Catégorie : Étiquette :

Description

Le premier âge d’une institution centenaire :
La Société Languedocienne de Géographie

L’analyse des premiers fascicules du Bulletin de la Société Languedocienne de Géographie (BSLG), publié à Montpellier à partir de 1878, permet de suivre la genèse d’une société dans le courant culturel de l’époque, l’évolution du profil de ses membres, ses objectifs et sa position face aux grands projets qui intéressent la Géographie. La période étudiée se situe entre 1878, année du premier congrès des Sociétés françaises de géographie et 1889, année au cours de laquelle la Société a obtenu la reconnaissance d’utilité publique. Ses membres auront au total organisé le deuxième congrès en 1879 et le onzième en 1890 qui a coïncidé avec la commémoration du sixième centenaire de l’Université de Montpellier.

I. La géographie à la mode

S’il est vrai que le XIXe est bien le siècle de l’Histoire, c’est plus encore celui de la Géographie, car s’affirme et se développe alors une discipline dont les fondements se mettent en place et qui, avant de devenir la propriété des universitaires, suscite l’intérêt des érudits et connaît les faveurs d’un large public.

A. Le tour, puis le tourisme

Le goût pour les voyages, pour les explorations qui précèdent les conquêtes coloniales, pour les découvertes de contrées lointaines et de peuples étrangers (et étranges) produit des descriptions ethnologiques et anthropologiques ; il suffit de songer à l’œuvre de Jules Verne, aux Voyages de Dumas, aux Mémoires d’un touriste de Stendhal et surtout aux copieuses séries spécialisées : abrégés des histoires générales des voyages en plusieurs dizaines de tomes aux sous-titres évocateurs annonçant les descriptions détaillées des peuples et de leurs activités (mœurs, usages ou coutumes, religions ou cultes, gouvernements, arts, sciences, commerce, etc.). La bibliographie de l’époque est, dans ce domaine, considérable. Mais le pittoresque n’est pas exclusivement exotique : la France, mère patrie, qui mérite aussi d’être redécouverte, offre au romancier matière à brosser des tableaux, comme par exemple, le fameux Tour de France par deux enfants de G. Bruno ou encore le Sans Famille d’Hector Malot.

Ce goût pour le pittoresque est à l’origine d’une multitude d’excursions, voyages, tours (du monde, de France), variantes d’une activité en plein essor : le tourisme, c’est-à-dire l’aventure sans trop de risques, le dépaysement, les voyages à la portée d’un plus grand nombre de privilégiés. En 1885, la SLG salue la création à Lyon de l’Union des Touristes français à l’étranger qui se propose de développer chez la jeunesse le goût des voyages et de publier chaque année un bulletin contenant des renseignements utiles et pratiques. La création en 1874 du Club Alpin Français et surtout celle du Touring Club de France en 1890 répondent à ce souci de vulgarisation qui ne tardera pas à faire l’objet d’une exploitation commerciale. Dans son Tartarin sur les Alpes publié en 1885, Alphonse Daudet relate les aventures de Tartarin, Président du Club des Alpilles, version provençale du Club Alpin. Pour mériter son titre il décide l’ascension du Rigi ; arrivé sur les lieux, il constate avec stupéfaction qu’un chemin de fer à crémaillère mène au sommet où, comble de sacrilège, se dresse un imposant et luxueux hôtel… La trilogie de Daudet, satirique et burlesque, prend en compte la mode géographique et ses clichés : l’exotisme « oriental » de l’Algérie ou l’attrait de l’Afrique avec Tartarin de Tarascon, l’appel des cimes et des glaciers avec Tartarin sur les Alpes et enfin la colonisation aux antipodes (Australie) avec Port Tarascon. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1993

Nombre de pages

14

Auteur(s)

Marc BONNIER

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf