Présentation de la publication
Montpellier, hôtel Richer de Belleval
une maison médiévale et ses modifications
(milieu XIIIe-XIXe siècle)
Auteurs : Frédéric Loppe et Bernard Sournia avec la collaboration de Frédéric Guibal
Résumé
Dans le cadre d’un projet de rénovation de l’Hôtel Richer de Belleval, la municipalité de Montpellier a demandé en juin 2015 la réalisation d’une expertise patrimoniale sur les éléments en élévation les plus anciens de la construction, à l’angle des rues du Vestiaire et du Puits des Esquilles. Avant travaux, des baies géminées double et quadruple étaient visibles, ultérieurement murées lors de la transformation en hôtel particulier dans le courant du XVIIe siècle. Des sondages localisés réalisés en façade et à l’intérieur (parements et plafonds des premier et second étages) ont révélé des planchers médiévaux de la seconde moitié du XIIIe siècle (dendrochronologie réalisée par F. Guibal) et des détails architecturaux jusqu’alors invisibles (lucarnes chanfreinées, baies trilobées en grande partie détruites).
Les observations confirment celles réalisées dans deux études de 2010, à savoir la présence d’une maison médiévale à façade étroite donnant sur la rue du Puits des Esquilles, pourvue de plusieurs séries de baies éclairant les salles des deux niveaux supérieurs (superficie totale : env. 105 m²). Il s’agit d’une maison « modulaire » relativement modeste qui devait posséder une boutique au rez-de-chaussée.
Introduction
Morphogenèse de Montpellier : repères historiques
L’implantation géographique de Montpellier est relativement atypique puisque « le site s’étend sur trois collines : à l’ouest, le promontoire du Puy Arquinel (occupé depuis le XVIIIe siècle par la place du Peyrou) ; à l’est celui de Montpelliéret (mis à niveau avec la ville au XVIIe siècle et utilisé pour servir de socle à la citadelle) ; au centre la ville intra muros, sur une colline culminant à 50 m, limitée au nord par le ruisseau du Merdanson (Verdanson). Le report des courbes de niveau montre la plus forte déclivité de la partie nord et une pente plus douce vers le sud où s’opère le plus grand développement. Du haut de son « puech », la ville domine le réseau routier antique formé de la voie domitienne et du chemin du sel. La route de pèlerinage qui se substitue à une époque inconnue à la voie Domitia, utilise le vallon séparant la colline de Montpellier de celle de Montpelliéret ».
Aux XIe et XIIe siècles l’agglomération se développe donc à partir de plusieurs pôles : l’enclos ecclésial Saint-Firmin d’environ 60 m de diamètre, le secteur de la Condamine, celui du château Saint-Nicolas, puis celui du Peyron, à l’ouest, qui verra la construction d’un nouveau château au XIIe siècle, après la destruction du premier.
Dans les années 1130-1140 « une enceinte urbaine réunit, sous le contrôle du bourg castral, le noyau Saint-Firmin et le nouveau quartier Sainte-Croix où Guillaume VI a implanté son palais vers 1129 ».
En effet l’îlot comportant l’hôtel Richer de Belleval, implanté au point culminant du relief Montpelliérain (49 m NGF), se situe au niveau de la première enceinte montpelliéraine ou « mur vieux », construction contre laquelle Guilhem VI a fait édifier une maison et une chapelle sous le vocable de Sainte-Croix. Ainsi « l’analyse morphologique apporte de minces indices sur l’existence d’une première enceinte urbaine. Des alignements fossilisés dans le tissu urbain, sont nettement lisibles, à l’est de la Condamine et à proximité de la place actuelle de la Canourgue, au nord-ouest de la Ville. Par ailleurs de grandes parcelles possèdent des jardins en contrebas, signe d’un lotissement des fossés. Elles se situent près de la Condamine : du nord-est au sud-est, les hôtels Baudan de Varennes, Bachy du Cayla, des Trésoriers de France et de la Roche ; dans le quartier Sainte-Croix : hôtel d’Audessan ; à l’est de Saint-Firmin : les hôtels de Montcalm et des Trésoriers de la Bourse. Entre Saint-Firmin et la Condamine, le décrochement en baïonnette de la rue du Bras de Fer et du « plan » du Sauvage peut indiquer la présence d’une porte ». [...]