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Description

Sous le sac et la capuche : Les pénitents blancs de Mèze (1588-1918)

Le pénitent et ses exigences

Le pénitent ? L’homme moderne voit en lui un être masqué, encapuchonné, mystérieux, qui semble vouloir cacher quelque chose ou se livrer à des pratiques ésotériques. A moins qu’il ne le prenne pour un simple figurant dans une de ces manifestations folkloriques, fréquentes aujourd’hui. Bien sûr, cette image n’a que peu de rapports avec la réalité. Que nous en disent les textes et les usages anciens ?

Dans l’introduction à l’Office de la glorieuse Vierge Marie 1724), le libraire, A. Besson explique que la Société sainte des pénitents a été créée pour faire obstacle au démon qui profite du malheur des temps pour faire de nouvelles conquêtes et étendre son empire. Créée ? Rétablie, plutôt, « pour opposer de fortes digues à ce déluge qui menaçait toute la terre d’une inondation prochaine ».

Le pénitent doit être pénétré de quelques fortes convictions. Être persuadé que l’homme ne naît que pour le travail et que sa vie sur terre doit être un combat perpétuel. Il se situe dans la lignée des grands personnages de l’Ancien Testament : Adam qui a passé sa vie à gémir sur son iniquité, les Patriarches qui ont marché sur ses traces, le prophète David, qui, sermonné par Nathan, se mit à faire pénitence. L’idée de base de cette spiritualité, c’est que l’homme n’a point ici-bas de cité permanente. En exil sur cette terre, il doit chercher la patrie qu’il devra habiter un jour. « Loin de sa patrie, il trouve amères toutes les douceurs qu’apprécient ceux qui ne se souviennent pas de leur exil ». Autre prédécesseur, Paul qui affligeait son corps par des mortifications continuelles, le réduisant en servitude et en esclavage pour éteindre le feu de la concupiscence et émousser l’aiguillon de sa chair.

Toute la conduite du pénitent et tous ses actes doivent prendre sens dans cette conviction : la pénitence seule peut sauver l’homme et il doit en vivre pour survivre dans l’éternelle béatitude. Tout est pour lui préparation à la mort. Son habit, robe blanche, ceinture et capuche, représente la pureté de son âme aux yeux de Dieu. Amené à quitter le chemin de perdition pour emprunter la voie du salut, il va pouvoir amender sa vie, faire pénitence, pratiquer dévotions et disciplines, faire des aumônes ; il aura ainsi plus facilement rémission de ses péchés et obtiendra amour et dilection de Dieu. Tel est le sens donné au geste du confrère qui demande son admission. L’habit rappelle aussi le signe de pénitence des Ninivites après qu’ils eurent entendu le prophète Jonas.

Pour parvenir à cette fin, la Confrérie doit se donner des responsables dignes en tous points, prieur et sous-prieur, élus pour conduire leurs frères selon les chemins de Dieu. Ils doivent « être irrépréhensibles, sobres, prudents, ornés de toutes les vertus, chastes, charitables et savants, mais aussi modestes et point contentieux, ne rien désirer au-delà de ce qu’ils possèdent et s’appliquer à bien gouverner leur maison ».

Le pénitent est sans cesse rappelé à la règle : observer avec soin les statuts, venir souvent à la chapelle rejoindre ses frères. A Mèze, pas de gage de garanties morales, ni de parrainage exigés. On devient pénitent par cooptation, et imitation familiale, étant souvent adulte mineur – moins de 25 ans -, mais aussi enfant. De graves abus se sont glissés dans ce domaine ; en 1702 Fr. Fournel est reçu à l’âge de cinq ans dix mois et dix-sept jours, à la suite d’un voeu. En 1728 Mgr de La Chastre interdit aux pénitents de Mèze de recevoir des novices.., de moins de 10 ans ! […]

Informations complémentaires

Année de publication

1993

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Louis SECONDY

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf