Description
Le connétable Henri de Montmorency et les abbayes et prieurés de l’Hérault
« Messieurs les cinq enféns de M. le connestable, de qui on a remarqué une chose qui a estonné beaucoup de personnes de ce temps, dequoy pas un de tous ceux-là n’en fit aucun d’église… »
Au moment où Brantôme remarquait l’absence de carrières ecclésiastique des fils du connétable Anne de Montmorency, le puîné Henri de Montmorency-Damville s’embarquait déjà dans sa chasse aux bénéfices qui lui valaient 100 000 écus vers 1606 . Nous étudierons ici les bénéfices réguliers, les relations entre Montmorency et les titulaires des évêchés formant l’actuel diocèse de Montpellier méritant une étude à part plus approfondie . La commende, la confidence (convention secrète constituant à posséder un bénéfice sous le nom d’une autre personne qui en a le titre sans jouir des fruits) et l’octroi des pensions sur les revenus ecclésiastiques étaient les trois piliers du commerce des bénéfices dont profitaient la monarchie, la noblesse et les élites dans le système « clientéliste » de la France des XVIe et XVIIe siècles . Nous ne pouvons évaluer précisément les profits que Montmorency et ses proches ont tiré des bénéfices héraultais. Mais la recherche des bénéfices avait, bien sûr, une part important dans l’entretien de sa « clientèle ».
Henri de Montmorency était bien placé pour exploiter les ressources de l’Église. Parmi ses secrétaires, Jean Valernod était le frère aîné du futur évêque de Nîmes, Pierre IV de Valernod ; leur neveu, Jean Mandat, devint à son tour premier secrétaire et ses frères Louis et Mathurin étaient chanoines de Nîmes. Un maître d’hôtel, Paul Anthoine du Puget, sieur de Sauvin, avait un frère chevalier de Malte et grand prieur de Saint-Gilles, et était lui-même citoyen d’Avignon, donc sujet du pape ; nous les retrouvons tous deux en mission à Rome. Un autre maître d’hôtel, Pierre de Parisson, sieur du Revest, dont le frère Balthazar était protonotaire apostolique, avait été chanoine de Toulon et avait détenu d’autres bénéfices aux diocèses d’Aix et Avignon avant son mariage en 1578. Il avait servi le cardinal d’Armagnac, légat en Avignon, jusqu’à sa mort en 1585 avant d’entrer au service de la maison de Montmorency. À la même époque, Montmorency avait recueilli le secrétaire d’Armagnac, Cesare Pamfilio (ou Pamphilio) qui devint son agent à Rome jusqu’en 1593. Montmorency avait des liens personnels avec le territoire pontifical où il entretenait une maîtresse, Catherine de Guilhem (Madame de Richier) et leurs trois fils.
Montmorency recherchait des bénéfices pour sa famille illégitime. Annibal, né de mère inconnue, a perçu dès 1599 les revenus de l’abbaye de Cendras, bien que militaire et marié en 1607. Deux de ses fils nés de Catherine de Guilhem ont bénéficié d’une carrière ecclésiastique. César, clerc du diocèse d’Avignon, a été installé par son père comme évêque de Carcassonne en 1585, mais il est décédé vers 1594 et, après de longues tractations, Montmorency a cédé le diocèse en 1602.
L’abbaye de Saint-Thibéry
Jules était chevalier de l’Ordre de Malte en 1578. C’est lui qui nous intéresse ici, parce qu’il a reçu l’abbaye héraultaise de Saint-Thibéry dans l’ancien diocèse d’Agde. Au printemps de l’année 1596, son père sollicita auprès du roi, pour son fils, la prochaine abbaye ou prieuré vacants ; mais c’est seulement en 1597 que le roi écrivit au pape en faveur du chevalier de Montmorency pour l’octroi de l’abbaye de Saint-Thibéry. Toutefois, Jules de Montmorency avait déjà pris possession de l’abbaye et ses dépendances dès l’été 1596. Ceux qui avaient acheté des propriétés à la faveur d’aliénations du temporel, ou, peut-être, usurpé des biens, furent les cibles de ses revendications. Ils s’en plaignirent auprès du connétable, mais les moines de l’abbaye et l’évêque d’Agde lui-même, comme juge ordinaire, se rallièrent au chevalier. Bien que l’abbaye eût beaucoup souffert au moment des guerres de Religion, elle représentait un asile et une résidence digne pour le chevalier et son frère Splendian ; nous les trouvons à Saint-Thibéry entre 1598 et 1604. Quand Jules fut affligé d’une grave maladie en 1597, sa mère pria Montmorency de conserver en faveur de Splendian, leur fils cadet, sa pension royale, le commandement de son régiment et son abbaye. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2013 |
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Nombre de pages | 7 |
Auteur(s) | Joan DAVIES |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |