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Description

Saint-Nazaire-de-Pézan : l’histoire viticole au miroir municipal

Entre plaine littorale et palus lagunaires, le territoire de Saint-Nazaire-de-Pézan occupe un espace deltaïque aux sols hydromorphes, entre 1 et 3 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est dire si l’eau et la terre s’y trouvent intimement liées, dans un paysage parcouru de cours d’eau et de fossés de drainage. Deux tiers en plaine, un tiers en marais, cela donne une palette agrologique assez contrastée entre terrains agricoles et parcours de troupeaux. C’est l’élevage qui l’emporta longtemps, sur des pâturages partagés entre la baronnie de Lunel et le chapitre de Maguelone. Cette activité maintint une faible densité de peuplement, faiblesse entretenue et aggravée par le contexte lagunaire dont les fièvres décimaient régulièrement la population, jusqu’aux dernières décennies du XIXe siècle. Autant dire que cette petite communauté, attestée dans les textes et par l’archéologie depuis le IXe siècle, est longtemps restée sous la menace de la désertion. Le village comptait trois feux en 1560, soit une quinzaine de personnes, après que les conflits religieux se soient ajoutés à la mortalité fébrile. Saint-Nazaire se maintint néanmoins, gardant sa population groupée autour de son église : l’habitat dispersé reste rare et se développe seulement au XIXe siècle avec le mas du Grès et le mas Neuf. Saint-Nazaire est restée à ce jour l’une des plus petites communautés de la plaine montpelliéraine.

Vivrière et pastorale, l’économie locale laissait peu de place à la vigne, jusqu’à ce que la révolution viticole n’impose un basculement au milieu du XIXe siècle. C’est ce basculement, puis les transformations induites sur la société villageoise, que nous allons suivre à travers les préoccupations des édiles locaux. Protection des récoltes, calamités naturelles, aménagement des chemins, problèmes d’hygiène, organisation du travail et solidarité sociale, d’autres thèmes encore affleurent au fil des pages des registres des délibérations municipales. Décisions, emprunts, vœux, protestations, c’est presque au jour le jour, au plus près de la vie locale, que nous proposons de suivre cette histoire viticole, dans le miroir tendu par les villageois. Événements locaux ou écho de lointaines décisions, la vie municipale est peut-être moins étroitement corsetée qu’on ne le pense souvent.

Entre chronique et histoire, nos commentaires volontairement sobres et concis, proposent de remettre ces éclats de vie dans leur contexte régional ou national. Mais auparavant, prenons quelques repères sur ces deux situations qui s’opposent, l’économie vivrière avant la Révolution d’une part, le démarrage de la viticulture de masse vers 1850 d’autre part.

1. LE PASTORALISME DOMINANT AVANT LA RÉVOLUTION

Sept feux en 1660, vingt en 1798 : entre 50 et 100 habitants, voilà la marge longtemps incertaine dans laquelle se tint le village jusqu’aux années 1830. Cas banal, que connurent bien d’autres communautés rurales de la France pré-industrielle, de ces agrégats humains qu’une fièvre ou une épidémie pouvait emporter, ou plus simplement la décision de rejoindre un village voisin plus solide, mieux inséré dans le réseau. Ainsi choisirent de quitter leur hameau les habitants de Montels, pour s’établir à Lunel-Viel, en 1791.

La mise en valeur agricole nécessitait une main-d’œuvre dont on ne disposait pas toujours à Saint-Nazaire et qu’il fallait embaucher dans les communautés voisines, à un coût supérieur à celui des ouvriers locaux. Céréales, foins et luzernes occupaient l’essentiel du finage, laissant 13,5 ha à la vigne selon le compoix dressé en 1761 et conservé aux archives municipales. Après les guerres révolutionnaires et plus encore le blocus continental de l’Empire, qui avaient gravement perturbé les routes commerciales, la Restauration a vu se rouvrir de nombreux débouchés au négoce. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2011

Nombre de pages

18

Auteur(s)

Claude RAYNAUD, Jean ANCETTE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf