce dernier est par ailleurs consultable aux archives municipales de Marseille et aux archives départementales des Bouches-du-Rhône (où ils sont numérisés). Selon ces sites internet, Sebastian Fromiga (né en Italie en 1886, qui semble être le fils de Paul, mais dont la filiation n’est pas établie) fait son entrée aux Etats-Unis en 1913, le recensement fédéral de 1930 le trouve dans la ville de New Britain, comté de Hartford, état du Connecticut, avec sa famille : son épouse Vigenza, née en Italie en 1896, (il l’a épousé en 1916) et ses quatre enfants : Olfo (né en 1919), Sam (en 1920), Mary (en 1921) et Josephen (en 1923).

56. Archives départementales du Jura, Morez, Etat civil, mariages, Etudes du Maître Gabet, notaire à Morez, 8 mai 1882.

57. Arch. dép. Hérault, 3 Q 8008 (inventaire) – 3 Q 8187 (succession).

58. Cette dernière partie doit beaucoup aux informations fournies par Mme Michèle Chartres, née Fromiga (1946-2011), avec laquelle je suis entré en contact en 2007. Elle a travaillé à partir de ses archives privées.

59. Arch. dép. Hérault, 6 M 461.

60. Arch. dép. Hérault 3 Q 6187.

61. Archives privées. Agenda de Marie Aloysia Reynes, 1915 : « Envoi d’un mandat de 10F » à Georges Fromiga, à Guéret, dans la Creuse, 78ème régiment, 27ème Compagnie, Janvier, 1915. Ainsi qu’une photo d’un homme assez jeune en uniforme, au dos de laquelle est écrit : « Souvenir et affection, 11 Septembre 1915, Édouard Fromiga ». Georges Fromiga figure parmi les prisonniers de la Grande Guerre.

62. Pour le diocèse de Montpellier, voir Porcer, Didier : « L’abbé Gérard Alzieu, prêtre érudit du diocèse de Montpellier au XXème siècle », Etudes Héraultaises, n°44-1, 2014.

63. Amouroux, Henri : La grande histoire des Français sous l’occupation, Robert Laffont, 1976-1993, tome VIII : « Joies et douleurs du peuple libéré, 6 juin-1er septembre 1944 », pp 462-464.

64. Des précisions intéressantes chez Malon, Claude : Le Havre colonial de 1880 à 1960, thèse de doctorat Histoire, Paris IV – Sorbonne, 2001.

65. Le courrier français, hebdomadaire illustré paru de 1884 à 1914. Fondé par Jules Roques. Organe satirique.

66. Isabelle d’Orléans (1848-1919), infante d’Espagne, fille d’Antoine, duc de Montpensier (1824-1890), épouse en 1864 Philippe Comte de Paris, petit fils de Louis Philippe 1er, chef de la maison de France après la mort du comte de Chambord (1883-1894). Les légitimistes se sont ralliés alors au Comte de Paris.

67. Voir : https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/SHDGR_16P_F.pdf, dossier GR 16 P 236218.

68. Dumas, Alexandre : Les Trois Mousquetaires, Robert Laffont, 1991, p. 435.

69. Voir Bussière, Éric : Industrialisation et sociétés en Europe occidentale, 1880-1970, Armand Colin, 1999.

70. Sites internet (Fromiga, Lattes).