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Description

Un drame entre deux familles de Béziers au XVIIe siècle :
les Lort de Sérignan et les Gep

Un soir de septembre 1655, quelques jeunes gens de Béziers qui venaient de souper chez l’un d’entre eux, furent pris à partie dans les rues par une douzaine d’hommes armés. La bagarre dépassa vite le simple défi de deux bandes rivales et quatre des convives furent bientôt sérieusement atteints, tandis que les autres prenaient la fuite. Les vainqueurs continuèrent cependant à s’acharner sur l’un des blessés et le laissèrent pour mort sur le terrain. Ce fait divers ne serait probablement pas venu à notre connaissance et n’aurait pas été à l’origine d’un arrêt du Conseil du Roy, conservé aux Archives Nationales sous la cote E 1714 f° 153, si ses protagonistes n’avaient pas appartenu à deux des familles les plus importantes de Béziers au XVIIe siècle.

Le jeune homme de 25 ans environ qui semble avoir été la cible principale des spadassins était en effet Jean de Lort, seigneur de Valras, et appartenait à la famille de Lort de Sérignan dont on remonte la trace à Béziers et à Narbonne jusqu’au début du XVIe siècle. Le premier connu, Pierre de Lort, seigneur de Taraillan et de Lebrettes (fiefs près de Narbonne), fut inhumé dans la cathédrale de cette ville. Son fils Martin, juge de Narbonne, épousa par contrat du 5 janvier 1542 Marguerite de Prades qui lui apporta la coseigneurie de Sérignan, les autres coseigneurs appartenant à la famille de Grave, beaucoup plus ancienne que celle des Lort. A partir de Jean François, fils aîné de Martin, les Lort servirent désormais dans l’armée Jean François fut mestre de camp d’un régiment d’infanterie à son nom et combattit avec la Ligue, puis avec le duc de Montmorency, si bien que le duc de Joyeuse, qui commandait le parti adverse, fit confisquer ses biens et démolir sa maison de Narbonne.

Son fils Guillaume, grand-père du seigneur de Valras, fut lui aussi mestre de camp d’un régiment d’infanterie à son nom, puis maréchal de camp en 1640.

Sur ses treize enfants, trois fils furent les auteurs des branches de Sérignan, de Valras et de la Domergue, Hercule fut abbé de Fontcaude de 1638 à 1663 et trois filles s’allièrent avec les plus anciennes familles de la région. Constance épousa en 1624 Jean Gabriel de Gep, seigneur de Fos et de Sauvian ; Jeanne épousa en 1630 Jacques de Gep, seigneur de Ginestet, cousin germain du seigneur de Sauvian; Charlotte s’allia en 1633 avec Jean du Caylar d’Espondeilhan.

La plus remarquable fut sans doute Marie qui se maria en secondes noces avec François Dauger de Cavoye, chambellan du duc de Montmorency, puis capitaine des gardes du cardinal de Richelieu. D’après saint Simon, « les deux époux passaient pour avoir autant d’esprit l’un que l’autre, mais Madame de Cavoye surtout était pleine de finesse et habile à manœuvrer au milieu des intrigues de la Cour ». Elle avait une liberté d’allure et des manières primesautières qui la faisaient rechercher des salons à la mode de la capitale : c’est ainsi qu’elle fréquentait l’hôtel de Rambouillet, l’hôtel Saint-Paul et l’hôtel de Madame de Richelieu. Elle recevait dans le sien Boisrobert, Rotrou, Guillaume Colletet, de l’Estoile, l’abbé Testu et Pierre Corneille C’est elle qui figure sous le nom de Cassiope dans le Dictionnaire des Précieuses. Tallemant des Reaux, plus sensible à la beauté plastique, la décrit ainsi « Elle a cinquante ans, et après douze grossesses pour le moins, la gorge aussi belle qu’à quinze ans ; elle n’a jamais eu le visage fort beau, mais agréable ; pour le corps, il n’y en avait guère de mieux fait ». Elle fut la mère de Louis de Cavoye, grand maréchal des Logis de Louix XIV, et ami du Roi, et d’Eustache Dauger, un des libertins de la Cour, qui fut mêlé en 1665 à une vilaine histoire où un jeune page fut tué dans des conditions mal éclaircies, et qui fut pour cela emprisonné à Pignerol. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1987

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Hubert DE VERGNETTE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf