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Description

Noblesse au village pendant la Révolution – un cas à Cessenon

Quelle fut l’attitude d’une communauté villageoise face à une famille noble durant la Révolution et comment celle-ci a-t-elle réagi ? Cette étude d’un cas parmi tant d’autres, éclairée par l’heureuse complémentarité d’archives privées et publiques, veut tenter de répondre à cette double question en observant l’esprit et les agissements dans un pays aux portes des montagnes, comptant approximativement 1 200 habitants.

Seule l’observation précise faite à la lumière de ces deux types d’archives permettra un jour une synthèse crédible et l’esquisse d’un profil. Celle-ci omet volontairement un cadre événementiel et législatif facile à trouver en ces temps d’inflation historique et bouleverse parfois légèrement une chronologie historique à rétablir mais sans effet néfaste quant aux conclusions.

Après avoir brossé rapidement l’évolution sociale des Milhé, nous étudierons les deux générations qui vécurent l’époque bouleversée de la Révolution Un vieux soldat plein d’honneur et vieillissant et ses deux jeunes neveux à l’heure de l’espoir de la vie. La perception de ces événements devrait apparaître alors d’une façon intime avec ce cas qui, sans être unique, ne peut être généralisé tant il est vrai que les vies et les réactions de ce moment furent différentes suivant les lieux, les situations et les personnes.

I – Une ascension continue au XVIIIe siècle

Les Milhé émergent des documents au XVIe siècle au masage d’Escaniès, paroisse de Roquebrun, diocèse de Béziers. Le premier déplacement fut pour s’établir dans ce village pittoresque où prospéra Barthélémy I. Milhé à la longue vie puisque né en 1614 et décédé en 1705 seulement. Les affaires marchandes, les prêts encore assez modestes mais nombreux, les achats de terres et de moulin scandent une vie archivistiquement bien dessinée.

Son fils, Barthélémy II (1667-1741) semble en avoir été l’ancêtre c’est-à-dire solide fondateur de la famille. Il vécut à Roquebrun mais franchit l’Orb si proche deux fois pour se marier à Cessenon en 1686 puis en 1699. Cette démarche dans le pays voisin un peu moins montagneux le fit, en peu de distance parcourue, passer au diocèse de Saint-Pons de Thomières, la limite avec celui de Béziers étant, en ce pays, l’Orb.

Les liens créés l’amenèrent à confier son fils en stage, à Cessenon, au vieux Jean Rouanet, habile et très riche marchand faisant office de banquier local. Il y eut pour Barthélémy III Milhé (1689-1759), le meilleur certificat possible : Un contrat de mariage avantageux en 1716 !

Marie-Anne de Rouanet, particulée par complaisance, était la fille unique de ce Monsieur Maître Jean Rouanet (1642-1722), descendu des montagnes (Le Soulié-Malbosc) et fixé à Cessenon où il avait fait fortune par des affaires de négoce qu’un document qualifie de très considérables. Acquéreur de terres, créancier de la communauté et de nombreuses personnes du pays, fermiers des droits, il correspond à un type connu dont l’ascension fut ici couronnée par la charge de conseiller du roi et maire perpétuel de Cessenon qu’il acquit en 1692, lors de la création royale de cet office qui sanctionna aussi sa maîtrise de la communauté déjà accomplie. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1989

Nombre de pages

14

Auteur(s)

Jean-Denis BERGASSE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf