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Description

Un lignage lodévois et ses archives :

Les Peyrottes de Soubès aux Archives départementales de l’Hérault

*attaché principal de conservation du Patrimoine,
chef du service Archives anciennes et privées aux Archives départementales de l’Hérault
**adjoint du Patrimoine principal

En février 2011 la famille Guinard, prend contact avec les Archives départementales de l’Hérault afin de leur confier les archives de la famille Peyrottes de Soubès, qui depuis le début du XIXe siècle, étaient conservées dans la propriété familiale du château de Grabels. Ce fonds de famille et de seigneuries concernant essentiellement le Lodévois, peu connu des historiens et quasiment inexploité depuis de nombreuses décennies, était alors conservé dans des coffres et des caisses, depuis le mariage du dernier héritier mâle de la famille en 1812 avec Marguerite de Solas, fille du marquis de Solas et propriétaire du château de Grabels. Ce fonds d’archives de 4,70 mètres linéaires, conservé en sous-série 192. J., comprenant nombre de pièces remarquables, datant pour certaines du XIIIe siècle, est enfin accessible à la recherche et désormais doté d’un instrument de recherche détaillé depuis le début de l’année 2019.

La présente communication entend présenter l’ascension sociale de la famille Peyrottes, ses alliances, les seigneuries du Lodévois (qui peuvent être désormais étudiées plus en détail) ainsi que la composition du fonds d’archives. À titre plus personnel, elle permet également de concrétiser enfin une promesse donnée à Jean Nougaret en 2012 de proposer un article scientifique sur ce fonds exceptionnel dans les colonnes d’Études héraultaises, après le classement du fonds.

La famille Peyrottes de Soubès ou l’ascension d’un lignage du Lodévois

La famille Peyrottes, puis Peyrottes de Soubès

La famille Peyrottes réside, au début du XVe siècle, au Caylar d’Alajou (Le Caylar) où elle pratique activement le négoce. Son premier représentant cité dans les archives est Guilhem Peyrottes, qui serait né vers 1410. Guilhem Peyrottes a au moins quatre garçons et une fille (Isabeau).

Parmi ses garçons, trois d’entre eux embrassent la carrière ecclésiastique : Pierre Peyrottes [I.A], bachelier en droit, est chanoine du chapitre de Burlats (diocèse de Castres), Géraud Peyrottes [I.A] est recteur de l’église paroissiale Saint-Martial-du-Puy (diocèse de Castres) et Antoine Peyrottes est bénéficiaire de l’église de Lodève.

André Peyrottes [I.C], quatrième fils de Guillaume, poursuit avec succès les affaires commerciales de son père et épouse en 1460 Brayde Guy, fille de Berthomieu Guy, marchand fortuné du Caylar. Accroissant considérablement la fortune familiale, il reçoit en août 1506 des lettres de noblesse attribuées par Louis XII, et, en 1507, s’implante durablement à Soubès en achetant les droits sur la coseigneurie de Soubès que détient Arnaud Cahuzac, lui-même héritier de la famille Feton, une des principales familles seigneuriales du lieu au Moyen-Age. La famille Peyrottes, désormais noble, s’assure ainsi la possession d’une seigneurie du Lodévois et des revenus qui y sont liés. Après avoir testé, André Peyrottes meurt en août 1510 ; son épouse lui a donné six filles et trois garçons.

Parmi les garçons d’André Peyrottes, Guillaume Peyrottes [II.B], fils cadet, est, au début du XVIe siècle, chanoine, puis doyen de l’église collégiale Saint-Pierre de Burlats, avant de devenir chanoine de la cathédrale de Lodève. En 1512, il achète la terre et seigneurie de Cazilhac, près de Lunas, puis en 1517 les droits du chapitre de Lodève sur Cazilhac. Son frère aîné, Étienne Peyrottes [II.A], coseigneur de Soubès, épouse en 1503 Catherine Delorme, fille d’un marchand aisé de Gignac ; au décès de son père André Peyrottes, en 1510, Étienne Peyrottes recueille l’intégralité des héritages familiaux, puis, lors du décès de son frère Guillaume, la seigneurie de Cazilhac. Étienne Peyrottes a deux garçons (Michel et Pierre) et deux filles (Jacquette et Jeanne [III.C], qui s’allient respectivement aux familles Rosset et du Caylar, seigneur d’Espondeilhan).

Michel Peyrottes [III.A], qui se fait désormais appeler Michel de Peyrottes, coseigneur de Soubès, seigneur de Cazilhac, est viguier de l’évêque de Lodève. Il épouse en 1532 Alayssette de Forès, fille de Philippe de Forès, seigneur de Carlencas et Levas. Michel de Peyrottes dispose d’une fortune personnelle bien assise et conforte son pouvoir à Soubès en acquérant en 1563 les droits subsistant à l’évêque dans cette seigneurie. Son pouvoir local grandissant fait rapidement ombrage aux droits de la famille Carcassonne, qui tient également la coseigneurie de Soubès, et c’est au cours des années 1550 que les deux familles commencent à s’affronter, d’abord juridiquement, puis par les armes, cherchant à s’assurer l’une et l’autre la primauté sur la seigneurie (le conflit persiste au fil des générations). Le couple a au moins quatre fils, dont deux seulement, Jehan [IV.B], prêtre à Lodève, et Raymond, ont laissé des actes dans le fonds d’archives familiales. Pierre de Peyrottes [III.B], frère de Michel, après avoir étudié à l’université de Paris, poursuit une carrière ecclésiastique, comme chanoine prébendé de l’église collégiale Saint-Pierre de Burlats. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2019

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Julien DUVAUX, Nicolas GIBERT

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf