Les mutineries de 1917 dans les témoignages héraultais

*Professeure agrégée d’histoire, doctorante en histoire contemporaine,
Université Paul Valéry-Montpellier 3, CRISES

« Il paraît que en Champagne les régiments ne veulent plus marcher … » 1

De l’extrême fin du mois d’avril à la fin du mois de juillet 1917, l’armée française est affectée par un vaste mouvement de désobéissance collective qui accompagne d’autres formes de protestations. Chaque jour, au moins une dizaine de régiments engagés sur le front connaissent sur l’arrière-front des manifestations de soldats qui refusent de se battre, réclament la paix, selon des expressions et des modalités très variées. Ces mutineries dans l’armée française – et au-delà – ont fait l’objet d’études conséquentes 2. André Loez, qui a récemment revisité cette question en utilisant les outils de la sociohistoire pour se placer au plus près des acteurs 3 souligne qu’aujourd’hui encore, parmi les « deux seuls courts textes qui racontent l’expérience de l’intérieur d’une mutinerie » 4 publiés, se trouve celui de Louis Barthas, le tonnelier du Minervois, mobilisé dans le 296e RI cantonné à Béziers dans lequel se trouvaient beaucoup d’Héraultais 5. Ce témoignage a par ailleurs démontré de façon implacable l’importance des écrits des soldats en tant que source d’informations factuelles aux côtés des sources militaires comme les JMO (Journal de marche des opérations) puisque dans la thèse de Guy Pedroncini, parue en 1967 qui était la première à faire des mutineries un objet d’étude, aucun régiment méridional, à l’exception du 143e RI de Carcassonne-Castelnaudary, n’était cité parmi ceux qui s’étaient révoltés 6 ce qu’infirma le témoignage du caporal socialiste.

Dans le contexte singulier des opportunités créées par le Centenaire concernant l’accès inédit à de nouvelles sources privées, il devenait alors tentant de se pencher sur d’autres témoignages inédits d’Héraultais pour aussi éventuellement déterminer s’il existait une spécificité méridionale. Cette étude s’appuiera donc sur un corpus aussi précis que très limité de traces parvenues jusqu’à nous. Entre expériences, échos et silences, que disent ces écrits du « moi » et quels éclairages peuvent-ils apporter ?

Élaboration et présentation du corpus

Puisque toute source à la limite peut constituer « un témoignage », il s’agit d’abord de définir le concept. Ici, il s’agira de tout écrit ou récit personnel relatif à la guerre, dont les événements relatés ont été vécus par leurs auteurs et visent à documenter volontairement les évènements dans un souci de véracité, qu’ils soient donc, pour reprendre l’expression de Charlotte Lacoste, « porteurs de l’intention de témoigner de la part de l’auteur » 7 dans l’espace public ou privé. Ont donc été retenues ici des Mémoires (Pierre Justin Bellet, Philomen Mioch, Jacques Victor Robert) rédigées plus ou moins longtemps après le conflit, des carnets de soldats (Pierre Caizergues, Jean Cros, Emile Jourdan) et des correspondances (Jean Etienne Gout, Joseph Sigal). (Fig. 1) (Fig. 2)

Carnet du Commandant Robert, 1873 - 1957. (ADH, Grande Collecte 14-18, Fonds Victor Robert 62 PRI 1)
Fig. 1 - Carnet du Commandant Robert, 1873 - 1957.
(ADH, Grande Collecte 14-18, Fonds Victor Robert 62 PRI 1)
Les souvenirs de guerre de Justin Bellet, 1885 - 1971. (Publiés par les Amis de Montagnac en 2009)
Fig. 2 - Les souvenirs de guerre de Justin Bellet, 1885 - 1971.
(Publiés par les Amis de Montagnac en 2009)

Le deuxième critère utilisé pour l’élaboration du corpus a donc été celui du lien géographique des auteurs au département de l’Hérault. En plus de quelques bribes traquées dans la thèse de Jules Maurin 8, seuls les récits de Philomen Mioch et de Justin Pierre Bellet ont été publiés à une échelle départementale. Les autres sont conservés dans les fonds d’archives. Profitant des initiatives lancées à l’échelle nationale par la Mission du Centenaire et notamment du succès de la Grande Collecte organisée à partir de 2013-2014, le second vivier se trouve sur le site des archives départementales de l’Hérault qui ont mis en ligne de riches collections numérisées classées par auteur et par unités sous le titre « Guerre 1914-1918 ». Pour lancer la quête, ont donc été entrées les occurrences de recherche ; « mutineries » et « mutin », « défaitisme », « révolte », « rébellion », « 1917 », « désertion » et « insoumission », puis ont été effectués quelques sondages aléatoires supplémentaires dans vingt-huit récits en privilégiant les régiments de fantassins, de génie et d’artilleurs. Il en est ressorti quatre récits (Jacques Victor Robert, Pierre Caizergues, Jean Cros et Emile Jourdan). Enfin se sont rajoutées la correspondance échangée par l’ouvrier Joseph Sigal avec son épouse Marie ainsi que les quatre lettres envoyées à sa sœur par le capitaine au long cours, Jean Étienne Gout, qui forment deux lots privés déposés aux archives municipales d’Agde. C’est dire si la collecte a été limitée mais elle n’a pas été totalement vaine, d’autant qu’il apparaît qu’en 1917, beaucoup de correspondances se sont déjà arrêtées pour diverses raisons : le soldat a été tué ou a été réformé ou encore hospitalisé, le fonds est en partie incomplet, le témoignage s’arrête sans raison explicitée. Mais on constate également que de nombreux soldats héraultais sont à ces dates en permission, peut-être non sans raison, en formation, ou en Orient, front pour lequel où ne trouve d’ailleurs aucune trace héraultaise de récit des mutineries mais où les Héraultais ont été très nombreux a être envoyés. La présentation des huit textes disponibles et de leurs auteurs est synthétisée dans le tableau ci-dessous.

Si la faiblesse numérique de ce corpus interdit de viser à quelque représentativité de la société que ce soit, elle vient cependant, au regard des centaines d’écrits mis en ligne par les ADH, confirmer le constat d’André Loez selon lequel « la mutinerie s’écrit et se décrit peu » 9, soulignant le silence durable des mutins. Il a d’ailleurs noté que ce silence contrastait avec le nombre relativement important de récits de mutins de 1907, omettant au passage qu’à l’exception de celui de Joseph Fondecave, l’essentiel de ces écrits portent sur l’expérience de l’exil tunisien et non sur la révolte des 20 et 21 juin 1907. En effet, le caporal de Bélarga explique avoir préféré détruire à Gafza un lot de correspondances qui auraient pu lui porter préjudice car il se sentait isolé voire en danger face au risque d’une enquête militaire sur les origines de la mutinerie 10. L’indiscipline militaire coûte certes moins cher en temps de paix qu’en temps de guerre, mais elle n’est jamais sans conséquences, en cela l’expérience des soldats héraultais n’échappe pas à la règle.

Le mouvement massif de désobéissance collective de 1917 s’inscrit cependant dans le prolongement du long continuum des refus de la guerre esquissés mais inaboutis depuis 1914 et l’ample déploiement de la palette des formes d’évitement du danger est lui très présent sous la plume des témoins, tout comme l’aspiration à la paix, qu’il s’agisse de toutes les formes légales, des plus aléatoires aux plus complexes, ou même des formes illégales.

Ainsi des fantassins qui constatent rapidement que les formes prises par les combats font de l’infanterie l’arme de loin la plus meurtrière, cherchent à changer d’arme ou à rejoindre les bureaux. Ils visent aussi, sans changer de corps, l’obtention de postes plus protégés ou moins exposés même en premières lignes comme ceux de convoyeurs, brancardiers, musiciens, cuisiniers voire ordonnance du capitaine par exemple. Ils deviennent encore volontaires pour l’armée d’Orient ou pour suivre une formation d’officier, ce qui les renvoie au dépôt ou plus en arrière les écartant du danger du moins pour un temps. Certains – ou les mêmes à d’autres périodes – évitent à l’inverse d’être volontaires lorsqu’ils sont dans les dépôts de l’arrière pour partir en première ligne. Lorsqu’ils sont affectés au Maroc, des soldats se réjouissent d’y rester. Il en va de même de l’obtention ou du prolongement de convalescences ou de permissions de toutes natures. Les classes les plus âgées, elles, aspirent à un détachement agricole, une affectation spéciale voire à un sursis. D’autres choisissent de rester prisonniers quand ils pourraient rentrer au titre des rapatriements sanitaires. Toutes ces initiatives restent légales et se multiplient à partir du printemps 1915. Dans la durée du conflit on peut voir aussi apparaître des modalités plus politiques, des ruptures de « l’Union sacrée » comme ne pas donner aux œuvres de guerre ou refuser de participer aux emprunts nationaux pour hâter la fin du conflit.

Les voies illégales sont plus rares mais également empruntées, parfois très fréquemment, comme prolonger les permissions au-delà de leur limite. Choisir l’insoumission, voire la désertion à l’arrière ou au front peut coûter socialement mais aussi pénalement très cher en cas d’échec et s’avère exceptionnel. Pierre Bellet et Joseph Sigal sont ainsi tous deux témoins, pour la déplorer, de l’exécution du Marseillanais Félix Milhau ainsi que de trois autres soldats du 96e RI, le 22 mai 1916, pour des faits de désobéissance survenus dans les tranchées du Chemin des Dames le 30 avril 1916 11 jugés par un tribunal de guerre 12. Ainsi, Joseph Sigal rapporte à son épouse :

« Le temps est toujours bien beau ici, c’est dommage de faire la guerre avec un temps pareil surtout pour ce que ça sert rien que pour faire tuer des hommes. Ce matin on en a fusillé 4 du 96e, les Boches n’en tuent pas assez, il faut encore se tuer entre Français. C’est honteux de voir des choses pareilles. Enfin qu’y faire, c’est comme cela, ils font bien de nous ce qu’ils veulent. » 13

Justin Bellet consacre un long passage à l’évènement pour en déplorer lui aussi l’issue et critiquer la justice militaire :

« Tout retomba sur quatre soldat du 96e qui furent exécutés après un jugement qui n’est pas en faveur de la justice militaire (…) jugement inique » 14.

Mais en 1917, c’est de désobéissance collective qu’il s’agit. L’année représente un tournant parce que des combattants dénoncent ensemble la guerre et arrêtent de la faire dans un contexte événementiel très dense ou l’idée de paix commence à s’exprimer publiquement y compris dans le champ politique par la voix de quelques socialistes. Ce refus de se battre prend plusieurs aspects. Ainsi, au front, si les départs non autorisés n’ont jamais cessé depuis le début du conflit, ils atteignent en 1917, des niveaux inégalés au printemps. Jules Maurin note ainsi que pour le centre de recrutement de Béziers, l’année concentre à elle seule 39 % des cas de désertion 15 et juin est le mois où le nombre culmine avec 8 % des départs de toute la guerre 16. La désertion du sous-officier agathois Auguste Jaumes en Champagne, le 2 mai, contribue même à ouvrir le grand mouvement d’indiscipline du 321e RI à Vendresses sur le Chemin des Dames 17. Que disent les récits d’Héraultais sur ces refus collectifs ?

Inventaire des récits de l’expérience ou des échos des mutineries

Sont ici exposés de longs extraits des occurrences du récit le plus documenté, et la quasi-intégralité de celles des autres témoignages 18. Le récit le plus long se trouve dans les six pages des douze carnets de Victor Robert qui se fait l’écho, pour la condamner fermement, de ce qu’il appelle « la campagne défaitiste ». Cependant, au-delà de l’expression de sa forte hostilité, la précision, notamment factuelle, de ses propos documente le mouvement bien au-delà de ces seules impressions personnelles :

« (…) Et puis il y avait à ce moment quelque chose de bien plus grave [que les bruits de bombes allemandes] l’odieuse campagne que menaient dans le pays certains individus pour démontrer l’inutilité de l’effort militaire et de la nécessité de conclure la paix à tout prix. Et ils l’exploitaient à l’envi pour essayer de faire pénétrer dans les masses cet état d’esprit fait d’abandon et de lâcheté qui accepte d’avance la défaite. Le défaitisme comme on l’appela bien vite (…). L’échec de l’offensive du 16 avril, les débats passionnés qui s’étaient élevés à ce sujet, dans les milieux parlementaires, la crise du commandement qui en avait résulté, avait créé une ambiance favorable aux desseins des alarmistes (…). Le devoir, l’honneur, la Gloire, Allons donc ! Bourrage de crâne que tout cela. Des sacrifices ? On en avait déjà trop faits jusqu’alors et bien en vain ! La sagesse était de poser les armes et d’accepter la paix quelle qu’elle fût. Et les sophistes de propager leurs théories qui trouvaient des échos chez les timorés et tendaient de faire naître même dans les esprits avertis la lassitude et le doute (…). De l’intérieur soufflait un vent de découragement qui s’infiltrait peu à peu dans les armées, apporté par les lettres aux soldats, par les permissionnaires, par une certaine presse même car les journaux s’arrachaient dans les cantonnements et se colportaient en masse par les camions de ravitaillement jusqu’aux plus extrêmes tranchées. Il y avait surtout cette feuille ignominieuse, le Bonnet rouge 19, qui se répandait à profusion sur le front. Elle versait chaque jour le poison fétide capable de dissoudre le moral, ce moral du soldat qui avait été si beau jusque là ! Les conséquences de cette ignoble campagne ne se firent hélas pas attendre. Des actes d’indiscipline se manifestèrent sinon aux tranchées du moins dans les cantonnements de l’arrière où l’action pernicieuse de quelques énergumènes pouvaient plus facilement s’exercer. On vit des bataillons refuser de monter en ligne où les appelait leur tour, des troupes transportées en automobile chanter l’Internationale et menacer de se révolter et spectacle des plus navrants encore, des officiers impuissants à rétablir l’ordre où gagnés eux-mêmes par la contagion perdre la tête et entonner avec leurs soldats le chant séditieux (…). Le 7e corps d’armée connut les déplorables effets de la propagande antipatriotique. Il y eut des tentatives de mutineries, aux 14e et 41e divisions au camp de Ville-en-Tarderois. C’était le 6 juin. Vers 10 heures du soir comme j’achevais d’expédier mes affaires, je fus informé par un coup de téléphone du général Philippot des faits qui venaient de se passer au camp ; réunion clandestine dans des baraques à la faveur de la nuit, tapage, tentative d’une bande d’exaltés pour essayer de débaucher d’autres compagnies, refus d’obéissance aux injonctions des gradés… La situation prenait mauvaise tournure, des coups de feu étaient partis. Jusqu’à une heure avancée le général Philippot me tint au courant des évènements ainsi que des dispositions qu’il prenait au fur et à mesure. Enfin après une intervention énergique, tout parut à peu près rentrer dans l’ordre. On recherchait les militaires qui avaient pris la tête du mouvement mais dans l’obscurité ils s’étaient facilement soustraits aux premières investigations (…) » 20

La mutinerie de la 14e DI a été réprimée « énergiquement » par des tirs de mitraillettes maniées par les officiers du 42e RI le 7 juin faisant un mort et 3 blessés 21, ce qui a représenté un cas unique de répression violente immédiate allant jusqu’à l’exécution sommaire.

On retrouve la même métaphore éolienne utilisée par Victor Robert pour décrire le passage à l’acte des mutins, sous la plume également très critique de Pierre Caizergues le 26 mai 1917 dont le régiment, le 46e d’artillerie, a participé à la révolte :

« (…) On sent un petit vent d’indiscipline dans l’armée, on est écœuré de voir circuler parmi les troupes au front des tracts ou feuilles antipatriotiques pour démoraliser les soldats (…) » 22 (Fig. 3)

Émile Jourdan intègre le 308e RI à partir d’avril 1917. Il se trouve dans l’Aisne où il a participé à la bataille du Chemin des Dames. Il écrit dans son carnet le 2 juin :

« Nous avons l’ordre de rejoindre la compagnie dans le ravin que ce soir elle monte en ligne. Ici un coup de théâtre se produit. À 20 heures nous voyons arriver en débandade une partie de la compagnie et voila ce qui s’était passé. On prétendait que l’on voulait lui faire relever le 224e qui ne faisait pas partie de la division et les faire attaquer pour reprendre 2 lignes. Cela n’a pas été du gout du bataillon et ils se sont mutinés. Une partie a filé sur Cerny est l’autre est resté avec nous à Terny-Sorny. Le général commandant la 6e armée a été les sermonner, ce n’est que le 3 au matin qu’ils sont revenus à Terny-Sorny pour écouter la morale que devait nous faire le colonel. Je ne veux pas me faire l’écho de tout ce qui s’est passé dans ces 24 heures ni donner mon opinion sur l’acte qu’ont accompli mes camarades me réservant de donner mon appréciation plus tard. Pourtant à mon avis il me semble que le 308e avait été considéré jusqu’ici comme le bouc émissaire et que l’on abusait un peu de lui. Le soir nous sommes remontés en soutien dans notre secteur relever le 4e bataillon. À l’heure où j’écris ces quelques lignes tout est rentré dans l’ordre comme si rien ne s’était produit. Certains bruits ont couru ces jours-ci que plusieurs régiments s’étaient mutinés et qu’il s’était produit à Soissons des faits très regrettables ayant trait à la discipline de l’armée. Le moral du poilu baisse, gare que l’orage éclate.

Carnet de Pierre Caizergues, 1887-1954, la page du 26 mai 17.
Fig. 3 - Carnet de Pierre Caizergues, 1887-1954, la page du 26 mai 17.
(ADH Grande Collecte 14-18, Fonds Pierre Caizergues 30 PRI 1)

6 juin, ce soir nous montons en première ligne relever le 1er bataillon. Rien d’anormal jusqu’au 9 au soir où je suis blessé par une torpille aérienne boche » 23. (Fig. 4)

Cette mutinerie, de courte durée, a concerné 250 soldats qui se sont dispersés et cachés dans une creute 24 toute la nuit 25. Le général Taufflieb, commandant le 37e Corps d’Armée, et acteur de l’épisode, raconte :

« (…) À la sortie de Terny, en traversant un bois, quelques coups de sifflets étaient partis de la colonne : au même moment tous les hommes s’étaient enfoncés dans le bois. Malgré les rappels de leurs sous-officiers, le bataillon avait disparu complètement. On ne savait pas quelle direction il avait prise (…) » 26. (Fig. 5)

Émile Jourdan, 1879 - 1960, en haut 2e à droite d’un groupe de soldats de Montagnac
Fig. 4 - Émile Jourdan, 1879 - 1960, en haut 2e à droite d’un groupe de soldats de Montagnac (ADH Grande Collecte 14-18, Fonds Émile Jourdan 1 J 1718)
Une creute (ancienne carrière) à Terny-Sorny (Aisne). (Coll. Thierry Hardier)
Fig. 5 - Une creute (ancienne carrière) à Terny-Sorny (Aisne).
(Coll. Thierry Hardier)

Jean Cros mobilisé dans le 84e RI est en réserve le mardi 12 juin à Esne :

« (…) Le premier bataillon s’étant révolté, passe à notre camp et malgré ses exhortations ne réussit pas à soulever le 2e bataillon. Finalement petit à petit tous ces mutins rejoignent leur camp et remontent en ligne. » 27

De même, un soldat interrogé par Jules Maurin, cite « les incidents du 217e RI, des chants du 3 au 10 juin en Champagne » mais prend soin de préciser : « Les soldats étaient manœuvrés » ; un autre de Béziers évoque l’« esquisse de révolte » qui eut lieu au 19e RI le soir du 15 juin alors que les soldats assistent à une séance de théâtre aux armées :

« Des soldats de sa division, la 7e, ont crié : « Passez des grenades pour ces chanteurs à la noix ». Les incidents les plus sérieux se passent au 2e bataillon où l’on crie : « Vive la paix, à bas la guerre » mais tout se calme à l’arrivée des officiers en train de bringuer. Un soldat de la Cie est incarcéré et amené ailleurs » 28.

Joseph Sigal écrit à son épouse le 17 juin 1917 depuis Verdun :

« (…) Je fais toujours le même travail heureusement que ce n’est pas bien dur… Il paraît que en Champagne les régiments ne veulent plus marcher, je crois bien que à force la guerre finira comme ça, quand personne voudra plus se battre (…) 29

L’adjudant Justin Bellet enfin, leur consacre aussi quelques lignes rapides de ses mémoires pour déplorer la situation :

« (…) Nous sommes relevés au début du mois de juillet. C’était la période critique de la guerre. Après l’échec de l’offensive d’avril au Chemin des Dames en Champagne, des désordres s’étaient produits dans certains régiments. Rien chez nous, si ce n’est un mouvement d’humeur à la 11e Cie, un soir de relève mais qui aurait été le fait de deux ou trois ivrognes. Il y aurait eu des incidents plus graves à la 32e D.I. et peut-être aussi au 122e. Un ordre de l’armée nous fit connaitre qu’un régiment avait eu plusieurs condamnés à mort et le drapeau retiré. Le régiment qui venait nous relever 30 avait eu des histoires de ce genre ce qui nous faisait redouter une relève défectueuse à cause de la mauvaise réputation du Mort-Homme. Tout se passa cependant très bien, et par la suite rien n’est venu prouver le mauvais esprit de ces troupes (…) » 31

Que révèlent ces écrits ?

Tous ces récits présentent une série de points communs. Ils proposent d’abord des scènes qui se déroulent toutes en Champagne, qui représente le cœur de la contestation qui s’étend à tout le front. Ce mouvement affecte par ailleurs les secondes lignes ou l’arrière front, durant la première quinzaine du mois de juin, ce qui correspond au pic national du mouvement 32. Surtout, ils ont beau être brefs et parcellaires ces récits documentent une grande partie de la complexité du déroulement et des formes du mouvement.

Ainsi, le capitaine Victor Robert expose une multiplicité d’éléments déclencheurs au premier rang desquels il place les conséquences de l’échec de l’offensive du Chemin des Dames lancée le 16 avril par le Général Nivelle qui déstabilise fortement l’ensemble de l’armée et du gouvernement, et dont le remplacement de Nivelle par Pétain le 30 avril n’est que l’acte le plus visible. Il évoque en effet aussi la crise d’autorité vécue par les officiers de contact. Immédiatement, il souligne combien les autorités militaires prennent le mouvement au sérieux. En miroir, il donne précisément à voir la détermination des mutins et la diversité de leurs modes d’action : diffusion de tous les moyens d’information disponibles, tracts, journaux, chants, informations ramenées de l’arrière lors des permissions, circulation par le déplacement des troupes y compris en camions. Il souligne l’importance du travail sémantique réalisé par ces soldats pour renverser la hiérarchie des valeurs. Pour les fantassins, la cause de la révolte se présente très concrètement comme l’indignation qui naît d’une injustice ressentie lors d’une relève en première ligne dans le récit d’Émile Jourdan.

Les épisodes de refus d’obéissance sont souvent brefs mais visibles et très audibles grâce à des cris, des harangues et des chants. Cependant les obstacles paraissent insurmontables à une action collective ; la dispersion, l’absence de lieu où se retrouver, la nécessité de la rapidité de l’action sont peu compatibles avec la nécessité de convaincre, qui plus est dans la clandestinité et l’obscurité pour échapper aux sanctions sues comme potentiellement redoutables. Ce sont des groupes qui cherchent à persuader, dans l’urgence et souvent en vain, d’autres soldats comme le souligne le témoignage de Jean Cros.

Les témoins fantassins, par ignorance ou par précaution ne dessinent aucun portrait identifiable ; ils ne citent jamais aucun acteur, ne donnent aucun nom, ne font aucune description et restent très brefs. Les épisodes vécus ne sont relatés que dans les carnets, on n’en trouve aucun dans les correspondances. Ces récits en effet émanent toujours de témoins spectateurs jamais acteurs. Ils peuvent en cela refléter leur méfiance à laisser une trace écrite qui les compromettrait.

Par ailleurs, le niveau de sympathie à l’égard du mouvement, que les auteurs y soient plus ou moins favorables, indifférents voire franchement hostiles, semble bien dépendre comme l’a souligné André Loez, de leur degré d’exposition au danger et de leur grade. Le plus hostile, Victor Robert, est à la fois le plus protégé et le plus gradé (Fig. 6), le moins défavorable est un soldat fantassin, Joseph Sigal (Fig. 7). Les plus indignés – par la désobéissance – sont artilleur (Pierre Caizergues) ou adjudant (Justin Bellet).

Le cabinet de travail de l’état-major du 7e CA à Épernay, juillet 1917. Le commandant Robert, sous-chef d’état-major est à gauche
Fig. 6 - Le cabinet de travail de l’état-major du 7e CA à Épernay, juillet 1917. Le commandant Robert, sous-chef d’état-major est à gauche. (ADH, Grande Collecte 14-18, Fonds Victor Robert 62 PRI 2)
Joseph Sigal et son épouse, en 1915 (AM Agde, fonds privé)
Fig. 7 - Joseph Sigal et son épouse, en 1915 (AM Agde, fonds privé)

Dans ces récits, il n’apparaît enfin aucune spécificité régionale. A. Loez souligne cependant que les mutineries pendant lesquelles les soldats ont entonné « Gloire au 17e » ont réactivé les soupçons liés à l’origine géographique qui concernent surtout les Méridionaux. Ainsi, le général commandant la 33e DI les juge potentiellement insoumis « parce qu’ils parlent beaucoup et ne réfléchissent pas ». Soupçons plus marqués au 307e RI où un officier explique dans une lettre que « ces braves charentais ont été gâtés par le voisinage de deux ou trois régiments du Midi pleine de fortes têtes. » 33 Cette méfiance des pouvoirs politiques et militaires, réelle ou supposée, liée aux options politiques d’un Midi rouge et à la mutinerie du 17e RI (Agde-Béziers) le 20 juin 1907 s’était déjà manifestée au début de la guerre par l’affaire du XVe Corps correspondant à la XVe Région militaire (Provence) où se trouvaient de nombreux Héraultais « qui aurait cédé devant l’ennemi » en août 1914 en Lorraine. Justin Bellet, critique assez vite « le colonel qui n’aime pas les soldats du Midi » et Louis Barthas met sur le compte de la mauvaise réputation des Méridionaux, la dissolution successive des deux régiments auquel il appartient le 280e RI en 1915 puis le 296e RI en novembre 1917 34.

Enfin, ces témoignages documentent la façon dont l’État-major et l’encadrement militaire, après une période d’hésitations et d’incertitudes voire d’atermoiements, déploient un ensemble de dispositifs visant à mettre rapidement un terme au mouvement d’indiscipline. Dans certains régiments comme celui de L. Barthas, les sanctions ne dépassent pas le cadre disciplinaire et les actes de désobéissance ne remontent pas jusqu’à la justice militaire mais la discipline se resserre. Ailleurs, les dispositions ordinaires de la punition et de la stigmatisation sont largement activées dans les unités. L’envoi en première ligne reste la véritable sanction, ce que confirme la lettre de Joseph Sigal dès le 21 mai 1917 :

« Ce matin je suis été voir le conseil de guerre, mais je n’ai pas pu y rester longtemps rien que d’entendre parler les juges ou les avocats ça fait frémir. Presque tous sont condamnés parce qu’ils sont rentrés en retard de permission. Il y en a qui ont 6 mois de prison, d’autres un an, ça dépend. Je t’assure que c’est triste de voir ça. Si encore on les y mettait en prison, mais on les envoie travailler en première ligne, tout le temps. » 35

Inversement, l’État major, pour éloigner certains soldats de leurs camarades, prend le risque, justement calculé, de multiplier les permissions afin de rétablir la discipline dans les régiments 36. Cet outil, non coercitif, pourrait dès lors expliquer que l’évocation des permissions soit si fréquente, durant cette période, dans les témoignages conservés par les archives départementales 37.

Cependant les conseils de guerre s’activent et sont même débordés ; les premières condamnations à mort sont prononcées le 26 mai et exécutées le 10 juin lors de mises en scène toujours publiques 38, ce dont se félicite Victor Robert admiratif du caractère intransigeant et inflexible de Pétain :

« Deux jours après le Général Pétain arriva à Trigny. Il m’interrogea me rappela la nécessité de mettre la main sur les coupables, et de ne pas laisser trainer l’instruction militaire. Il voulait faire des exemples, un châtiment immédiat, le poteau tout de suite. Jamais je n’avais ressenti comme en cette circonstance l’impression de maitrise calme et résolue qui se dégageait du nouveau Commandant en chef. Cet homme était capable de dominer les pires évènements. » 39

Ainsi, les soldats ont intérêt à rester extrêmement prudents. Il semble que certains Héraultais participent même de l’appareil répressif mis en place sans vraiment s’en rendre compte. Ainsi, le capitaine de vaisseau au long cours Jean Goût, engagé dans la Compagnie de Navigation Mixte, commande Le Mascara qui assure les liaisons entre Marseille et les ports d’Algérie. (Fig. 8) Il écrit à sa sœur qu’outre des marchandises, le 12 juin 1917, il transporte 730 passagers dont 244 militaires isolés c’est-à-dire sans leur encadrement. Parmi eux, 195 « Joyeux » destinés aux bataillons disciplinaires d’Afrique dont une quarantaine sont arrivés à bord de quatre voitures cellulaires, enchainés et conduits par des gendarmes qui quittent le navire une fois les soldats placés en liberté :

« Dès que l’on fut en mer les Joyeux se livrent à des manifestations bruyantes. La plus grande partie d’entre eux étaient dans un état d’ivresse… scènes d’obscénités et de violence entre eux… altercations et voies de fait avec les tirailleurs. Le lieutenant indigène Safrioune ayant voulu mettre de l’ordre fut insulté, bousculé mais grâce à son calme et à son énergie, un malheur a été évité. » 40

Le Mascara, commandant Goût, disparu en mer en septembre 1917. (Coll. privée)
Fig. 8 - Le Mascara, commandant Goût, disparu en mer en septembre 1917. (Coll. privée)

Avec le concours des sous-officiers passagers il parvient à enfermer les plus exaltés. On peut émettre l’hypothèse qu’il s’agit là de ces mutins soustraits du front hors de toute procédure disciplinaire. En effet, afin de compléter les condamnations judiciaires pour les unités considérées comme les plus fautives, une politique d’« épuration » est décidée par le haut commandement qui valide le transfert de mutins présumés vers les colonies (bataillons disciplinaires et ateliers de travaux forcés) en dehors de tout cadre juridique. Le 9 juin est lancé le recensement de 1400 « mauvais soldats » à transporter outre-mer. Certains régiments sont ciblés comme foyers de l’indiscipline. Au total près de 2000 soldats sont ainsi extraits sans jugement de leurs unités, chiffre que Pétain estime suffisant pour représenter un avertissement sérieux. 41

De même Joseph Sigal, le 4 août, est envoyé avec 33 hommes au camp de Mailly. Ils gardent à partir de ce moment-là de nombreux prisonniers y compris français. Le 6 août il écrit à Marie :

« (…) Le travail n’est pas trop pénible. Nous ne faisons que prendre la garde à la prison des punis français ou aux prisonniers boches, aussi a la manutention. Enfin nous sommes pour assurer le service de la garde (…) ».

Le 8 août 1917 :

« (…) Je suis toujours de garde, sur 6 jours nous avons un jour de repos, mais le travail que nous faisons n’est pas dur, nous prenons 6 heures de garde sur 24 heures et tout le restant c’est pour dormir. Tu vois que nous pouvons y tenir. Nous gardons trois prisonniers français et toute la journée ils restent enfermés, alors ils risquent pas de nous échapper et puis ils ne sont pas méchants, ils ne veulent pas s’en aller »

Enfin, le 11 décembre 1917 :

« (…) je suis presque toujours au chaud. Ici c’est toujours pareil, il n’y a rien de nouveau (…) Ce soir je garde un officier qui est en prison mais il s’en va demain, je ne sais pas ce qu’il avait fait pour attraper 30 jours de prison. Mais tu sais que eux ils ne sont pas malheureux quand ils sont en prison. Ils ont tout ce qu’ils veulent, un lit et du feu a volonté, au lieu que le simple soldat couche sur la planche. C’est bien comme on dit toujours, entre eux ils se mangent pas (…) ».

Autre forme de sanction enfin, cette fois comme simple hypothèse de la part des soldats exprimée par eux et la rumeur : la dissolution du régiment, comme le suppose L. Barthas en 1917, qui est dans le secteur de la Harazée, en Argonne :

« (…) Un jour de novembre (…) on nous annonça une surprenante nouvelle ; le 296e régiment était dissous et allait être dispersé dans les unités d’une division bretonne qui venait d’être décimée au bois « le Chaume » (…) Évidemment il y eut des raisons à cette dissolution ; la part prise par le 296e RI aux manifestations antimilitaristes de juin dernier n’était pas peut être étrangère à cette disgrâce qui nous frappait (…) » 42

On retrouve la même remarque sous la plume de l’artilleur Pierre Caizergues dans le régiment duquel ont été prononcées trois condamnations à mort 43 :

« (…) 1er juin. Des bruits de dissolution de sections de munitions circulent, cela me donne un peu de soucis.
(…) 26 juin. Mauvaise nouvelle, je reçois l’ordre de rejoindre mon unité pour être versé le lendemain au 9e RAI, tous les autres sont dispersés. Ca m’en bouche un coin.
(…) 6 juillet. Je reçois l’ordre de monter aux positions avec mon paquetage et suis affecté comme maréchal des logis éclaireur au 2e groupe. Je m’y attendais ! Une purge ! (…) ».

Avant même la fin de l’été, l’épisode est terminé, la fenêtre s’est refermée sur les champs de fins de guerre possibles. Sous le commandement du Général Pétain, l’encadrement militaire a de multiples façons rétabli l’ordre souvent violemment et implacablement et les soldats ont à nouveau recours à des stratégies d’évitement légales individuelles moins coûteuses, mais plus massives, qui privilégient, pour les jeunes classes par exemple, l’engagement exponentiel dans la marine ou l’artillerie et/ou pour d’autres le recul des retours de permissions comme le constate le jeune Philomen Mioch :

« (…) Les permissionnaires venaient du front et leur moral était très bas en particulier au cours de l’hiver 1917-1918. Il y avait eu le chemin des dames, des régiments s’étaient révoltés (…) Ils sentaient la fin approcher, ils étaient de plus en plus réticents et de plus en plus nombreux à refuser de monter au front (…) » 44

Ou la jeune Albine Combes qui le 16 mai 1918 met en garde son fiancé Marius Gavinaud de la classe 1917 :

« (…) Tu me dis sur ta lettre que tu as eu 4 jours de boite. Que tu ne viennes plus sans permission car étant nouveau ce n’est pas de bonnes notes. Je vais aller chez ta mère mais je vais lui dire que je n’ai rien reçu parce que je ne peux pas lui faire voir que la moitié de la lettre. Albine » 45

Conclusion

Cette étude avait d’abord pour objectif de faire émerger les mots des acteurs héraultais sur les mutineries de 1917. Il faut alors se rendre à l’évidence qu’ils restent sur le sujet, à une exception notable près, pour l’instant, largement murmurants – et leurs auteurs prudents – à l’image de tous ceux du pays. Mais ils permettent néanmoins d’éclairer une partie de la complexité d’un mouvement dans lequel il ne semble pas exister de spécificité méridionale. Ils participent alors de la connaissance au plus près de ces acteurs, soldats révoltés de l’armée française au printemps et à l’été 1917, dont le mouvement s’inscrit dans un contexte de rébellion national et européen. Et si moins d’un tiers des divisions n’ont pas connu d’incidents de désobéissances collectives et qu’il faille accepter que demeure une part d’incertitude, ils attestent bien semble-t-il des logiques d’occultation des évènements qui se sont mises rapidement en place à tous les niveaux pour des raisons différentes. Et André Loez de souligner que « Ce mouvement de révolte est en fait numériquement exactement comparable au niveau ordinaire des grandes mobilisations sociales à l’époque contemporaine, l’engagement et le refus sont toujours et partout l’exception. Mais ici il y a bien plus, à savoir la radicalité de la transgression dans le contexte d’une armée en campagne qui donne une exceptionnelle intensité à la révolte des soldats de 1917. » 46

Ces témoignages héraultais, si parcellaires soient-ils, pourraient enfin et peut-être surtout, contribuer à ouvrir la porte d’une étude bien plus vaste sur le pacifisme et ses mémoires dans l’Hérault voire le Languedoc tant au front qu’à l’arrière.

Sources

  1. Pierre Justin Bellet, Ma guerre de 14, Les Amis de Montagnac, témoignage, 2009, 320 p.
  2. Philomen Mioch, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, 1984, 254 pages, également en ligne sur le blog familial http://miochfamille.free.fr/.
  3. ADH en ligne, 1914-1918, 62 PRI 1, Fonds Jacques, Victor Marie Noël Robert, (1873-1967), 7 cahiers.
  4. ADH en ligne, 1914-1918, 30 PRI 1, Fonds Pierre Eloi Caizergues (1887-1854).
  5. ADH en ligne, 1914-1918, 1J 1717, Fonds Émile Jourdan (1879-1960).
  6. ADH en ligne, 1914-1918, 40 PRI 2, Fonds Jean Cros (1893-1963).
  7. AMA, Fonds privé Jean Etienne Gout.
  8. AMA, Fonds privé Bancal (correspondance Joseph Sigal).

NOTES

1. AMA, fonds privé Bancal, Correspondance de Joseph Sigal à son épouse, 15 juin 1917. Les fonds d’archives utilisés renvoient à ADH : Archives départementales de l’Hérault, AMA : Archives municipales d’Agde.

2. Guy Pédroncini, Les mutineries de 1917, Paris, Presses universitaires de France, 1967. / Denis Rolland, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Paris, Imago, 2005, 447 pages. / Leonard V. Smith, Between Mutiny and Obedience. The case of the French fifth infantry division during World War I, Princeton (E-U), Princeton University Press, 1994.

3. André Loez, 14-18, les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Paris, Gallimard, « Folio histoire », 2010. / Avec Nicolas Mariot (dir.), Obéir/Désobéir. Les mutineries de 1917 en perspective, Paris, La Découverte / Crid 14-18, 2008.

4. André Loez, 14-18, les refus de la guerre… opus cité, page 15.

5. Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Paris, La Découverte-poche, réédition 1997, 568 p., introduction et postface de Rémy Cazals. Première édition, 1977, pages 469-490.

6. Guy Pedroncini, Les mutineries de l’armée française, 1917, Paris, 1967, PUF.

7. Charlotte Lacoste, « témoignage littéraire et expertise scientifique » dans Yannis Thanassekos, Frédéric Rousseau, Charles Heimberg (ss dir.), Témoins et témoignages, figures et objets du XXe siècle, Harmattan, Paris, 2016, 400 p., page 35-79.

8. Jules Maurin, Armée-Guerre-Société -Soldats Languedociens (1889­1919), Paris, Publications de la Sorbonne, 1982, 750 p.

9. André Loez, op. cité. p. 14.

10. Rémy Pech, Jules Maurin, 1907, les mutins de la République. La révolte du Midi viticole. Préface de Maurice Agulhon. Toulouse, Privat, 2007, rééd. 2013, 330 p.

11. Denis Rolland, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Éditions Imago, Paris, 2005, pages 31-33.

12. https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/fusilles, 11 J 1738-2 – Conseil de guerre (consulté le 10 novembre 1918).

13. AMA, op. cité, lettre de Joseph à Marie Sigal, 22 mai 1916.

14. Justin Bellet, op. cité, pages 192-193.

15. Définie comme le manquement de 3 appels successifs.

16. Jules Maurin, op. cité, pages 526-527.

17. Denis Rolland, « Révolte à Vendresse » dans Nicolas Offenstadt, Le chemin des Dames, Perrin-Tempus, Paris, 2012, p 315-331.

18. Dans tous les extraits transcrits, l’orthographe a été corrigée à la différence de la syntaxe.

19. Journal anarchiste accusé durant toute la guerre de défaitisme et de collusion avec l’ennemi. Son rédacteur né à Béziers, mort en prison en 1917, était le père du cinéaste Jean Vigo.

20. ADH en ligne, 1914-1918, 62 PRI 1, Fonds Jacques, Victor Marie Noël Robert, pages 402-408.

21. André Loez, op. cité, page 241et 277.

22. ADH en ligne, 1914-1918, 30 PRI 1, Fonds Pierre Eloi Caizergues.

23. ADH en ligne, 1914-1918, 1 J1717, Fonds Emile Jourdan, pages 58­59.

24. Nom donné dans le Soissonnais et au Chemin des Dames aux carrières de calcaire souterraines creusées par les carriers.

25. André Loez, annexe en ligne, « les mutins », site internet du CRID 1914-1918.

26. Général Taufflieb, Souvenir d’un enfant d’Alsace, cité par A. Loez, op. cité, page 218.

27. ADH en ligne, 1914-1918, Fonds Jean Cros.

28. Jules Maurin, op. cité, page 635.

29. AMA, op. cité, lettre de Joseph à Marie Sigal, le 17 juin 1917.

30. http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/inventaires 26 N 672/4, D’après le JMO du régiment, il s’agit du 298e RI dans lequel 1000 soldats ont signé une pétition collective.

31. Justin Bellet, op. cité, pages 248-249.

32. André Loez, op. cité, page 235.

33. André Loez, op. cité, page 231.

34. Louis Barthas, op. cité, page 280 et 489-490.

35. AMA, op. cité, lettre de Joseph à Marie Sigal, le 21 mai 1917.

36. Emmanuelle Cronier, Permissionnaires dans la Grande Guerre, Belin, Paris 2013, 401 pages.

37. Le JMO du 24e RIC de Perpignan fait état de 50 % de permissionnaires entre le 20 mai et le 9 juin mais ne mentionne pas d’incidents. Mémoire des hommes, Journaux des marches et opérations des corps de troupes 26N865/18, 1er janvier-26 août 1917, page 37.

38. André Loez, op. cité, page 241.

39. ADH en ligne, 1914-1918, 62 PRI 1, op. cité.

40. AMA, Lettre du 15/06/1917 de Jean Gout au contre-amiral Allemand, commandant de Marine à Marseille Archives privées M.C. Gout.

41. André Loez, op. cité, page 524.

42. Louis Barthas, op. cité, p. 489-490.

43. André Loez, op. cité, pages 343-344.

44. Philomen Mioch, op. cité, pages 26 et 28.

45. AMA, fonds privé Barascud.

46. André Loez, op. cité, pages 201-202.