Montpellier, hôtel Richer de Belleval
une maison médiévale et ses modifications (milieu XIIIe-XIXe siècle)

Frédéric LOPPE * et Bernard SOURNIA **
avec la collaboration de Frédéric GUIBAL ***

* Docteur en Archéologie médiévale, chargé d’études, ALC Archéologie, 87 rue de Verdun, 11000 Carcassonne ;
chercheur associé laboratoire FRAMESPA, UMR 5136, Université du Mirail, Toulouse II et laboratoire Lattes-Montpellier, UMR 5140.
Je tiens à remercier F. Fiore, architecte du patrimoine, Montpellier (élévations) et J.-L. Vayssettes, SRA Occitanie.

** Historien de l’Architecture. Conservateur en Chef honoraire du Patrimoine.

*** Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale, UMR 7263, CNRS, Aix-Marseille Université,
Europôle Mediterranée de l’Arbois, Aix-en-Provence. Auteur des prélèvements et de l’étude dendrochronologique.
frederic.guibal@imbe.fr

[ Texte intégral ]

Introduction

Morphogenèse de Montpellier : repères historiques

L’implantation géographique de Montpellier est relativement atypique puisque « le site s’étend sur trois collines : à l’ouest, le promontoire du Puy Arquinel (occupé depuis le XVIIIe siècle par la place du Peyrou) ; à l’est celui de Montpelliéret (mis à niveau avec la ville au XVIIe siècle et utilisé pour servir de socle à la citadelle) ; au centre la ville intra muros, sur une colline culminant à 50 m, limitée au nord par le ruisseau du Merdanson (Verdanson). Le report des courbes de niveau montre la plus forte déclivité de la partie nord et une pente plus douce vers le sud où s’opère le plus grand développement. Du haut de son « puech », la ville domine le réseau routier antique formé de la voie domitienne et du chemin du sel. La route de pèlerinage qui se substitue à une époque inconnue à la voie Domitia, utilise le vallon séparant la colline de Montpellier de celle de Montpelliéret » 1.

Aux XIe et XIIe siècles l’agglomération se développe donc à partir de plusieurs pôles : l’enclos ecclésial Saint-Firmin d’environ 60 m de diamètre, le secteur de la Condamine, celui du château Saint-Nicolas, puis celui du Peyron, à l’ouest, qui verra la construction d’un nouveau château au XIIe siècle 2, après la destruction du premier 3.

Dans les années 1130-1140 « une enceinte urbaine réunit, sous le contrôle du bourg castral, le noyau Saint-Firmin et le nouveau quartier Sainte-Croix où Guillaume VI a implanté son palais vers 1129 » 4.

En effet l’îlot comportant l’hôtel Richer de Belleval, implanté au point culminant du relief Montpelliérain (49 m NGF), se situe au niveau de la première enceinte montpelliéraine ou « mur vieux », construction contre laquelle Guilhem VI a fait édifier une maison et une chapelle sous le vocable de Sainte-Croix 5. Ainsi « l’analyse morphologique apporte de minces indices sur l’existence d’une première enceinte urbaine. Des alignements fossilisés dans le tissu urbain, sont nettement lisibles, à l’est de la Condamine et à proximité de la place actuelle de la Canourgue, au nord-ouest de la Ville. Par ailleurs de grandes parcelles possèdent des jardins en contrebas, signe d’un lotissement des fossés. Elles se situent près de la Condamine : du nord-est au sud-est, les hôtels Baudan de Varennes, Bachy du Cayla, des Trésoriers de France de la Roche (Fig. 1, 5a) ; dans le quartier Sainte-Croix : hôtel d’Audessan (Fig. 1, 5b) ; à l’est de Saint-Firmin : les hôtels de Montcalm et des Trésoriers de la Bourse (Fig. 1, 5c). Entre Saint-Firmin et la Condamine, le décrochement en baïonnette de la rue du Bras de Fer et du « plan » du Sauvage peut indiquer la présence d’une porte (Fig. 1, 5d) » 6. (Fig. 1)

Fig. 1 - Localisation de l’Hôtel Richer. Plan et morphogenèse de Montpellier
Fig. 1 - Localisation de l’Hôtel Richer. Plan et morphogenèse de Montpellier (extrait de Fabre, Ghislaine, Lochard, Thierry, « Montpellier », vol. 2, fig. 4, p. 109).

La situation géographique ainsi que la présence d’une bourgeoisie émancipée et de négociants italiens vont permettre à l’agglomération de connaître un essor urbain et économique très important dès la seconde moitié du XIIe siècle 7. Plusieurs métiers majeurs apparaissent (changeurs, teinturiers, poivriers) et les marchands montpelliérains représentent le Languedoc aux foires de Champagne 8. Par ailleurs « l’université, avec l’enseignement du droit et de la médecine, donne déjà à cette ville sa particularité : un grand centre financier, carrefour des échanges entre Méditerranée et pays nordiques, doublée d’un centre intellectuel renommé » 9.

Pourtant « le quartier qui nous occupe ici reste manifestement en marge du secteur dominant : du moins n’y trouvons-nous pas trace archéologique de ces beaux ostals du patriciat négociant des XIIIe et XIVe siècles sur l’ossature desquels viendront s’édifier les grands hôtels particuliers de la noblesse de robe montpelliéraine de l’âge classique. Le quartier de la Canourgue apparaît à ce moment de l’évolution urbaine comme un quartier de valeur moyenne, à deux pas de la Juiverie : d’une meilleure qualité sociale que les quartiers bas, mais nettement plus faible, socialement, que le quartier des grands négociants du drap et du poivre qui occupent alors le dessus du panier. Les maisons médiévales dont nous retrouvons les vestiges dans le quartier, englobées dans des immeubles plus récents, sont contenues dans des limites parcellaires plutôt médiocres et appartiennent dans l’ensemble au type que nous avons défini ailleurs comme maisons élémentaires, maisons au plan en lanière, de cinq mètres tout au plus d’emprise de façade sur la rue et n’ayant qu’une pièce ou deux par niveau, avec parfois un petit espace libre, jardinet ou courette à l’arrière » 10.

Au début du XIIIe siècle Montpellier se dote d’une nouvelle enceinte qui protège plus de 45 hectares et au XIVe siècle environ 40 000 habitants sont répertoriés, ce qui en fait une des deux plus grandes cités du Languedoc méditerranéen avec Narbonne et une agglomération de premier ordre du monde occidental 11.

Toutefois la ville va peu à peu décliner après la guerre de Cent Ans, « perdant sa qualité de place marchande et bancaire et entrant dans une période de déclin économique et démographique durable ». Elle « change alors de statut puisque Capétiens puis Valois en font une ville d’autorité, la capitale administrative du Languedoc oriental » 12.

L’Hôtel Richer de Belleval, cadre de l’étude

Ce vaste hôtel particulier constitué dans le courant du XVIIe siècle occupe un îlot entier. Il a bénéficié de deux études historiques et architecturales détaillées qui ont permis d’appréhender ce bâtiment complexe de manière exhaustive et d’émettre des propositions de valorisations 13.

Ce vaste hôtel particulier constitué dans le courant du XVIIe siècle occupe un îlot entier. Il a bénéficié de deux études historiques et architecturales détaillées qui ont permis d’appréhender ce bâtiment complexe de manière exhaustive et d’émettre des propositions de valorisations 13.

Dans le cadre d’un projet de rénovation de l’Hôtel Richer de Belleval, la municipalité de Montpellier a demandé en juin 2015 la réalisation d’une expertise patrimoniale ciblée sur les éléments en élévation à l’angle des rues du Vestiaire et du Puits des Esquilles (cellule n°1). Déjà investiguée 14, cette construction médiévale a bénéficié en 2015 de sondages localisés 15 sur les parements internes et externes ainsi que d’une étude dendrochronologique qui ont fait apparaître de nouveaux éléments. (Plan 1)

L’environnement actuel de l’hôtel Richer de Belleval, et l’emplacement du bâti médiéval étudié
Plan 1 - L’environnement actuel de l’hôtel Richer de Belleval, et l’emplacement du bâti médiéval étudié. © Google Earth, 2017.

Étude du bâti :

Les observations réalisées sur la façade, les parements intérieurs et les plafonds de la cellule n°1, bien que partielles, permettent de proposer un essai de phasage et de datation pour cette construction depuis l’époque médiévale jusqu’au XIXe siècle.

Une maison médiévale (seconde moitié XIIIe siècle)

Les éléments originels de la structure correspondent à l’appareil USC 1002, aux baies BAI4, BAI5, BAI7, BAI8 (MR1), aux baies BAI9 et BAI13 (mur MR2), ainsi qu’aux planchers PLC1 et PLC2 (Fig. 2, 3).

Fig. 2 - Montpellier, hôtel Richer de Belleval. Façade sud, partie orientale. Relevé : F. Fiore, architecte du patrimoine, mai 2015. Interprétation, F. Loppe, 2015.
Montpellier, hôtel Richer de Belleval. Façade est, partie méridionale
Fig. 3 - Montpellier, hôtel Richer de Belleval. Façade est, partie méridionale. Relevé : F. Fiore, architecte du patrimoine, mai 2015. Interprétation, F. Loppe, 2015.

Maçonneries

Façade sud MR1, partie orientale. Vue générale
Fig. 4 - Façade sud MR1, partie orientale.
Vue générale. Cliché : F. Loppe, 2015.
Façade sud MR1, partie orientale. Détail de l’appareil médiéval USC 1002
Fig. 5 - Façade sud MR1, partie orientale. Détail de l’appareil médiéval USC 1002 (à droite).
À gauche, appareil d’époque moderne USC 1001. Cliché : F. Loppe, 2015.

La façade sud MR1 comporte trois niveaux (Fig. 4) : au rez-de-chaussée, l’appareil d’origine, l’USC 1002, se compose de pierres de taille en calcaire coquillier de moyen appareil (0,45 x 0,30 m) alternant avec des assises de petit appareil (0,26 x 0,14 m). Les joints d’environ 2 cm sont composés d’un mortier ocre-jaune assez peu dosé (Fig. 5).

Façade sud MR1, partie orientale. Détail de la baie sextuple BAI4 du premier étage dont seulement 4 ouvertures subsistent
Fig. 6 - Façade sud MR1, partie orientale. Détail de la baie sextuple BAI4 du premier étage dont seulement 4 ouvertures subsistent. La baie BAI5, à droite, à été détruite par la fenêtre BAI6. Cliché : F. Loppe, 2015.
Façade sud MR1, partie orientale. Détail de la baie quadruple BAI7 du second étage et de la baie double BAI8
Fig. 7 - Façade sud MR1, partie orientale. Détail de la baie quadruple BAI7 du second étage et de la baie double BAI8 (à droite). Cliché : F. Fiore, 2015.

Au premier étage une baie sextuple BAI4 16 aujourd’hui bouchée éclairait la façade à l’origine (Fig. 6). Chaque ouverture -dont les dimensions sont relativement proches- est couverte d’un arc brisé monolithe au tympan orné d’un trilobe. L’arête des deux trumeaux-colonnettes est abattue par un chanfrein étroit qui s’amortit sur une base prismatique assez détériorée. Le bandeau ou cordon d’appui soulignant les baies a été bûché.

Des baies identiques sont visibles au second étage, à ceci près que leur trumeau-colonnette ne possède pas de base. Cette claire-voie de six ouvertures se décompose en deux parties : la baie quadruple BAI7 et une baie double BAI8 à l’est, formée de deux ouvertures de 1,45 x 0,64 m séparées par un trumeau chanfreiné de 0,10 m de large (Fig. 7). Un linteau de pierre protège un arrière-linteau en sapin disposé plus haut dans l’ébrasement. L’appui se situe à environ 0,60 m de l’actuel plancher PLC1 (Fig. 9).

Façade sud MR1, partie orientale. Baie BAI8, vue intérieure. Détail du montant fissuré et de l’ancrage du gond ; à la base de la lézarde
Fig. 8 - Façade sud MR1, partie orientale. Baie BAI8, vue intérieure. Détail du montant fissuré
et de l’ancrage du gond ; à la base de la lézarde. Cliché : F. Loppe, 2015.
Façade sud MR1, partie orientale. Coupe intérieure matérialisant les sondages de reconnaissances dans les maçonneries
Fig. 9 - Façade sud MR1, partie orientale. Coupe intérieure matérialisant les sondages de reconnaissances dans les maçonneries. On remarque les planchers PLC1 et PLC2. . Relevé : F. Fiore, architecte du patrimoine, mai 2015. Interprétation, F. Loppe, 2015.

Son piédroit oriental comporte encore les ancrages en fer de deux gonds brisés distants de 0,90 m qui devaient accueillir des volets en bois 17. Suite à un mouvement de la maçonnerie une fissure verticale a fracturé l’appui et une partie du montant, qui s’est décollé du parement adjacent d’environ 4 cm (Fig. 8).

La structure d’origine USC 1002, d’à peine 0,30 m d’épaisseur à cet endroit, se compose de pierres de taille en calcaire coquillier de moyen appareil 18, liées par un mortier de chaux assez peu dosé (joints maigres). Les pierres de parement de 0,10 m d’épaisseur ne sont donc pas traversantes, à l’exception d’une assise aux éléments en boutisse permettant de renforcer la cohésion de l’ensemble. Le blocage se compose d’éclats de taille peu compacts noyés dans un mortier de chaux maigre.

La façade orientale donnant sur la rue du Puits des Esquilles résulte « d’un remembrement de cinq maisons élémentaires 1, 2, 3, 4, et 5. La structure des murs de refend de l’hôtel de Belleval réutilise les murs mitoyens du parcellaire d’origine et la composition des toitures traduit en élévation le collage de plusieurs unités foncières primitives » 19. Ainsi, la cellule n°3 comporte « deux arcs de décharge en façade ayant surmonté deux linteaux de baies de boutiques » 20. Des exemples similaires sont observables à Montpellier, comme au n°2 de la rue Terral, au n°7 de la rue de l’Université ou au n°14 de la rue de l’Amandier 21. Ces ouvertures donnaient accès à l’escalier menant au premier étage mais également à la boutique en rez-de-chaussée 22.

Sur la façade orientale MR2 de la cellule n°1 l’appareil d’origine USC 2002 est sensiblement similaire à celui du mur MR1 (USC 1002). Les trois niveaux ont été grandement mutilés par des percements postérieurs qui ont pratiquement fait disparaître les dispositions d’origine.

On note toutefois aux premier et second étages des vestiges de baies BAI9 et BAI13 vraisemblablement identiques à celles du mur MR1 (voir fig. 3). Au premier étage il s’agissait probablement d’une baie double alors qu’il y a place au second pour une baie quadruple, comme ce devait être le cas au n°7 de la rue de l’Université, à Montpellier 23.

Ce type de baie, généralement daté des XIIIe-XIVe siècle, se retrouve par exemple sur l’ostal des Carcassonne au 3, rue de la Vieille 24.

Sur la façade sud on notera la présence de la baie sextuple BAI4/BAI5 au premier étage, type relativement rare dans le Sud de la France 25, même s’il a déjà été observé dans cette ville 26.

Il est difficile de dire si ces baies étaient dotées d’une fermeture 27 ajourée puisqu’aucun ancrage ni saignée pour un châssis au plomb accueillant des vitraux n’est observable 28. Il se peut qu’elles aient été simplement bouchées par un cadre en bois avec du parchemin huilé, comme c’est souvent le cas à l’époque, même dans des demeures prestigieuses. Enfin, la présence de remplages aveugles exclurait l’utilisation de bannes extérieures 29.

Plafonds

Au premier étage une large saignée à été pratiquée sur environ 5 m de long dans un faux-plafond en plâtre sur lattis : celui-ci masquait une structure plus ancienne (plafond PLC1) dans laquelle des prélèvements dendrochronologiques ont été réalisés (voir fig. 9 ; cf. annexe).

Le plafond originel PLC1, en sapin, se compose de plusieurs solives orientées nord/sud (l : 0,08 m ; H : 0,24 m). Elles supportent des planches ou ais noirâtres de 0,53 m de large disposés perpendiculairement et parfaitement jointifs qui bénéficiaient de couvre-joints aujourd’hui disparus : ces derniers ont toutefois laissé en négatif des encoches dédiées au niveau de la partie supérieure des solives (Fig. 10). Aucune trace de peinture n’a été décelée et on ne sait si de faux couvre-joints étaient également présents. Enfin, les systèmes de fixation des planches ne sont pas visibles (cloutage par le dessus, probablement).

L’opération, répétée au second étage, a fait apparaître les éléments d’un ancien plafond PLC2 composé de neuf solives 30 orientées nord/sud équidistantes de 0,50 m environ. Elles supportent de larges planches (0,47 à 0,49 m) dont la jonction est masquée par des couvre-joints (l : 6 cm) reposant sur la partie supérieure de la solive sans encoche (Fig. 11). De faux couvre-joints de moindres dimensions sont observables le long des solives. L’un d’eux présente d’ailleurs un décor peint discret sur la troisième solive en partant du nord : dix pyramides inversées de couleur noire, d’à peine 1 cm de haut (Fig. 12).

Premier étage. Plafond PLC1, détail. En bas, la solive dont la partie supérieure possède encore une encoche pour le couvre-joint disparu
Fig. 10 - Premier étage. Plafond PLC1, détail. En bas, la solive dont la partie supérieure possède encore une encoche pour le couvre-joint disparu. Au dessus, les ais du plancher. Cliché : F. Loppe, 2015.
Second étage. Plafond PLC2, détail. En bas le lattis du XVIIIe siècle cloué sur la solive médiévale.
Fig. 11 - Second étage. Plafond PLC2, détail. En bas le lattis du XVIIIe siècle cloué sur la solive médiévale. Celle-ci supporte de larges ais dotés de couvre-joints entre lesquels s’intercalent perpendiculairement contre la solive de faux couvre-joints. Cliché : F. Loppe, 2015.
Second étage. Plafond PLC2, détail. Faux couvre-joint avec décor peint de pyramides inversées noires.
Fig. 12 - Second étage. Plafond PLC2, détail. Faux couvre-joint avec décor peint de pyramides inversées noires. Cliché : F. Loppe, 2015.

La maison à l’angle des rues du Vestiaire et du Puits des Esquilles (cellule n°1) avait auparavant une étroite façade donnant sur cette dernière : elle comportait probablement au rez-de-chaussée une porte d’entrée associée à un arc donnant sur une boutique, ouvertures détruites par l’actuelle fenêtre contemporaine du rez-de-chaussée BAI22 (infra ; Fig. 13). Les dispositions particulières des baies aux étages de la façade sud laissent penser qu’une seule salle existait au premier étage alors qu’il y en avait deux au second 31. Cette maison d’environ 35 m² au sol (L x l : env. 8,7×4 m) atteignait presque 11 m de hauteur, la superficie totale tournant aux alentours de 105 m².

Les maisons à façade étroite (env. 5 m) et de plan trapézoïdal sont bien connues dans le monde médiéval et en Languedoc. Toujours à Montpellier, au 14 rue de l’Amandier, la maison était mitoyenne « d’une unité de même type exactement contemporaine, et de même proportions, ce qui suggère un programme de lotissement concerté, hypothèse que pourrait renforcer la présence d’un grand arc de décharge ménagé dans le mur mitoyen, vraisemblablement pour faciliter les remembrements ultérieurs » 32.

La cellule n°1 de l’Hôtel Richer s’apparente en effet à une maison de petit parcellaire ou « modulaire » : « c’est un bloc en hauteur dont les niveaux se commandent : nous pouvons en déduire que cette forme de maison dût être, au moins à l’origine, uni-familiale. Elle était également polyvalente, ayant fonction de production au rez-de­chaussée (échoppe, local agricole, etc.) et fonction de logis à l’étage : la composition dissymétrique de la façade exprime cette dualité fonctionnelle, avec son grand arc de boutique d’un côté et la petite porte piétonne qui lui fait pendant et donne accès à l’escalier. Ce dernier se limite à une petite volée droite, qui démarre dès le seuil franchi, et prend donc son jour en façade d’entrée : il ne peut y avoir de système de distribution plus élémentaire que celui-ci. Lorsque la maison a un étage sous comble, une seconde volée, de même direction que la première, le distribue. On a pu identifier d’assez nombreux escaliers de ce type des XIIIe et XIVe siècles, sur arc rampants » 33.

D’une manière générale les maisons modulaires « sont étendues sur les pentes du relief et au pourtour de l’enclos féodal dont elles constituent en quelque sorte la couronne faubourienne. Ce parcellaire paraît à peu près inchangé depuis le Moyen Âge ». Toutefois les mêmes auteurs notent également que « quelques maisons modulaires, éparses, se distinguent cependant au centre de la figure ; ce sont les résidus d’un tissu primitif plus serré, absorbé au cours des phases ultérieures de remembrement foncier dont résultent les grandes parcelles des XIIIe et XIVe siècles, puis les grands hôtels de l’âge Classique, ces mécanismes de concentration foncière ne s’étant pas étendus aux quartiers périphériques, d’une exposition moins favorable et, comme tels, délaissés au plus démunis » 34.

La présence des plafonds PLC1 et PLC2 est un élément renforçant l’appartenance de cette construction à la maison « modulaire », ces dernières ne possédant en effet jamais de voûte sur croisées d’ogives 35. Ainsi, d’une manière générale « l’usage de loin le plus répandu pour la construction des plafonds montpelliérains est celui, d’ailleurs universel, formé d’une série de poutres disposées dans la largeur de la salle et portant la suite longitudinale des solives » 36. Pourtant « à côté du type de charpente à poutres et solives que nous venons de voir chez les Carcassonne, existe un second type forme d’un simple solivage aux éléments assez rapproches (environ 50 cm entre axes, 40 cm environ d’espacement entre les solives 37). Ces structures peuvent atteindre des portées considérables (jusqu’à huit mètres !). L’ostal des Carcassonne, notamment, a plusieurs charpentes ainsi faites » 38.

Généralement « les ais des planchers sont toujours, à Montpellier, d’une largeur standard de 42 centimètres. Cette standardisation est nécessitée par le fait que les couvre-joints étaient posés avant les aix du plancher : il fallait donc en connaître d’avance, avec précision, la largeur. Comme les solives sont, quant a elles, espacées de cinquante-cinq centimètres environ entre-axes, la sous-face du plancher dessine un quadrillage avec des compartiments à peu près carrés » 39. Concernant le plafond peint de l’hôtel des Carcassonne (fin XIIIe siècle) les auteurs pensent d’ailleurs que « la pratique des charpentiers est rigoureusement planifiée : l’on use de modules standards qui facilitent et permettent d’accélérer la construction. On peut imaginer des équipes d’ouvriers préposés au sciage et coupant pour les stocker des aix de largeur constante. Sans doute en allait-il de même pour les solives et les couvre joints » 40. Or, on a vu que les plafonds PLC1 et PLC2 possèdent des largeurs d’ais supérieures, indiquant que les planches ne sont pas toujours aussi standardisées qu’on pouvait le croire. La date d’abattage des solives est toutefois clairement centrée sur le milieu ou la seconde moitié du XIIIe siècle, laissant peu de doutes sur l’attribution de ce plancher à l’époque médiévale 41 (cf. annexe).

Enfin, la toiture originelle de cette étroite construction ne peut être précisément restituée en l’état : elle était soit longitudinale à double pente, soit en appentis.

Des modifications d’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles)

La structure médiévale originelle a subi par la suite de nombreuses modifications durant la période moderne (voir fig. 2, 3).

Une première phase (fin XVIe siècle-début XVIIe siècle ?) correspondrait à quelques aménagements mineurs comme le percement de deux lucarnes chanfreinées : la baie du rez-de-chaussée BAI18 (MR1) et celle du premier étage BAI10 (MR2), toutes deux partiellement détruites par les fenêtres BAI1 et BAI11 de la phase suivante (infra).

Généralement datées des XVIe-XVIIe siècles et destinées à ajourer des espaces sombres ces petites lucarnes se rencontrent dans nombre de bâtiments comme par exemple sur une maison de Saint-Pons-de-Thomières (Hérault ; chronogramme de 1557 42).

Il reste toutefois à s’interroger sur leur fonction : la lucarne BAI18 permettait peut-être d’apporter un éclairage à l’escalier médiéval montant à l’étage, qui à l’origine était seulement éclairé par la lucarne placée au-dessus de la porte d’entrée du rez-de-chaussée (Fig. 13).

La raison d’être de la lucarne BAI10 est plus énigmatique dans la mesure où la baie médiévale BAI9 qu’elle aurait remplacé devait apporter un jour bien plus important, eu égard à ses dimensions. A-t-elle été victime d’une « mode » pour des ouvertures davantage dans « l’air du temps » ?

Essai de restitution des façades médiévales de la cellule n°1
Fig. 13 - Essai de restitution des façades médiévales de la cellule n°1. Relevé : F. Fiore, architecte du patrimoine, mai 2015. DAO, essai de restitution : F. Loppe, 2017.

Une seconde phase est attribuable aux grandes transformations ayant donné à l’hôtel son aspect actuel. Elle remonterait au dernier tiers du XVIIe siècle, plus précisément des années 1676-1678 43 et concernerait l’ouverture POR1, l’appareil de l’USC 1001, les lucarnes BAI14 et BAI19, de même que les fenêtres BAI6, BAI11 et BAI20.

Ainsi, au rez-de-chaussée de la façade sud MR1, un piédroit supporte un départ d’arcade POR1 dont la hauteur devait atteindre près de 3 m sous clé (voir fig. 2). Les claveaux en pierres de taille calcaire coquillier sont relativement longs (0,44 m) et le sommier repose avec un léger retrait sur un imposte ou tailloir bûché (nettes traces d’impacts d’outils réalisées a posteriori). La restitution de l’arc oriente vers un plein cintre, percement d’époque moderne comme on peut en voir dans nombre de demeures classiques de Montpellier, quelquefois avec une clé passante à pointe de diamant 44, ou dans la plaine languedocienne, comme à Saint-Chinian 45. D’ailleurs la dernière ouverture murée sur la façade orientale MR2 de l’hôtel Richer (cellule n°5) pourrait être d’un type proche de celui de l’ouverture POR1.

Lié à cette dernière l’appareil USC 1001 est observable sur environ un mètre de long : il se compose de pierres de taille calcaires de moyen appareil (0,58 x 0,30 m) séparées par des joints gras de 2 cm (voir fig. 5). Il présente un net décalage d’assises avec l’appareil médiéval USC 1002 (supra).

Le percement de la lucarne BAI19 au rez-de-chaussée et l’aménagement de la lucarne BAI14 à l’étage correspondent vraisemblablement au remplacement de l’escalier droit médiéval par l’actuelle cage nouvellement créée : afin de desservir les différents niveaux, celle-ci devait nécessairement bénéficier d’un éclairage naturel.

Les fenêtres rectangulaires BAI6, BAI11 et BAI20 affichent des caractères stylistiques proches, les deux premières possédant un encadrement mouluré et un fronton. Elles oblitèrent partiellement certaines ouvertures anciennes afin de faire entrer un maximum de lumière depuis l’angle de la rue, où la prise de jour est maximale. Dans le même temps, toutes les baies géminées médiévales sont bouchées.

Enfin, comme l’on montré d’autres études à Montpellier 46 les lattis actuels sont venus masquer les plafonds médiévaux PLC1 et PLC2 au XVIIIe siècle, date à laquelle aurait pu être percée également la petite lucarne BAI24 (voir fig. 2, 9).

Derniers aménagements d’époque contemporaine (XIXe siècle)

L’ultime phase d’aménagement de la cellule n°1 concerne des réfections d’époque contemporaine (XIXe siècle).

Les fenêtres et lucarnes BAI1, BAI2, BAI3, BAI12, BAI16, BAI17, BAI24, BAI21, BAI22, BAI23 ont été percées en oblitérant parfois des ouvertures médiévales ou modernes dans les deux façades MR1 et MR2, en particulier pour la BAI22 qui a vraisemblablement détruit la porte d’entrée de la maison et un arc de boutique.

Conclusion

La brève étude réalisée en juin 2015 sur la maison à l’angle des rues du Vestiaire et du Puits des Esquilles aura confirmé et complété les premières observations effectuées en 2010 sur cette construction médiévale, notamment en précisant sa datation grâce à la dendrochronologie des planchers et arrières-linteaux de baies.

Elle montre que ce bâtiment s’inscrit dans la tradition constructive médiévale montpelliéraine de par ses dimensions, ses aménagements, et ses techniques d’édification, même si l’abondance de baies géminées et les largeurs de planches le singularisent par rapport à d’autres édifices du même type. Les périodes modernes et contemporaines ont malheureusement, ici comme ailleurs, profondément défiguré la construction d’origine, mais sont les témoins de l’évolution des styles et des fonctions de l’habitat qui, siècle après siècle, a dû faire face aux nécessités de son temps.

Annexe

Analyse dendrochronologique de l’Hôtel Richer de Belleval ...

… Frédéric GUIBAL / frederic.guibal@imbe.fr

Introduction

L’analyse dendrochronologique de l’Hôtel Richer de Belleval à Montpellier visait à tirer parti du chantier de restauration générale du bâtiment pour dater l’année d’abattage des arbres utilisés pour la confection d’un ensemble de pièces de bois issues des plafonds et linteaux de fenêtre des premier et second étages. Les prélèvements ont été effectués par carottage manuel à la tarière de Pressler (diamètre ext. 10 mm, diamètre int. 5 mm, 3 filets) sur les pièces de bois en place. L’étude a porté sur un échantillon représentatif des structures suivantes : six solives du plafond du premier étage, un linteau de fenêtre du premier étage, huit solives du plafond du second étage, deux linteaux de fenêtre du second étage. Au total, 30 échantillons ont été recueillis (Fig. 14).

Identification anatomique des essences

Chaque échantillon a fait l’objet d’un examen microscopique de coupes minces réalisées à la lame de rasoir puis montées entre lame et lamelle selon les trois plans traditionnels d’observation (transversal, tangentiel et radial). L’examen au microscope optique des caractères anatomiques visibles sur coupes minces a mis en évidence l’utilisation exclusive du sapin (Abies alba Mill.). Dans la charpenterie des édifices médiévaux et modernes relevant d’un statut élevé en région méditerranéenne, le sapin est, de loin, l’essence la plus fréquemment rencontrée 47 ; cela a été largement vérifié sur des bâtiments de ces périodes à Montpellier 48

Localisation des prélèvements.
Fig. 14 - Localisation des prélèvements.

Analyse dendrochronologique

Les prélèvements d’échantillons ont été multipliés afin de synchroniser le plus grand nombre possible de pièces à l’échelle de l’édifice et de bâtir des chronologies moyennes qui soient les plus représentatives possible. Après un ponçage du plan transversal des carottes destiné à améliorer la lisibilité des cernes (papier émeri de grain x120, x180, x320, x400), les séries élémentaires d’épaisseurs de cernes ont été mesurées avec une précision de 1/100 mm à l’aide de la table à mesurer LINTAB6® RinnTech. Afin d’amoindrir autant que possible l’effet d’éventuelles variations propres à l’orientation sur le tronc, deux séries de mesures ont été effectuées sur les deux rayons opposés par rapport à la moelle, lorsque le débitage de la pièce (bois de brin) le permettait.

Avant de rechercher des synchronismes entre pièces, les séries d’épaisseurs de cerne ont été standardisées. La standardisation permet de réduire les signaux de basse – et moyenne – fréquence propres à une série élémentaire, notamment la décroissance générale de l’épaisseur des cernes avec l’âge et la géométrie du tronc, et accentuer les variations interannuelles (haute fréquence) communes à toutes les séries 49. Une fois transformées en données standardisées, les séries peuvent être comparées deux à deux. Les séries issues d’une même pièce ont été comparées selon les deux approches suivantes afin de rechercher les synchronismes :

  • à l’aide du test de Student t appliqué au coefficient de corrélation intersériel 50 qui quantifie la concordance entre deux séries après que les données brutes eurent été standardisées. Ce test a été appliqué à un indice (indice E) qui rapporte le logarithme de chaque épaisseur de cernes à la moyenne des sept cernes sur lesquels il est centré après avoir éliminé de celle-ci le terme à corriger et les valeurs minimale et maximale de la moyenne mobile 51 ;
  • sur la base de la recherche de cernes ou de séquences de cernes similaires sur les courbes élémentaires de la variation de l’épaisseur des cernes au cours du temps, comparées deux à deux sur l’écran de l’ordinateur.

Après avoir synchronisé les différents rayons de mesures (séries élémentaires) d’une même pièce, la chronologie moyenne propre à chaque pièce a été construite et, de la même façon qu’au cours de l’étape précédente, les synchronismes entre pièces ont été recherchés.

Datation

Douze carottes synchronisées issues de deux solives du plafond du premier étage et de quatre solives du plafond du second étage ont permis de construire une chronologie moyenne (Bel. mn4) longue de 225 années. Cette chronologie moyenne a ensuite été comparée à un ensemble de chronologies de référence représentatives du sapin afin de la dater de façon absolue.

La chronologie moyenne Bel.mn4 synchronise de façon répliquée sur la période 1030­1254 avec la chronologie de référence AM6 bâtie sur un ensemble d’édifices de la région méditerranéenne, majoritairement localisés dans l’Aude, l’Hérault, le Gard et le Vaucluse (t = 11.85). Des réplications ont été obtenues avec les références de sapin de Lorraine, Franche-Comté et Suisse. Ces concordances statistiques sont confirmées par une très bonne concordance visuelle des courbes de croissance (Fig. 15).

Synchronisation graphique de la chronologie moyenne Bel.mn4 (rouge) et de la chronologie de référence AM6 (bleue)
Fig. 15 - Synchronisation graphique de la chronologie moyenne Bel.mn4 (rouge) et de la chronologie de référence AM6 (bleue). Les chronologies sont exprimées en données standardisées.

Conclusion

Les années terminales des solives datées (Fig. 16) ne traduisent pas l’année d’abattage des arbres. En effet, l’absence de l’écorce et l’équarrissage systématique subi par les grumes sont les indices de l’élimination des cernes externes, dont le nombre varie d’un arbre à l’autre et est difficile à estimer avec précision vu que, chez le bois de sapin, l’aubier, une fois sec, ne se distingue plus du duramen. Au vu des différentes dates terminales notées pour les carottes datées, l’équarrissage a, dans l’ensemble, amputé les grumes d’un nombre de cernes parfois très élevé.

La date terminale de 1254 pour la carotte (MRB19) qui termine la chronologie moyenne Bel.mn4 ne correspond pas davantage à l’année d’abattage du sapin dans laquelle la solive a été délignée. Compte tenu de l’épaisseur moyenne (˜50/100 mm) des cernes localisés à la périphérie de cette solive, il apparaît que la perte d’une dizaine de millimètres externes correspondrait à un nombre de cernes compris entre 20 et 30, ce qui entraînerait un abattage des sapins vers le milieu de la deuxième moitié du XIIIe siècle.

Bloc-diagramme des 12 carottes synchronisées.
Fig. 16 - Bloc-diagramme des 12 carottes synchronisées.

NOTES

1. Fabre, Ghislaine, Lochard, Thierry, « Montpellier », in Gauthiez Bernard, Zadora-Rio Elisabeth, Galinie Henri, Village et ville au Moyen Âge : les dynamiques morphologiques, Collection perspectives « Villes et Territoires » n°5, Tours, Maison des Sciences et de l’Homme, 2003, vol. 1, p. 134.

2. Fabre, Ghislaine, Lochard, Thierry, Morphogenèse de Montpellier (XIe-XIIe siècle), Fabre, Ghislaine, Bourin Monique, Caille Jacqueline, Debord André (sous la dir. de), Morphogenèse du village médiéval (IXe-XIIe siècles), Actes de la table ronde de Montpellier 22-23 février 1993, Millau, Inventaire Général des Monuments et des Richesses Artistiques de la France, Cahiers du patrimoine, 1996. Fabre, Ghislaine, Lochard, Thierry, « Montpellier », op. cit., vol. 1, 132, 133.

3. Caille Jacqueline, « L’élan urbain en Languedoc du XIe au XIVe siècle. L’exemple de Narbonne et de Montpellier », Archéologie du Midi Médiéval, t. 13, 1995, p. 83.

4. Fabre, Ghislaine, Lochard, Thierry, « Montpellier », op. cit., vol. 1 p. 133.

5. Sournia, Bernard, L’Hôtel de Belleval, élément d’une histoire, DAEDALUS Architecture, Montpellier, 2010, p. 1. Non publié.

6. Fabre, Ghislaine, Lochard, Thierry, « Montpellier », op. cit., vol. 1, p. 136 ; vol. 2, Fig. 4, 109.

7. Caille Jacqueline, op. cit., p. 88.

8. Fabre, Ghislaine, Lochard, Thierry, « Montpellier », op. cit., vol. 1, 133.

9. Ibid.

10. Sournia, Bernard, op. cit., p. 3, 4.

11. Caille Jacqueline, op. cit., p. 84, 89.

12. Fabre, Ghislaine, Lochard, Thierry, « Montpellier », op. cit., vol. 1, p. 134.

13. Sournia, Bernard, L’Hôtel de Belleval, op. cit. ; Russo, Federico, Sournia, Bernard, Etude patrimoniale, hôtel Richer de Belleval, DAEDALUS Architecture, Montpellier, janvier-mai 2010, p. 1-56. Non publié.

14. Sournia, Bernard, op. cit., p. 4-6 ; Sournia, Russo op. cit., 2, 3, 25.

15. Architecte responsable du projet : F. Fiore.

16. Le montant d’une baie géminée BAI5 faisant partie de la baie sextuple BAI4 est conservé.

17. « De l’examen des vestiges conservés, mais aussi de l’iconographie, ressort l’hypothèse communément retenue que de simples volets pleins, constituèrent longtemps le mode de fermeture le plus courant des fenêtres médiévales. La présence de gonds métalliques dans les baies attestent leur usage au milieu du XIIe siècle, sans qu’on ait de certitude pour les époques antérieures. Aisément imaginables dans le cas de simples fenêtres géminées, il faut bien admettre que l’agencement de ces volets pleins, quant au détail de leurs articulations, reste sujet à conjectures dès lors qu’il s’agit de la fermeture d’amples claires-voies ou de larges fenêtres à colonnettes multiples. En excluant l’éventualité de cadres dormants, le scellement direct des gonds dans les tableaux implique des vantaux libres, attachés par de simples pentures métalliques et n’offrant qu’une étanchéité approximative » (Séraphin, Gilles, Les fenêtres médiévales : état des lieux en Aquitaine et en Languedoc, La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France, Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, hors série, 2002, p. 192).

18. L x H : 0,48 x 0,30 m ; 0,51 x 0,31 m ; 0,50 x 0,28 m.

19. Sournia, Bernard, op. cit., p. 4.

20. Ibid., p. 5.

21. Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, « Restitution de la demeure médiévale montpelliéraine », Archéologie du Midi Médiéval, t. 5, 1987, p. 145, Fig. 4.

22. Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, Montpellier : la demeure médiévale, publication de l’Inventaire Général n°1, Paris, Imp. Nationale, 1991, p. 51, Fig. 17.

23. Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, « Restitution de la demeure… », op. cit., p. 145, Fig. 4c ; Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, « Montpellier (Hérault), XIIIe-XIVe siècles, Petite maison en pierre à un étage sur boutique, 7 rue de l’Université (parcelle HR92), conservée en élévation », Esquieu, Yves, Pesez, Jean-Marie (dir.), Cent maisons médiévales en France (du XIIe au milieu du XVIe siècle). Un corpus et une esquisse, Monographie du CRA, n°20, Paris, CNRS, 1998, p. 190, Fig. 83. Au n°7 de la rue de l’Université la baie double murée visible au premier étage était probablement quadruple à l’origine, moitié amputée par l’actuelle fenêtre contemporaine.

24. Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, « Montpellier (Hérault), XIIIe-XIVe siècles, Grande maison en pierre à trois étages dans un quartier marchand, 3 rue de la Vieille (parcelle HT13), conservée en élévation », Esquieu, Yves, Pesez, Jean-Marie (dir.), Cent maisons médiévales…, op. cit., p. 197, Fig. 92 ; p. 198.

25. Quelques rares exemples de baies sextuples existent, notamment en Dordogne : « Les logis médiévaux du Périgord affirment leur identité, durant toute la première moitié du XIIIe siècle encore, par une multiplication des colonnettes poussée jusqu’à la sophistication : des formes sextuples sont observables à Bigaroque et à Comarque » (Séraphin, Gilles, op. cit., p. 151, Fig. 6).

26. « L’aula, la salle, était donc l’espace d’apparat par excellence : dans toute bonne maison (et tel est le cas ici) elle regardait nécessairement vers la rue et, si possible, vers l’endroit le plus dégagé de la rue. L’on cherchait toujours à l’orienter le plus près possible d’un carrefour (s’il y en avait un à proximité) c’est-à-dire vers l’endroit susceptible d’apporter la plus abondante lumière. Avoir la possibilité de localiser la salle sur l’angle, comme ici, a offert l’aubaine exceptionnelle de faire entrer la lumière par deux faces (sans parler de celle que l’on pouvait encore capter côté cour). De plus, devant la maison, la rue s’élargit pour former un petit dégagement, ce que l’on appelle à Montpellier un plan qui apporte à la maison un surcroît non négligeable d’air et de lumière. Dans tout bon ostal, la salle était, de toutes les pièces, celle dont le fenestrage était le plus développé en taille et en richesse décorative. C’étaient des claires-voies, parfois fort hautes, pouvant comporter jusqu’à six ou sept fenêtres à la file avec remplages à trilobes, rosaces, etc. » (Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, L’ostal des Carcassonne, la maison d’un drapier montpelliérain du XIIIe siècle, collection DUO Monument Objets, DRAC Languedoc-Roussillon, 2014, p. 27).

27. On sait toute la difficulté qu’il y a à restituer la plupart du temps les systèmes de fermeture des ouvertures médiévales : ainsi, « la disparition quasi générale des dispositifs de fermeture contraint à en aborder l’étude par déduction, à partir des rares traces qu’ils ont laissées sur leurs supports maçonnés et en présupposant une adéquation de la fonction et de la forme. Mais les fonctions multiples allouées à « la fenêtre » dans l’organisation de l’habitation, si on ne les réduit pas à la seule satisfaction de la nécessité d’éclairement, sont de nature à compliquer la problématique. Condition nécessaire, la présence d’une feuillure établissant la distinction entre tableaux extérieurs et tableaux d’embrasure implique, en principe, que la fermeture de la baie fut prévue, mais pas pour autant que cette fermeture fut effectivement mise en place. Le plus souvent, la présence des gonds et parfois celle des douilles de verrouillage, à supposer qu’ils soient d’origine, constituent les seuls indices décisifs et, presque toujours, sont les seuls susceptibles de nous renseigner sur les anciens dispositifs de fermeture » (Séraphin, Gilles, op. cit., p. 192).

28. « À cette époque, et ce sera le cas encore au XVIIe siècle, la plupart des manoirs et des maisons rurales, comme sans doute les élévations secondaires des maisons urbaines, se contentaient encore de simples volets pleins. Davantage que le coût du verre, il semble en effet que la difficulté de fixer la vitre dans des châssis ouvrants, suffisamment stables pour en assurer la pérennité, ait longtemps limité la diffusion de la vitre au sein des fenêtres médiévales. De fait, c’est à l’époque où les croisées dormantes de bois commenceront à remplacer les anciennes croisées de pierre que se généralisera l’usage des châssis » (Ibid., p. 195).

29. « L’hypothèse revenant à relier ces bannes, dont les supports continuaient les lignes d’imposte, aux vitrages fixes qu’elles auraient complétés en partie basse des fenêtres est séduisante et sans doute proche de la réalité. Elle est induite entre autres par l’absence remarquable des supports de bannes à Montpellier et Béziers et dans l’ensemble des régions où s’imposèrent les remplages aveugles » (Ibid., p. 197, 198).

30. Ep. : 0,07 à 0,14 m ; H : 0,23 à 0,27 m.

31. « Les deux fenêtres géminées du premier étage sont groupées en claire voie. Il n’y avait manifestement qu’une salle à ce niveau. Au second étage il devait y avoir deux pièces, l’une éclairée par deux fenêtres géminées, l’autre par une seule » (Sournia, Bernard, op. cit., p. 4).

32. Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, Montpellier (Hérault), XIIIe-XIVe siècles, Petite maison en pierre à un étage, 14 rue de l’Amandier (parcelle H180), conservée en élévation, Esquieu, Yves, Pesez, Jean-Marie (dir.), Cent maisons médiévales…, op. cit., p. 192.

33. Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, « Restitution de la demeure… », op. cit. p. 144, 145.

34. Ibid., p. 149, 150.

35. Ibid., p. 149.

36. Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, « Trois plafonds montpelliérains du Moyen Âge », in Bourin, Monique, Bernardi, Philippe (études réunies par), Plafonds peints médiévaux, actes du colloque de Capestang, Narbonne, Lagrasse, 21-23 février 2008, Presses Universitaires de Perpignan, 2009, p. 152.

37. La morphologie des plafonds PLC1 et PLC2 se rapproche fortement de ce modèle.

38. Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, « Trois plafonds montpelliérains… », op. cit., p. 160.

39. Ibid., p. 154.

40. Ibid., p. 158.

41. Les planches étudiées font partie du plancher d’origine et sont donc contemporaines des solives. En effet, les rares réparations de cette structure utilisent d’autres types de planches, étroites et claires, aisément discernables.

42. Sauget, Jean-Michel, « Datation et typochronologie de l’habitat rural de la plaine languedocienne : pièges chronologiques et familles recomposées », In Situ, p. 9, Fig. 10, 11 [En ligne], 9 | mis en ligne le 18 avril 2012, URL : http://insitu.revues.org/3895 ; DOI : 10.4000/insitu.3895. (consulté le 3 juillet 2017).

43. Russo, Federico, Sournia, Bernard, op. cit., 2010, p. 2, 4.

44. Sournia, Bernard, Vayssettes Jean-Louis, Montpellier : la demeure classique, Cahiers du Patrimoine n°38, Paris, Imprimerie nationale, 1994, p. 41, Fig. 19 ; 103, Fig. 86.

45. Sauget, Jean-Michel, op. cit., p. 10, Fig. 13.

46. « Ce type de plafonds peints, d’importantes dimensions et de facture luxueuse, est lié aux grandes demeures patriciennes montpelliéraines. Ils ont été généralement dissimulés, à partir du XVIIIe siècle, sous des plafonds de plâtre sur lattis, qui procurent une meilleure réflexion de la lumière dans les intérieurs » (Sournia, Bernard, Vayssettes, Jean-Louis, « Trois plafonds montpelliérains… », op. cit., p. 158).

47. Bouticourt, Emilien, Guibal, Frédéric, Actualité de la recherche sur les charpentes et plafonds peints méditerranéens en Provence : études dendrochronologique et archéologique, in Bernardi Philippe, Mathon Jean-Bernard (dir.), Aux sources des plafonds peints médiévaux, Provence, Languedoc, Catalogne, 2011, p. 79-92. Bouticourt, Emilien, Guibal, Frédéric, « Dendrochronologie des charpentes et plafonds peints médiévaux en région méditerranéenne », Actes du Colloque Panorama de la dendrochronologie en France, 8-10 oct. 2009, Digne-les-Bains, 2010, Collection EDYTEM, 11, p. 145-150.

48. Bouticourt, Emilien, Charpentes méridionales. Construire autrement : le Midi rhodanien à la fin du Moyen Âge, Ed. Honoré Clair, Arles, 2016.

49. Langouët, Loïc, Giot, Pierre, La datation du passé. La mesure du temps en archéologie. G.M.P.C.A. éd., Suppl. Revue d’Archéométrie, 1992.

50. Baillie, Michael G., Pilcher Jon R., « A simple crossdating program for tree-ring research », Tree-Ring Bulletin, t. 33, 1973, p. 7-14.

51. Lambert, Georges-Noël, Lavier, Catherine, « L’étalon de datation dendrochronologique Bourgogne 29 », Les veines du temps. « Lectures de bois en Bourgogne », Catalogue d’exposition, 1992, p. 123-156. Lambert, G.-N., « La dendrochronologie, mémoire de l’arbre », La datation en laboratoire, Collection « Archéologiques », Errance éd., Paris, 1998, p. 13-69.