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Description

Un trésor manuscrit carolingien
à la bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier

De cet authentique trésor que constitue un ensemble de 64 manuscrits carolingiens (dont 45 illustrés) acheminés à l’aube du XIXe siècle, dans des circonstances extraordinaires, vers la Bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier, les deux plus belles pièces sont le Psautier de Charlemagne et les Poésies d’Horace (H 409 et H 425). Encore faut-il remarquer que, de ces dernières, seul le Psautier de Charlemagne, exposé à Munich avec d’autres œuvres bavaroises du VIIIe siècle au cours de l’été 1988 puis à Paderborn en 1999, après avoir fait l’objet d’une édition scientifique par un spécialiste autrichien, F. Unterkircher (1974), est parvenu à la notoriété internationale.

Ces 64 pièces précieuses – dont 45 illustrées – s’intègrent depuis la fin du Consulat à la riche bibliothèque que possède la bibliothèque de la Faculté de Médecine, grâce aux soins éclairés du Dr. G. Prunelle (1804). Aucune d’elles n’est originaire de Montpellier ni de sa région. Elles proviennent surtout de deux collections privées d’Ancien Régime ayant appartenu à d’éminents juristes, celle du Président à Mortier Jean IV Bouhier à Dijon (mort en 1746) (40 manuscrits) et celle de l’avocat-éditeur humaniste Pierre Pithou à Troyes (mort en 1596) (15 manuscrits). Quelques autres acheminés d’Auxerre (H 74, H 130) ou de ses environs (H 360), et de Clairvaux (H 314, H 484).

Un certain nombre de ces manuscrits – 23 sur 64 – se présentent sous forme de recueils avec parfois une multiplicité d’opuscules (on en dénombre jusqu’à quarante dans le H 306). Il en résulte une tendance à confier la rédaction d’un ouvrage de ce genre non à un seul scribe – comme à Vulfin dans le Bréviaire d’Alaric (H 84) – mais à une équipe de copistes œuvrant dans le même scriptorium, voire même dans des ateliers différents.

Beaucoup renferment des traités patrologiques, empruntés aux plus célèbres théologiens du monde occidental, d’Ambroise à Augustin, d’Isidore de Séville à Bède le Vénérable, d’Alcuin à Haymon d’Auxerre. Pas moins de 10 manuscrits sont consacrés, toujours sous forme de copies, à diverses œuvres exégétiques du pape Grégoire le Grand (mort en 604). Il s’agit en particulier de commentaires sur l’Ancien et sur le Nouveau Testament, présentés parfois sous forme d’homélies. Ailleurs, apparaissent des écrits hagiographiques (Passions, vies de saints), des exégèses sur certains décrets conciliaires, sans compter les œuvres des grands auteurs latins de l’Antiquité classique (Virgile, Horace, Lucain, Juvénal, Salluste, Quintilien, etc.) auxquels se joignent celles de grammairiens et d’orateurs.

C’est à la bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier que se trouve la seule copie carolingienne de Calpurnius Flaccus, rhéteur, dans un ouvrage jadis en la possession de Pierre Pithou à Troyes (H 126). Enfin, parmi les traités assortis de gloses, il convient de mentionner deux ouvrages de droit (Bréviaire d’Alaric, en deux versions différentes, la seconde assortie d’interprétations, H 84 et H 136). Ces commentaires, juxtalinéaires ou marginaux, attestent la notoriété des manuscrits en question, lus, consultés dans les grandes écoles carolingiennes, à Tours ou à Auxerre, sur un plan didactique.

L'ensemble carolingien : Des Bouhier et de Pithou à Prunelle

Environ 25 % des quelque 800 manuscrits que possède la bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier proviennent de l’ancienne et illustre collection Bouhier, à Dijon, la plus importante « librairie » de particuliers sous l’Ancien régime – 39 d’entre eux remontant aux Carolingiens, parmi lesquels de purs joyaux. Comme l’a très bien montré Albert Ronsin, il s’agit là d’une réalisation hors du commun, d’une œuvre de longue haleine menée à bien du XVIème au XVIIIème siècle par toute une dynastie de magistrats bourguignons. Tous bibliophiles éclairés, treize conseillers du nom de Bouhier, de 1512 à 1790, font de leur hôtel particulier, (12, rue Vauban, actuelle rue Saint-Fiacre), près du Palais des Ducs de Bourgogne, un avant – poste privilégié de savoir encyclopédique. Le plus célèbre de la lignée, Jean IV Bouhier (1673-1746), conseiller, puis président à mortier au Parlement, fils de Bénigne II et petit-fils de Jean III, se trouve aux alentours de 1720 en possession de 31 652 volumes imprimés et de 2010 manuscrits dont le nombre ne cesse de s’accroître. Par lettre patente datée de 1722, le roi Louis XV attribue à l’hôtel de la rue St-Fiacre un exemplaire de chacun des ouvrages d’érudition sorti de l’Imprimerie du Louvre. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2005

Nombre de pages

22

Auteur(s)

Gérard CAMES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf