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Description

L’itinéraire singulier d’un franc-maçon : Jean-Jacques Martin (1862-1955)

La région de Béziers a fourni un terroir fécond à la Franc-Maçonnerie, notamment pour le Grand-Orient de France. On pense, aussitôt, à Louis Lafferre, homme politique et haut dignitaire maçon. Professeur du lycée biterrois, radical nettement axé à gauche, il a été longtemps parlementaire (député 1898-1919, sénateur 1920-24, deux fois ministre 1910-11 et 1917-20). Pendant une vingtaine d’années, il domina la vie politique de la région. De plus, au sein du G.O., il porta les plus hautes responsabilités. Il présida aux destinées de son obédience, lors du « triomphe temporel de la maçonnerie », notamment au moment de l’Affaire des fiches (1904-05) et en 1907-09, donc à « l’époque la plus faste mais aussi la plus controversée de son histoire » (D. Ligou, Histoire des F.M. en France). On peut ajouter Antoine Moulin, autre professeur de ce lycée, conseiller général, père de Jean Moulin, le Résistant, Louis Dupré, journaliste qui devint vice-président du Conseil de l’Ordre, Louis Malbosc, enseignant, mort en déportation, dont la famille compte plusieurs hauts dignitaires, et même Georges Fontès, actuel maire de Béziers.

Par-delà ces personnalités célèbres, on gagnerait à mettre en évidence d’autres hommes de moindre importance. Des archives privées, bien conservées par une famille biterroise permettent d’évoquer l’existence bien remplie de Jean-Jacques Martin et, ce qui est plus étonnant, de révéler son autobiographie maçonnique. Il mit à profit les loisirs de sa verte vieillesse pour rédiger ses nombreux travaux et souvenirs.

Une vie profane bien remplie

J.-J. Martin, né (1862) à Faugères, mort (1955) à Béziers, a vécu dans le département de l’Hérault.

Ce protestant libéral offre le profil parfait de l’instituteur IIIe République. Issu d’une école primaire protestante (à Faugères), puis d’une école normale protestante (à Mens, Isère, 1878-81), il entre dans l’école, nouvellement laïcisée, de Jules Ferry en 1881. Enseignant de grande valeur, à la discipline rigoureuse (fortement appréciée, alors !), d’abord rural (Cournonterral près Montpellier ; Gigean), puis urbain (Lodève et surtout Béziers), il couronne sa carrière comme directeur de l’école Lakanal, dans le quartier populaire du Capnau (1912-19).

Son activité éducative déborde souvent le strict cadre scolaire. Ainsi, à Cournonterral, il créa une véritable Université Populaire, glanant une médaille d’or à l’Exposition Internationale de Paris (1900) ; il présenta, avec un professeur de l’École d’Agriculture de Montpellier, Lagatut, une monographie de la Commune. Occitaniste, il correspondit avec Mistral et reçut une distinction de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse.

Retraité actif, fondateur de la célèbre société de gymnastique, la Vigilante, il présida (1926) la société de secours mutuel « la communion protestante », l’Amicale laïque de Béziers, l’Union des Délégués Cantonaux de l’arrondissement Béziers-SaintPons. Il fut encore un des créateurs des Patronages communaux laïques de Béziers, qu’il dirigea de 1922 à 1946, de sa 60e à sa 84e année.

Une riche expérience maçonnique

Initié dans la Maçonnerie en 1901, J.-J. Martin en gravit tous les grades et y remplit de nombreuses fonctions jusqu’en 1932. Ses dernières années le verront en froid avec le G.O. Il revient à l’Église réformée de France où il assume des responsabilités locales.

Il emplit des cahiers de notes, soigneusement composées et rédigées. Ainsi, détaille-t-il minutieusement son expérience maçonnique au long de 128 pages, qui seront analysées succinctement ci-après, qu’on complètera de quelques détails puisés dans les autres cahiers retrouvés. Le titre porte : « 40 ans de maçonnerie ». Il fut rédigé d’octobre à décembre 1941. Le ton varie, de l’enthousiasme, notamment dans ses débuts à Montpellier ou lorsqu’il accède aux Ateliers Supérieurs, jusqu’aux critiques parfois très vives, surtout adressées aux loges biterroises, avant le « demi-sommeil » et le « sommeil » final. Le tout est traversé par le climat de semi-persécution qui atteint déjà les maçons au début de l’Occupation. D’où le ton dramatique ses critiques ne vont jamais jusqu’à désavouer ses frères dans le malheur et à qui il doit beaucoup. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1987

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Paul PISTRE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf