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Description

Le renouveau de l’olivier en Hérault, entre ville et campagne

Au pied du causse de Larzac, les habitants de Montpeyroux récoltent les olives dans les vergers depuis des siècles, comme dans les villages voisins. L’olivier est toujours bien présent dans les terres agricoles même si son territoire s’est réduit en cinquante ans, et son fruit continue d’alimenter huileries ou confiseries alentours. Mais à cette fonction ancestrale de production, d’autres sont venues s’ajouter plus récemment, à commencer par l’ornementation : un vieil arbre a été planté sur la place il y a quelques années, de plus jeunes plants jouxtent le monument aux morts et les particuliers en ont souvent mis un ou plusieurs dans leurs jardins. Des oliviers pluriséculaires, célébrités locales, sont présentés dans la rubrique patrimoine du site internet de la commune. Le portail de l’école est même décoré d’un arbre, sans doute un olivier dont les feuilles s’envolent pour se mêler aux pages d’un livre, une colombe de la paix surplombant l’ensemble. Même dans une commune rurale, l’olivier n’est plus seulement un fruitier mais aussi une essence décorative et un patrimoine, porteur de valeurs à transmettre aux générations futures.

Si la relance culturale de l’arbre, initiée dans les années 1980, s’appuie sur différentes aides et sur une demande d’huile d’olive en forte croissance, son retour est marqué par la conquête de nouveaux territoires jusqu’alors ignorés, les espaces verts privés et publics. Quels sens faut-il donner à ce renouveau qui succède à un déclin ancien, marqué par le gel de 1956 ? Pourquoi cet arbre a-t-il été choisi ? Comment sa fonction première de fruitier s’articule-t-elle avec sa nouvelle acception décorative ? Existe-t-il des divergences entre les acteurs, particuliers, oléiculteurs amateurs ou professionnels de la filière oléicole ? Et, à travers cet arbre, peut-on saisir quelques-uns des traits d’une société en profonde transformation ? Pour ce faire, le renouveau de l’olivier en Hérault a été observé, sa présence dans le paysage contemporain analysée, et différentes personnes rencontrées, essentiellement sur Montpellier et sa périphérie, la zone de Pignan et la moyenne vallée de ‘Hérault.

Du déclin à la relance, entre verger et jardin

L’oléiculture héraultaise, production à la fois vivrière et de rente, à connu son expansion maximale aux XVIe-XVIIe siècles. Son déclin s’est amorcé au tournant du XVIIIe siècle, sous l’effet conjugué de la baisse du prix de l’huile d’olive dès les années 1680 et d’aléas climatiques répétés tout au long du siècle suivant, à commencer par le fameux gel de 1709. D’où le constat fait par Emmanuel Le Roy Ladurie : « L’oléiculteur après 1709 est écœuré par la catastrophe. Quand il replante, c’est en vigne, comme à Gignac ». Plus tard, sous le Second Empire, l’huile d’olive française subit la concurrence d’autres huiles végétales moins coûteuses et la culture de la vigne, plus rentable, gagne du terrain. L’olivier est arraché ou abandonné et, si la filière de l’olive de bouche perdure dans l’Hérault, la production d’huile d’olive décroît, ainsi que le nombre de moulins à huile (260 en 1824, 12 en 1956). Cette année-là, le gel détruit le verger presque en totalité et peu de propriétaires s’attèlent à la régénération des arbres. Un seul moulin à huile résiste, l’huilerie coopérative de Clermont-l’Hérault. La mécanisation – tracteurs dans les années 1950, machines à vendanger dans les années 1980 – conforte l’abandon ou l’arrachage des oliviers encore présents dans les vignes. L’arbre enlevé est utilisé comme bois de chauffe puis, avec l’émergence de l’olivier ornemental dans les années 1980, donné ou revendu à des particuliers. D’un million d’oliviers en 1939, il n’en reste plus que 644 000 avant le gel de 1956 et seulement 149 000 en 1995. L’arbre ne subsiste que dans certains réduits : oliveraies sur les piémonts, les terrasses ou les enclos en pierres sèches, arbres en alignement le long des vignes, plus rarement complantés avec des ceps. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2009

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Alexia ROSSEL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf