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Description

Les caves coopératives dans la transformation du vignoble languedocien

La viticulture du Languedoc-Roussillon est profondément marquée par l’histoire et les stratégies de ses coopératives. Si leur nombre a diminué de moitié depuis 1985, les 250 caves coopératives en activité en 2008 maintiennent une position dominante dans ce vignoble, réunissant près de 90% de ses viticulteurs et vinifiant plus de 70% de ses raisins (FRCV-LR 2009). Comprendre la crise et les transformations du vignoble languedocien appelle donc à analyser les évolutions de ces organisations. De fait, celles-ci sont remises en cause, de manière latente depuis une vingtaine d’années, plus importante aujourd’hui. Depuis 2005, la majorité des coopératives font en effet face à une baisse de leur chiffre d’affaires, contraignant à limiter les rémunérations des adhérents et les investissements, à licencier des salariés, à fusionner souvent dans l’urgence (Chiffoleau, Touzard 2008)… Les caves coopératives sont-elles en partie responsables de la crise ? Ces organisations centenaires sont-elles devenues obsolètes, inadaptées au monde actuel, ou au contraire sont-elles capables de résister et de renouveler leurs projets pour construire la viticulture languedocienne du XXIe siècle ? Pour répondre à ces questions, nous reviendrons dans un premier temps sur le siècle de création et transformation des coopératives, en montrant comment projet économique et projet politique se sont intimement combinés, constituant les identités des coopératives d’aujourd’hui. Dans une deuxième partie, nous nous interrogerons sur les conditions actuelles de l’innovation et des performances dans les caves coopératives, pour envisager dans une dernière partie leurs perspectives face à la crise.

Cave coopérative de Lunel-Viel, bâtie en 1913 probablement par l'architecte A. Cassan. Carte postale de 1920.

Cave coopérative de Lunel-Viel, bâtie en 1913 probablement par l'architecte A. Cassan. Carte postale de 1920.

1. UN SIÈCLE DE TRANSFORMATIONS DES CAVES COOPÉRATIVES

L’analyse des séries statistiques régionales sur les caves coopératives (nombre d’organisations et part de production) permet de distinguer quatre périodes : une phase d’émergence des coopératives entre 1900 et 1920 ; une période de forte expansion en nombre et en part de production entre 1920 et 1955 ; une stabilisation durant une trentaine d’années du nombre de coopératives, accompagnée d’une progression de leur part de production ; enfin, à partir de 1985, une forte diminution de leur nombre avec un maintien de leur poids relatif dans la production régionale de vin.

L’émergence des caves coopératives (1900-1920)

Les premières coopératives vinicoles languedociennes sont mentionnées en 1901 dans l’Hérault, à Mudaison et à Maraussan (Gavignaud-Fontaine 2010). Ce sont d’abord des syndicats de vente, qui vont ensuite réaliser stockage et vinification, avec en 1905 la construction du premier chai coopératif à Maraussan. Ces expériences voient le jour dans un contexte juridique qui autorise leur reconnaissance formelle (loi sur les syndicats de 1884 et sur les associations en 1901) et dans une effervescence politique et associative décrite par de nombreux auteurs (Augé-Laribé 1907). Ce mouvement s’appuie sur une série d’initiatives locales mettant en avant l’entraide entre ouvriers et/ou producteurs, mais aussi sur les expériences de coopératives observées dans d’autres régions et pays (Martin 2003). La crise de marché qui marque les années 1900-1907, après la période de reconstitution du vignoble méridional, est alors un catalyseur pour le regroupement de petits producteurs qui sont les premiers à faire les frais des méventes. Trois types de motivations se combinent dans cette phase d’émergence des coopératives : […]

Informations complémentaires

Année de publication

2011

Nombre de pages

11

Auteur(s)

Jean-Marc TOUZARD

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf