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Description

Un chirurgien au temps de Louis XIV à Lunel : François Gauthier

Il est rare que nous soit révélé le détail des activités réelles, des succès ou échecs du personnel médical du XVIIe siècle. De ce fait, le document étudié ici, par son originalité et l’abondance des renseignements donnés, présente un grand intérêt, tant historique que médical.

Il s’agit, en effet, du livre de comptes d’un chirurgien, Maître François Gautier, qui exerça à Lunel de décembre 1696 à juin 1708, c’est-à-dire, à la fin du règne de Louis XIV, au temps où la bourgade de Lunel tirait l’essentiel de ses ressources du stationnement, dans ses murs, de régiments de l’armée royale, et de la production d’un vin déjà réputé.

Pendant toute la durée de son activité professionnelle, Gautier inscrivit dans son livre, non seulement la liste des soins quotidiennement donnés, mais encore des renseignements cliniques précis, les noms des clients, parfois l’issue de l’affection traitée et même des événements de sa vie familiale.

Nous verrons donc successivement l’organisation de la profession, la répartition géographique et sociale de la clientèle, la nature des interventions et leur fréquence, les honoraires reçus, sans négliger le contexte politique qui a une influence sur le travail de notre chirurgien.

Le personnel médical était composé de chirurgiens, de médecins, d’apothicaires et de sages-femmes. Le livre de Gautier cite les noms de certains d’entre eux : les médecins Besson (en 1696), d’Aldide (1697), Rouquette (1700), Daldigal (1701), Ganson (1705). Le seul apothicaire nommé est Coulondres, de Lunel-Viel (en 1699). Une sage-femme Maraseille.

Plusieurs médecins et chirurgiens étaient établis à Lunel même ; outre Gautier, son associé Ferrier et ses apprentis, on trouve : Duga, Deschaux, Courtade (1697), Mathieu (1700), Brunel (1703), Dega (1705), Fauché (1705), Magnan (1707). Dans les communautés environnantes sont mentionnés : à Lunel-Viel : Bret, Cambon (1697) et Platet (1699) ; à Aimargues : Vessières (1700) ; à Saint-Geniès : Bertau (1707)… Cela montre une densité importante qui peut surprendre.

De 1696 à fin février 1704, Maître Gautier est associé à Maître Ferrier. Tous deux inscrivent leurs visites et interventions sur le même registre, mais le plus souvent, c’est Gautier qui écrit, même quand il s’agit des actes de son collège (« Le 30 septembre, Me Ferrier a esté appelé… » ; « Le 19 septembre 1698 Me Ferrier et moi avons ouvert… »). L’association prend brusquement fin, sans aucune explication, fin février 1704, date à laquelle sont écrites deux lignes au bas d’une page :

  • « Fin des deptes de la société
  • avec Me Ferrier. »

En haut de la page suivante, pour bien marquer la nouvelle situation, on lit :

  • « Livre où sont insérées les deptes
  • de chirurgie de François Gautier Mre
  • chirurgien à Lunel, commencé le
  • 28° février 1704. »

Gautier exerce alors son métier tout seul.

Le registre se termine le 20 mai 1708 et nous ne savons pas si le chirurgien en a tenu un autre ou bien si, à cette date, il a interrompu son métier temporairement ou définitivement.

Me Gautier engage des apprentis auxquels il enseigne les rudiments de l’Art.., et qui lui rapportent de l’argent ! Ainsi est engagé le jeune Erissac (ou Hérissac) :

« Le 10° mars 1697, Damoiselle Marie Durante, vefve du Sr Erissac, vivant Me chirurgien au Quissac, nous a baillé son fils Guillaume Erissac en aprantissage pour les temps et terme de dix et huit mois à conter de ce jour d’huy pour le pris et somme de soisante livres contant et doit payé les trentes livres restant à la Noël prochaine et luy doit fournir les rasoirs et instrumans nécessaires pendant le dit aprantissage.

Contrat reçu, Baume notaire le jour et an que dessus.

En réalité, l’apprentissage d’Érissac rapporte à Ferrier-Gautier la coquette somme de 135 livres 60 livres à la signature du contrat, 30 livres le 9 décembre 1697 et 45 livres le 16 août 1699 ; Erissac fait ses premières armes le 6 septembre 1697 en saignant le valet de Me Gautier et, depuis lors, il ne semble plus avoir de responsabilité médicale. Il n’est cité qu’une autre fois, en 1698, lorsqu’il est envoyé « faire la barbe à la maison de Me Richard. »

Les autres apprentis : En 1701 : Bérard ; en 1702 : Trouchan ; en 1706 : Duffos. En avril 1708 : « Carail, mon garçon, a ouvert une tumeur à la mamelle droite de Madamoiselle de Ménard, marchand bourgeois, et je l’ai pansée deux fois le jour ». Ce dernier apprenti a peut-être davantage la confiance de Gautier puisque, plusieurs fois, il fait des interventions plus importantes que de simples saignées. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1987

Nombre de pages

10

Auteur(s)

Robert GUIRAUD

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf