Description
Le terroir de Lacoste, XVIIe – XXe siècles,
Approche sociolinguistique et historique au travers de l’onomastique
* Onomasticien, philologue, Docteur d’État en onomastique,
chercheur de l’équipe C.R.I.S.E.S., EA 4424, Université Montpellier III.
Cet article a pour objectif de montrer comment, à partir de l’analyse des noms de lieux, de chemins et de cours d’eau, il est possible de reconstruire le passé de la vie d’un terroir, de ses activités et de ses rapports sociaux.
The aim of this article is to demonstrate how we can rebuild the past of a country life, of his activities and his social relationship, by the analysis of the place names, and of the paths and waterways denominations.
Aquel article ten coma objectiu de mostrar coma, en s’apiejant sus l’analisi dels noms de luòcs, de camins e de rius, es possible de reconstruire lo passat de la vida d’un terrador, de sas activitats e de sas relacions socialas.
Nous allons conduire cette étude en analysant les noms de lieux, de chemins (odonymes) et de cours d’eau, qui sont des marqueurs de l’identité linguistique d’une communauté humaine et le reflet des rapports à l’espace qu’ont eu les habitants.
Pour en faire une analyse, il faut d’abord, autant qu’il est possible, constituer un inventaire diachronique, c’est-à-dire relever les formes sous lesquelles ces noms nous sont donnés dans divers documents tout au long des périodes antérieures. Le choix de nos sources, à savoir des documents administratifs laïques afférents à la gestion de la communauté villageoise, ce qui s’appellera commune après la Révolution, ne nous donneront pas d’informations sur les propriétés foncières appartenant soit à des nobles, soit à l’Église ou à des ordres religieux. De ce fait nous ne trouverons pas dans notre corpus des attestations telles que ecclesiam de Cornilio ou ecclesia Beate Marie sita in monte de Cornilio, datant de 1145, 1484 tirées de documents d’origine religieuse ou faisant état de possessions religieuses. Pour des attestations médiévales tirées des publications de cartulaires, nous renvoyons au dictionnaire topographique de Hamlin.
Pour la commune de Lacoste, nous avons effectué les relevés des noms de tènements, des noms d’habitats, des noms de cours d’eau et des noms de chemins ou odonymes dans les matrices cadastrales de 1914 (3 P 1207) et de 1836 (3 P 1205), sur les feuilles du plan cadastral napoléonien de 1835 en dépôt aux Archives départementales de l’Hérault (3 P 3552), puis nous avons opéré de même dans le compoix daté de 1774 (CC 2) et enfin dans le compoix de 1606 (CC 1) pareillement en dépôt aux Archives départementales de l’Hérault.
Remarques sur les documents utilisés
Dans ce compoix de 1606 les noms de lieux au féminin, formés à partir de noms communs occitans, sont donnés dans la forme occitane mais généralement avec adaptation au système grammatical du français : le terme occitan las airas = « aires à dépiquer les céréales » devient comme nom de lieu las Ayres avec /-es/ final. De même le terme occitan bauma = « grotte » devient comme nom de lieu Baume, avec /-e/ final. Le terme occitan bofias = « ravin » devient comme nom de lieu Bofies ; le terme occitan carbonièras = « charbonnières » devient comme nom de lieu Carbonieres ; le terme occitan davalada = « descente » devient comme nom de lieu Davalade. Toutefois nous trouvons encore quelques occurrences où le féminin pluriel occitan en /-as/ se maintient : a las Combas ; a las Traversas.
Toutefois ce compoix conserve la notation traditionnelle de [ọ] fermé et de [ǫ] ouvert par le même signe /o/ : Bosquet, Bozigues, Canorgues ont le [ọ] fermé écrit avec un seul signe, avec une seule lettre, à côté de Bosc avec [ǫ] ouvert écrit pareillement avec une seule lettre.
L’occitan contemporain distingue ces deux sons par un accent : le [ọ] fermé prononcé [υ] est écrit /o/ et le [ǫ] ouvert prononcé [o] est noté par [ὸ] avec accent grave.
Dans ce compoix, certains éléments représentant des noms masculins sont gardés intacts. Le nom commun occitan camp = « champ » se retrouve comme nom de lieu sous la forme Camp (Camp de l’Aze ; Camp del Bosq ; Camp Bou ; Camp de Combes, Camp de l’Euse, etc.), ὸrt / hὸrt = « jardin » se retrouve sous la forme Hort / Ort (Horts Dessus ; Ort Long; Ortz del Tampo), paissèl = « échalas », se retrouve sous la forme Payssel, (al Payssel), prat = « pré » se retrouve sous la forme Prat (Prat d’Auriol ; Prat Moreze ; Prat Vidal), valat = « ruisseau » se retrouve sous la forme Valat (Valat del Colombié; Valat de Fonbone; Valat de la Fon d’Enbraignes ; les Valats).
On peut dire que ce compoix de 1606 préserve relativement l’identité occitane des toponymes. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2017 |
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Nombre de pages | 16 |
Auteur(s) | Pierre CASADO |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |