Description
Les vignerons du Midi et la réglementation française
du marché des vins de consommation courante (V.C.C.) 1907-1970
Parce que « l’on ne boit pas sa vendange comme l’on mange sa moisson », le vigneron s’est précocement ouvert au marché qui conditionne son « entrée de numéraire » au sein d’une économie dominée par la nécessité d’assurer la subsistance familiale.
Lorsque les vignerons du Midi se sont convertis, massivement, à la monoculture, c’est toute leur existence qu’ils ont rivée aux exigences d’un marché en passe de devenir leur unique source de revenus.
A l’euphorie des commencements, ont vite succédé désillusions et, pire encore, déceptions. L’ »âge d’or » a été particulièrement bref, le temps de croire que l’enrichissement facile serait l’apanage des plus audacieux. Faut-il rappeler que, dès la reconstitution postphylloxérique, le Midi a été confronté à de successives et lourdes épreuves sur le marché : la concurrence du vin fraudé est venue ruiner bien des espoirs de populations légitimement bénéficiaires de la nouvelle situation. Dans le cadre du marché commun national constitué dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, les Languedociens avaient en effet été les récipiendaires d’une « rente de position » géographiquement constituée en leur faveur. Rente qui n’avait pas manqué d’aiguiser les appétits les plus voraces en quête d’enrichissement au moins autant rapide que massif.
La sonnette d’alarme n’avait pas tardé à résonner dans le vignoble languedocien. Les événements sont connus : encombrement des marchés, effondrement des prix, ruine des producteurs signifiée par le passage de l’huissier, en même temps qu’annonces provocatrices, dans les média, de « fabricants de vins » à prix alléchants pour recettes « miracles » : eau, tannin, raisins secs, acide tartrique et autres…
De quoi susciter une réaction immédiate. Et celle-ci fut fulgurante. Elle se résume en une volonté d’autodéfense à faire légaliser par le Parlement. Une « première » sous la Troisième République. Et celle-ci mérite, en conséquence, une attention toute particulière.
Halte aux vins fraudés !
La pénurie consécutive aux ravages du phylloxéra avait incité producteurs, négociants et détaillants peu scrupuleux à mettre sur le marché des « boissons » non recommandables. La première loi à venir protéger le consommateur est votée dès 1889 : la loi Griffe exige l’affichage, par étiquette, de la nature du produit vendu sous le nom de « vin ». Louable dans son intention, la nouvelle disposition s’est cependant bien vite révélée insuffisante pour décourager les fraudeurs du Bercy. D’autres lois sont promulguées en faveur des vignerons : la fabrication des vins de raisins secs, soumise à des droits spéciaux (1890) est assujettie aux droits sur l’alcool. La loi Brousse (1892) autorise la surveillance des marchands et dépositaires de sucre. Cette législation, pourtant précise, n’entrave pas, en l’absence de sévères sanctions, la circulation de « breuvages » tolérés en période de crise mais irrecevables au terme de la reconstitution du vignoble français. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2005 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Geneviève GAVIGNAUD-FONTAINE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |