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Description

Sobriquets du Lodévois

La liste des sobriquets collectifs constituant l’objet de cet article provient d’un recueil inédit dont voici en peu de mots l’origine…

La famille Calvet, issue de Saint-Jean-le-Bas, en Rouergue, est installée à Lodève depuis le 17e siècle. Ses membres y sont « bourgeois fabricants de draps ». Le Recueil manuscrit de Notes historiques sur Lodève est probablement l’œuvre de Jules Calvet (1792-1877), oncle de l’arrière-grand-père de Madame Beaux-d’Albenas. Nous devons à Monsieur J.-Cl. Richard, Directeur de recherche au C.N.R.S., la copie de la liste de sobriquets prise dans ce Recueil, que Madame Beaux a bien voulu lui confier. Que l’un et l’autre en soient ici vivement remerciés.

Cette liste fait suite à une autre, beaucoup plus longue, de proverbes et dictons (730 environ), et une note en marge donne la date de cette partie des cahiers: 1850. Il y est bien précisé d’autre part qu’il s’agit là de « Proverbes et Dictons familiers aux Lodévois » ou, quelquefois « … du Lodévois » tout court. En tête de la collection de sobriquets, Calvet précise :

« Les appellations ou sobriquets caractéristiques ci-après, qui étaient donnés très anciennement aux habitants des localités de l’ancien diocèse de Lodève et de quelques lieux circonvoisins soit à cause de leurs industries, coutumes, mœurs, situation topographique, etc. se chantaient habituellement surtout à l’époque de la moisson sur l’air de l’épître avec l’introduction suivante : « Lectio epistoloe / nos tre cat no pas qu’un pé / savén pas sé lo davan o doré [lou]« . » (Lecture de l’épître / notre chat n’a qu’un pied / on ne sait si c’est le devant ou le derrière.)

Cette singulière introduction – teintée in fine d’un certain irrespect – intrigue quelque peu lorsqu’on songe à l’usage effectif des sobriquets dans la vie courante, et l’on se demande en outre pour quelle raison ils pouvaient faire l’objet de cette sorte de psalmodie. Était-ce l’analogue de celle sur les métiers qui avait cours autrefois dans le temps de Pâques et commençait ainsi :

« Alleluia per bus tailhurs / que ne soun toutes de voulurs / Alleluia... » Etc. », en faisant défiler diverses professions sur lesquelles était porté le même jugement peu flatteur ?

D’autres travaux de recension et d’explications ont été effectués sur les « escaïs-noums » mais ils concernent des zones plus étendues : pour André Bernardy, avec « Les Sobriquets collectifs », c’est le Gard et les Pays de langue d’oc (1992) ; pour Claude Achard, dans « Les uns et les autres » c’est l’Hérault (1982), et pour le Dr Herber (Revue Folklore, 1952), l’Hérault également. Les deux premiers ouvrages sont le fruit, l’un d’une vaste enquête, l’autre du dépouillement de toutes les sources écrites utilisables et en particulier du Trésor du Félibrige de F. Mistral. Il faut y ajouter une courte liste publiée par « L’indépendant de Lodève » dans son numéro 34 en 1924. Mais, comme dans ces divers recueils figurent des sobriquets déjà donnés par Calvet en 1850 pour les mêmes localités, il n’était pas possible d’ignorer les concordances avec ce fonds premier. C’est pourquoi, outre les traductions nécessaires (mais pas toujours suffisantes lorsqu’il s’agit de mettre en valeur le sel et l’esprit de l’expression originale), chaque sobriquet est suivi, quand il le faut, des références aux divers fonds auxquels j’ai eu accès.

Calvet a adopté une présentation par cantons et dans chacun, par localités, sans distinguer entre communes, hameaux ou mas isolés. Mais, comme il le laisse entendre lui-même, en ajoutant à chaque nom de canton : « et ses environs », ceux-ci débordent parfois assez largement non seulement sur d’autres pays héraultais, mais sur les départements voisins. Ce n’est pas gênant et c’est même intéressant dans la mesure où il existe une certaine unité économique, sociale et linguistique dans les groupes ainsi formés.

J’ai donc conservé le système de présentation du manuscrit Calvet, ce qui ne va pas sans un certain désordre à la fois géographique et thématique. D’où, pour corriger cette impression, une seconde liste où les sobriquets sont regroupés selon les thèmes les plus évidents. A. Bernardy a adopté des divisions beaucoup plus fouillées, mais si j’avais choisi son plan, cela revenait à émietter exagérément un fonds relativement réduit : mieux valait ne garder que les grandes têtes de chapitre.

Voici maintenant la liste de ces sobriquets dont l’abbé de Sauvages dans son Dictionnaire languedocien français nous dit humoristiquement : « sobriquet : c’est comme qui diroit nom gauche qui n’est pas le droit, ou le vrai nom. » […]

Informations complémentaires

Année de publication

1994

Nombre de pages

13

Auteur(s)

Pierre TRINQUIER

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf