Description
Les FFI héraultais confrontés à l’amalgame, 1944-1945
* Historienne
Les FFI héraultais, rassemblés en 1944 sous l’autorité du chef d’« Action ouvrière » Gérald Suberville, ont été incorporés en grand nombre dans la Première Armée Française en septembre 1944 et janvier 1945. Tous étaient volontaires. Ce fut « l’amalgame », cet effort improbable d’intégration à une armée régulière d’éléments disparates issus des Maquis ou des Corps francs urbains. Ils partirent vers le Rhin sans avoir reçu l’entrainement et l’équipement qui auraient été nécessaires. Gérald Suberville fut particulièrement critique à l’égard des conditions de l’amalgame. Mais il combattit jusqu’à la victoire. Le recrutement était régional, et Gilbert de Chambrun, chef de la R3, réussit à emmener des milliers de jeunes hommes qui formèrent deux régiments d’infanterie. Les FFI héraultais firent la campagne d’Alsace aux côtés de leurs camarades de la région. Peu à peu, ils durent renoncer à leur indépendance et furent absorbés par de grandes divisions coloniales : aussi contribuèrent-ils à la relève de soldats africains, déjà épuisés par la Campagne d’Italie, et qui souffraient trop des excès de l’hiver rhénan.
The FFI of Herault, gathered in 1944 under the direction of Gerald Suberville, “action-workers” chief, were incorporated in large numbers to the First French Army in september 1944 and january 1945. All were voluntary. The so-called “Amalgam” is this unclear effort of integration into a regular army of very disparate groups of the maquis or urban free corps. They went to the Rhine front without having received the training and equipment that would be required. Gerald Suberville was one of most critical with respect to amalgam. But he went to fight until victory. The recruitment was regional and Gilbert de Chambrun, the head of the R3, managed to bring together thousands of young people who formed two regiments of infantry. The FFI of Herault campaigned Alsace alongside their comrades of the Region. Little by little, they had to renounce their independence and were absorbed by large colonial divisions : thus, they contributed to emerging african soldiers already exhausted by the campaign of Italy and who suffered too from the excesses of the winter on the Rhine.
Avant l’amalgame : la genèse d’une armée de l’intérieur.
L’histoire des FFI tient dans un temps court mais décisif de la Résistance intérieure. L’unification – au niveau du commandement – des diverses branches de la Résistance armée, a été conçue en décembre 1943, mais elle n’a été effective qu’en mai 1944 avec la mise en œuvre du concept des Forces Françaises de l’Intérieur. Les FFI ont existé officiellement jusqu’au 28 août 1944, date à laquelle le général de Gaulle a décidé la dissolution de leurs structures de commandement, immédiatement après la Libération et l’installation du gouvernement provisoire à Paris. À cette date, ils étaient déjà promis, sur le principe du volontariat, à intégrer l’armée B débarquée en Provence depuis le 15 août. Cet « amalgame » fut difficile. Le nombre des volontaires dépassa les prévisions. Les FFI voulaient aller jusqu’au bout de leur combat. Dans l’Hérault, les premiers partirent en septembre 1944. Mais ils tenaient à le faire sous le nom et les insignes de leur région ou de leur maquis, ensemble, et en gardant leurs chefs. Ce qui révèle, chez ces militaires d’occasion, selon l’expression de Gilbert de Chambrun, de la fierté, et aussi une relative défiance à l’égard de l’armée de métier.
Pouquoi le gouvernement provisoire a-t-il voulu l’amalgame ? Pour affirmer et renforcer le droit de la France à compter parmi les vainqueurs de l’Allemagne ; pour relever et remplacer au combat des troupes originaires d’Afrique noire – ce que l’on a appelé le « blanchiment » – sans que la 1ère armée soit affaiblie. Pour répondre, aussi, à la demande des FFI qui, déjà, avaient affronté et harcelé les troupes allemandes dans leur retraite à travers tout le Languedoc. Le projet, avalisé à contre-coeur par les Alliés, était d’intégrer des résistants de l’intérieur dans une armée régulière, mais sur le principe du volontariat individuel. Or, les FFI voulaient rester groupés comme ils l’étaient dans les corps francs ou les maquis. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2015 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Hélène CHAUBIN |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |