Description
Les monnaies mérovingiennes de la collection Calixte Cavalier (1820-1888)
*Historien et numismate, ancien conservateur de la collection nationale de numismatique des Pays-Bas,
actuellement chercheur à l’Université de Leyde, a.pol@arch.leidenuniv.nl
où il s’occupe de l’inventaire et de l’interprétation (production et circulation) des monnaies d’or des VI-VIIèmes siècles
en bâtissant la base de données Corpus des Monnaies Mérovingiennes (CMM).
À Montpellier une petite mais intéressante collection des monnaies mérovingiennes est conservée depuis le XIXe siècle par la Bibliothèque Municipale, aujourd’hui Médiathèque Émile Zola. Cet ensemble de 20 monnaies d’or montre les principaux développements monétaires en Gaule mérovingienne aux VIe-VIIe siècles. L’extrême dispersion de la frappe des monnaies à l’époque (dans plus de 800 ateliers actifs à un moment ou l’autre entre environ 585 et 675) est illustrée ici par 7 ateliers et 2 anonymes sur les 16 monnaies de cette phase nationale. Dans cet ensemble modeste, les 7 exemplaires émis par l’atelier de Rodez constituent l’élément le plus important, probablement par le hasard des contacts ou la prédilection des collectionneurs Sauvadet et Cavalier.
In Montpellier a small but interesting collection of merovingian coins is preserved in the Municipal Library (now called Médiathèque Émile Zolà) since the 19th century. This ensemble of 20 gold coins shows the principal developments in France in the 6th and 7th centuries. The extreme dispersal of the striking of coins in that period – in more than 800 mints active at one moment or another between c. 585 and 675 – is demonstrated here by 7 mints and 2 anonymous ones on a total of 16 coins from this ‘national phase’. In this modest ensemble, the 7 coins from the Rodez mint form the most important element, probably because of accidental contacts or preferences of the collectors Sauvadet and Cavalier involved in forming the collection.
A Montpelhièr una pichòta mas interessanta colleccion de monedas merovingianas es servada desempuèi lo sègle XIX per la Bibliotèca Municipala, uèi la Mediatèca Emili Zola. Aquel ensem de 20 monedas d’aur fa mòstra dels màgers desvolopaments monetaris de Gàllia merovingiana dels sègles VIe VII. L’extrèma dispersion del batement de monedas d’aquel temps (dins mai de 800 obradors actius per moments a l’entorn de 585 e 675) es illustrada aquí per 7 obradors e 3 anonims demest las 16 monedas d’aquela fasa istorica. Dins aquel ensem modèst, los 7 exemplars congreats per l’obrador de Rodés ne forman l’element màger, saique per lo còp d’astre dels rencontres o per la predileccion dels colleccionaires Sauvadet e Cavalier.
[En 2010, une équipe de numismates : G. Gentric, A. Geiser-Margarot, S. Nieto-Pelletier, J.-C. Richard Ralite a publié le Catalogue des 183 monnaies antiques, ibériques et gauloises, de la collection Calixte Cavalier léguée a la Ville de Montpellier en 1888. Le professeur et médecin Calixte Cavalier (1820-1888) avait acquis la collection du montpelliérain Fortuné Marie Sauvadet (1812-1869), contrôleur des contributions directes et membre de la Société archéologique de Montpellier. Cette collection est souvent citée par F. Poey d’Avant dans ses Monnaies féodales de France parues en 1858-1862. Cavalier continua d’augmenter la collection originelle par de nombreuses acquisitions avec une prédilection pour les monnaies françaises. La collection venait d’être publiée par l’avocat Émile Bonnet en 1898, et le chapitre « Monnaies françaises » de ce catalogue présentait dix-huit monnaies mérovingiennes (sans illustrations) sous les numéros 372 à 389, accrues pour l’occasion de deux pièces burgondes antérieurement décrites parmi les monnaies byzantines (nos 316-317). M. Michel Dhénin, conservateur en chef au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale, fut sollicité pour en rédiger l’étude mais, apres une première reconnaissance, décida de confier la publication définitive a M. Arent Pol, spécialiste de ces monnayages. Ainsi cet ensemble se trouvera-t-il à la disposition de tous les chercheurs et permettra-t-il aux monographies d’ateliers de disposer de nouveaux exemplaires. N.D.L.R.]
L’autorité centrale de l’Empire romain a disparu dans les provinces occidentales au cours du Ve siècle, mais pas son système monétaire. Les monnaies anciennes et récentes restaient en circulation et de nouveaux exemplaires continuaient d’être importés dans les nouveaux royaumes germaniques de l’Europe occidentale. Les Ostrogoths et plus tard les Lombards qui trouvaient place en Italie, les Suèves en Espagne, les Burgondes et Visigoths en France, les Francs en Belgique et Nord de la France, tous ces nouveaux arrivants formaient une couche superficielle qui transforme la société peu a peu, comme eux-mêmes étaient transformés par la société romaine ou romanisée dans laquelle ils sont tombés (après les influences de l’Empire déjà reçues dans les siècles passés). Des les environs de 500, ces « peuples barbares » – et quelques uns déjà bien avant – s’occupaient de produire des imitations de monnaies plus ou moins fiables selon des critères externes ou internes (dans une première phase, la qualité du métal était conservée pour frapper des monnaies presque d’or pur comme les Byzantins), et les inscrire aux noms des empereurs actuels. Mais après une certaine période – nous parlons maintenant de la situation dans la sphère d’influence des Francs (qui ont succédé aux Burgondes et Visigoths en France) – le titre d’or devint lentement plus faible : le style des dessins et la lisibilité des légendes ont dégénéré jusqu’à un niveau inférieur. Des le commencement du dernier quart du Ve siècle, on observe des changements et des signes de restauration. On pourrait appliquer le terme de « réforme monétaire », mais il ne s’agit pas d’une occasion unique et ultime mais, plutôt, d’un rassemblement de mesures séparées grosso modo effectuées en même temps. Aucun de ces changements n’a laissé de trace dans les sources écrites (conservées en petit nombre), mais on pourrait trouver une évidence de leur existence historique par la cohérence présente dans La production monétaire, c’est à dire des aspects tels que métal, valeur ou dénomination, type et légendes, poids et titre. Le roi est presqu’invisible – seulement environ 5 % des monnaies portent son nom. Mais sans doute peut-on accepter sa « presence » en raison de cette cohérence parmi les monnaies frappées dans au moins 800 ateliers différents et par au moins 1200 monétaires identifies au cours du siècle entre environ 575 et 675. Vers cette dernière date la production des monnaies d’or est terminée en faveur de l’argent, après la diminution systématique et continuelle de la proportion de l’or pendant une période de cent ans. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2017 |
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Nombre de pages | 9 |
Auteur(s) | Arent POL |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |