Le paysage de la Tuilerie de Massane, à Grabels. Paysage perçu, paysage vécu, paysage imaginaire
Le paysage de la Tuilerie de Massane, à Grabels.
Paysage perçu, paysage vécu, paysage imaginaire.
* Docteur en géographie, Professeur émérite en architecture
P. 161 à 170
L’analyse du site de la Tuilerie de Massane, havre de paix de Joseph Delteil durant plus de 40 ans, essaie ici de saisir son histoire sur la longue durée. L’ancienne métairie et sa source, sont aujourd’hui au cœur des forts enjeux de l’urbanisation périphérique de Montpellier.
Patrimoine à la fois historique, symbolique et paysager, la Tuilerie de Massane est non seulement indissociable de l’histoire du Domaine d’O depuis le XVIIIe siècle mais encore de celle de la vie du poète Joseph Delteil (1894-1978). Les paysages de vignes et de vergers qui l’entouraient ont disparu. La maison de l’écrivain vandalisée se dégrade au milieu de friches arborées, dans l’une des dernières « coupures vertes » entre Grabels et Montpellier. La Tuilerie de Massane, devenue dans l’univers imaginaire de son propriétaire, La Deltheillerie, interpelle le visiteur soucieux de préserver l’un des derniers espaces de nature et de liberté offerts encore aux Montpelliérains. Véritable espace culturel chargé d’un supplément d’âme, elle demeure liée à cette personnalité et à la charge symbolique de son œuvre originale.
The landscape of the Tuilerie de Massane, in Grabels.
An observed landscape, an inhabited landscape, and an imaginary landscape.
This review attempts to capture the long term story of the site of the Tuilerie de Massane, where Joseph Delteil spent over 40 years of his life in this haven of peace. The former farmstead and its spring source are now at the heart of major challenges to the peripheral urban development of Montpellier.
As an historical, symbolic and landscape heritage, the Tuilerie de Massane is interwoven in the history of the Domaine d’O since the eighteenth century, as well as with the life of the poet Joseph Delteil (1894-1978). The landscapes of vineyards and orchards that surrounded it have disappeared. The vandalized writer’s house is deteriorating in the middle of wooded wastelands, in one of the last « green spaces » between Grabels and Montpellier. The Tuilerie de Massane, or the imaginary La Deltheillerie in Joseph Delteil’s writings, poses questions and challenges regarding the preservation of one of the last spaces of nature and freedom still available to the people of Montpellier. A true cultural area laden with his (Delteil’s) spirit, it remains linked to his personality and to the symbolic heritage of his original work.
Lo païsatge de la Teulièra de Massana, a Grabèls.
Païsatge percebut, païsatge viscut, païsatge imaginari
L’analisi del site de la Massana, cala de patz de Josèp Deltelh [Joseph Delteil] durant mai de 40 ans, assaja aicí de sasir son istòria sus la durada longa. L’anciana bòria e sa font son uèi al còr d’enjòcs dels fòrts dins l’urbanizacion periferica de Montpelhièr.
Patrimòni a l’encòp istoric, simbolic e païsatgièr, la Teulièra de Massana es indissociabla non solament de l’istòria del domeni d’Ò despuèi lo XVIIIen sègle, mas encara de la vida del poèta Josèp Deltelh (1894-1978). Los païsatges de vinhas e de verdièrs que l’environavan an disparegut. Vandalizat, l’ostal de l’escrivan s’afraba al mitan d’ermasses arborats, dins una de las darrièras « talhadas verdas » entre Grabèls e Montpelhièr. La Teulièra de Massana, venguda dins l’univèrs imaginari de son proprietari, la Deltelhariá, interpèla lo visitor que se làguia de preservar un dels darrièrs espacis de natura e de libertat encara porgits als Montpelhierencs. Vertadièr espaci cultural cargat d’un suplement d’anma, demòra ligada a aquela personalitat e a la carga simbolica de son òbra originala.
Qu’est-ce qu’un paysage pour celui qui tente de le percevoir et de l’analyser à l’échelle d’un lieu dont le territoire s’est modifié avec le temps, a été perçu et vécu différemment par ses occupants et dont les facettes imbriquées sont multiples et mouvantes ? Inscrites dans la longue durée, ces dernières lui donnent la dimension d’un véritable palimpseste qui oblige à relever ses traces visibles ou cachées. Comment saisir le pouvoir d’attraction que la Tuilerie de Massane et sa source ont pu exercer sur la personnalité d’un écrivain-poète tel que Joseph Delteil ? Il en fit sa thébaïde et le contexte quotidien de la création d’une partie majeure de son œuvre littéraire.
Quelles sensations ou perceptions liées à son expérience vécue, durant plus de 40 ans, sont-elles rendues accessibles par ses écrits, ses paroles et les témoignages de ses contemporains. Par cette relation intime, qui s’est nouée peu à peu au long des années, entre Joseph Delteil, Caroline Dudley et ce lieu historique du terroir de Montpellier, le mot « bonheur » apparaît dominant. Le paysage comme image de la nature et de ses ressources simples, fruits, légumes, produits de la vigne, eau pure, lumière et soleil… est chez lui associé au réel et au désir d’en jouir pleinement. Le savoir-faire, les usages et leurs pratiques, le palpable et le consommable joyeux, priment et rejoignent sa simplicité de mœurs et son retour à la poésie. La Tuilerie de Massane fut son domaine de vie quotidienne, elle a nourri son œuvre et l’a constamment inspiré.
Ainsi, peut-on s’arrêter dans ce cas au seul mot paysage ? Mot ambigu qui évoque aussi bien un lieu que sa représentation picturale ou littéraire. L’espace géographique par ses mutations au cours de l’histoire, le territoire et ses systèmes multiples de gestion, les milieux naturels et leur opportunité, forment des clés de compréhension complexes mais indispensables pour en rendre compte. Les rapprocher permet de mieux comprendre aussi l’univers Deltheillien durant ses années grabelloises. La garrigue autour de Montpellier, remarquablement analysée par Patrice Gounel 1 n’a pas été perçue par le regard de Joseph Delteil comme menacée à l’époque de l’entre-deux guerres, mais au contraire comme un refuge propice et un retour aux sources. Tous ses sens étaient en éveil et la perception de la campagne rustique tant désirée, l’entraîna à vivre intensément une vie de jardinier-écrivain, heureux des produits de sa terre et jouissant du plaisir quotidien de faire apprécier le vin de sa vigne à ses hôtes et le spectacle de sa cave bien pourvue de breuvages ensoleillés.
Entre le paysage perçu et le paysage vécu, la marge est étroite pour le comprendre, mais ne s’élargit-elle pas encore par le biais de l’imaginaire de ce joyeux rebelle, auteur à succès, fuyant l’intransigeance des Surréalistes pour retrouver la matrice initiale de la vie, l’univers des « premiers paléolithiques » et une « oasis » de fraîcheur et d’innocence loin du tumulte de la vie parisienne.
Analyser l’histoire de cet espace transformé de toutes pièces en paradis, grâce à la maîtrise de l’eau, donne au site une dimension nouvelle, une charge émotionnelle et symbolique qui fascine, lorsque que l’on remonte l’ancien chemin de Grabels pour gagner les terres de la Tuilerie de Massane car son histoire est indissociable de celle de la source de Massane.
Le paysage deltheillien se charge de la mémoire et de l’œuvre oubliées de l’écrivain-poète, mais il désole et révolte le visiteur en parcourant les bâtiments ruinés et les ombrages abandonnés de la source millénaire. Au-delà des pierres et des herbes, on cherche sa silhouette dans les décombres. Que reste-t-il aujourd’hui du paysage de la Tuilerie de Massane, celui du cadre de vie quotidien de Joseph Delteil. Enfin que reste-t-il de lui dans le souvenir des Montpelliérains ? Avant d’aborder ce lieu symbolique, il convient de remonter le temps et d’en cerner les principales évolutions tant du point de vue des paysages que de ses structures historiques.
I- La Tuilerie de Massane et sa source du XVIIIe au milieu du XXe siècle.
Approche historique
La Tuilerie de Massane et sa source sont attestées dès le XVIe siècle sur les plans terriers des juridictions de Grabels. Les mentions des compoix établis ensuite au XVIIe et XVIIIe siècle décrivent les terres et leurs usages comme liés à une « métairie et à une fontaine ». La fabrication de tuiles et briques dépendait alors d’abondantes ressources en eau pour préparer l’argile et animer les moulins et les process. Cependant, l’activité agricole restait dominante et elle devint presque exclusive ensuite. Autour des bâtiments de la métairie de Massane, s’étendait un grand domaine agricole associant des terres labourables, des garrigues et des vignes. Le foncier partagé entre les deux juridictions de Grabels et de Montpellier était peuplé de « mas » ou de « métairies » assez modestes dans le secteur de la Mosson, La Paillade, Grabels et Montferrier. Les finages des diverses métairies au début du XVIIIe siècle, appartenaient aux seigneurs de la Mosson et de Montferrier.
De nombreuses sources alimentaient des ruisseaux affluents de la Mosson ou du Lez. Des cultures irriguées par les puits ou les aqueducs formaient ainsi des paysages de jardins potagers et de vergers à partir de la captation des sources. Une grande partie des produits alimentaient les marchés de Montpellier.
L’économie agricole associait cultures sèches, olivettes et vignes, sur le sommet des collines et des pâturages à moutons ou devois dans les garrigues rases. Chênes verts, filaires, érables de Montpellier et pins dressaient leurs silhouettes aux lisières des champs et des vignes, souvent entourés de murets de pierre sèche et de quelques haies vivaces. C’était le cas sur le domaine de la Tuilerie de Massane au XVIIIe siècle. Les relations entre les terres de Massane et le domaine de Puech Villa, acquis par Charles Gabriel Le Blanc, ont été exposées antérieurement dans cette revue par l’auteur 2.
Rappelons, cependant que le jeune fermier des Gabelles, acheta un grand domaine en 1729 pour parfaire son entrée dans la haute société de l’époque et mettre en œuvre un projet de « maison des champs » digne de sa charge royale. Il acquit aussi en 1736 le domaine de Massane qui se trouvait plus au nord, car il était doté d’une source abondante nécessaire à ses projets d’irrigation. Il fit construire pour capter la source une chambre des eaux et un aqueduc, qui existent toujours. Après la mort de Charles Gabriel Le Blanc en 1750, les biens furent revendus par deux fois.
En 1762, l’Intendant du Languedoc, Emmanuel Guignard vicomte de Saint Priest, en devint propriétaire. Un plan terrier en donne l’inventaire et permet de connaître la disposition des bâtiments de cette métairie ainsi que l’emplacement de la source éponyme. Mais cette année fut marquée aussi par la revente le 8 juin 1762 de la Tuilerie de Massane, comme bien d’usage agricole et artisanal à Hippolyte Crespin par le vicomte de Saint Priest 3. La« fontaine » et ses eaux restaient la propriété du vicomte. Les sources étaient assorties de droits d’eau seigneuriaux qui devaient être respectés par les riverains. La carte de Cassini indique plusieurs sources reliées entre elles et convergeant vers le sud. Quatre retenues sur le site de la Tuilerie permettaient de stocker l’eau sur place. Les piquages sauvages des eaux de la source avaient posé des problèmes d’irrigation des terres de Massane et le vicomte avait été confronté à plusieurs conflits sévères affectant l’ensemble de ses parcelles irriguées. Certaines retenues existent toujours noyées dans la verdure et en partie comblées. Une combe envahie de plantes aquatiques témoigne encore aujourd’hui de cet ancien système hydraulique.
Le vicomte de Saint Priest mourut en octobre 1785 et une partie des terres de Massane fut cédée à Pierre Vignole de la Farelle, en 1789. Elles furent longtemps arrentées au sieur Antoine Fosse, métayer.
Un négociant de Montpellier appelé James, acheta ensuite, cet ensemble selon un acte passé devant maître Péridier, notaire à Montpellier, le 27 Prairial de l’An X (1802). Un inventaire des biens fut dressé ensuite le 8 octobre 1805 4. Les terres étaient toujours exploitées en polyculture, de type méditerranéen, en sec. La description établie témoignait d’un relatif abandon : « pas de labours ou d’entretien des terres et des fossés où croissent les arbres, depuis longtemps ». Après la mort de son père, Jean Jacques James hérita de ses biens puis s’en sépara en décembre 1821.
On est frappé par la rapidité avec laquelle ce vaste domaine changea de propriétaires entre 1789 et 1821. Les troubles de la Révolution et de l’Empire n’y sont pas étrangers mais les espoirs déçus et les difficultés d’exploitation, liés une certaine pénurie d’eau s’allièrent à d’autres facteurs pour précipiter les reventes.
Une nouvelle mutation eut lieu, en effet, le 18 décembre 1821 par une vente à Marie Nicolas Fournier, évêque de Montpellier. Il est précisé dans l’acte enregistré 5 que monseigneur Fournier achète le domaine de Puech Villa « avec toutes ses terres et bâtiments agricoles, les appartements et leurs dépendances, sur le terroir de Montpellier… ». Y était comprise également « la fontaine qui est auprès de la métairie, dite La Tuilerie, avec les regards et réservoirs de ladite fontaine et conduits portant l’eau au château et qui passent par les terres de différents particuliers ».
La métairie appartenait à l’époque à l’abbé Crespin. Il est clair que les terroirs évoqués étaient dépendants de cette source pour leurs besoins d’exploitation. Un déficit en eau général s’accentua cependant au détriment du paysage et de l’entretien des terres, du fait d’une mauvaise gestion générale des réseaux.
Un partage des eaux à l’amiable fut par ailleurs une mauvaise affaire pour l’Évêque. En effet, il fit aménager la sortie de la chambre des eaux par deux bouches différentes afin de répartir les flux entre les héritiers de feu Hyppolite Crespin et lui. À partir de 1834, ce grand domaine prit le surnom de « Campagne de l’Évêque » et le conserva ensuite. Il couvrait encore plus d’une trentaine d’hectares sur la commune de Grabels. Le paysage de la Tuilerie de Massane à l’époque était celui d’un ensemble composé d’une ferme avec écurie, étables, cuveaux et autres logis. Le cadastre napoléonien en témoigne. L’inventaire détaillé associait notamment de nombreuses vignes, des champs d’avoine et des herbages, des parcelles en blé et en orge; une grande olivette comptant 172 oliviers sur un ha et demi, enfin un jardin potager signalé également près d’un puits. Une image de vaste « campagne » d’où émergeait le bosquet de platanes du bassin de la source de Massane. Champs, vignes et garrigues bordaient les chemins vers Grabels et Saint-Gély-du-Fesc, en couvrant largement les collines.
Joseph Delteil et Caroline Dudley découvrirent un siècle plus tard une métairie ancienne dans un paysage et un contexte proches du XIXe siècle, tant les pratiques agricoles héritées du passé étaient encore en vigueur et les modes d’habitat sur le site, archaïques. Elle ne semblait pas avoir beaucoup changé en 1937 et c’est son atmosphère surannée qui les séduisit tous les deux.
II – La Tuilerie de Massane, refuge et havre de paix de l'écrivain Joseph Delteil de 1937 à 1978
Le bonhomme Delteil 6
« Qui est-ce donc, ce bonhomme Delteil ?
En art, un baroque ?
En pensée, un paléolithique ?
Dans la vie, un innocent ? ».
J. Delteil. La Deltheillerie, 1968 7
La question du paysage est un domaine difficile à aborder tant il y a de lectures possibles de ce même lieu, inscrit de plus dans un contexte polémique. Elle devient plus complexe encore, lorsque l’on tente d’approcher certaines permanences ou ruptures, à travers les différentes époques.
Sommes-nous placés dans l’imaginaire individuel ou collectif d’un moment ?
Saisissons-nous seulement des enchevêtrements de systèmes ou des rapports charnels profonds, qu’il conviendrait de rappeler et de faire respecter, en mémoire de l’écrivain, car ils font partie de l’histoire du lieu ?
Une ferme périurbaine
Delteil a un coup de foudre pour ce lieu, longtemps cherché avec sa compagne en Vaucluse puis dans le Gard, il le décrit plus tard comme son « oasis », au cœur de l’Hérault dans son dernier ouvrage.
« Donc, il y avait là-bas dans les garrigues de Montpellier une espèce de vieille métairie à vin, à lavandes et à kermès, à demi abandonnée, et donc j’ai fait une oasis dans le désert, un point de vie comme il y a des points d’eau : La Deltheillerie. » 8
Le site de la Tuilerie de Massane, aujourd’hui en grand danger d’être urbanisé et détruit a été pour nous une sorte d’espace « laboratoire » 9 sur le paysage sur lequel nous avons entrepris des recherches. Ainsi y sommes-nous revenue près de 20 ans après. Puisse ce travail aider à éclairer des liens qui ne sont plus apparents aujourd’hui pour le plus grand nombre, mais qui sont indissociables de la perception du paysage de la Tuilerie. L’eau dans le paysage a été le fil conducteur de notre réflexion, car elle nous a permis de mettre en lumière des problèmes récurrents qui concernaient sa mise à disposition, sa conduite et sa gestion. La vie de Joseph Delteil à la Tuilerie de Massane n’aurait sans doute pas été la même si la source avait été tarie et si l’eau abondante n’avait pas permis de faire perdurer l’oasis convoitée. Elle est la clé de la compréhension de ce paysage emblématique et des permanences troublantes qu’on y a observées, à travers les siècles.
Lorsque nous avons découvert l’œuvre littéraire de Joseph Delteil à la Faculté Paul Valéry dans les années 60-70, la liberté de ton et l’humanité de cet auteur qui abaissait toutes les barrières des conventions et de la pensée littéraire formatée, nous ont séduite. Ses textes correspondaient à notre approche d’une nature que nous commencions à sentir en danger, du fait de phénomènes urbains et socio-économiques radicaux, conduisant à une révolution éco-géographique impactant à terme les modes de vie et les formes de l’habitat contemporain. Avec son concept de « retour au Paléolithique », Joseph Delteil nous interpellait pour nous faire réfléchir, comme nos référents Claude Lévi-Strauss, Edgar Morin ou René Girard, notamment, sur l’avenir de la planète.
Il s’était déclaré en 1977, « anti-nucléaire » et il peut être aujourd’hui considéré comme l’un des premiers écrivains « écologistes » par son retour aux sources. Il ouvrait lui aussi une voie vers une prise de conscience d’une nécessaire simplicité ou même d’un dépouillement heureux, pour aller vers l’essentiel et lutter contre les cinq monstres modernes, selon lui : L’usine, l’agglomération, le robot, le travail et la guerre.
Joseph Delteil, désirait faire pour lui-même et sa compagne « un retour à l’authenticité » à travers le concept de « paléolithique » au cœur d’un territoire encore couvert de vignes et de garrigues, peuplé de lièvres et de perdrix, en rupture avec son cadre de vie parisien. Qu’y cherchait-il ? Et que trouvait-il d’important pour lui dans cette métairie isolée, assez vétuste, perchée sur une colline du nord-ouest de Montpellier. Quelles traces ont laissé sur place les formes les plus anciennes des paysages hérités du passé, des usages agraires et des ambiances « campagnardes », recherchées par ce poète du XXe siècle, né dans l’Aude, à Villar-en-Val et resté viscéralement attaché au Languedoc.
Quel rêve poursuivait-il ? L’espace réinvesti pouvait-il être qualifié « d’authentique », comme il y aspirait ? Quel paysage vécu et ressenti imprégnait son talent d’écrivain ? Entre réel et imaginaire, où placerions-nous le curseur ?
Devenu très célèbre à partir de 1922-23 10 au sein de la société parisienne, Delteil est las de la vie mondaine, du succès et de ses excès, qu’il contribue personnellement à alimenter par le jeu, les femmes et les fêtes. Sa rencontre avec Caroline Dudley est déterminante pour ce retour à la « vraie » vie à la Tuilerie de Massane. En effet, ils veulent « vivre de peu. » Cependant, il ne faut pas oublier qu’il lui faut aussi soigner au soleil les séquelles d’une pleurésie tuberculeuse, contractée en 1931 et qui le laisse de santé très fragile. Petit homme menu et flottant dans ses vêtements, il appartient pour toujours au paysage de ce site entouré d’arbres et de fleurs, d’outils agricoles et de muids.
Le Païre et la vigne
Joseph Delteil s’attache les services d’un « ménager », le « païre », qui le conseille pour les soins apportés à ses vignes et à son vin. Joseph Sanchez et l’aîné de ses enfants vécurent la guerre à ses côtés et les témoignages de leur vie à Massane sont touchants : Daniel Sanchez, le fils du Païre parlait ainsi de ses souvenirs autour de son enfance avec Joseph Delteil.
« Pour moi et pour nous trois, mes sœurs et moi-même, c’est un devoir de mémoire et de reconnaissance car Joseph Delteil était un homme charmant, certes bizarre, mais très intéressant. En vivant sur place, nous avions l’occasion de le voir tous les jours dans son jardin, dans ses vignes, dans sa cave, lorsqu’il faisait son vin, lorsqu’il s’entretenait avec mon père à propos des taches agricoles et qu’ils parlaient de leur amour du terroir et de la vigne. »
L’amour de la vendange et de la préparation de la vinification était une passion partagée pour le vin Joseph Delteil veillait lui-même à cette période cruciale de l’année, où tous les gestes comptaient dans ce paysage où dominaient ses propres vignes et où la cave était le cœur de l’espace et de l’action.
« Je les revois tous les deux, Delteil et mon père, dans la cave à vin, devant les foudres qui étaient énormes. C’était magnifique ces grands foudres. Il y en avait au moins huit ou dix, alignés le long de la cave. » 11
Ses amis disparus témoignent et d’autres se souviennent des moments de dégustation et de leur cérémonial. Jean Claude Drouot évoque le vin servi à table à la pipette et le goût de la Cartagène, élevée en fut de chêne dans le grand chai.
Dans la Belle Aude publiée en 1930, Joseph Delteil évoque ainsi la vigne :
« La vigne est une plante délicate par excellence. Elle exige des soins constants, une sorte d’intelligence ou de divination manuelles. Puis un beau matin, une gelée, un coup de grêle emportent tout. Dans ces soucis, dans cette précarité, le plus humble paysan puise le sens d’une vie supérieure. De se savoir à la merci d’un nuage prédispose l’âme à la métaphysique, à la religiosité, aux chimères aussi (…). Le vin, d’ailleurs est aujourd’hui l’âme de ce territoire et son espèce de dieu. »
Il rénove entre 1938 et 1940, les réseaux d’irrigation qui lui sont utiles, à partir de l’eau de la source et en cerne le potager et les vergers qui entourent la maison. Les fruitiers dévalent la pente en direction du midi sur le versant ensoleillé. Les bassins murmurent et attirent les oiseaux.
« Il avait un très grand jardin où il cultivait de tout, du fait de l’eau à volonté qui arrivait à cet endroit. Il cultivait lui-même ses légumes et il avait des arbres fruitiers, notamment des amandiers qu’il taillait lui-même » (…) « Il y avait plusieurs points d’eau à la Tuilerie : des bassins dans le jardin, mais aussi un puits avec une pompe à main, qui se trouvait dans la cour de la ferme, située derrière la cour d’entrée. »
Le tunnel de la Source leur servit d’abri durant la guerre :
« Le seul souvenir précis que je garde de la période de la guerre, c’est lorsque des avions qui allaient bombarder Fontfroide, ont survolé la Tuilerie. J’étais avec mon père qui labourait la parcelle où on cultivait le blé pour les bêtes, une parcelle située sous le parc de la Tuilerie. Je devais avoir quatre ou cinq ans, je jouais pendant qu’il labourait. Quand il a vu les avions arriver, il a laissé le cheval au milieu du labour, et il m’a pris avec lui pour nous mettre à l’abri dans un tunnel qui se trouvait à la Tuilerie, pas très loin de la pompe du puits (…). C’était comme une roubine qui avait été canalisée et on pouvait rentrer à l’intérieur (…). C’est là qu’on se réfugiait, quand il y avait des alertes pendant la guerre. »
La vie simple les séduit. C’était leur souhait et ce sera leur bonheur de 1937 à 1978, au milieu de leurs hôtes venus du monde entier 12.
Durant la guerre de 39-45, sa maison est ouverte à ceux qui ont besoin de refuge, tel Pierre Soulages qui, réfractaire au S.T.O, vient le rejoindre et se cacher avec son épouse dans ses vignes. Tous deux étaient inscrits à l’École des Beaux-Arts de Montpellier.
Des détails évoqués par Simone Sanchez dans l’entretien précité sont émouvants :
« Il était toujours dans la nature, à son contact, et quand il voyait une fleur de pissenlit ou autre chose, il la ramassait pour qu’elle s’ouvre et s’épanouisse dans sa maison, où il y avait toujours des bouquets de fleurs des champs auxquels il mêlait des roses, des œillets, des vieilles variétés de lys. »
Joseph Delteil semble être imprégné profondément par ce milieu préservé où il vit ses journées comme le paysan qu’il sent renaître en lui, à travers les saisons et les jours. Le paysage qui l’entoure lui permet de s’immerger dans les vergers qu’il soigne, les légumes qu’il récolte et qu’il partage généreusement. Tout le fait vibrer et vivre une expérience sensorielle et culturelle retrouvée car il a grandi dans les collines de l’Aude, à Pieusse.
« Quand on regarde la Tuilerie de Massane, depuis la Valsière, c’est à dire à l’opposé de l’entrée principale qui se trouve que la route de Montpellier, il y avait une double rangée d’amandiers, puis à gauche une grande parcelle où il cultivait des céréales pour les bêtes, et à droite une grande vigne, celle où Delteil avait ses cépages personnels. »
Quelle perception a-t-il de ce qui l’environne ? Une photo le montre dans ses vignes avec les tours de la Paillade en fond de décor. Sent-il la menace, sur cet univers préservé et amoureusement entretenu, qui accompagne la progression de la ville ? Elle n’est peut-être pas encore assez précise.
Dans le parc qui était en fait le grand bosquet de la Source, tous cherchaient les ombrages et les enfants dégustaient les graines et les fruits sauvages des arbousiers, des féviers et des pins pignons. Il existe encore aujourd’hui et sa fraîcheur est indissociable de la maison de l’écrivain-poète.
Mais l’histoire de la Tuilerie de Massane se poursuit aussi durant la période de l’écrivain-poète. En 1956, le couple, resté sans enfant, est obligé de vendre en viager le domaine qu’il exploite avec toutes ses vignes, dont les parcelles sont dispersées entre Grabels et Montpellier, sa source, son logis et ses communs. La transaction s’effectue au profit de la famille Poudevigne, dont le chef de famille devient le métayer du domaine en s’installant sur place. Disparu en 1978, Joseph est suivi bientôt par Caroline qui meurt en 1982.
La Tuilerie de Massane est abandonnée en 1996 puis pillée et squattée. Il ne reste presque rien sur place des traces de la vie quotidienne, des livres et des meubles de l’écrivain-poète et des siens. Après une longue série de transactions, les ayants-droits de la famille Poudevigne ont vendu le domaine de la Tuilerie à la mairie de Grabels en 2019 ainsi que la source de Massane.
Sur le territoire de Grabels, au nord de Montpellier, La Tuilerie de Massane, noyée autrefois dans les vignes et les parfums de la garrigue, n’est plus ce qu’elle était. Les friches la cernent et la source qui murmure encore n’a plus l’abondance du passé. Les oiseaux y nichent et les écureuils s’ébattent dans les pins. Le vent traverse les prairies à demi-sauvages en agitant les frondaisons des arbres puis ensuite, s’engouffre dans les cours et les bâtiments éventrés avant de traverser les anciens potagers. Les fruitiers abandonnés, sont envahis de ronciers qui reçoivent encore quelques fruits tombés à l’automne. C’est ainsi qu’elle nous apparut en 2017 lors d’une visite du site.
Une maison d'écrivain
Le Languedoc n’est pas dépourvu de ces lieux magiques où mémoire et littérature s’allient à la perception de paysages perdus, célébrés par des auteurs sensibles et talentueux, aujourd’hui disparus.
Les « maisons des écrivains » tels que celles de Joe Bousquet, Max Rouquette, Gaston Bonheur ou Gaston Baissette 13 pour ne citer que ces illustres écrivains languedociens du XXe siècle, témoignent non seulement de ce qui fit leur univers familier et intime, mais aussi d’une source d’inspiration constante, véritable point d’ancrage pour développer sensibilité au terroir, poésie en langue d’Oc et traditions autour de la vigne et du vin. Leur fortune fut diverse mais l’une des plus négligées à ce jour reste celle de Joseph Delteil, comme s’il était convenu tacitement, qu’elle devrait disparaître dans l’oubli, l’indifférence générale, pour effacer le souvenir du gentil feu follet, provocateur joyeux, pétri de culture grecque et latine et de références au Poverello. Son François d’Assise fit date dans le monde littéraire. « Delteil est un ange, d’où sort ce type ? » disait de lui Henri Miller.
Le paysage Deltheillien
Les paysages des écrivains et des poètes n’ont-ils existé que dans leur imagination ?
Ne témoignent-ils pas d’une construction du regard, de jeux de perceptions et d’émotions qui leur sont propres, certes, mais qu’il leur est possible de faire revivre et partager avec d’autres par la littérature ? N’ont-ils pas entraîné leurs lecteurs dans leur univers, afin de saisir à leur manière les lieux décrits, de susciter des émotions et des rêves nouveaux ?
Investir les espaces autrement par le sens des mots et le surgissement des images, n’est-ce pas le but même de l’écriture ? Tout regard est culturel et par la même, tout paysage participe de l’intime et du collectif, de l’histoire et du présent. La Tuilerie de Massane n’échappe pas à la règle.
Joseph Delteil, s’empare du paysage, de son paysage. Il le peaufine, le soigne pour son propre plaisir et celui de ses proches. Son amour de la nature, de ce qu’elle peut procurer de fruits de la terre et de bonheur est pour lui une source inépuisable. Il devient une sorte démiurge bienfaiteur.
Eau fraîche et Cartagène furent les deux sources adorées de ceux qui hantèrent les lieux. Bue au soleil, loin du tumulte de Paris et des désillusions, elles abreuvaient et réjouissaient les cœurs des amis et des voisins, dans la chaleur du Midi. La Source de Massane alimentée depuis le tréfonds des couches géologiques par le dédale mystérieux de son impluvium, surgissait abondante sous les voûtes de la chambre de pierre construite par un dynamique contrôleur des Gabelles au XVIIIe siècle. Les jardins potagers guettés par le lièvre et les vieux arbres pleins d’oiseaux, tous chers à Joseph et à Caroline, prospéraient ainsi grâce à son eau.
Dans son dernier ouvrage, il évoque ses souvenirs d’enfance et revient en poète mélancolique ou joyeux selon les jours, sur son expérience sensible de la nature où s’entremêlent un fort désir masqué d’indépendance et le regret du nid familial.
Il rappelle combien sa mère fut au cœur d’un tumulte intérieur au moment de son échappée, en 1920 à Paris à la conquête de sa liberté :
« Une promenade dans ces vignes d’automne, dépouillées de la vendange et toutes abandonnées au vent, m’agréa. Et nous étions partis mameiller. Mameille, vous le savez, c’est le nom patois du grappillon. C’est la toute petite grappe, la grapette, la grapillette, encore peu mûre, mal mûrie que le vendangeur a oublié sur la souche. » 14.
« Le temps était gris, doux et monotone, un temps de circonstance, un temps d’après-noces, à peine par intervalles piqué d’un cri d’alouette, d’une feuille rouge. De toutes parts des signes, des échos naissaient et s’éparpillaient. À l’heure du destin la mémoire et l’imagination s’en donnent à cœur joie. Les hirondelles, c’était l’échéance, se rassemblaient une à une le long des fils télégraphiques, de jolies brochettes d’ailes et de queues. Elles tâtaient l’air et prenaient le vent. » 15.
Le paysage ressenti est saisi à travers l’imminence du départ et le désarroi de l’âme. La nature est perçue à travers le sentiment de la perte, dans un échange subtil entre la nature et l’être, accompagné par les vignes et les oiseaux.
Les dernières années de sa vie à la Deltheillerie furent marquées ainsi par une certaine mélancolie et un retour sur son passé. Il s’éteignit à l’hôpital de Montpellier le 12 avril 1978. Caroline le suivit quelques années après en 1982.
Conclusion
En déshérence depuis plus de 40 ans, abandonnée et meurtrie, la maison de l’auteur de Choléra, Jeanne d’Arc, des Poilus ou de Jésus II…pour ne citer que quelques-unes de ses œuvres, est toujours en attente d’un nouveau destin.
En Février 1984, à un dossier de demande de protection de sa maison des champs, déposé en 1983, l’inspecteur des monuments historiques de l’époque donna un avis défavorable au regard d’une ancienne tuilerie « à l’architecture modeste ne reflétant pas l’activité industrielle qu’elle a connue ».
Caroline Delteil avait disparu deux ans auparavant et la maison de l’écrivain était encore susceptible d’être sauvée avec les derniers vestiges de la présence du couple et son paysage emblématique. Joseph Delteil était-il déjà oublié ?
Les travaux d’aménagement de l’avenue de Gimel et du rond-point desservant La Valsière et Grabels (D.127) détruisirent définitivement certaines traces du système hydraulique de la source de Massane, au début des années 2000. Les constructions en contrebas firent disparaître une grande partie des jardins et des vergers de la Tuilerie. Nous avions constaté qu’en 2003, le débit de la source avait diminué du fait des atteintes à son impluvium. Elle n’en demeure pas moins aujourd’hui encore pérenne.
Le site, d’une superficie actuelle de 7 ha, s’inscrit aujourd’hui dans une immense échancrure verte, saisie par les photos aériennes, comme le dernier espace encore libre de toute conquête bétonnée, au nord-ouest de Montpellier. Un atout exceptionnel pour une métropole dont la croissance s’accélère et qui comble peu à peu ses îlots de liberté, sans tenir compte du patrimoine tant historique qu’écologique ou symbolique, qu’ils représentent et dont elle dispose encore.
Les dernières friches vertes sont menacées d’être conquises par des immeubles et des voiries que la politique de densité exigerait aujourd’hui, favorisant spéculation et comblement urbain.
Les dépôts sauvages de décombres et d’ordures envahissent les creux encore humides et les bords des sentiers, derrière ce qui fut la maison de Joseph Delteil, un lieu secret de bonheur personnel vécu avec sa muse américaine Caroline Dudley. L’homme de la « Paléolithie » en fit cependant une Thébaïde heureuse pour tous les artistes, écrivains et amoureux des mots qui vinrent lui rendre visite.
Un projet de Z.A.C de plus de 830 logements est à l’étude et les convoitises s’aiguisent peu à peu. Conserver l’intégrité spatiale, temporelle et l’image symbolique, de la Tuilerie de Massane, dans cette partie de la métropole de Montpellier, apparaît depuis plus de 20 ans comme un impératif. La vue que Joseph Delteil avait des premières tours de la Paillade en 1972 a bien changé 16. Les vignes et la campagne entretenue ont disparu. Place aux friches et aux décombres dans ce que les urbanistes appellent « les zones périphériques urbaines ».
Nous ne pouvons pas nier que l’état de dégradation extrême dans lequel les pouvoirs publics ont laissé la Tuilerie de Massane s’enfoncer, depuis la mort de l’écrivain-poète en 1978 et l’abandon réel lié aux propriétaires et ayant-droit suivants, ont été des leviers majeurs pour le combat des amoureux des Lettres et de ses amis, français ou étrangers. Soucieux de la conservation de sa maison aux portes de Montpellier et de la création d’un lieu de mémoire dédié à la valorisation de son œuvre et au paysage qui en était le contexte, centré sur la célébration de la vendange, du vin et des poètes anciens et modernes, ils réclament une réhabilitation du bâti et de sa vigne muscat personnelle, de ses jardins et la préservation de sa source de Massane.
L’opiniâtreté est une vertu, chez les amoureux du monde de Joseph Delteil pour sauver la maison et l’univers de l’écrivain en désirant valoriser le site autrement. Ces fervents défenseurs sont très actifs au sein d’un comité dynamique 17 devenu rapidement national, voire international, ouvrant des perspectives nouvelles vers un pôle culturel et une « maison des écrivains » rayonnant à terme, autour des livres du poète et des œuvres nouvelles d’auteurs francophones en résidence.
La Tuilerie de Massane fut longtemps vouée aux fantaisies et aux fulgurances de l’une des plus attachantes personnalités de la littérature française, du XXe siècle, qui révolutionna modestement à sa manière le monde des idées et des mots, en créant un nouveau langage et en accueillant toujours les autres avec son humanité coutumière.
« La Deltheillerie est le domaine imaginaire de ma création,
comme la Tuilerie de Massane est le domaine réel où je vis. »
J. Delteil. 1977
BIBLIOGRAPHIE
AUDURIER-CROS et alii 2003 : AUDURIER-CROS (Alix) et Alii, Équipe de recherche publique ARTOPOS, EAML Marseille Luminy. « Étude préalable à la restauration du parc. Le Domaine d’O et ses jardins. Étude historique et documentaire ». Rapport et annexes, 205 pages. CRMH/DRAC Languedoc Roussillon. Janvier 2003.
AUDURIER-CROS, MICHAUD 2002-2003 : AUDURIER-CROS (Alix), MICHAUD (François), Les jardins du Château d’O à Montpellier au XVIIIe siècle : création et évolution entre 1722 et 1766, dans Études Héraultaises 33-34, 2002-2003, 26 pages.
BRIATTE 1988 : BRIATTE (Robert), Joseph Delteil, qui êtes-vous ? Lyon, La manufacture, 1988, 376 pages.
BRIATTE 1994 : Sous la direction de Robert Briatte, Les aventures du récit chez Joseph Delteil. Colloque de Cérisy. 2-11 Juillet 1993, dans Cahier Joseph Delteil. Le temps qu’il fait. Presses du Languedoc, 1994.
CORP 2018 : CORP (Christophe), sous la direction de, Abracadabrantesque. Joseph Delteil dans Revue Souffles, les écrivains méditerranéens. N° 258-259, 2018, 570 pages. (*)
CORP, ROUGER DU TELL 2018 : CORP (Christophe) et ROUGER DU TEIL (Janniik), Joseph Delteil, la gloire de mon paire , entretien enregistré auprès des enfants de Joseph Sanchez, le métayer de l’écrivain, Simone, Janine et Daniel, le 21 Mars 2018. (Archives privées). Publié in …(*)
COUDERC 1993 : COUDERC (Paul), Charles-Gabriel Leblanc dans Mémoires d’Oc N° 23. Mars 1993, 21 pages.
DELTEIL 1961 : DELTEIL (Joseph), Œuvres complètes, Grasset, Paris 1977. 695 p.
DELTEIL 1996 : DELTEIL (Joseph), La Deltheillerie, Les Cahiers Rouges. Grasset, Paris, 1996.
GOUNEL 2004 : GOUNEL (Patrice), « Les Hautes Garrigues montpelliéraines ou l’appropriation urbaine du vide ». Recherches. 2004/15 GREGAU. UMR 5045. Publications Montpellier 3.
LEENHARDT 1931 : LEENHARDT (Albert), Quelques belles résidences des environs de Montpellier, Ed. Causse, 1931.
MAUMENÉ 1934 : MAUMENÉ (Albert), Maisons, jardins et meubles en Languedoc et Roussillon, La Vie à la campagne, numéro 90, 15 Décembre 1934.
NOTES
1. Gounel 2004.
2. Audurier Cros, Michaud. Études Héraultaises. 33-34. 2002-2003.
3. On peut estimer la superficie totale à environ 120 ha, d’après cet inventaire établi en 1762 puis révisé en 1774. AD34 1E 374.
4. Expertise du 8 octobre 1805 déposé chez Maître Auterac à Montpellier. AD34 1E 285.
5. Étude de Maître Pierre Charles Caizergues, 18 décembre 1821. AD34 2E 57/109.
6. Joseph Delteil 1894-1978.
7. Souffles, 2018.
8. La Deltheillerie. Page 18.
9. Audurier-Cros, Michaud E. H. 2002-2003, pages 33-34.
10. La Deltheirie est son dernier ouvrage. Parutions de ses premiers ouvrages Sur le fleuve Amour en 1922 et en 1923 Choléra.
11. Souffles 2018.
12. Laurence Durell et Henri Miller furent ses hôtes. Amis de toujours, Robert et Sonia Delaunay y vinrent avec Marc Chagall pour savourer des moments précieux en sa compagnie avec Frédérique Jacques Temple ou Madeleine Attal. Picasso, Brassens, Christian Lacroix, Fabrice Lucchini ou Jean-Claude Drouot le découvrirent, jeunes étudiants à Montpellier, sans oublier Pierre Soulages.
13. Joe Bousquet (1897-1950) Carcassonne, 11 ; Max Rouquette (1908-2005), Argelliers, 34 ; Gaston Bonheur, (1913-1980), Gaston Baissette (1901-1977).
14. La Deltheillerie. Le mameillage. Pages 58-59.
15. La Deltheillerie, pages 74-75.
16. Les photos de Bob Ter Schiphorst en témoignent. Photographe et ami de Joseph et Caroline Delteil, il a laissé un fonds d’images exceptionnelles.
17. Une pétition pour la sauvegarde de la Tuilerie réunit en 2019 plus de 15 000 signatures. Le Comité de défense de la Tuilerie de Massane, présidé par le peintre Pierre Soulages réunit depuis 2017, des personnalités telles que notamment Jean-Claude Drouot, Fabrice Lucchini, Catherine Frot, Madeleine Attal, Christophe Corp, Jacqueline Martichon, Carré Delteil et… l’auteur de cet article.